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"Je m'en veux tant" : Lio, ses confidences douloureuses sur la mort de Marie Trintignant

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Il y a 20 ans, l'actrice Marie Trintignant mourait à l'âge de 41 ans sous les coups de son compagnon, le rockeur Bertrand Cantat. Toujours très marquée par le meurtre de son amie, la chanteuse Lio dénonce une société gangrénée par le patriarcat, et déplore qu'après la vague #MeToo "rien ne change".
Crédits photo : Bestimage
Le 1er août 2003, quelque chose s'est brisée chez Lio. Ce jour-là, son amie l'actrice Marie Trintignant succombait à l'âge de 41 ans à une hémorragie cérébrale, après six jours passés dans le coma, à l'hôpital de Neuilly, où elle avait été rapatriée depuis Vilnius en Lituanie, où elle tournait un téléfilm sur Colette, après deux opérations infructueuses pratiquées sur place pour tenter de la sauver. Un drame provoqué par une violente dispute avec son compagnon, le musicien Bertrand Cantat, avec lequel elle entretenait une relation tumultueuse, se soldant par une fracture du nez, des lésions internes et un oedème cérébral. Le chanteur du groupe Noir Désir sera condamné le 29 mars 2004 par la justice lituanienne à huit ans d'emprisonnement pour meurtre commis en cas d'intention indirecte indéterminée.

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"Elle se sentait oppressée par Bertrand Cantat"


Sur les plateaux de télévision, Lio, qui faisait elle aussi partie de la distribution du téléfilm, a toujours réfuté la thèse du "crime passionnel". « L'amour n'apporte pas la mort » rappelle-t-elle avec gravité dans les colonnes de Libération, pour lequel elle a accepté de revenir sur cette tragédie. Lio se souvient de Marie Trintignant comme « un soleil ». « C'était quelqu'un qui aimait les gens avec une tendresse, un amour, une générosité folle. C'était une gourmande. Quelqu'un qui avait beaucoup de force, tout en étant suave et douce. (...) Il y avait chez elle du jeu, de la légèreté, beaucoup d'humour et une grande liberté » se souvient l'interprète de "Banana Split", qui garde en mémoire le comportement étrange de l'actrice sur ce tournage. « Je trouvais Marie fatiguée. Quelque chose ne tournait pas rond, mais jamais je n'ai pensé qu'elle était en danger avec Bertrand Cantat. Je m'en veux tant. (...) Il l'appelait des dizaines de fois par jour, sans arrêt. Pour ne pas louper ses appels, elle avait mis son portable sur vibreur, dans ses bottines. Elle se sentait oppressée, mais disait que c'était sa faute, qu'elle lui en avait trop demandé » se remémore l'artiste, qui a elle aussi connu l'enfer de la violence conjugale : « Je connais très bien ce procédé d'emprise et de manipulation, cette manière de séduire et de faire un numéro devant les gens pour les avoir sous sa coupe. J'ai eu le même à la maison ».

"Les hommes veulent dominer"


20 ans après ce jour terrible, Lio constate avec désolation que « rien ne change ». « Il y a toujours une très bonne raison pour que le patriarcat phallocrate tue une femme. On a d'ailleurs entendu que Marie était hystérique, qu'elle avait bu, qu'elle l'avait poussé à bout en le rendant jaloux. Je vomis ce patriarcat rance qui tue la moitié de l'humanité. Et c'est un boys club, un club de la bite : ils se tiennent entre eux » estime la chanteuse et comédienne, pour qui #MeToo n'a pas apporté le changement escompté dans ce rapport de force : « Tout bouge et rien ne bouge, parce que les hommes ne veulent pas perdre leurs privilèges. Ils veulent dominer. (...) Tout ce qui peut remettre l'homme en cause n'est pas susceptible d'être entendu, est forcément mauvais, manipulé, hystérique, politique ». Ses prises de position féministes lui ont souvent été reprochées ou moquées. Mais Lio a, à son échelle, libéré une parole : « Quand j'ai lu plusieurs centaines de courriers qui racontaient la même histoire, j'ai compris que ça n'était pas lié à moi. Que c'était un système, qu'ils ne nous aimaient pas. Qu'ils étaient prêts à tout mettre en place pour nous annihiler. Ce n'est pas une guerre des sexes, non. C'est la guerre du sexe masculin. Nous sommes des résistantes ».

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Au passage, Lio fustige cette volonté qu'on a de "séparer l'homme de l'artiste", comme lorsque Les Inrocks avaient mis Bertrand Cantat en Une de son magazine en 2017. « Il faut arrêter avec ce délire ! Je ne suis pas pour les autodafés, jamais. Que ceux qui veulent continuer d'écouter ses disques chez eux le fassent. Un salopard peut avoir du talent. Mais pas d'honneur pour les violeurs, les violents. (...) Bertrand Cantat peut écrire pour d'autres, sans monter sur scène, sans qu'on l'applaudisse. Et à ceux qui disent qu'il a payé sa dette, j'ai envie de dire : quatre ans de prison, c'est ce que vaut la vie d'une femme ? » s'interroge-t-elle.

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