Robbie Williams

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En chantier depuis plusieurs années, "Better Man" débarque au cinéma ce mercredi 22 janvier avec un gros point d'interrogation, qui a surgi au moment où les premières images du biopic ont été révélées : pourquoi Robbie Williams est-il incarné par un singe dans le film de Michael Gracey ? Si le chanteur anglais, fidèle à son tempérament d'amuseur public, cabotine en assurant sur les plateaux de télévision qu'il s'agit de son animal totem, ce choix artistique, aussi déconcertant que risqué, cache un drôle de pari. Genre académique et très codifié par essence, le biopic attire fatalement l'attention sur son acteur principal, s'attardant bien souvent sur la ressemblance ou non du casting au détriment de la qualité du film. En plus d'en faire un intriguant détail marketing (géniales ces couvertures de magazines recrées !), la décision de faire apparaître l'icône de la pop britannique sous l'apparence d'un primate de pixels nous débarrasse de cette idée, pour se focaliser sur la véritable volonté de Robbie Williams : raconter son histoire, de l'enfance jusqu'à son fameux concert à Knebworth devant 125.000 spectateurs, sous un prisme plus intime - mais avec toute la démesure qui le caractérise.

L'homme derrière la rockstar

Quel est le récit que nous fait suivre "Better Man", derrière cette éternelle image d'enfant terrible prêt à tous les excès qui colle à la peau du chanteur ? Celui, moins connu, du fils d'une fleuriste élevé par sa grand-mère après le départ soudain de son père, comédien et chanteur raté parti vivre ses rêves de gloire sans se soucier de sa famille. Très vite, le jeune Robbie (campé, derrière la performance capture, par l'acteur anglais Jonno Davies) devient obsédé par l'idée de devenir célèbre, et il voit la chance lui sourire lorsqu'il découvre une petite annonce pour la création d'un nouveau band boys. Avec Take That, Robbie Williams va vivre de véritables montages russes, entre frénésie, frustration, argent, sexe, drogue, rock'n'roll... et une sérieuse tendance à s'auto-saboter.

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Un miroir du fardeau de la célébrité

C'est l'un des points forts du long-métrage. Alors qu'il assure lui-même la voix-off de "Better Man", insultes de redneck et saillies humoristiques comprises, Robbie Williams dresse le propre bilan de sa vie sans s'épargner, bien conscient des démons qui ont ruiné sa relation avec Nicole Appleton du groupe All Saints (qui a avorté de leur enfant sous la pression de sa maison de disques) mais aussi de ses troubles mentaux. Depuis tout petit, Robbie est en proie à des épisodes dépressifs, entend des voix dans sa tête et tout ceci est retranscrit de manière très frontale sur pellicule. L'émotion est de mise lorsqu'on découvre le lien particulier qui l'unissait à sa grand-mère Betty ou que l'on assiste à la réparation de sa relation conflictuelle avec son père Peter, lors d'un duo final très émouvant sur "My Way".

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L'autre grande réussite du film, qui n'ennuie jamais, est son exubérance. En confiant à Michael Gracey, réalisateur de la fantasque comédie musicale "The Greatest Showman", le soin d'orchestrer cette grande épopée sur fond de ses plus grands tubes ("Angels", "Come Undone", "Feel"... tous revisités dans de nouvelles versions épiques), Robbie Williams a ouvert une boîte de Pandore pour des tableaux époustouflants, à l'image de la séquence incroyable sur "Rock DJ" avec 500 danseurs ou celle sur "She's The One", digne d'un prime de "Danse avec les stars". Parfois, les effets spéciaux servent aussi à traduire la psychologie complexe du chanteur dans des scènes aussi surréalistes que bluffantes, rendant plus palpable l'impression qu'il a d'être dépassé par les événements. Derrière la plastique clinquante du film, c'est ainsi le portrait d'un homme en souffrance, qui va peu à peu apprendre à se réconcilier avec lui-même, qui se dessine. Si "Better Man" semble boudé par le public américain, ne ratez surtout pas l'occasion de découvrir la transformation de celui qui se produira l'été prochain à Paris La Défense Arena !