Gilbert Montagné

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Candidat à l'élection présidentielle de 2022, dont le premier tour se tiendra le dimanche 10 avril, Éric Zemmour a fait de la controverse sa marque de fabrique. Le candidat d'extrême-droite, crédité de 12,5% des intentions de votes selon un récent sondage réalisé par Elabe, a déclenché une nouvelle salve de réactions outrées ce week-end après des propos sur la scolarisation des enfants handicapés. Lors d'une discussion avec des enseignants organisée à Honnecourt-sur-Escaut, dans le Nord, vendredi, le polémiste a estimé que les élèves en situation de handicap devraient suivre un cursus scolaire dans des établissements spécialisés, « sauf pour les gens légèrement handicapés évidemment ». « Pour le reste, oui, je pense que l'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants. Donc je pense qu'il faut des enseignants spécialisés qui s'en occupent » a expliqué Eric Zemmour, suscitant un véritable tollé dans la classe politique et les associations oeuvrant auprès des enfants handicapés.

"Nous faisons partie du même monde"

« C'est tout l'inverse de la politique que nous portons depuis cinq ans. C'est honteux, c'est inacceptable » a réagi, « très en colère », Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, elle-même maman d'une fille trisomique 21. « En voulant sortir les enfants handicapés de l'école de la république, Eric Zemmour, par cette déclaration pitoyable, illustre une fois de plus son rejet des différences. Les personnes en situation de handicap ont toute leur place dans la société » a-t-elle rappelé sur Twitter, avant d'indiquer que 384.000 élèves en situation de handicap sont scolarisés dans des établissements "classiques" (+20% par rapport à 2017) et 80.000 enfants et adolescents sont accueillis dans les instituts médico-éducatifs (IME) spécialisés. Parmi les voix qui dénoncent avec force le discours d'Eric Zemmour ? Gilbert Montagné. Grand prématuré devenu aveugle peu après sa naissance, l'illustre interprète du tube "On va s'aimer" n'a pas manqué de faire part de sa consternation. « La stupidité c'est de penser que ces gens-là [les personnes en situation de handicap, ndlr], il faut les mettre dans des endroits où ils sont entre eux, comme ça, ça ne dérange personne. Comme si on dérangeait » a-t-il déploré au micro de BFM TV.

« Il est évident que dans certaines situations, les enfants préfèrent peut-être être dans des établissements spécialisés, mais ça ne doit représenter qu'une minorité. Nous devons être à vos côtés et vice-versa » plaide l'artiste de 70 ans, outré qu'un candidat à l'élection présidentielle prône une forme d'exclusion : « C'est complètement dingue. Nous faisons partie du même monde, ok ? ». Et le célèbre chanteur, qui a fait de son handicap une force, de raconter combien le regard des autres l'a fait souffrir lorsqu'il était plus jeune. « Quand j'étais petit, je ne souffrais pas de ma déficience visuelle. Je souffrais du fait qu'on ne me prenait pas à l'école maternelle d'à côté. Je souffrais de faire trois quarts d'heure de métro le matin et le soir pour aller au seul jardin d'enfants à Paris qui voulait bien accueillir des enfants comme moi, les enfants déficients visuels » a-t-il témoigné.