jeudi 04 mai 2023 16:09
Roger Waters à l'Accor Arena : plus qu'un concert, une expérience immersive inoubliable
Ce mardi soir, Roger Waters a donné le premier de ses deux concerts à l'Accor Arena de Paris, pour sa première tournée d'adieu "This Is Not A Drill". Un show politique absolument sensationnel et bluffant qui s'affirme déjà comme le meilleur concert de l'année. Purecharts y était, on vous raconte !
Crédits photo : Alamy
"This Is Not a Drill" ("Ce n'est pas un exercice") peut-on lire sur les affiches, les t-shirts et sur les tickets. Cette phrase alarmiste donne le nom à cette nouvelle tournée mondiale de Roger Waters, qu'il présente comme sa première tournée d'adieu. Ce que l'ex-Pink Floyd commente en interview comme « une blague » pour « vendre des billets ». Et des billets, il en a vendu près de 20.000 pour cette première soirée à l'Accor Arena de Paris, pleine à craquer. Et au milieu de laquelle trônait une imposante scène centrale, surmontée d'un écran en forme de croix. Avant le début du concert, celui-ci diffusait plusieurs messages indiquant notamment que son concert à Francfort, initialement interdit après des propos jugés antisémites, aura finalement bien lieu le 28 mai prochain. Le player Dailymotion est en train de se charger...
"Macron démission" et un soutien à Julien AssangeA 20h30, un autre message annonce le début du show : « Si vous êtes de ceux qui disent "J'adore Pink Floyd" mais je ne supporte pas les idées politiques de Roger", vous pouvez vous casser au bar ». Le ton est donné d'un show aussi spectaculaire que politique. A contrario de bon nombres d'artistes attendant les rappels, Roger Waters dégaine d'emblée les plus grands classiques de Pink Floyd qui résonnent aux quatre coins de la salle grâce à un incroyable système d'enceintes. Jamais a-t-on entendu un son aussi puissant et clair à Bercy, dont chaque pulsation fait vibrer notre corps. Que ce soit le son d'un hélicoptère dont la lumière balaie la salle, des tirs de mitraillettes, un speech de Ronald Reagan, du tonnerre, un flash de photo... Chaque bruit de la machine Roger Waters est aussi écrasant qu'incroyablement limpide. Sur les écrans, des images apocalyptiques se confrontent aux premières notes d'un "Comfortably Numb" revisité... sans Roger Waters sur scène. Il faudra attendre une dizaine de minutes pour qu'il arrive enfin, fendant la foule afin d'entonner ce qui reste aujourd'hui le plus grand tube de Pink Floyd : "Another Brick In The Wall". Un quart d'heure est passé et on ne peut que faire face à l'évidence : il s'agit du meilleur concert qu'on ait pu voir cette année. Le plus politique aussi, lorsque chaque chanson se pare d'une animation dénonçant pêle-mêle les victimes des violences policières (sont cités Adama Traoré ou George Floyd), les présidents américains traités de criminels de guerre (même Barack Obama et Joe Biden), la cupidité du monde capitaliste, le danger nucléaire, ainsi qu'un plaidoyer pour la libération de Julien Assange.
De l'intimité dans un climat anxiogèneDes animations aussi impressionnantes qu'anxiogènes, accompagnées de quelques grands moments musicaux. On pourra citer notamment les géniaux "Have A Cigar" (avec des images d'archives du groupe... sauf de David Gilmour avec qui il est en froid), "Shine On You Crazy Diamond", un "Wish You Were" dédié à Syd Barret (membre fondateur des Floyd) ou cet incroyable "Sheep" de 10 minutes qui clôt la première partie du concert, durant lequel un mouton géant vole au-dessus de la fosse. Après un entracte de 20 minutes, c'est aux couleurs de "The Wall" que Roger Waters revient sur scène, habillé à la manière d'un dictateur, pour entonner "Run Like Hell", l'un des temps forts de la soirée. Cette fois-ci, c'est un cochon géant qui survole la salle. Le tout avant d'entonner "Money" ou "Us + Them", classiques de "The Dark Side of The Moon", dont la pochette est recréée grandeur nature sur scène à la fin de la soirée. Vous l'aurez compris, Roger Waters, 79 printemps au compteur, ne fait pas dans la dentelle pour marteler son message anti-guerre et anticapitaliste, accueilli dans la foule par quelques "Macron démission", qu'il préfère éluder. Mais il sait aussi créer quelques moments d'intimité dans ce qu'il appelle "The Bar", un espace de la scène autour de son piano où chacun peut exprimer ses problèmes... qui se résolvent à grands coups de shots de Mezcal ! Ainsi, après deux heures d'un concert intense et engagé mais sombre, Roger Waters essaie de retrouver la lumière autour de ce "Bar" aux côtés de ses nombreux et talentueux musiciens. Il en profite d'ailleurs pour rendre hommage à trois personnes : Bob Dylan, sa femme Kamilah, ainsi que son frère aîné John, décédé l'an dernier. Et c'est en effectuant une sobre mais touchante sortie de scène sur "Outside The Wall", qui se poursuit jusque dans les coulisses, que Roger Waters met fin à 2h25 d'un concert prodigieux.
On ressort ainsi de l'Accor Arena totalement abasourdi. Le concert qu'a donné Roger Waters est d'une telle force et d'une telle intensité qu'il faut probablement le voir plusieurs fois pour en capter toutes les subtilités. Aidé par une mise en scène millimétrée entre concert et cinéma, l'ex-Pink Floyd sait donc parfaitement mettre sur pied un spectacle aussi exaltant qu'anxiogène, alternant entre moments de bravoure explosifs, nombreux discours engagés et intimité touchante. On vous conseille de courir le voir ce soir à Paris ainsi que le 12 mai au Stade Pierre Mauroy de Lille pour ce qui est et restera un des plus grands concerts qu'il nous ait été donné de voir dans notre vie. Rien que ça !
Setlist du concert de Roger Waters à ParisSet 1: Comfortably Numb The Happiest Days of Our Lives Another Brick in the Wall, Part 2 Another Brick in the Wall, Part 3 The Powers That Be The Bravery of Being Out of Range The Bar Have a Cigar Wish You Were Here Shine On You Crazy Diamond (Parts VI-VII, V) Sheep Set 2: In the Flesh Run Like Hell Déjà Vu Déjà Vu (Reprise) Is This the Life We Really Want? Money Us and Them Any Colour You Like Brain Damage Eclipse Rappels : Two Suns in the Sunset The Bar (Reprise) Outside the Wall Podcast
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