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Katy Perry : son nouvel album "143" est-il vraiment une catastrophe ? Notre avis !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Katy Perry vient de publier son nouvel album "143", emmené par plusieurs singles qui se sont transformés en échecs commerciaux. Le disque relève-t-il le niveau ou est-il réellement la catastrophe dont tout le monde parle ? Purecharts l'a écouté et vous donne son avis !
Crédits photo : Bestimage
Avec son nouvel album, Katy Perry était attendue au tournant. D'abord, parce que la chanteuse, après une bonne décennie de tubes planétaires, a enchaîné deux albums commercialement décevants avec "Witness" (2017) et "Smile" (2020). Le premier, très audacieux, a marqué une cassure avec la pop légère et festive proposée habituellement par la popstar mais a tout de même renfermé le hit "Chained to the Rhythm". Le second, accueilli tièdement par la critique, manquait d'éclat et d'âme, même si on lui doit l'un des meilleurs singles de Katy Perry avec "Never Really Over". Alors, avec "143", son septième album, l'artiste n'avait plus vraiment le droit de se manquer. On le sait, et on le déplore, les médias (les radios en première ligne), tout comme le public, ont la dent dure envers les artistes féminines qui approchent la quarantaine et, comme un coup de grâce, sont devenues mamans. Et surtout, Katy Perry possède un énorme héritage derrière elle avec sa collection de succès en or massif, de "I Kissed A Girl" à "Roar" en passant par "Dark Horse", "California Gurls", "Teenage Dream" ou "Firework". Comment donc se relever après deux échecs, quand l'industrie et la société sont contre vous ?

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Katy Perry rate son virage


Il faut le dire, Katy Perry avait un boulevard devant elle puisque l'attente autour de ce nouvel album était on ne peut plus forte après plusieurs mois de teasing sur les réseaux sociaux. Quatre ans après "Smile", certains prévoyaient déjà le retour pop de la décennie. Malheureusement, la chanteuse n'a pas su prendre le bon virage. En juillet dernier, elle a amorcé son comeback avec le titre "Woman's World", dont plusieurs extraits ont été mis en ligne pour faire grimper l'intérêt. Mais quand les internautes ont découvert que Dr. Luke, producteur influent derrière ses plus grands succès mais accusé de viol par Kesha, se cachait derrière cet hymne féministe (!) quelconque, il était impossible de faire machine arrière. Le projet était d'ores et déjà condamné. D'autant que son clip à l'humour potache - très Katy Perry à l'ancienne - a renforcé l'image d'une chanteuse restée coincée dans les années 2010. Les temps ont changé, les codes aussi, et la nouvelle génération d'artistes féminines est depuis passée par là.

Et à l'écoute de l'album "143", optant pour des sonorités dance, une esthétique futuriste et des titres très courts pour coller à l'ère actuelle, force est constater que Katy Perry n'a pas fait les bons choix. D'abord, pourquoi renouer avec Dr Luke après deux albums sans son aide ? Car ils n'ont pas eu le succès escompté diront certains. C'est oublier bien rapidement que de multiples chanteuses explosent les charts sans faire appel à cette figure controversée, de Sabrina Carpenter à Taylor Swift en passant par Dua Lipa, Olivia Rodrigo, Ariana Grande ou Billie Eilish. Pourquoi, comme pour "Witness", ne pas être allée tenter des expériences pop avec des producteurs émergents, plus ancrés dans l'époque, ou faire appel à d'autres pontes du genre comme Max Martin, Greg Kurstin, Jack Antonoff ou encore Stargate, présent sur un seul titre (réussi) de "143" ? Il faut le dire, travailler avec Dr Luke, saper au passage sa crédibilité et sa bonne image auprès du public, pour donner naissance à 11 chansons aussi paresseuses reste une énorme erreur stratégique. Qui chez son label Capitol a pu valider ce projet ?



Un album fade, coincé entre hier et aujourd'hui


Car il n'y a pas que "Woman's World" qui pêche. Le cul entre deux chaises, entre hier et aujourd'hui, l'artiste alterne ici titres hip-hop froids et répétitifs avec la jeune garde comme pour tenter d'amadouer un public urbain et TikTok ("Gimme Gimme" avec 21 Savage, "Artificial" feat JID), tombant même dans la ringardise en samplant un énième tube des années 90 sur "I'm His, He's Mine" feat. Doechii, et quelques titres EDM inégaux ("Crush", rappelant "Catch My Breath" de Kelly Clarkson), que n'importe quelle artiste débutante aurait pu chanter. Certes, tout n'est pas à jeter. Aux allures de tube évident, le festif, accrocheur mais facile "Lifetimes" a forcément souffert de la mauvaise presse du lead single et de la forte concurrence estivale. "All The Love" et "Nirvana" accrochent l'oreille. Enfin, partagé avec sa fille Daisy et refermant l'album, "Wonder" reste le titre le plus convaincant et fera à coup sûr sensation sur scène. Mais tout reste loin, très loin, de la grande époque créative de Katy Perry.

Les chansons de "143", aux textes futiles et attendus, sans vraiment d'identité, ne sont donc ni à la hauteur du talent de l'artiste, ni à la hauteur des attentes. Où sont passés les refrains ravageurs ? Les idées et les mélodies qui se retiennent illico ? Et son humour mordant ? En pilotage automatique et semblant même forcer de s'amuser, Katy Perry n'a pas su appréhender ni l'attente ni son héritage ni l'ère du temps. Se relèvera-t-elle après cette catastrophe industrielle annoncée ? On lui souhaite.

Clairement, "143" manque d'à peu près tout : de cohérence, de créativité, d'audace, d'un marketing savant. De substance et d'âme aussi. Si certains titres s'écoutent mais s'oublient aussitôt, ils souffrent surtout de la comparaison avec les anciens hits de Katy Perry, qui semble avoir perdu ici son éclat et son propos. Bring back our girl !

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