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Mylène Farmer : on a classé ses albums, du pire au meilleur

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Alors que Mylène Farmer signe son grand retour avec "L'emprise", la rédaction de Purecharts s'est penchée sur la discographie de l'icône afin de classer ses albums, du pire au meilleur. Alors qui se classe premier parmi "Innamoramento", "Désobeissance" ou "L'autre" ? Réponse !
Crédits photo : Bestimage

11. "Monkey Me" (2012)


On ne sait pas vraiment ce qui est passé par la tête de Mylène Farmer quand elle a créé ce "Monkey Me", neuvième album studio peu inspiré et qui tient son nom d'un hommage à son singe disparu. Déjà, ça partait mal. Si la pochette saute à pieds joints dans le mauvais goût, le disque, pourtant toujours produit par son pygmalion Laurent Boutonnat, alterne tout de même entre jolies chansons et titres indigestes. Parmi les pépites, on garde la superbe ballade finale "Je te dis tout" et le single "À l'ombre", certes pas son meilleur mais qui reste terriblement entêtant, tandis que "Love Dance" ou "Tu ne le dis pas" naviguent vers une électro-pop déjà datée lors de la sortie, sur des paroles qui laissent parfois circonspect, tant on connaît le talent habituel de Mylène Farmer. « Inévitable naufrage » chante-t-elle d'ailleurs. Sans tirer sur l'ambulance, disons que "Monkey Me" manque simplement de subtilité, de poésie et d'âme. Il s'est tout de même écoulé à 400.000 exemplaires, et ça c'est un exploit !

A écouter d'urgence : "Je te dis tout", superbe ballade farmerienne
A zapper : "Love Dance", vide




10. "Cendres de lune" (1986)


Sorti en 1986, "Cendres de lune" est le premier album de Mylène Farmer. Et ça s'entend. S'il renferme une petit collection de titres forts, il a surtout les défauts d'un premier album. Certes, il contient l'énorme tube "Libertine", qui lancera véritablement sa carrière, et aussi quelques chansons emblématiques de son répertoire, même 36 ans plus tard. Parmi elles, "Plus grandir", "Tristana" ou encore "Maman a tort", son tout premier titre. Mais outre ces morceaux, le reste de l'album n'est pas vraiment mémorable, preuve que Mylène Farmer se cherchait. Qui se souvient de la ballade "Au bout de la nuit" ? Comment prendre "Chloé", comptine flippante sur la mort d'une petite fille et sortie tout droit d'une maison hantée ? Au premier ou au second degré ? Et que dire du kitsch "Vieux bouc" (et ses bêlements !), enfermé dans ce que les années 80 proposent de moins bien ? Bancal et inabouti musicalement, et n'ayant pas résisté à l'épreuve du temps, "Cendres de lune" permet cependant à Mylène Farmer de planter le décor de son univers sombre, coquin et entêtant. En un mot, unique. C'est déjà ça !

A écouter d'urgence : "Plus grandir", tube plein de candeur
A zapper : "Vieux bouc", une parodie ?




9. "Bleu noir" (2010)


Mylène Farmer a souvent créé la tendance. Sur "Bleu noir", elle la suit. Du moins lorsqu'elle collabore avec RedOne, cheveu sur la soupe d'un album sombre et, surprise, sans Laurent Boutonnat : une première dans sa carrière. Révolution ? Pas vraiment. Accompagnée du groupe Archive et de Moby, qui n'avaient pas beaucoup d'inspiration, la chanteuse s'émancipe et plonge dans une noirceur planante mais qui manque de passion. Si la chanson "Bleu noir" reste le titre le plus évident de cette collection, avec sa mélodie épique, il manquait clairement à Mylène des morceaux impactants pour les radios (et pour booster ses ventes). Alors, sous l'impulsion de Pascal Nègre, le hitmaker du moment RedOne (Lady Gaga) lui propose deux titres - qui font tâche - à la star, plongeant alors sans conviction dans une dance générique mais efficace avec le lead single "Oui... mais non", qui cartonne sur NRJ (et reste un plaisir coupable, on l'avoue). De quoi moderniser son image et son interprétation, et qui, avec "Lonely Lisa", ont tout sur le papier pour dynamiter ses prochains lives. A propos de la qualité artistique, on repassera. Pour le cohérence de l'album aussi. Mais on s'accorde sur le fait que "Bleu noir" reste une oeuvre intéressante.

A écouter d'urgence : "Bleu noir" et "Diabolique mon ange", rares éclats
A zapper : "Moi je veux" ou "Light Me Up", ZZzzzz




8. "Interstellaires" (2015)


A sa sortie, l'album "Interstellaires" nous avait laissé un bon souvenir, mais dans la discographie de Mylène Farmer, il a du mal à faire le poids. Paru en 2015, trois ans après l'errance "Monkey Me", l'artiste nous emmène ici dans les étoiles. Enfin, c'est ce qu'on croyait avec son titre et sa superbe chanson d'introduction, qui lui donne son nom, à la fois cosmique et vibrante. Une excellente piste pour démarrer un voyage qui n'aura finalement pas lieu. Oui, on aurait adoré un album-concept mais Mylène Farmer nous fait rapidement descendre de la fusée (on y reviendra un peu plus tard sur "Voie lactée"). Cependant, sur "Interstellaires", elle regarde quoi qu'il en soit vers le ciel puisque ses chansons se veulent plus lumineuses et aériennes, portées par le producteur américain Martin Kierszenbaum (Lady Gaga) et The Avener, qui donnent un coup d'éclat au style Farmer, sans le dénaturer, mais sans le propulser dans les étoiles pour autant. La bonne nouvelle c'est que l'artiste s'éloigne des clichés de ses textes habituels, brisant délicatement la caricature dans laquelle elle s'enferme parfois, mais ça manque du coup un peu d'âme. On retient la savoureuse basse funky de "C'est pas moi", véritable tube manqué, de l'exaltant "City of Love", de l'épique "Love Song", ou de "Stolen Car", duo pas très original avec Sting mais très accrocheur quoi qu'on en dise. Le reste...

A écouter d'urgence : "Interstellaires", brillant !
A zapper : "I Want You to Want Me", reprise sans saveur



A LIRE - Mylène Farmer : que vaut son nouvel album "L'emprise" ? Notre critique !



7. "Point de suture" (2008)


Trois ans et demi après l'élégant "Avant que l'ombre...", Mylène Farmer revient avec "Point de suture", un septième album studio toujours produit par Laurent Boutonnat. Sorti fin août 2008, le disque emmené par le single "Dégénération" - troublant et pas du tout grand public - montre les forces et les failles de la chanteuse, faisant le grand écart entre audace et facilité. Bien produit dans l'ensemble et recentré sur 10 titres, le disque est clairement plus orienté pour la scène que ne l'était "Avant que l'ombre..." (et ses nombreuses ballades), comme le prouvent les titres vivifiants "Paradis inanimé", "Réveiller le monde" ou "C'est dans l'air", passant du rock à l'électro avec agilité. Mais sur cet album, Mylène Farmer a un peu tout mélangé sans véritable ligne conductrice : bien qu'agréables, les singles "Appelle mon numéro" ou "Dégénération" dénotent un peu par exemple, le duo avec Moby n'apporte pas grand-chose, mais les rares ballades sortent véritablement du lot. Autre bémol : les textes se révèlent globalement inégaux. Passer de "Sextonik" à "Si j'avais au moins..." - et ses arrangements stratosphériques, seule Mylène Farmer peut se le permettre. Après, ça peut donner le vertige.

A écouter d'urgence : "Si j'avais au moins...", somptueuse
A zapper : "Je m'ennuie", et nous aussi

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6. "Désobéissance" (2018)


Qu'on se le dise, "Désobéissance" porte bien son nom ! Alors qu'en 2018 ses 60 ans approchent, Mylène Farmer a clairement envie et besoin de renouveau. S'entourant du jeune producteur français Feder (fort du hit "Goodbye"), la chanteuse se libère de ses chaines comme elle le clame sur le morceau titre. Après avoir connu des « putains de ténèbres », souffle alors pour Mylène, qui se dit « un brin sauvage », un vrai « vent de liberté ». Sur des sonorités électro élégantes et gorgées de bonnes énergies, l'icône déconstruit ses automatismes comme quand elle fait évoluer sa diction ("On a tous besoin d'y croire", "Des larmes") et explore un peu plus sa voix dans les graves ("Rolling Stone"). Consciente de son statut de chanteuse populaire, elle établit une connexion électrisante avec LP sur le tube radio "N'oublie pas", convoque des synthés 80 ici et là, tente des choses pour surprendre (quitte à se rater comme sur le bancal "Sentimentale") et se lâche avec ses "Histoires de fesses", coup d'envoi d'un ventre mou de quatre titres. Alors que son prédécesseur "Interstellaires" donnait une première impulsion en ce sens, "Désobéissance" confirme la liberté folle de Mylène Farmer d'aller là où on ne l'attendait pas, même si les chansons manquent de ce "je ne sais quoi", de puissance peut-être, qui les auraient fait briller dans le temps. Mais pour le renouveau, 12 points !

A écouter d'urgence : "Désobéissance", tout est dit
A zapper : "Get Up Girl", peu inspiré




5. "Avant que l'ombre..." (2005)


Le retour de Mylène Farmer s'est fait longuement attendre après la claque "Innamoramento". Six ans en tout, soit la plus longue attente entre deux disques. C'est en avril 2005 que le public découvre "Avant que l'ombre...", un album qui ne va pas mettre tout le monde d'accord. A l'image de sa pochette en velours, il s'agit là d'un disque calme et classieux mais un peu trop sage. La cause ? Un trop grand nombre de ballades dans le même esprit, qui ont tendance à ralentir le rythme. Oui, "Redonne-moi" est une très belle ballade dans le style Farmer mais "Derrière les fenêtres", "J'attends" ou "Et pourtant" sonnent comme du déjà entendu. Néanmoins, Mylène s'amuse sur les malicieux "QI" (et ses jeux de mots peu inspirés) ou "L'amour n'est rien", se lâche sur l'intense "Peut-être toi" (incroyable en live !), séduit avec l'élégant "Dans les rues de Londres", le sous-estimé "Aime" et le puissant "Fuck Them All", prouvant qu'elle n'a rien perdu de sa rage. Et bien sûr, il y a "Avant que l'ombre", le morceau-titre. Un petit bijou d'orchestration que Mylène Farmer sublimera en final de son impressionnante résidence à Bercy de 2006. C'est ce qu'on appelle un coup de maître... qui porte cependant un album, entre ombre et lumière, qui s'étire en longueur, mais séduit tout de même grâce à son charme fou.

A écouter d'urgence : "Avant que l'ombre...", un des plus beaux titres de sa discographie
A zapper : "J'attends" et "Nobody Knows", oubliables




4. "Ainsi soit je" (1988)


"Ainsi soit je" est en quelque sorte la version augmentée de son prédécesseur "Cendres de lune". Sur ce deuxième album sorti en 1988, Mylène Farmer apprend clairement de ses erreurs et errances, se recentrant sur de nombreuses mélodies fortes et une atmosphère plus cadrée, plus soignée. Rien que l'introduction sur "L'horloge", inquiétante adaptation du poème de Charles Baudelaire, est une des grandes prouesses du projet. S'imbriquant parfaitement dans l'univers farmerien, on croirait le texte écrit sur mesure pour Mylène, tant elle se l'approprie avec sa voix aussi déterminée qu'énigmatique. Ce titre plante le décor d'un disque majeur en quelques secondes, avant que s'enchaînent des pépites comme "Sans contrefaçon", peut-être la chanson la plus malicieuse et géniale de Mylène Farmer dont la mélodie ne vieillit pas malgré une production bien ancrée dans les années 80. "Pourvu qu'elles soient douces", "Ainsi soit je", "Sans logique" ou la reprise féroce de "Déshabillez-moi" viennent compléter ce cru 88 savoureux.

A écouter d'urgence : "L'horloge", introduction grandiose, et "Sans contrefaçon"
A zapper : "The Farmer's Conclusion", pur délire




3. "L'autre..." (1991)


Oui "Désenchantée" est sans conteste la chanson incontournable de Mylène Farmer, tout album confondu. Mais "L'autre..." est bien plus que "le disque contenant ce tube dévastateur". Avec ces 10 titres-là, et sa pochette culte, l'artiste affine son univers déjà initié sur ses deux précédents projets, montrant qu'elle n'a pas besoin de surenchère pour viser juste et qu'elle est clairement là pour durer, décidée à tout emporter sur son passage. Produit par Laurent Boutonnat, c'est encore trop peu de dire que ce projet, faisant le pont entre les années 80 et 90, est un joyau vintage. Rares sont les albums qui peuvent se targuer d'avoir un son propre et d'être ancrés dans leur époque, et pourtant de résonner avec force plusieurs décennies plus tard. Maîtrisant son art à la perfection pour la première fois sur disque depuis le début de sa carrière, Mylène Farmer fait un sans faute avec "L'autre...", renfermant des titres d'une puissance précieuse grâce à des mélodies qui vont devenir cultes, qu'il s'agisse de ballades ("L'autre", "Regrets") ou de up tempos ("Je t'aime mélancolie", "Pas de doute"). Dans ses mots qui claquent, dans ses refrains entêtants ou ses productions enrichies, la star, tour à tour sombre, mélancolique ou mutine, accède clairement à un niveau supérieur. It's beyond her control !

A écouter d'urgence : outre "Désenchantée, "Je t'aime mélancolie", culte !
A zapper : "Psychiatric", comme une longue interlude de 6 minutes




2. "Anamorphosée" (1995)


Au cours de sa carrière, Mylène Farmer a souvent su se réinventer. Et en ça "Anamorphosée" est une pure réussite. Opérant un virage musical plus rock (un style qui lui sied à merveille), l'artiste toujours en mutation l'enregistre cette fois à Los Angeles, et ça s'entend tout de suite. Sa voix plus brute, ses textes plus directs, ses mots en anglais ici et là, et ses mélodies lumineuses prennent encore plus d'ampleur, plongeant l'auditeur dans une odyssée à la fois nébuleuse, vibrante et sensuelle. Sans aucun doute, Mylène Farmer propose ici l'un de ses meilleurs singles avec "California" (quel texte !) et l'une de ses plus belles ballades avec "Rêver", des monuments de son répertoire ! Au passage, la chanteuse se débarrasse aussi de ses artifices sur des pistes détonnantes comme "L'instant X", "XXL" ou "Vertige", où elle semble s'amuser comme rarement avec sa musique et son image. En prime, "Anamorphosée" contient bien d'autres tubes, tant des chansons comme "Et tournoie...", "Comme j'ai mal" ou "Mylène s'en fout" collent à la peau de l'auditeur sans le quitter. Un album à part, qui n'a pas pris une ride.

A écouter d'urgence : "California", un chef d'oeuvre en tout points
A zapper : "Alice", trop spé




1. "Innamoramento" (1999)


C'est LE chef d'oeuvre de Mylène Farmer. Quatre années après le plus rock et éclatant "Anamorphosée", la chanteuse fait encore sa mue avec le grandiloquent "Innamoramento". Et c'est peu dire qu'elle est alors au sommet de sa carrière et de son art sur ce quatrième album produit d'une main de maître par Laurent Boutonnat, composé de 13 chansons d'une puissance et d'une poésie depuis jamais égalées dans sa carrière. La grâce absolue ! Inspirée par "Le choc amoureux" du sociologue Francesco Alberoni, Mylène joue avec ses mots et ses sentiments avec brio, multiplie les références, se fait plus intime que jamais ("Pas le temps de vivre" évoquant la mort de son frère) tout en n'oubliant pas son sens inné des refrains ravageurs et épiques ("L'amour naissant", "Innamoramento", "L'Âme-Stram-Gram"...). Ici, elle ne manque pas d'audace ni dans ses textes ni dans ses sonorités, alternant pop, variété ou électro-world, sur des arrangements d'une beauté à se damner. Un disque parfait de la première à la dernière piste, accompagné d'une tournée pharaonique, qui confirme son statut d'artiste caméléon et plus globalement d'icône.

A écouter d'urgence : l'immense "Innamoramento" et le coup de coeur "Consentement"
A zapper : Rien (ou alors "Dessine-moi un mouton", un peu à part)

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