dimanche 30 septembre 2018 12:43
Petit Biscuit en interview : sa tournée, son feat avec Bigflo & Oli, son prochain album...
Au mois d'août, Pure Charts a rencontré Petit Biscuit lors de son passage au Sziget Festival. L'occasion de recueillir ses impressions en pleine tournée mondiale, d'évoquer sa collaboration avec Bigflo & Oli, la tragédie d'Avicii et d'en savoir un peu plus sur la suite de ses projets.
Crédits photo : Petit Biscuit Inc.
Propos recueillis par Yohann Ruelle. Comment se passe ta tournée des festivals ? Ça se passe super bien. C'est cool ! Je joue un peu partout, c'est la première fois que je bouge autant. Même si ça fait trois ans que je suis en tournée. On ne s'est jamais arrêté, y'a pas eu vraiment de pause. C'est un peu épuisant mais... je l'ai choisi. (Sourire) C'est important de défendre son album, surtout le premier. Satisfait du joli succès de "Presence", certifié disque d'or ? Je voulais cet album assez éclectique pour toucher plein de gens différents et montrer d'autres facettes de Petit Biscuit. "Sunset Lover" est une track vachement pop, et je voulais vraiment contraster avec elle. J'ai l'impression d'avoir bien réussi la transition, en permettant à plein de gens qui ne me connaissaient qu'avec ce titre de s'ouvrir à la découverte. Je suis très fier de tous les morceaux qui sont dans l'album. Ça me donne encore plus envie de me donner à fond sur scène. Coachella, c'était fou Comment tu as pensé ton show ?Ce n'est pas un DJ set. C'est un live avec des vrais instruments. Je lance mes séquences sur Ableton, j'ai ma guitare, mes percussions, j'imprègne mes voix... Il y a un aspect très visuel dans ce spectacle, avec de grands mouvements pour que les gens me voient jouer. Je veux incarner quelque chose sur scène ! Je ne veux pas être statique. Parfois, quand j'assiste à des sets, je me dis "C'est cool mais on voit juste le gars derrière les platines". J'ai bossé avec des graphistes qui ont passé beaucoup de temps sur les visuels, qu'on projette sur un écran derrière. Il y a tout un jeu de lumières. Selon les tracks et selon les ambiances, ce sont des tableaux très différents. Il y a une vraie évolution dans le show, où ça monte crescendo en puissance et ça redescend, ça remonte... Je ne voulais pas que ce soit trop chill ou que ça tabasse. Il fallait que ce soit vivant. Quand tu joues à Coachella devant 25.000 personnes, tu te dis quoi ? Que c'est assez impressionnant ! (Rires) C'était fou. Mais moi j'adore ça : plus il y a de gens, plus je kiffe. Tu as un petit rituel avant de monter sur scène ? Non, pas vraiment. J'ai toujours la même scéno donc j'ai mes marques. Je mate un peu la scène avant le show. Je reste tranquille, je me pose. Ma seule habitude, c'est que je garde le même accoutrement : je mets mon petit Jersey à chaque fois ! Est ce que l'accueil est différent selon si le public est français ou international ? Oui, grave. J'aime bien jouer en France car je sens plus de proximité. Vu que ça fait longtemps que je tourne, j'ai l'impression que les gens me prennent pour leur pote ! Je monte sur scène et je suis avec 10.000 potes. C'est assez marrant. (Sourire) Crédits photo : Charles Lopez J'imagine que ta vie professionnelle empiète pas mal sur ta vie personnelle. Comment tu fais pour concilier les deux ? J'ai plus beaucoup de vie perso en ce moment, on va pas se mentir. (Rires) C'est par phase. Il y a des moments où j'ai plus de temps libre pour profiter de mes proches. D'autres où je ne les vois pas pendant longtemps. C'est pas grave. J'ai la chance d'être super bien entouré C'est quoi la clé pour ne pas perdre pied ? On l'a récemment vu avec Avicii, ce métier peut avoir des conséquences terribles...Ça peut être extrême, c'est vrai. Dans le documentaire sur Avicii (ndlr : "True Stories" disponible sur Netflix), on voyait surtout à quel point son équipe lui mettait la pression. Ce n'est pas trop le personnage en soi. Lui, il aimait réellement faire de la musique. Pour en revenir à moi, je n'ai pas de pression sur les épaules car je suis indépendant. Je suis seul à choisir ce que je vais faire et personne ne me force : si je ne veux pas, je ne le fais pas ! C'est presque un luxe... Mais je considère que tout artiste devrait être capable de faire ça. C'est dur quand ton staff n'est pas à 100% derrière toi. Moi je suis super bien entouré. J'ai de la chance ! Les gens ne pensent pas à se faire de la thune dans mon dos. Je bosse avec beaucoup de monde - managers, techniciens - et il n'y a pas de relation hiérarchique. C'est une vraie équipe. Ça crée une ambition plus saine en tournée : c'est pas une vie de star, c'est comme une colonie. Tu as cartonné cet été avec le titre "Demain", réalisé avec Bigflo et Oli. Comment est née cette collaboration ? Y'a plein de gens qui ont cru que le feat s'était fait en quelques échanges de DM sur Twitter, comme dans le teaser. Mais en réalité, ça fait bien deux ans qu'on en parlait ! On se connaît depuis super longtemps. Ils étaient venus rapper sur un truc bien plus véner lors de mon concert au Zénith de Toulouse, dans leur ville natale, et j'étais monté sur scène quand ils sont passés à Rouen chez moi. On était potes avant de faire du son ensemble, c'est après que l'envie est venue. On s'est dit que ça serait une chouette idée parce que ça n'a pas beaucoup été fait de mélanger des rappeurs pop comme Bigflo & Oli à de l'électro. Donc on s'y est mis mais ça a mis du temps à se faire, peut-être six ou sept mois. On a testé plein de démos mais ça matchait pas forcément. Finalement, on s'est mis d'accord sur cette instru qui faisait très été, donc on s'est speedé pour la sortir avant les vacances. On a terminé le morceau dix jours avant de le sortir ! Découvrez "Demain", la collab de Petit Biscuit et Bigflo & Oli : Tu as déjà commencé à bosser sur ton prochain album ? Je bosse sur pas mal de titres. C'était cool de sortir un album pour vraiment affirmer et présenter le projet Petit Biscuit, surtout qu'on en sort plus beaucoup dans le milieu de l'électronique. Mais là j'ai envie de sortir des singles. Je me dis qu'il qu'il y a peut-être des morceaux du disque qui sont un peu passés inaperçus parce que j'en ai sortis beaucoup d'un coup. Même moi en tant que fan d'une personne, je ne sais pas si j'arriverais à écouter 14 tracks ! Je vais sortir des titres par-ci par-là, ça peut être cool. J'explore plein d'univers différents : musique du monde, trap... Tout est de plus en plus assumé. J'essaie d'exploiter ça à fond. Les collabs, c'est un truc de maison de disques D'autres collaborations en vue ? Pour l'instant, j'aimerais bien sortir des titres solo. Je me suis rendu compte qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. (Rires) Les collabs, c'est un truc de maison de disques ! Tu mets des mois à trouver le mec parfait, ça prend un temps fou. C'est trop galère ! Autant les collabs de l'album ont été faites avec de vrais bosseurs, autant j'ai rencontré des mecs qui ne savaient pas taffer. Et puis en vrai, je commence à chanter de plus en plus sur mes tracks. Pas encore sur scène, même je l'avais fait au Zénith de Paris à titre exceptionnel sur un morceau. Mais j'ai pris du recul et je me suis dit que je ne voulais pas que ce soit juste de l'habillage. Je veux vraiment que la voix prenne le lead. Et j'aime bien ce côté plus mature dans mes nouvelles démos, ce côté je fais tout moi-même. En tournée, tu arrives à composer ? J'écris quelques paroles sur mon téléphone mais sinon je n'y arrive pas si je ne suis pas chez moi. Sur la route c'est trop galère. J'ai besoin de me dire que j'ai trois jours où je ne vois personne. Je reste tout seul. Je ne réponds même pas aux messages de ma meuf ! (Rires) Juste moi et mon ordi. Mais je compose assez vite. Souvent je fais trois jours, j'arrive à six ou sept démos, puis je reviens dessus plus tard en sachant exactement ce qu'il faut retravailler. J'avance comme ça, puis je fais un gros gros tri. Y'a vraiment 70% de ce que je fais qui ne sort pas. Podcast
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