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samedi 06 septembre 2014 12:28

David Carreira : "On ne peut pas apprécier un chanteur juste pour son physique"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
David Carreira a publié son premier album "Tout recommencer" cette semaine. Le chanteur franco-portugais s'est confié à Pure Charts à propos de son envie de tout reprendre à zéro, son physique, la peur de l'échec, la carrière de son père Tony Carreira, les reprises, ses duos avec Tal ou Snoop Dogg et même ses prochains défis.
Crédits photo : DR
Tu es très connu au Portugal. Pourquoi avoir eu envie de faire un album en français ?
J'ai toujours voulu chanter en français. Mes premiers textes que j'écrivais quand j'étais petit étaient en français. Mais à l'âge de 10 ans, je suis reparti au Portugal et j'ai fini par commencer ma carrière là-bas. Mais j'ai toujours travaillé avec des Français. Mon premier album, je l'ai fait avec Tefa, qui a travaillé avec Diam's et qui est maintenant DJ dans "Touche pas à mon poste". Pour cet album, il était très occupé. Mes producteurs étaient Français, mes réalisateurs aussi. Donc il y a toujours eu ce lien avec la France. Faire un album en français, c'était évident. Je voulais le faire. Quand j'ai reçu la proposition de Warner, tout s'est fait naturellement.

Ici, on ne me connait pas, c'est un peu frustrant
Vu que tu as une belle notoriété au Portugal, tu n'as pas eu peur de repartir de zéro en France ?
C'est pas facile. (Sourire) Quand tu t'habitues aux bonnes choses... C'est cool que les gens te reconnaissent, d'être la tête d'affiche... Donc quand tu arrives ici, quand on ne te connaît pas et que tu n'es pas la tête d'affiche, c'est un peu frustrant. Mais il n'y a rien de mieux car ça te motive à prouver aux gens que tu es un artiste. Il faut que tu les fasses sauter, que tu les fasses kiffer. C'est ça qui m'amuse. Même dans ma carrière au Portugal, ça me redonne de la niaque. Ça me fait travailler encore plus. Par exemple, je suis parti chanter en Algérie. C'est à toi de faire des efforts pour marquer les gens. Il faut que tu donnes. Je suis vraiment dans l'esprit de tout recommencer.

Ça aide aussi à garder les pieds sur Terre ?
Oui, je pense. Après moi, j'ai une grande base famille, on est très soudés, donc je finis par ne pas partir en sucette. Mais c'est sûr que ça aide. Ce qui est drôle c'est que quand je suis ici longtemps et que je retourne au Portugal, je me surprends à dire à mes équipes "Est-ce que j'ai le public pour faire ça ?". Tu es un peu perdu. (Rires) Mais c'est cool. J'aime cette expérience.

C'est pour ça que l'album s'appelle "Tout recommencer" ?
Oui, à la base, il y a un titre sur l'album qui s'appelle "Tout recommencer". Ça ne parle pas du tout de ça, mais quand on m'a demandé quel titre je voulais donner au disque... J'ai toujours du mal avec ça. Je me suis dit "C'est ça !".

Est-ce que le succès de ton père Tony Carreira en France avec son album de reprises "Nos Fiançailles, France/Portugal" t'a rassuré sur l'accueil du public ?
(Il réfléchit) Je pense que ça ne joue pas vraiment. L'album de mon père est en français mais aussi en portugais, et il touche forcément la communauté. Le mien, pas vraiment. C'est un album en français qui finit par toucher la communauté mais qui n'a pas été fait dans cette optique.

D'ailleurs, à aucun moment, tu n'as pas pensé à intégrer un ou deux titres en portugais sur ton album pour te mettre la communauté dans la poche ?
Non. (Sourire) Je pense que c'est important de séparer. Je n'ai pas envie de chanter mes titres français au Portugal et inversement. La sonorité finit par changer avec la langue. Après je ne suis pas double, il n'y a pas un David pour la France et un autre pour le Portugal.

Etre le fils d'un chanteur, ça a ses avantages et ses inconvénients
C'est aussi pour cette raison que tu n'as pas partagé de duo avec ton père sur son album ? Ça aurait pu t'aider à te faire connaître du grand public français...
Oui mais même dans ma carrière au Portugal, j'ai toujours voulu séparer les choses. On est trois à chanter dans la famille : mon père, mon frère et moi. C'est important que chacun ait son style et son public, qu'il n'y ait pas de mélange. Et le grand public français ne fait pas forcément de liaison entre Tony Carreira et David Carreira. Je suis le petit nouveau et j'aime ça. C'est à moi de faire mes preuves. Etre le fils d'un chanteur, ça a ses avantages et ses inconvénients.

Quelles sont les principales différences entre tes albums en portugais et celui-ci en français ? Tu as dû adapter ton style pour plaire au public ?
Le deuxième album en portugais, il est urbain mais d'une manière différente que "Tout recommencer". Je crois que c'est la langue qui change tout parce que j'ai les mêmes références. Le portugais donne à mon répertoire un côté plus Michael Jackson ou Justin Timberlake, un peu plus soul. Quand je chante en français sur les prods de titres portugais, ça sonne plus urbain. Je ne sais pas pourquoi.

M Pokora et moi ? Il n'y a pas de comparaison !
D'ailleurs, en France tu es souvent comparé à M Pokora, en début de carrière. Ça t'agace ?
En fait, je ne vois pas vraiment la comparaison. M Pokora est plutôt dans un style pop, moi je suis sur l'urbain, plus lié au hip-hop. On doit avoir des références sur plein de choses, mais je n'y pense pas vraiment. J'aime beaucoup ce qu'il fait. Mais il doit avoir au moins 35 ans...

Non, il en a 28 ! (Rires)
(Rires) En tout cas, il a accompagné une partie de ma jeunesse. Il y a pas mal de titres qu'il a fait que j'ai appréciés. Donc peut-être qu'avant, on était dans le même délire, mais actuellement, on est très différents.

Tu pourrais faire un duo avec lui ?
Oui, pourquoi pas. Mais déjà moi, il faut que j'apprécie musicalement l'artiste. Mais si je peux l'apprécier humainement, c'est encore mieux.

Comme ton père ou M Pokora, ton public est essentiellement composé de jeunes filles. Est-ce parfois frustrant d'être aimé autant pour ton physique que pour ta musique ?
(Sourire) Je ne sais pas... Tu ne peux pas apprécier un chanteur seulement pour son physique. Je ne sais pas si ça existe. Sinon tu ne l'écoutes pas, tu veux juste le voir. C'est bizarre mais en France, mon public est plus masculin qu'au Portugal.

A cause de ton univers urbain sans doute...
Oui, voilà. En tout cas, j'adore mon public. Je n'ai pas à me plaindre. Et au pire, c'est flatteur.

Mes abdos ? Ils commencent à apparaître !
D'ailleurs, tu ne joues pas énormément de ton physique. Par exemple, Jason Derulo est toujours torse nu dans ses clips, sur ses pochettes…
Ça ne me branche pas. Ce n'est pas mon délire. Je préfère me focaliser sur la musique. Après, si tu as des abdominaux, c'est bien ! (Rires) Avec "Danse avec les stars", ils commencent à apparaître. Mais je parie sur l'artistique, sur la qualité. Pour l'instant, je ne l'ai pas fait. Peut-être dans le futur... (Sourire)

Il y a beaucoup de collaborations sur cet album : Dry, Snoop Dogg, Mokobé, Leck, et notamment un avec Tal… Ça va sans doute permettre à son large public de te découvrir. Tu sais déjà si ce titre sera un single ?
Je ne sais pas, sincèrement. A la base, c'est un titre en duo entre moi et Wiz Khalifa. Tal a tellement apprécié le titre qu'elle a voulu poser sa voix dessus. Donc il y a deux versions. Ça peut devenir un single. On a plein de pistes différentes. Pour l'instant, on est sur "Viser le KO" en duo avec Snoop Dogg, mais les préférés du public sont "Rien à envier", fait avec Tunisiano, "Tout recommencer", ou le duo avec Tal. Je pense que ce sera un de ces titres-là.

Découvrez le clip "Viser le K.O." de David Carreira :



Je rêve d'un duo avec Mc Solaar et Pharrell
Il y a un artiste particulier avec lequel tu rêves de faire un duo ?
En France, je sais que c'est compliqué, mais comme je suis très lié au hip-hop, j'adorerais faire un titre avec Mc Solaar. A l'international, j'aime beaucoup de choses, dont Pharrell. Je préfère d'ailleurs ce qu'il faisait avant.

Parce qu'on le voit partout, c'est l'overdose ?
Non mais je préfère sa facette hip-hop avec les Neptunes, N.E.R.D etc... Son dernier album est cool mais il ne me fait pas rêver. (Sourire) Sinon j'adore USHER et Chris Brown !

Tu as travaillé avec l'équipe Wati B. Il y a eu, à un moment donné, l'idée de faire un duo avec Maître Gims ?
Non, on n'y a pas pensé à vrai dire. J'ai travaillé avec Dry et Shin Sekaï. D'ailleurs, on devait faire un duo et puis on n'a pas eu le temps.

On l'a dit, il y a un duo avec Snoop Dogg sur ton disque. Est-ce qu'après la France, tu pourrais t'ouvrir à une carrière internationale ou essayer de percer aux Etats-Unis ?
Pas pour l'instant. Je parle anglais, je me débrouille, je peux avoir une conversation mais je n'ai pas un niveau assez bon pour commencer à faire de la promo là-bas, de monter sur scène. En France, je suis à l'aise car je parle français.

Une carrière US, ça ne me fait pas rêver
Mais ça te ferait rêver ?
Pas vraiment. J'ai la chance de faire mon métier au Portugal et en France. C'est déjà pas mal. Avec le portugais, tu peux aller au Brésil, en Afrique... Ça m'occupe déjà pas mal. Je m'amuse.

Dans "Rien à envier", tu dis être transparent, incompris, "simple figurant de ma vie". Dans "Je ne marche pas seul", tu te décris comme solitaire. Il y a aussi le titre "Je suis ce que je suis". On sent un besoin de t'affirmer. Tu parles de ta propre expérience ? La chanson c'est une revanche sur ton passé ?
Toutes les chansons finissent par parler de moi ou de choses qui se passent autour de moi. Il y a des titres un peu plus autobiographiques comme "Rien à envier" ou "Je suis ce que je suis", qui est l'un des titres sur lequel j'ai le plus écrit. Quand tu fais un album, il y a toujours une période où tu retombes, où tu es un peu plus fatigué, plus nostalgique. Certains titres ont été écrits à cette époque-là, et ils finissent par être un peu plus dark. C'est plein de vécu aussi... "Rien à envier" ça parle d'un môme qui ne se sent pas accepté, qui est rejeté. Moi, petit, j'étais rondouillet, j'étais caché au fond de la classe. Ça parle de ça. L'important ce sont nos défauts, c'est ça qui nous rend différents.

Je ne serais pas à la mode toute ma vie
Dans "Vis ta vie", tu chantes que l'on peut être le roi du monde et être à terre le lendemain. Tu y penses parfois ?
Oui. Ça arrive dans toutes les carrières. Je ne connais aucune carrière qui n'a pas eu de bas. Même les Rolling Stones et Michael Jackson. D'ailleurs, ils sont devenus des légendes car ils sont tombés mais ils sont parvenus à revenir. Il y en a plein qui sont tombés et dont on n'entend plus parler. L'objectif c'est vraiment d'avoir ça en tête. Je sais que je ne serais pas à la mode toute ma vie. C'est à toi de faire l'effort, avec ta personnalité et ta musique, de plaire à un plus grand nombre.

Est-ce que la carrière de ton père, qui a fêté ses 25 ans de métier, te met une pression à ce niveau-là ?
Sincèrement, je n'y ai jamais vraiment pensé. Dès le début de ma carrière au Portugal, j'ai toujours voulu faire quelque chose de complètement différent. A la base, je ne voulais pas être chanteur à cause de ça, donc j'ai commencé par le cinéma. Je ne voulais pas qu'il y ait justement cette comparaison, cette pression de faire mieux que mon père. Je préfère me dire qu'il a fait telle chose et que ça a marché. Je m'inspire des bonnes idées qu'il a pu avoir, de son expérience, pour ne pas me tromper ou aller trop vite.

Il y a un titre sur l'album que je ne voulais pas faire
J'ai noté dans les remerciements que tu n'as pas toujours eu les mêmes opinions que ton directeur artistique. Sur quoi est-ce que vous vous êtes affrontés ?
On s'est clashé sur pleins de trucs. (Rires) C'est ce qui est positif, de pouvoir être en désaccord. Par exemple, il y a un titre de l'album, je ne dirai pas lequel, que je ne voulais pas faire mais je lui ai fait confiance. C'est important. Tu n'as pas toujours raison donc il faut pouvoir lâcher un petit peu. Je sais que j'ai des idées arrêtées parfois... (Sourire)



Tu as dû faire des concessions sur ce disque ? Cet album ressemble à ce que tu voulais faire ?
Oui ! Attends, fais voir les titres. (Rires) Non mais oui il ressemble à ce que je voulais faire. Après, tu as toujours envie de faire encore plus de titres mais à un moment il faut le sortir, il faut se lancer. Ça arrive à tous les artistes. Tu as tellement de trucs à dire que tu voudrais continuer encore et encore. Mais je pense que "Tout recommencer" est mon meilleur album jusqu'à présent.

Je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais en France la mode est aux reprises. Tu aurais accepté de te lancer ici avec un album de reprises ?
Non. Tu n'as pas d'identité, si tu fais ça, je pense. J'adore chanter des chansons d'autres personnes, surtout si je les apprécie. Mais ce n'est pas ton histoire. Si tu arrives à écrire tes propres textes et faire tes mélodies, tes chansons, c'est super parce que c'est toi.

Tu penses déjà au prochain album ?
Pas pour l'instant. Je pense à quelques titres, peut-être pour une réédition avec des duos avec des amis de Snoop Dogg. (Rires) Mais je ne peux pas en parler. J'adore faire de la musique, je ne m'arrête jamais.

Justement, comme Tal par exemple, est-ce que tu as prévu d'enchaîner les albums ? Le jeune public peut vite changer d'idole… Ça te fait peur ?
C'est important en début de carrière de marquer ta place. Mais ça dépend du succès de l'album, parfois tu peux l'exploiter pendant deux ans. Un an c'est bien. Après, il faut se mettre au boulot ! (Rires)

"DALS" ? Il n'y a pas eu de contact officiel
Tu es actuellement l'un des candidats phares de "Danse avec les stars" au Portugal. As-tu été contacté pour le faire en France ?
Il y a eu des petites rumeurs qui disaient que j'allais être contacté. Mon entourage me disait qu'ils étaient intéressés mais il n'y a pas eu de contact officiel. Mais pourquoi pas ! Je m'amuse grave dans "Danse avec les stars" au Portugal. Quand on m'a dit que je pouvais être contacté, j'ai commencé à prendre des cours pour comprendre comment fonctionne une danse à deux. J'ai kiffé. Donc j'ai accepté quand on m'a proposé de le faire au Portugal. C'est une super expérience.

L'an dernier, M Pokora a accepté d'être la star de la comédie musicale "Robin des Bois". C'est un challenge que tu pourrais relever prochainement ?
Je ne pense pas. Au niveau de ma carrière en France, je n'en suis pas encore là. C'est un peu comme l'idée des reprises. C'est important de monter mes projets, de montrer ma couleur musicale, ma personnalité. Pourquoi pas plus tard. Je suis très lié au cinéma donc tout ce qui raconte une histoire... Mais pas pour l'instant.

Plus d'infos sur David Carreira sur sa page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de David Carreira sur Pure Charts !

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