Mylène Farmer

Crédits photo : ABACA
Samedi dernier, Mylène Farmer opérait son retour sur scène au Palais Omnisports de Paris-Bercy, où elle se produira jusqu'au 21 septembre avant de partir sur les routes de province pour une vingtaine de représentations quasi sold out. A cette occasion, l'artiste a accepté de répondre aux questions de Laurent Delahousse sur le plateau du JT de 20 heures dimanche dernier. L'entretien, enregistré en réalité dans le courant de l'après-midi, se poursuit dans le nouveau numéro de "Paris Match" cette semaine. Ce n'est pas la première fois qu'une interview de Mylène Farmer décore les pages du magazine. Mais cette fois-ci, c'est avec apparemment beaucoup plus de spontanéité qu'elle répond aux questions de l'animateur de France Télévisions, évoquant tour à tour ses regrets, ses blessures, mais également son rapport avec le public, qu'elle estime n'avoir jamais trahi.

"Je m'efforce de ne pas céder à la facilité"

Comme un message adressé à ses fans, l'artiste parle d'« une communauté » qui s'est « créée autour des mots, de mélodies et d'échanges lors de concerts » : « C'est une communauté fidèle, sans doute parce que je ne me suis jamais trahie moi-même. Je suis reconnaissante pour cela aux spectateurs de mes concerts ». Il est vrai que la relation qui lie Mylène Farmer à ses fans est intense. Au point que certains campeurs étaient déjà devant les portes de Bercy un mois avant la première représentation le 7 septembre !

Cette attente qui bouleverse la star, cette passion « destructrice » peut-être, lui impose une certaine rigueur. « Je m'efforce de tout soigner, de ne rien laisser au hasard, de ne pas céder à la facilité, pour trouver enfin, une fois le puzzle achevé, une liberté... Celle de l'improvisation, de l'abandon » explique-t-elle à Laurent Delahousse, précisant que « le temps manque pour l'angoisse » quand il s'agit de monter un spectacle comme "Timeless 2013" : « Je suis concentrée, attentive. L'émotion est pour plus tard ». Ce « plus tard », on l'a découvert à Bercy durant les tableaux plus lents, comme "Je te dis tout", "Et pourtant" et la ballade "Rêver", qui clôt le show de Mylène Farmer.

"Je ne suis pas une femme d'adieu"

Expliquant que le cinéma demeure pour elle une parenthèse ouverte, la chanteuse s'exprime également sur ce qu'elle qualifie de « nature profonde » depuis plusieurs années, sa discrétion dans un monde où « chacun s'invente un "moi" qui n'existe pas à travers les réseaux sociaux », comme le présente Laurent Delahousse. « Les gens écrivent et parlent sans recul, à chaud, dans un monde où la mémoire numérique est infinie [...] Si les écrits restent, ce qui change, c'est que désormais tout le monde peut y accéder en quelques secondes » déclare la chanteuse, qui ne souhaite donc pas entrer dans le moule d'« une notoriété factice » suggérée par le journaliste. Mylène Farmer préfère prendre son temps, voyant dans le travail silencieux la clef de la réussite : « Une carrière, c'est long, c'est exigeant, et c'est ce qui en fait la beauté. Il n'y a rien d'anachronique à prendre son temps dans un monde fulgurant. Cela devient un choix. Et ce choix me correspond ».

Mais alors que les années défilent, prendre son temps devient un luxe. A 52 ans aujourd'hui, Mylène Farmer livre-t-elle sa dernière bataille sur scène ? « Au fond de moi, je l'ignore et cela me va » lance-t-elle, avant de préciser qu'elle n'est pas « une femme d'adieu » et que « le voyage continue ».