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samedi 16 novembre 2024 13:06

Joseph Kamel en interview : "C'est complètement dingue, on n'est jamais préparé à ça"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Joseph Kamel vient de sortir la réédition de son premier album "Miroirs". Au micro de Purecharts, le chanteur fait le bilan de son année folle, entre succès, collaborations avec Julien Doré et Pierre Garnier, mais aussi les thématiques de ses chansons. Rencontre !
Crédits photo : Naumur
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Comment tu as commencé la musique ?
J'ai grandi dans un appartement au Caire où il y avait énormément de musique. Forcément, j'ai toujours été un peu piocher dans cette collection d'albums. Donc ça a commencé par ça, beaucoup d'écoutes. Et c'est en arrivant en France, quand j'ai eu 16 ans, que j'ai commencé à prendre moi-même une guitare dans le sous-sol et à écrire mes premières chansons. Ça a été d'abord la guitare puis le piano et j'ai fini par faire de cette passion mon métier.

C'est complètement dingue ce que je vis
Deux singles certifiés platine, un premier album salué par le public et la critique, des nominations aux NRJ Music Awards... Tu as vécu une année complètement folle. Quel bilan fais-tu de ces 12 derniers mois ?
Ça a été tellement intense que j'ai du mal à me poser pour faire un bilan, ça viendra plus tard. Pour l'instant, ce que je vois, c'est que c'est complètement dingue ce que je vis. On n'est jamais préparé à vivre quelque chose comme ça, on apprend à le vivre.

On a l'impression que tu as percé du jour au lendemain avec "Celui qui part". Quel a été le déclic, le moment où tu sens que tout a basculé ?
J'aurais du mal à situer un moment en particulier. Mais la première fois que j'ai chanté cette chanson devant un public et qu'ils ont tous instantanément repris les paroles, ça a été vraiment un moment marquant pour moi. Mais même pour n'importe quel chanteur, auteur ou compositeur, c'est un sentiment qu'on attend toujours un peu, ce moment où la chanson finit par appartenir aux gens, et le moment où on la chante il y a une sorte de célébration. Le déclic était vraiment à ce moment-là, quand je me suis rendu compte que j'avais une chanson qui avait touché les gens au point qu'on pouvait se rassembler tous autour quand on la chantait. Je pense que ce moment a eu lieu pendant les concerts que j'ai fait à la rentrée 2023.

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Le grand public t'a aussi découvert via l'intermédiaire de collaborations avec Julien Doré sur "Beau" et bien évidemment Pierre Garnier pour qui tu as co-signé "Ceux qu'on était". C'était une porte d'entrée au grand public aussi de te découvrir via ces artistes-là ?
C'est clair que ça a été un moyen génial pour moi de rencontrer le public. Aussi, le fait que ces artistes m'aient donné la possibilité de travailler avec eux, c'est un honneur pour moi. Je suis vraiment très heureux d'avoir pu collaborer avec eux.

Je suis hyper fier de Pierre Garnier !
Justement, comment vous êtes-vous rencontrés avec Pierre Garnier ?
Avec Pierre, on est des copains de camps d'écriture. On se connaît depuis un petit moment tous les deux. On avait eu l'occasion, juste avant son entrée à la "Star Academy", de se retrouver en studio, lui, moi et Daysy. Tous les trois, on a eu envie d'écrire et cette chanson "Ceux qu'on était" est née très naturellement sans qu'on puisse bien évidemment se douter une seule seconde de la vie qu'elle allait connaître après. Ensuite, Pierre est allé à la "Star Academy" et nous avons pu assister à ça et être hyper fiers de notre pote.

Son succès aussi soudain et puissant, c'est quelque chose qui t'effraie ou qui te fascine ?
Ni m'effraie, ni me fascine, je suis admiratif de la façon qu'il a de gérer tout ça. Je trouve qu'il réussit à merveille son début de carrière. Evidemment, c'est très très intense de se retrouver sous le feu des projecteurs à ce point mais je trouve qu'il réussit à gérer avec beaucoup de décontraction toute cette aventure qu'il vit.

Je n'ai pas la sensation d'avoir tant changé de vie
Toi, comment tu le vis ce succès ?
Je le vis super bien ! C'est vraiment un plaisir d'aller rencontrer le public et je ne peux dire que merci aux gens qui me suivent depuis le début. Là, depuis un an, c'est sûr que ça a été beaucoup plus marqué mais, honnêtement, je le vis avec beaucoup de joie. Beaucoup de gens viennent me parler en concert, en promo, c'est toujours génial.

C'est facile de garder les pieds sur terre dans une telle situation ?
Oh franchement oui ! J'ai la chance d'être toujours dans la même ville, avec le même entourage. Quand je rentre chez moi, je retrouve la même équipe que j'avais il y a un an, voire deux ou trois ans ! Du coup, je n'ai pas la sensation d'avoir à ce point changé de vie. Même si je fais des choses qui me paraissaient impensables il y a quelques années, mais sinon ma vie quotidienne reste la même.

Ton premier album s'appelle "Miroirs" : justement, que vois-tu dans le miroir ?
Ce que je vois dans le miroir, c'est toujours un peu compliqué... Je pense que comme tout le monde, je vois toujours ce qu'on a envie de regarder. Je vois un mec qui fait ce qu'il aime, qui est heureux de pouvoir se réveiller tous les jours pour vivre de sa passion. D'un point de vue physique, c'est un peu plus compliqué, vu que je fais deux mètres, je ne vois pas tout le miroir ! (Sourire)




Sur l'album, tu chantes "Caire". C'est important pour toi de rappeler et mettre en avant tes origines ?
Evidemment ! Après, c'était quelque chose qui me paraissait naturel parce que j'ai grandi là-bas et que ça fait partie de ma vie, de ce que j'ai construit. Et comme dans ce premier album, je me présente devant les gens, ça me paraissait impensable de le faire sans parler de l'Egypte, de ce pays dans lequel j'ai grandi.

Quand on allume les infos, ça fait peur
Il est beaucoup de question de jeunesse et de peur de la vieillesse sur des chansons comme "Ados" ou "Vieux". Vieillir c'est quelque chose qui te préoccupe ?
La question du temps qui passe, les regrets qu'on peut avoir sur notre jeunesse, et les questions qu'on peut se poser sur notre futur, ce sont des choses qui préoccupent tout le monde. Je me posais beaucoup ces questions-là au moment de l'écriture de l'album. Je me demandais où j'en étais et où j'allais. J'étais dans cet état-là en écrivant ces deux chansons-là. Mais c'est au moment où j'ai fini l'album que je me suis rendu compte que les deux chansons se répondaient. Je n'avais pas écrit l'une en réponse à l'autre, je les ai vraiment écrites indépendamment. C'est au moment de les rassembler que je me suis rendu compte de cette dualité.

Le juste milieu entre ces deux titres serait donc de profiter de l'instant présent ?
Oui, clairement ! C'était un peu l'idée. On a devant nous la possibilité de s'aimer, d'être heureux maintenant... Quelles que soient les questions qu'on se pose sur l'avenir, les regrets et les choses qu'on ressasse du passé, peut-être que la meilleure chose à faire, c'est de vivre maintenant.

Dans "Ton regard", tu t'adresses à un enfant et évoque le monde qu'on va laisser aux futures générations... Ce monde te fait peur ?
Oui, je pense que comme tout le monde... Quand on allume la télé, quand on voit les infos, il y a énormément de choses qui font peur et qui nous font nous poser des questions sur ce que la génération d'après va pouvoir vivre. Que ce soit à cause de la situation qu'on nous a déjà léguée avant ou ce que, nous, on va leur laisser. Il y a beaucoup d'inquiétude mais il y a aussi, dans cette chanson, la déclaration à cette future petite fille. Et j'espère qu'elle saura réparer les erreurs qu'on a commises et qu'elle pourra voir le monde avec des yeux qui ont un peu plus d'espoir que les nôtres.

Mentissa est la première à m'avoir fait confiance
Tu viens de sortir la réédition de ton album "Miroirs". Quelle était l'envie ?
De continuer à me présenter, tout simplement. C'est vrai que la première partie de cet album est un peu plus centrée sur moi, les émotions que je ressentais et les questions que je me posais. Cette réédition, j'ai décidé de la consacrer aux gens que j'aime. Il y a une chanson qui est consacrée à ma maman, "Dors", il y a "Tu vis", qui parle aussi de mes parents et du fait que je les ai beaucoup vu partir du fait de leurs métiers quand j'étais petit, la chanson "Petit frère" qui parle de mon petit frère comme son nom l'indique, et donc "Ton regard" pour ma future fille. J'avais envie que cette réédition soit davantage une déclaration d'amour et que le miroir s'étende un peu à ce qu'il y a autour de moi.

Justement, j'allais te poser la question : tu parles beaucoup de la famille dans ces morceaux. C'était important à tes yeux ?
Complètement ! C'est grâce à eux que je suis là aujourd'hui. Ils m'ont transmis les valeurs auxquelles je tiens beaucoup et la chance de vivre des expériences assez dingues, de vivre dans deux pays différents, avec des cultures différentes, des métiers que j'avais la chance de suivre. Aujourd'hui, je suis hyper reconnaissant, mais on est aussi hyper proches. On se soutient les uns les autres et ça me paraissait important de leur rendre hommage.

On y retrouve aussi un duo avec Mentissa sur "Tu vis". Comment s'est faite cette rencontre ?
Mentissa, j'ai eu la chance de la rencontrer il y a trois ans. C'est la première artiste qui m'a fait confiance pour écrire sur son premier album "La vingtaine", j'ai eu la chance de faire trois chansons. Je n'avais jamais écrit pour d'autres personnes avant de la rencontrer. J'ai découvert à la fois une artiste formidable avec un talent dingue pour transmettre des émotions hyper fortes avec la voix, et aussi une personne géniale avec qui je me suis extrêmement bien entendu, extrêmement drôle et empathique. Au moment de réfléchir à une réédition, ça m'a paru évident de l'inviter et elle a accepté tout de suite. On s'est retrouvés tous les deux en studio et la chanson est née très rapidement.




Cette chanson parle du fait de "vivre à travers eux". J'ai l'impression qu'il y a un peu de ça dans ta musique, tes thématiques, mais aussi dans ton succès, qui s'est donc fait aussi via des duos ou collaborations...
Cette chanson-là s'adresse plus particulièrement à mes parents et cette histoire que j'ai vécue avec eux. De les voir partir dans les pays étrangers, et de vivre ces pays et de les visiter à travers les histoires qu'ils me racontaient à leur retour... Pour ce qui est de vivre à travers les autres, je n'ai pas l'impression que ce soit tant le cas. J'ai une vie extrêmement bien remplie avec plein de belles choses, notamment avec les artistes avec qui je collabore.

Les récompenses sont des moments de célébration avec le public
Tu as une voix assez unique dans le paysage français. Comment tu la travailles ?
Je ne la travaille pas beaucoup en vrai. (Sourire) Je crois que je fais des échauffements avant de chanter, tout simplement. Sinon, il y a eu un moment où j'ai mué et j'ai eu cette voix-là, et depuis, c'est comme ça. J'ai eu la chance d'apprendre avec des gens qui m'ont donné plein de conseils. On parlait de Daysy tout à l'heure. Quand je faisais mon album, elle était là à chaque prise de voix, à la fois pour faire les choeurs mais aussi pour me guider à un moment où je découvrais ce qu'était un studio.

Tu penses que c'est cette voix qui a fait la différence dans ton succès ?
C'est toujours dur à dire quand on est le principal intéressé. Je ne sais pas, il faudrait demander aux gens qui m'écoutent. Evidemment, j'ai la chance d'avoir des gens qui reconnaissent ma voix pour ce qu'elle est... Après est-ce que c'est ça qui a fait le succès ? Je n'en sais rien.

Tu étais doublement nommé aux NRJ Music Awards, on imagine que tu le seras aussi aux Victoires de la Musique... Les récompenses et les nominations, c'est important et gratifiant pour toi ?
Important je ne sais pas, mais gratifiant oui. Ça veut dire qu'à un moment donné, on a marqué les gens avec nos chansons et que ça nous amène dans ces moments-là. Mais ce sont surtout des moments de célébration avec le public et toutes les équipes avec qui on a partagé cette année-là. C'est hyper gratifiant de se retrouver tous ensemble, et de se dire qu'on a traversé tout ce chemin.

Tu as déjà commencé à travailler sur un deuxième album ?
C'est encore un peu tôt, mais je note tout le temps des idées qui me viennent. J'ai un téléphone rempli de notes vocales et écrites dans lesquelles j'irai sûrement puiser le jour où il y a un deuxième album à faire.

Tu disais avoir écrit une quarantaine de chansons pour le premier album, et tu n'en n'as gardé que 16. Elles étaient toutes finalisées ?
Ça dépend lesquelles... Il y a des chansons qui n'existaient juste que dans ma tête ou via de petites notes vocales. D'autres qu'on a poussées beaucoup plus loin. Mais au final, on a décidé de s'arrêter sur les 16 qui existent aujourd'hui parce qu'elles paraissaient à nos yeux les plus cohérentes. En tous cas, je n'irai pas repiocher dans celles qui restent pour le prochain album.

Parce qu'elles ne correspondent pas à ton état d'esprit actuel ?
C'est surtout que j'ai envie de créer à nouveau, de repartir... Il est toujours évident ce moment où on sait qu'on a quelque chose à faire, mais on a à la fois ce syndrome de la page blanche et cette excitation de ce qui reste à construire. J'ai hâte de me retrouver à nouveau dans cette situation.

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