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mardi 22 mai 2012 17:00

Manu Larrouy : "Même dans l'intimité, on nous range dans des cases"

Manu Larrouy vient de publier son deuxième album dans lequel il chante "Des mots doux, des mots durs" pour parler d'amour. A cœur ouvert, il s'exprime au sujet de son expérience amoureuse personnelle, narrant en musique la reconquête de celle qui fut sa compagne avant de devenir sa femme. C'est avec onze titres que Manu Larrouy est parvenu à séduire à nouveau celle qu'il aimait. Un vrai compte de fées dont l'artiste à bien voulu nous parler. Immersion dans l'intimité du chanteur.
Crédits photo : AlixMarnat
Nous nous sommes croisés en mars, à l'occasion du concert que Maya Barsony donnait au Sentier des Halles. Ce n'est pas un hasard, tu as travaillé avec elle sur son dernier album "Monter Âmoureuse". Un disque qui n'est pas si éloigné que ça du tien. Dans chacun des projets, on vous voit en quête d'un amour parfait. (Jonathan Hamard, journaliste)
Manu Larrouy : Effectivement, j'ai chanté avec Maya au mois de mars. C'était un concert très sympa d'ailleurs. Quand elle m'a appelé pour son album, nous étions tous les deux dans la même période de désarroi amoureux j'ai envie de dire. Du coup, elle avait déjà quelques chansons qui parlaient d'amour. De mon côté, j'étais en plein dedans aussi, par rapport à l'écriture de mon disque. Donc finalement, ça collait bien tous les deux.

Et puis vous aviez déjà travaillé ensemble.
Oui, on avait travaillé sur son précédent album. Je lui avais écrit "La pompe à diésel". On partait ensemble pour une chanson et puis finalement j'en ai fait cinq.

Et, comme vos deux albums ont été plus ou moins écrits en parallèle sur un même thème qu'est l'amour, cette deuxième rencontre avec Maya Barsony a-t-elle été inspirante pour toi ?
Quand j'écris une chanson, j'essaie aussi de m'adapter à la personnalité de l'autre, à ses désirs et à ses envies. J'essaie aussi de m'oublier un peu dans ces cas-là. C'est vrai que j'ai plus essayé de m'adapter aux sentiments de Maya plus que parler de ma propre histoire. C'est une femme, je suis un homme. On a vécu des choses différentes. Nous avons donc une psychologie qui est assez différente. Il y a des personnages aussi assez différents. C'est assez scindé même si sont les mêmes thèmes et la même plume. Forcément, on retrouve des codes et des structures. Ce qui est assez marrant avec Maya, c'est qu'elle a fait un premier album assez produit, avec beaucoup de synthé. Et le nouveau est beaucoup plus acoustique. Je le vois aux arrangements que j'ai pu faire. Et à l'inverse, j'ai fait un album avec beaucoup plus de guitares pour mon précédent projet et le nouveau me semble plus électronique. Mais il est vrai qu'on a débuté ensemble, que nous sommes amis et que l'on reste en contact régulier.

Cet album-là a été plus long pour arriver à maturité. "Des mots doux, des mots durs", c'est le projet originel ?
Mon disque a été très vite dans l'écriture. Habituellement, je fonctionne beaucoup en studio. J'entre en studio avec déjà des premières maquettes très abouties. Je fais tout à la maison. J'enregistre les basses et les guitares. Ce qui fait que lorsque j'entre en studio, le boulot est prémâché. Il n'y a plus qu'à mettre au propre si je puis dire. Pour cet album, l'histoire est un peu différente parce qu'il parle d'une reconquête amoureuse. J'ai écrit des chansons qui n'étaient pas destinées à être sur un album. Ce sont des morceaux que j'ai écrits pour récupérer une femme. Je lui avais promis de lui envoyer une chanson chaque jour. Je n'ai donc pas travaillé du tout de la même manière. J'envoyais juste un guitare/voix ou un piano/voix. Du coup, quand nous sommes entrés en studio, il n'y avait pas ce travail prémâché que je fais habituellement. Je suis passé de l'ossature à la finition sans passer par des phases intermédiaires. L'album, on l'a enregistré en deux mois, mix compris. On a fait deux sessions d'un mois. Ce qui n'est pas non délirant pour un album. Ce qui a été plus long, effectivement, c'était de trouver la bonne image, le bon titre… de trouver la bonne forme.

Cet album est très personnel. Il est dédié à Céline, ta femme. C'est elle dont il s'agit lorsque tu parles de reconquête amoureuse ?
Oui. Bien sûr. On s'est rencontré juste avant l'écriture de l'album "Mec à la cool". Et puis nous nous sommes séparés juste avant l'écriture de cet album-là. Elle est revenue après les chansons. Alors, je te dirais qu'il n'y a pas que ça qui a joué, que ce ne sont pas seulement les chansons qui l'ont faire revenir. Mais je pense qu'elles ont joué un rôle. C'est évident. Au moins pour la reprise de contact. Après, c'est une autre histoire.

Ce sont des morceaux que j'ai écrits pour récupérer une femme.
Parce qu'elle a pleinement contribué à ce projet. Elle chante en duo la chanson "Le parapluie".
Ce titre avait été écrit pour être un duo. Je ne voyais pas d'autres qui d'autres pouvait la chanter dans la mesure où cet album lui était dédié. Ça a été un petit peu difficile pour elle au début, parce qu'elle n'est pas chanteuse. Il a fallu négocier un peu aussi. C'est assez compliqué. Et puis, je trouve ça assez touchant parce que c'est un album assez sincère. C'est une histoire vraie.

Est-ce que c'est si évident que ça en a l'air de coucher sa vie amoureuse sur partition ?
Je sais que c'est l'une des conditions sinequanone pour moi pour écrire une bonne chanson. C'est-à-dire que les chansons des autres qui me touchent, que j'aime, ce sont celles où l'on sent que l'auteur ou l'interprète a essayé de délivrer quelque chose de sincère. Croire en la chanson c'est important pour l'apprécier et pour la partager, s'y identifier. On vit tous plus ou moins les mêmes choses. C'est une manière de se sentir moins seul et de partager des sentiments. Ça te parle à l'intérieur. Ça peut te rassurer ou même te donner de l'espoir tout simplement. Et si l'on n'a jamais connu ça, on peut le voir comme un témoignage d'une situation qui pourrait nous arriver.

Tu dis que seules les chansons vraiment sincères réussissent à te toucher. Quels sont les titres qui t'ont marqué ces dernières semaines ?
Il y a la chanson de Gotye, mais c'est pour d'autres raisons que pour son texte. C'est une chanson que j'apprécie car elle utilise des codes qui me parlent beaucoup. C'est une chanson qui est extrêmement bien produite. On est entre du Manu Chao et du Sting. D'un point de vue textuel, je choisirais volontiers des chansons françaises. Je n'en ai pas en tête sur le moment. Je me rappelle d'un titre d'OrelSan qui s'intitule "La peur de l'échec". On sent que l'auteur a vécu une histoire, qu'il a quelque chose à nous raconter. Il a trouvé les mots pour le dire. C'est touchant. Peu importe le style. Que ce soit du rock ou du rap, ça fonctionne.



Considères-tu que le chemin que tu définis à travers cet album, qui se termine mieux qu'il n'a commencé, peut servir d'exemple aux auditeurs ?
Oui. Je pense que certaines chansons peuvent l'être. Il y a quelques phrases qui sont assez justes. Je pense. Du moins je l'espère.

Est-ce que les deux derniers morceaux de l'album, qui sont beaucoup plus positifs, "Le parapluie" et "Le prince charmant", ont été écrits après les autres, une fois ta reconquête amoureuse réussie ?
Oui. Tout à fait. Ils ont été écrits lorsque l'on commençait un peu à se revoir. Il fallait enfoncer le clou si je puis dire. Et puis, c'est aussi une histoire qui se termine bien. Il fallait donc que mon album se termine sur une touche un peu plus positive.

Tu es "Le prince charmant" ?
Le prince charmant de la chanson, c'est moi, évidemment. Il a ses qualités et ses défauts. Le prince charmant, c'est aussi quelque part un autre "Mec à la cool". D'ailleurs, j'ai un peu structuré la chanson de la même façon dans les refrains. C'est une version amoureuse mais elle raconte un peu la même chose. Nous vivons dans un monde super étiqueté. Même dans l'intimité, on nous range dans des cases. L'humain ce n'est pas ça : c'est complexe, c'est changeant. L'humain a ses qualités et ses défauts. En amour, c'est la même chose.

A l'issue de l'enregistrement de cet album, penses-tu avoir appris des choses d'un point de vue personnel ?
Oui. Je pense. Je suis allé chercher en moi pour trouver des réponses à mes questions. Il m'a fallu trouver les mots pour l'exprimer. Il faut pousser les portes pour aller chercher au fond de soi. Un travail comme celui-là nous en apprend beaucoup sur nous-mêmes. C'est évident. J'ai découvert des fragilités aussi, et des facettes de ma personnalité que je ne connaissais pas. Quand tu es poussé dans tes derniers retranchements, dans une émotion extrême, la raison réagit différemment. Tu te demandes si c'est bien toi. Tu comprends que oui. Tu te poses des questions et puis tu cherches. Et ma façon de synthétiser tout ça c'est d'écrire une chanson.

J'ai découvert des facettes de ma personnalité que je ne connaissais pas.
La chanson "Ecris-moi", c'est une déclaration d'amour pour laquelle tu utilises des images faisant référence à plusieurs figures de style en écriture et les outils de l'écrivain comme le crayon de papier par exemple. Manu Larrouy est-il plutôt stabilo, blanco ou stylo à bille ?
Blanco c'est plutôt pas mal… Spontanément, je dirais que je me situe un petit peu partout mais pour des raisons différentes. Il y a effectivement le crayon de papier qui marquerait ma timidité et ma fragilité. C'est le côté brouillon : tu peux effacer, gommer et recommencer. Il y a aussi ce côté stabilo. C'est clair que je peux avoir un côté festif parfois. J'ai un côté fluo. En plus, les années 80 c'est ma génération. Et le stylo à bille, c'est l'aspect un petit peu plus roots, le "Mec à la cool". Je le symboliserais comme ça. C'est quelque chose qui ne coûte pas cher et qui peut écrire longtemps.

Mais c'est jetable.
On ne jette jamais un stylo à bille. Je ne sais pas si tu as remarqué. On le perd avant de le jeter ou on l'a trop mordu.

Tu évoques les années 80 comme faisant partie de ta jeunesse. Il est vrai que cette période a beaucoup influencé ton nouvel album.
L'idée, c'était de faire un album d'amour. Et comme les souvenirs de mes premiers baisers, de mes premiers amours, me rapprochaient des années 80, j'ai donc souhaité allier le fond et la forme. L'idée c'était d'avoir une couleur : celle de mes premiers sentiments.

Quelle image souhaiterais-tu renvoyer présenter ton nouvel album ?
J'aimerais qu'on sente que c'est un album qui fait du bien, malgré qu'il parle de rupture. Il y a des mots durs, des mots doux...

Pour en savoir plus sur Manu Larrouy, visitez son site officiel et sa page Facebook
Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Des mots doux, des mots durs" de Manu Larrouy.
Regardez le clip "Je sèche" de Manu Larrouy :

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