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Damien Sargue et Joy Esther en interview

Le spectacle musical "Roméo & Juliette" revient presque dix ans après sa création en France. Le show de Gérard Presgurvic est emblématique de l'émulsion des comédies musicales au début des années 2000. De retour après plus de cent représentations triomphales en Asie, la troupe arrive au Palais des Congrès de Paris dès le 02 février 2010 avec un nouvel album puis une tournée. Les interprètes de Roméo et Juliette, Damien Sargue et Joy Esther, parlent de ce retour, de la pression à quelques semaines du lever de rideau, de la scène, de l'opus et de leurs parcours respectifs. Interview.
Bonjour Joy, Bonjour Damien, pourquoi le spectacle revient presque dix ans après sa création ? (Nikolas Lenoir, rédacteur) ?
Damien Sargue : Gérard Presgurvic souhaitait fêter les dix ans d’un spectacle qui a connu un grand succès. Malgré le fait que cela soit fait à la française et non pas à l’anglo-saxonne, cette comédie musicale a très bien marché à l’étranger. Elle a beaucoup tourné de l’Allemagne en passant par le Mexique et ce sont ainsi plus de cinq millions de spectateurs qui sont venus voir le spectacle. Pour notre part, nous avons été en Corée car les Coréens voulaient la version française de Roméo & Juliette.
Il y a beaucoup de personnes nostalgiques du spectacle.
Joy Esther : Je vois un peu sur des sites qu’il y a beaucoup de personnes nostalgiques du spectacle. Cela leur rappelle beaucoup de choses, une époque et c’est un ainsi un joli clin d’œil. Ce retour montre aussi un nouvel aspect de la comédie musicale car il y a de nouveaux interprètes, de nouveaux titres, de nouveaux costumes… C’est donc à la fois une redécouverte pour celles et ceux qui ont vu le spectacle à ses débuts et une découverte pour les autres.

Est-ce que vous avez le sentiment de tout recommencer avec cette nouvelle formule ?
Damien Sargue : Nous avons déjà fait le spectacle plus d’une centaine de fois en Asie donc nous sommes rôdés. Il est vrai cependant qu’à Paris, nous avons l’impression de tout recommencer. La France est quand même le pays grâce auquel le spectacle est né. Nous avons plus de pression. En Corée par exemple, nous pouvions parfois nous faire des blagues dans les paroles alors qu’en France, on ne peut pas. (Rires)

Retrouvez le teaser du spectacle :
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Starmania est revenu plusieurs fois avec de nouveaux interprètes également. Est-ce que l’équipe s’en est inspirée ?
Damien Sargue : Je ne sais pas mais j’avais entendu dire que Charles Tallard voulait remonter Notre Dame-de-Paris avec l’équipe originale. Il voulait ainsi en fêter les dix ans également. Je crois qu’ils ont eu des soucis car chaque personne a une carrière bien définie. Pascal Obispo souhaiterait également faire un retour des Dix Commandements dix ans après.
Joy Esther : J’aime beaucoup cette idée de revenir car j’avais vu Notre Dame-de-Paris et je serais très heureuse de revoir le spectacle. Je trouve très sympa l’idée de revoir tout le monde réuni.
Damien Sargue : Les comédies musicales françaises ne durent pas comme aux États-Unis ou à Londres. Le Roi Lion commence à faire des choses similaires mais en général, un spectacle français fait quatre mois à Paris, part en tournée, revient pour quatre mois et c’est fini. Les gens seront certainement contents de revoir et surtout de redécouvrir un spectacle qu’ils ont aimé.

Découvrez le clip d'"Avoir Vingt Ans" :


Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui change dans la version 2010 du spectacle ?
Beaucoup de choses ont changé.
Damien Sargue : Beaucoup de choses ont changé. Il y a de nouveaux interprètes et même un nouveau rôle. Les costumes ne sont plus les mêmes, il y a de nouvelles chansons… La chorégraphie et la mise en scène ont aussi changé comme le décor a changé.
Joy Esther : L’histoire ne bouge pas mais l’emballage, la recette ont changé.

Est-ce que le texte et la narration du spectacle restent les mêmes ?
Damien Sargue : Les chansons originales sont restées les mêmes. Les passages entre les chansons ont changé par contre.

Selon vous, pourquoi ce texte de Shakespeare reste aussi fort plus de 400 ans après sa création et quelque soit le pays ?
Joy Esther : C’est l’histoire d’amour par excellence.
Damien Sargue : Tous les films d’amour se sont basés sur Roméo & Juliette. C’est tellement simple comme histoire mais c’est très fort. Deux familles qui se détestent, deux jeunes qui s’aiment et ils vont devoir lutter.
L'histoire de Roméo Et Juliette est malheureusement toujours d'actualité.
Joy Esther : On le voit tous les jours. Je connais des gens de religions différentes et c’est encore la guerre pour qu’ils puissent être ensemble. Ils sont obligés de se voir en cachette. C’est quand même fou qu’encore maintenant, on ne puisse pas s’aimer tranquillement. L’histoire de Roméo Et Juliette est malheureusement toujours d'actualité. Elle touche à jamais les gens car je pense qu’il y aura toujours des personnes pour se mettre entre deux personnes qui s’aiment.

Damien, tu étais dans le spectacle dès ses débuts en 2001. Comment as-tu vécu le succès ?
Ce n'est qu'après quelques mois que l'on se rend compte de l'impact du spectacle.
Damien Sargue : Je l’ai bien vécu. On ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe. Le spectacle se joue, on travaille beaucoup et les choses vont très vite. Ce n'est qu'après quelques mois que l’on se rend compte de l’impact du spectacle auprès du public.
Joy Esther : C’était très rassurant pour les nouveaux tels que John Eyzen, Cyril Nicolaï et moi-même d’avoir ceux qui sont là depuis le début du spectacle. Nous l’avons certes fait en Corée mais le jouer en France est tout nouveau pour nous. Les anciens ont connu le succès que le spectacle a connu ici et le mélange de tout le monde est très complémentaire en fait.

Découvrez la chanson "Les Rois du Monde" interprétée par Damien Sargue, John Eyzen et Cyril Nicolaï :


Joy, le public t’a découvert dans Belles, Belles, Belles. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?
Joy Esther : J’ai un souvenir génialissime de cette période car nous avions une équipe de folie. Nous nous sommes beaucoup amusés. Le spectacle n’a pas marché plus que ça mais nous avons quand même fait deux mois à l’Olympia. Faire cela à 18 ans, c’était quand même énorme. J’y ai trouvé des amis que je vois toujours quotidiennement.

Est-ce que cela a été un bagage pour endosser le rôle de Juliette ?
Joy Esther : Oui et j’ai même envie de dire pour plusieurs raisons. Redha mettait en scène Belles, Belles, Belles. Il m’a rappelé il y a trois ans et demi quand les nouvelles auditions ont eu lieu pour trouver celle qui allait interpréter Juliette. Il pensait que je pouvais correspondre et j’ai ainsi eu accès aux auditions. J’ai ensuite rencontré Gérard Presgurvic et les choses se sont enchaînées. J’avais déjà l’expérience de la scène et j’avais également fait pas mal d’autres choses entre temps.

Comment as-tu vécu les auditions ?
J'ai passé sept auditions, un record.
Joy Esther : Il y a eu des castings en France, en Belgique, en Suisse, au Canada et nous étions vraiment nombreuses. J’ai passé sept auditions, un record. (Rires) Cela a duré quatre mois et c’était assez stressant mais il faut y croire. Gérard Presgurvic était très exigeant et il l’est toujours. Il a raison d’ailleurs car c’est un rôle très important.

Damien, intervenais-tu parfois pour donner des avis ?
Damien Sargue : Je n’ai pas intervenu. Je n’avais pas à être là ou à avoir une position de décideur. J’étais parfois là pour donner la réplique aux candidates.

Pouvez-vous nous dire quand l’album sera disponible ?
Joy Esther : Un album va en effet arriver en janvier. Le single "Avoir Vingt Ans" est porté par les trois garçons. Il y aura ensuite un single de Roméo et Juliette.
Damien Sargue : L’album comporte presque vingt titres dont ceux créés pour cette nouvelle version. Il y aura également un DVD bonus donc ce sera vraiment quelque chose de complet.

Le single "Avoir Vingt Ans" est très proche du tube "Les Rois du Monde". Que pensez-vous de cette ressemblance ?
Joy Esther : C’est en effet la continuité.
Damien Sargue : Je trouve que c’est assez fort de la part de Gérard Presgurvic de faire un titre qui ne s’éloigne pas du spectacle. Je trouve que Starmania, Notre Dame-de-Paris et Roméo & Juliette proposent une vraie cohérence. Sans dénigrer les autres comédies musicales qui ont eu du succès, la mode est un peu devenue de prendre des chansons à droite et à gauche et d’en faire une comédie musicale. Gérard Presgurvic a travaillé en tant qu’auteur-compositeur pour garder une même sonorité, une même ambiance. "Avoir Vingt Ans" réussit le fait de rester dans la mouvance des chansons qui ont fait le spectacle il y a dix ans.
On ne pourra jamais dire que les chansons de Gérard Presgurvic ne s'accordent pas.
Joy Esther : Gérard aurait en effet pu faire dans la facilité. Il aurait par exemple pu faire du glam-rock comme cela cartonne en ce moment. On aurait aussi pu revenir avec un morceau électro alors que les autres chansons du spectacle sont romantiques. Cela n’aurait pas collé. C’est un parti pris mais on ne pourra jamais dire à Gérard Presgurvic que ses chansons ne s’accordent pas. L’univers reste cohérent.
Damien Sargue : Un bon spectacle propose une symbolique musicale commune à travers les chansons. "Les Rois du Monde" sont l’histoire de trois jeunes gens qui se moquent des nantis alors qu’"Avoir Vingt Ans" est une histoire de trois garçons qui ont envie de croquer la vie à pleines dents.

Découvrez des images du spectacle sur "J'ai peur" interprété par Damien Sargue :


Tu as connu l’aventure avec Grégori Bacquet et Philippe d’Avilla. Que ressens-tu d’être désormais aux côtés de John Eyzen et Cyril Nicolaï ?
Damien Sargue : Ce sont des interprètes différents et on découvre donc de nouvelles choses. Le fait d’avoir fait le spectacle en Corée est un plus car cela nous a tous rapproché. Nous sommes devenus de vrais amis.

Combien de temps avez-vous joué en Asie ?
Joy Esther : Entre Taïwan et la Corée du Sud, nous avons fait cinq mois en 2007. Cette année, nous avons été deux mois à Séoul. Cela fait plus de cent représentations.

Que ressentez-vous quand vous êtes là-bas, plébiscités dans des pays dont vous ne maîtrisez pas la langue ?
Joy Esther : Les filles sont folles des trois garçons là-bas. (Rires)
Damien Sargue : Ils ont une image très haute de la France.
Ils adulent tout ce qui vient de France.
Joy Esther : Ils adulent tout ce qui vient de France. Tu ouvres une boulangerie, un restaurant, une école avec des enseignants français… et ça fonctionne. Ils mettent les Français sur un piédestal. Il y a d’ailleurs une grosse communauté française là-bas et les Français venaient souvent nous voir. C’était très sympa.
Damien Sargue : Ils aiment la culture française, le romantisme à la française et ils le voient à la Toulouse-Lautrec. Ils ont cette image de Paris, de la galanterie…
Séoul est la troisième ville au Monde où il y a le plus de comédies musicales.
Joy Esther : Nous avons vécu plusieurs mois là-bas et nous avons donc pu les cerner. Ils sont assez froids dans les relations. Ils ne se touchent pas. Les gens nous arrêtaient quand on s’embrassait ou se faisait la bise dans la rue. Notre Dame-de-Paris et Les Dix Commandements ont aussi bien fonctionné là-bas.
Damien Sargue : Séoul est la troisième ville au Monde où il y a le plus de comédies musicales qui sont jouées. Il y a des spectacles américains, français et cela fonctionne très bien.

Vous revenez au même moment où Cléopâtre et Mozart notamment ont des succès importants. Ressentez-vous une concurrence ?
Joy Esther : C’est au contraire rassurant que cela marche.
Il n'y a pas de concurrence.
Damien Sargue : Les gens vont voir les spectacles, il y a un vrai intérêt et c’est une bonne chose. Il n’y a pas de concurrence. Starmania a essuyé les plâtres. Ils ont fait deux mois à Paris en galérant. Ils sont partis en tournée mondiale et en revenant à Paris, cela a fonctionné.
Joy Esther : Nous avons beaucoup d’amis qui sont dans les autres spectacles musicaux. On les soutient et plus les gens iront voir les spectacles musicaux, plus il y en aura et nous aurons peut-être une culture des comédies musicales comme aux États-Unis.

Est-ce qu’une tournée est prévue ?
Joy Esther : Nous serons en effet sur les routes de septembre à décembre 2010.

Damien, parlons un peu de ta carrière solo. Tu as sorti un disque que l’on peut trouver via des vendeurs taïwanais sur eBay.
Damien Sargue : On peut également le trouver sur iTunes désormais. Je me suis battu pour cela.

Mais contrairement aux CD’s physiques que l’on trouve sur le net, iTunes ne propose pas le livret avec les paroles traduites en chinois.
Damien Sargue : (Rires) C’est vrai que pour le trouver en physique, il faut le commander sur eBay avec en prime, des belles traductions en effet.

Comment as-tu vécu le fait qu’il ait un meilleur accueil en Asie qu’en France ?
J'étais très déçu que mon album ne sorte pas en France.
Damien Sargue : Nous avons essayé de le sortir. Il y avait notamment un premier single pour les radios "Quelque Chose Pour Quelqu’un". C’est une belle chanson de Rick Allison mais qui n’a pas trouvé preneurs. Le second single "Merci" a été soutenu par les radios, par NRJ notamment. Il s’est vendu à 50.000 exemplaires mais ce n’était pas énorme pour l’époque. J’étais très déçu que mon album ne sorte pas en France. Ce sont les aléas du métier. Quand on est parti en Asie pour le spectacle, le producteur taïwanais a écouté l’album et a eu envie de le sortir là-bas. J’ai fait mes premiers concerts avec mon album à Taïwan dans des salles de plus de 1.200 personnes. J’ai été troisième des ventes. C’est grâce à lui qu’Universal l’a enfin mis sur iTunes et que des Français qui me suivent depuis longtemps ont pu se le procurer.

Retrouvez le clip de "Quelque Chose Pour Quelqu'un" de Damien Sargue :
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C’est un bel album et c’est vraiment dommage que le public français n’ait en effet pas pu le découvrir.
Damien Sargue : J'ai beaucoup travaillé avec Pierre Jaconelli. Les cordes ont été enregistrées à Londres dans une ancienne chapelle puis refait en studio. C’était vraiment une belle aventure. Faire des choses comme ça serait financièrement impossible maintenant.

Retrouvez "Merci" de Damien Sargue :
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Quel message aimeriez-vous transmettre au public et aux internautes ?
Damien Sargue : Nous espérons que vous viendrez nombreux apprécier ce spectacle. Nous avons hâte de vous montrer ce show que vous connaissez déjà mais que vous allez redécouvrir avec de nouvelles chansons.
Nous n'allons pas décevoir le public.
Joy Esther : Nous sommes en effet pressés de revenir à la maison. Cela fait trois ans et demi que nous sommes partis à l’étranger. Personnellement, je reprends un rôle donc c’est encore plus de pression. J’espère que les gens auront la curiosité aussi de venir voir les nouveaux interprètes, de nouveaux artistes. C’est un spectacle que j’adore et j’espère vraiment qu’ils vont répondre présents. Nous n’allons pas décevoir le public.

Merci à vous pour cette sympathique interview.
Ensemble : Merci à toi, à bientôt.

Pour en savoir plus, visitez romeoetjuliette.eu ou son MySpace officiel.
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