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Kylie Minogue en interview : "Rester dans la course, c'est un défi personnel"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Kylie Minogue est prête à secouer la planète pop avec son nouvel album "Tension". Hyper abordable et généreuse, la chanteuse australienne, anti-star par excellence, livre à Purecharts ses confidences sur le succès viral de "Padam Padam", l'âgisme du milieu artistique qu'elle veut combattre, son besoin de ralentir parfois la cadence et ses liens privilégiés avec la France, où elle a vécu plus jeune.
Crédits photo : Purecharts
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

C'était totalement grisant de voir le phénomène autour de "Padam"
Quand le single "Padam Padam" a été annoncé, beaucoup de personnes, et en particulier ici en France, ont cru qu'il allait s'agir d'une reprise de la chanson d'Edith Piaf...
Mais oui ! Je me demandais bien ce que les Français en penseraient. (Rires) Je ne l'ai pas écrite donc ce n'était pas volontaire. Quand j'ai entendu la démo et que j'ai vu le titre... La seule chose à laquelle je pouvais penser sur cette planète Terre en voyant "Padam Padam", c'était Edith Piaf. J'aurais voulu la même chose. Je me suis dit : "Qu'est-ce que je vais entendre quand j'appuieras sur le bouton play ?". Je ne sais pas si les auteurs ont fait exprès. Ils devaient bien avoir connaissance de ce titre, mais il est très vite devenu clair pour moi que ce n'était pas une reprise de la chanson éternelle, incroyable, légendaire et iconique d'Edith Piaf. C'est une "Padam Padam" très différente !

Le morceau a tout de suite rencontré un franc succès dans le monde entier, en particulier sur les réseaux sociaux. Vous étiez en tendance sur TikTok !
Une grande première !

Vous aviez senti son potentiel lorsque vous étiez en studio ?
Quand je l'ai entendu pour la première fois, oui je l'ai senti. Sur certaines chansons que j'ai enregistrées, j'ai passé beaucoup de temps, j'en ai trop fait. Pour "Padam Padam", la partition vocale de la démo était d'une tonalité similaire à la mienne, alors j'ai pu m'y projeter très facilement. Je l'adorais. J'ai dû me rappeler, après plus d'une année à vivre avec ces chansons, ce que j'ai ressenti quand je l'ai entendue pour la première fois. Parce que parfois, pour être honnête, cela devient confus au milieu de toutes les chansons que tu fais, celles qui ne figureront pas sur l'album. Est-ce qu'on a pris la bonne décision ? Que choisir, quel sera le premier single ? Je m'étais imaginée qu'elle serait bien reçue, je l'espérais mais ça ne m'a jamais traversé l'esprit que j'avais la capacité, avec une de mes chansons, de devenir une sensation virale. C'était totalement grisant de voir ce phénomène se produire au jour le jour, en face de moi. C'était brillant !



Le monde ne s'est pas effondré parce qu'on a joué mes chansons !
C'est vrai que la chanson a bousculé les codes, au regard des artistes féminines et des rotations sur les radios. Pensez-vous que la discussion sur le fait d'être une popstar à succès et avoir 40, 50 ans et plus a évolué dans les maisons de disques ?
Elle doit ! Elle doit évoluer. Je peux le dire d'expérience avec "Padam Padam"... Ce n'est pas nouveau pour moi. J'ai commencé à sortir de la musique quand j'avais 18 ou 19 ans alors je suis passée par toutes les étapes. Au début on te dit : "Tu es une enfant, tu ne sais rien. Qui es-tu ? Tu n'as encore rien prouvé". Je suis passée par ci, par ça, par tous les hauts et les bas. Et aujourd'hui, 35 ans plus tard, je représente une autre facette de la vie et la carrière d'une artiste. J'espère avoir un impact positif, je crois l'avoir eu à en juger par ce qu'il s'est produit avec "Padam Padam". Bravo aux stations de radio qui, d'habitude, pour des raisons liées à l'âge ou tout autre prétexte, ne prennent pas en considération le fait de jouer mes chansons et l'ont fait. Devinez quoi ? Le monde ne s'est pas effondré et ce fut même l'inverse, car il s'est mis à la célébrer. Je crois que les plus jeunes générations sont si ouvertes d'esprit qu'elles se disent : pourquoi serions-nous, je cite, "âgistes" ? C'est positif de voir qu'on va dans la bonne direction.

Ce que j'aime dans "Padam Padam" ou votre nouveau single "Tension", c'est que vous ne vous excusez pas de parler librement de sexe et de désir !
Dans le contexte d'une chanson, c'est un super endroit pour parler de ça ! J'aime m'amuser avec ces sujets-là. Ça fait partie de nos vies, de nos possibilités et de nos sentiments à exprimer, et ça devrait être célébré comme tel. Evidemment, je ne me suis pas dit : "Je vais écrire une chanson sur ça". C'est venu naturellement. Quand nous avons écrit "Tension", sa première version était encore plus explicite et j'ai pensé : "Ça ne peut pas finir sur l'album, c'est un peu trop subversif". Même pour moi, c'était un peu trop. (Rires) Lorsque le titre a pris cet éclat pop, ça a fait sens. De manière surprenante, les gens ne semblent pas perturbés, ils montent juste à bord du train. J'ai l'impression qu'il n'y a pas de jugement, ce qui est génial. On peut tous respirer !

Après tous vos accomplissements, ressentez-vous la pression de devoir rester dans la course, de décrocher des tubes ?
C'est un défi personnel, oui ! Je dois faire attention à ce que ce ne soit pas l'objectif ultime. Si tu m'offrais le choix entre obtenir un single numéro un ou passer du temps en studio, je dirais probablement que j'aimerais être en studio. Je sais pas, c'est... différent. Cela dit, je ne dis pas que je ne serais pas sur un petit nuage si j'avais un titre classé numéro un ! Ce n'est pas évident de prendre du recul quand je suis déterminée. Je veux profiter au maximum du moment.

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Avec des morceaux synth-pop comme ''Hold On To Now'' et ''Things We Do For Love'', l'album a cette petite touche rétro des années 80...
Pour écouter ''Things We Do For Love'', il faut être en bonne condition physique ! Quand je vais la chanter en live, il me faudra un masque à oxygène à proximité. (Rires)

Il y a beaucoup de références à ma propre carrière dans l'album
Que représente cette décennie, pour vous ?
Avant que nous décidions qu'il n'y aurait pas de thème précis pour l'album, on s'est amusé à flirter et à expérimenter avec un son très 80's. Ça n'a pas donné assez de matière pour un album entier mais assurément, une chanson comme "Things We Do For Love'' nous replonge dans cette décennie. C'est très énergique, ça rappelle un peu le film "Footloose" ! Mais dans son ensemble, l'album touche un peu aux années 80, un peu aux années 90 avec la house qu'on entend sur "Tension", "Padam Padam" est probablement plus des années 2000, dans cette zone de pop glaciale luisante à la "Can't Get Out of My Head"... Sans que je le veuille intentionnellement, j'ai réalisé qu'il y a beaucoup d'autoréférences à des ères musicales que j'ai pu faire auparavant.

J'ai tendance à remarquer que dans vos chansons, vous parlez d'amour, de rencontres ou d'échecs mais toujours d'une manière universelle, sans trop aller dans des choses personnelles. C'est une façon de prendre de la distance, de se protéger ?
Sans doute les deux. Je garde effectivement une grande partie de ma vie privée, je pense que c'est le plus sage à faire pour rester saine d'esprit dans ce métier. Ça me plaît beaucoup quand une chanson peut résonner en moi mais être plus universelle, et presque comme une question sans réponse. "Hold On To Now", par exemple, parle d'interrogation existentielle. Il y a une grande question et une question immédiate, des questions que l'on se pose tous dans notre vie qui appuient au bon endroit. C'est très universel...

Madonna, avec qui vous avez failli enregistrer un duo, lancera le mois prochain sa tournée best-of. C'est quelque chose que vous pourriez faire dans le futur ?
(Les bras en l'air) OUI ! Si j'arrive à avoir assez de tubes pour faire une tournée best-of, absolument !

Oh, je pense que vous en avez assez dans votre répertoire pour faire deux tournées, même !
C'est gentil. (Sourire) Le deal serait, si je fais un best-of, de retourner en studio pour enregistrer une chanson inédite. Une tournée, ce serait génial ! Mais c'est un peu ce que je fais déjà dans mes concerts. C'est toujours un peu délicat d'assembler une setlist car quelqu'un sera toujours forcément déçu s'il y a pas cette chanson, ou alors ce titre-là... C'est toujours la partie la plus difficile dans une tournée, de faire une setlist.

Ce métier peut être éreintant
C'est un métier avec énormément d'enjeux et, je l'imagine, beaucoup de stress. Vous avez déjà songé à tout arrêter ?
Oh oui. Bien sûr. Et mes amis sont là : "Allez, c'est reparti...!". "Elle dit ça aujourd'hui et demain elle demandera : alors, il se passe quoi ?"... C'est de l'instinct de survie. C'est vrai que ce métier peut être stressant, il peut être éreintant, tu peux avoir l'impression d'avoir tout donné et parfois, tu as le sentiment que la seule option possible serait de se dire : "Je ne peux plus. J'ai besoin de normalité". Il faut se recalibrer, redémarrer. Ce que j'aimerais en partie essayer sur le plan personnel cette année serait d'unifier ces deux mondes, ce côté extrême "go go go" et cette autre partie de moi qui aimerait ne rien faire. Ne pas passer deux heures à se coiffer et se maquiller ! (Rires) Que ce soit plus simple, et trouver un compromis. C'est mon défi du moment.

Ce n'est pas facile de trouver du temps pour soi, en fait.
Oui. Quand tout devient un peu trop, j'aimerais pouvoir dire : "J'ai besoin de m'interrompre, de faire une pause"... mais non. Jusqu'ici, ça ne s'est jamais réellement produit. J'adore ce que je fais ! Il y a juste parfois des moments d'épuisement.



Les Français m'ont accueillie à bras ouverts
J'aimerais que l'on parle de vos liens avec la France. Vous avez vécu à Paris lorsque vous aviez 20 ans. Que gardez-vous de cette expérience ?
(Son visage s'illumine) C'était tellement le bon temps ! Quand je suis venue en France pour la première fois, c'était pour le premier ou deuxième album, très tôt dans ma carrière. Je prends l'avion depuis l'Australie, je suis une enfant, j'ai mon passeport australien et je découvre l'Europe pour la première fois ! C'était si génial et excitant. Quand j'ai eu 22 ans, je suis venue vivre à Paris et j'allais aux Bains Douches, à Clignancourt, avec mon ticket de métro ! J'avais vraiment l'impression de vivre une vraie vie, en dehors de ma vie professionnelle. C'est une vraie histoire d'amour. J'ai adoré mon temps ici, les Français m'ont accueillie à bras ouverts très tôt. Mon ancien compagnon, qui était français, s'émerveillait parfois en me disant : "Tu sais, ce n'est pas normal d'être aussi gentille et amicale, et les Français... Ce n'est pas normal. Ils ne devraient pas t'aimer mais c'est le cas !". Moi, je ne savais pas ! (Rires) Je ne peux pas expliquer comment c'est arrivé. Paris est une ville vers laquelle beaucoup d'artistes gravitent et je suis l'une d'entre elles.

Je sais que vous parlez un petit peu français, j'ai vu les images. Et vous avez été coach dans "The Voice" en Australie et au Royaume-Uni. Seriez-vous intéressée pour devenir jurée dans "The Voice" ici en France ?
Oh, pour ça, il faudrait que j'étudie très sérieusement ! Il faudrait que je prenne du temps pour pratiquer mon français. (Sourire) J'ai adoré faire ces shows. Quiconque travaille sur ces émissions vous le dira, c'est du gros boulot. C'est très intense ! J'ai aimé tout le processus, j'ai aimé faire partie de l'équipe de coachs. J'ai fait mes débuts il y a longtemps maintenant, et parfois j'ai encore l'impression que je débute quand je commence quelque chose de nouveau. Pour ces émissions, j'ai toujours dit qu'au moment où tu déclenches le buzzer, il n'est plus question de la voix. Tout change quand tu associes un visage aux talents. Même si tu dis à ton cerveau qu'il est question de la voix, ce n'est pas vrai, c'est le package qui compte. Ce serait ça mon point fort sur ces émissions : je ne pense pas que j'excelle particulièrement dans un domaine, mais tout compris, ça fonctionne !

On vous a déjà approchée ?
Non. Vous êtes en mission secrète ? Vous essayez de me trouver un boulot ?

"The Voice" ? Quand je parlerais un peu mieux français
Si ça vous intéresse, ils commencent les tournages en novembre !
Vous ne me laisserez pas m'en tirer à si bon compte, hein ? (Elle éclate de rire) Novembre... Donc vous me dites qu'il faudrait que je fasse des allers et retours entre Las Vegas, où j'entame une résidence, et Paris ?!

Peut-être l'année prochaine alors...
(Rires) Quand je parlerais un peu mieux français, on verra !

Pour conclure, avez-vous un message à faire passer à vos fans français ?
(En français, avec un petit accent) Ok, salut c'est moi Kylie Minogue ! Mais quelque fois c'est Kylie [kili] Minogue.. Ça va, les deux sont bien. Je suis tellement contente d'être avec vous, ici en France, à Paris. C'est toujours quelque chose pour mon coeur. It's a love affair to be continued. Merci, merci pour ton coeur. Ton coeur ou votre coeur ?

Votre coeur, c'est mieux.
Vous voyez ? Il faut que je retourne à l'école !
Tout sur Kylie Minogue sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez "Tension" de Kylie Minogue sur Pure Charts.

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