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"La fête est finie" : Orelsan saisi par le spleen sur un album introspectif (CRITIQUE)

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Orelsan revient aux affaires sérieuses. Sur son troisième album, le rappeur le dit : "La fête est finie". Mais valait-elle la peine d'être vécue ? Notre critique !
Crédits photo : Jean Counet
« La fête est finie ». A bien des égards, le titre du nouvel album d'Orelsan sonne comme un aveu. A 35 ans, après une série d'albums couronnés de succès, après les polémiques, les salles chauffées à blanc, une série sur Canal+ et un film, le trublion du rap traverserait-il une crise de conscience ? Dernière pièce de la trilogie entamée avec "Perdu d'avance" et "Le Chant des sirènes", cet opus est une séance d'introspection avec un artiste cueilli à froid par une mélancolie désarmante. « Ça fait mal à la fierté, j'ai du mal à l'admettre, mais j'ai jamais été aussi perdu » lance-t-il sur la piste d'ouverture "San", exposant des fêlures qui s'ignoraient derrière l'humour potache des Casseurs Flowters.

Les sirènes ne chantent plus


Entouré du beatmaker Skread, qui l'accompagne depuis ses débuts, Orelsan prend la mesure du temps qui passe sur "La fête est finie" et témoigne des gros changements qui sont venus bouleverser sa vie d'adulte. Casé dans une relation rangée, le rappeur confesse se sentir parfois prisonnier ("Quand est-ce que ça s'arrête") et se demande pourquoi son existence n'a plus la sève d'antan. Même les saucées ayant si souvent rincé sa ville natale de Caen, qui convoque ses souvenirs d'adolescent sur "Dans ma ville on traîne", finissent par le rendre nostalgique... « Trempé, j'aurais jamais pensé, qu'le mauvais temps finirait par me manquer » admet-il sur "La pluie", duo partagé avec Stromae. Un « fantasme » pour l'artiste. Le dandy belge pose d'ailleurs sa patte de producteur sur un autre titre plus grinçant, "Tout va bien". Ou comment cacher les horreurs du monde à des enfants en trouvant des excuses justifiant les vices de l'homme... Autre collaboration de prestige ? L'apparition sur "Zone", le morceau rap par essence du projet, de Nekfeu et de la légende britannique Dizzee Rascal. Du lourd.

Regardez le clip "Basique" d'Orelsan :



On fait le bilan, calmement


Mais Orelsan, qui se paie un trip planant à la PNL sur "La lumière", ne reste heureusement pas coincé dans cet état d'esprit maussade. Outre le percutant "Basique", sa verve régressive jaillit par éclat pour offrir de vrais moments de légèreté. C'est parfois limite (le très dispensable "Bonne meuf") ou ça tient du génie. Comme avec "Défaite de famille", dîner de con où Orelsan dézingue chacun de ses proches avec des punchlines saignantes. Absolument délicieux ! Et puis il y a "Christophe". Un OVNI dont le refrain se contente d'énumérer les noms de... Christophe Maé et Keen'V, avant que Maître Gims - plus ironique que jamais - s'érige comme « l'pont entre Young Thug et Georges Moustaki » pour finir par citer Bernard Minet, Lorie, Eddie Mitchell et Johnny. Paradoxalement jouissif.

"La fête est finie" s'achève enfin par deux des morceaux les plus brillants de son répertoire. Sur "Paradis", qui sample discrètement "Pastime Paradise" de Stevie Wonder, Orelsan retrace le passé, le présent et le futur de sa relation avec sa copine, à qui il offre une déclaration sincère et touchante. Le dernier morceau, "Notes pour trop tard", est un vibrant message adressé à la jeunesse. Sur une mélodie douce sublimée par les voix en écho des jumelles d'Ibeyi, le rappeur dresse durant sept minutes le bilan de sa vie pour mieux inviter la nouvelle génération à réaliser ses rêves, qu'importe les obstacles, qu'importe ce qu'on peut en dire. D'une justesse saisissante.

Ça ressemble aux confessions intimes d'un rappeur à la croisée des chemins
A écouter : "Tout va bien", le jubilatoire "Défaite de famille", "Paradis", "Notes pour trop tard", "Dans ma ville, on traîne" et "Christophe"... sauf si on n'est pas open au délire
A zapper : l'insupportable "Bonne meuf"
Pour plus d'infos, rendez-vous sur le site officiel et la page Facebook officielle d'Orelsan
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie d'Orelsan sur Pure Charts !

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