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dimanche 12 décembre 2021 12:30

Claudio Capéo en interview : "C'était un plaisir et un bonheur de chanter l'Italie"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Claudio Capéo vient de sortir la réédition de son album "Penso a te (L'ultimo)". Pour Pure Charts, le chanteur, fier de ses origines italiennes, fait le bilan de 2021, du succès de son album et évoque ses prochains projets. Interview avec le chanteur, rejoint par son musicien et ami d'enfance Gilles.
Crédits photo : Diego Di Guardo
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Quel est votre bilan de cette année 2021 assez mouvementée ?
Claudio : En fait, ça a été pour nous parce qu'on n'a pas arrêté de travailler. On est allés en Italie pour enregistrer cet album. C'est quand qu'on était en Italie ? [Il demande à son manager Patrice, qui lui répond "fin 2020"]. C'est pas possible comme le temps passe vite ! C'était en fin d'année dernière et on s'est retrouvés à Florence... En fait, on a toujours travaillé parce qu'on a beaucoup beaucoup bossé sur cet album, sur les réarrangements de tous les morceaux de la tournée, sur tous les titres qu'on devait revoir avant de partir parce qu'il y avait quand même trois albums qu'on devait cumuler ["Claudio Capéo", "Tant que rien ne m'arrête" et "Penso a te", ndlr]. On devait partir avec cet album en italien et finalement... Y a eu "Tant que rien ne m'arrête" qu'on a pas pu finir, puis l'album italien qui a foutu un gros bordel. [Arrive alors son musicien Gilles Dorn]
Gilles : Et puis aussi un désir de faire un show plus intimiste. Du coup, on a décidé de faire une sélection de tous les morceaux qu'on voulait présenter et ça a fait un mélange entre l'italien et le reste.
Claudio : Alors Gillou, il est guitariste, pianiste, pote d'enfance, parrain d'un de mes enfants, et directeur musical !

Enchanté ! Comment avez-vous vécu le succès de "Penso a te" ?
Claudio : Super bien ! A la base, même dans le métier, ça ne paraissait pas forcément bien. C'est un projet qui est un petit peu différent des autres. On arrive sur des reprises de chansons italiennes, des gens qui nous disaient : "Vous allez peut-être vous planter, ça ne va pas être évident". Et finalement, on a été porté par une belle équipe, par Régis Ceccarelli, Davide Esposito... Des mecs qui nous ont beaucoup aidés. On a mis tout notre coeur à l'intérieur, on a essayé de trouver les bonnes chansons. L'accueil du public a été plutôt, plutôt pas mal.

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Les gens nous disaient "Vous allez vous planter"
Il était assez inattendu ce succès ? Vous aviez dit vous-même que vous vous attendiez à un échec...
Claudio : C'est surtout qu'on avait décidé de le sortir début décembre il y a un an, en plein confinement. Tout était fermé mais on s'est dit "On s'en fout, on le sort quand même, les gens vont pouvoir l'écouter en streaming et ça donnera un peu de soleil, de bonheur, de dolce vita dans les foyers". Si ça pouvait donner du plaisir, c'était cool et finalement ça a bien pris.
Gilles : C'est un projet de coeur pour Claudio, qui voulait vraiment mettre ça en avant. C'est plus le coeur qui parle.
Claudio : Ouais, vraiment ! C'était un plaisir et un bonheur de le faire, de chanter l'Italie, de chanter pour mes parents, ma famille et tous les Italiens qui sont en France.

Ce qui assez dingue, c'est qu'il s'est quasiment autant vendu que votre dernier album de chansons originales !
Claudio : Ouais, c'est ouf ! Le deuxième album, il est toujours compliqué de manière générale pour tous les artistes. Quand on connaît les chiffres du premier, c'était compliqué de faire autant sur le deuxième. Mais c'est vrai qu'on ne s'attendait vraiment pas à faire autant sur cet album. Finalement, il y a du public pour ce genre de chansons. Et c'est vrai qu'en salles, le public est très différent : il y a beaucoup d'Italiens dans les salles.

On a mis tout notre coeur dans cet album
Avec ce succès, vous avez quelque peu remis au goût du jour en France les chansons italiennes, plus trop à la mode jusqu'ici... Pourquoi sont-elles tombées selon vous en désuétude ?
Claudio : Je ne sais pas... Peut-être au niveau des programmations, on ne rentrait plus trop d'artistes italiens. Il y a un cap qui est passé et peut-être qu'il n 'y avait plus de titres qui leur plaisaient. Si, il y avait Mahmood qui était sorti à un moment, "Soldi". Il y a eu quelques titres vite fait, Maneskin maintenant qui revient aussi grâce à l'Eurovision. Mais c'est vrai que pendant 10 ans, ça a été un peu boudé...

Vous redoutiez des critiques sur le fait de faire un album de reprises ? Car ça peut être parfois mal vu.
Claudio : Non... Je pense qu'il y en a eu quelques-unes, après nous on ne regarde pas tout. On se dit "Ça va, hein..." (sourire). Au final, je m'en fous un peu. On y a mis notre coeur, je ne pense pas qu'on ait bâclé l'italien ou les chansons. On ne les a pas trop froissées en tous cas. On n'a pas voulu faire mieux que les originales, c'était juste de les faire à notre façon, à notre sauce et avec notre coeur.

Vous revenez donc avec la réédition de l'album. Que vouliez-vous raconter de plus ?
Claudio : Raconter de plus, rien, mais juste chanter l'Italie, et tout ce qui tourne autour, ce qui gravite autour de tout ça. Chanter les glaces au chocolat, la pasta de la mamma, les plages italiennes ou siciliennes...
Gilles : Et remettre aussi les chansons qu'on avait oubliées sur la première édition.
Claudio : Tout à fait ! On avait fait beaucoup plus de morceaux et c'est vrai que c'est toujours compliqué de choisir les bons morceaux quand on a un petit paquet derrière. Et puis finalement, c'est un choix qui se fait assez naturellement, un peu à la plouf plouf plouf...

Regardez le clip "E penso a te" :


On ne s'attendait pas à vendre autant, il y a du public pour ces chansons
Il y avait vraiment une envie de poursuivre l'aventure ?
Gilles : Et puis aussi finir le voyage...
Claudio : Ouais ! Et le terminer parce que ce sera le dernier de ces délires italiens. Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura plus d'italien dans les autres chansons ou les autres albums, on ne sait pas. Mais en tous cas, celui-ci, on l'a fait et on s'est bien éclaté !

Ces chansons supplémentaires, que représentent-elles pour vous ?
Claudio : Comme toutes les autres qui sont sur le premier, ce sont des chansons de coeur. Elles m'ont bercées, je les ai écoutées dans la Fiat Tempra de mes parents. C'est toute ma jeunesse, toute ma vie, tout simplement.

Il y a toujours une forme de nostalgie quand vous les chantez ?
Claudio : Tout le temps, sur tous les titres... Parce que c'est toute ma jeunesse (sourire).

Les chansons italiennes ont été un peu boudées
Parmi ces inédits, il y a "Je t'emmènerai (con me)" sur lequel vous faites un clin d'oeil au tube de Corona, "The Rhythm of the Night". Pourquoi ce titre en particulier ?
Claudio : Corona, dans le mille (rires) ! Ça nous faisait danser, on l'a toujours trouvé cool ce titre. Et puis c'est une artiste italienne aussi. On est partis dans un délire en studio, on a commencé à écrire des trucs juste pour rigoler et puis on s'est dit "C'est plutôt pas mal !". C'est complètement chelou, c'est pas ce qu'on a l'habitude de faire mais on s'est dit pourquoi ne pas s'éclater ? Et c'est ce qu'on a fait !

Finalement, bien que ce soit un album de reprises, on sent que c'est peut-être votre disque le plus personnel.
Claudio : C'est clair que ça a fait découvrir à beaucoup de personnes que j'étais italien, que je chantais et parlais italien, que j'avais une famille italienne, que j'étais fils d'immigré. Après personnel, oui et non. J'ai surtout fait découvrir aux gens cette facette de ma personnalité.

L'un des morceaux les plus évidents à ce sujet est "Porte d'Italie" où vous dites avoir les deux pieds "entre Paris et Rome"...
Claudio : Dans le titre, on dit "entre Paris et Rome" mais c'est plus entre la France et l'Italie. Le titre a été écrit par Silvio Lisbonne et Lucas Bennici, c'est un très beau morceau et ça a été ça toute ma jeunesse : j'ai passé toutes mes vacances en Italie, chez mes grands-parents. Je n'allais nulle part ailleurs, mais c'était cool quoi !

Regardez le clip "Mamma" :


Ma mère pleure de bonheur et de tristesse en écoutant "Mamma"
Vous rendez hommage à votre mère sur la chanson "Mamma". Ça a été difficile d'écrire sur un sujet aussi personnel ?
Claudio : C'est un titre qui a tourné pendant très longtemps. C'était pas évident. Parce qu'on est en plein confinement, qu'on veut écrire des titres qui sont up-tempo, qui donnent le sourire. Et finalement, je me suis rendu compte qu'il fallait se laisser porter par ses sentiments. Et ce n'était pas évident, parce qu'il y a eu des larmes, parce que c'était pas forcément cool à ce moment-là, elles nous manquaient. Et c'est quand elles ne sont plus là qu'on se rend compte qu'il y a un manque. Je me suis laissé porter et je n'ai pas pu finir le morceau parce que c'était dur... Et puis c'est à Florence au studio qu'on a pu terminer l'écriture avec Davide Esposito.

Comment a réagi votre mère à l'écoute de la chanson ?
Claudio : Elle pleure... De bonheur et de tristesse parce qu'elle pense aussi à la sienne (sourire).

Y-a-t-il une ou plusieurs chansons ou des duos que vous n'avez pas pu reprendre ?
Claudio : Non non, on a fait ce qu'on voulait faire, on est allés jusqu'au bout. On voulait faire Gianna Nannini et on l'a fait, et c'est tout. On avait d'autres idées mais on n'est pas allé demander, on n'est pas allé plus loin. Après, c'était une histoire de temps.

Un "Penso a te" 2 est-il possible ?
Claudio : Dans 10 ans ! (rires) Avec quelles chansons je sais pas du tout, ça pour l'instant... Des chansons connues il y en a encore un paquet ! Je pourrais en faire cinq des CDs comme ça sans problème.

L'album a fait découvrir à beaucoup de gens que j'étais italien
Et puis ça fait redécouvrir ces chansons au public...
Claudio : Des chansons qu'on avait un petit peu oubliées aussi. Et il y a la nouvelle génération qui ne les connaissait pas et aujourd'hui je les vois dans les salles. Ce sont des petits enfants, ils ont 10 ans quoi, ils sont pas forcément italiens et ils chantent « Volare, oh oh ! ». C'est cool !

2021 a été l'année de l'Italie, notamment entre l'Euro de foot et l'Eurovision avec Maneskin. Vous vous verriez faire un duo avec eux ?
Claudio : Non je pense pas... C'est une autre sphère, c'est complètement différent. En tous cas j'adore, on écoute beaucoup avec Gilou ! Ce serait un sacré délire, ça veut pas dire que ça me plairait pas, mais je pense qu'ils accepteraient pas.

Découvrez "J't'emmènerai (con me)" de Claudio Capéo :


C'est quoi la suite de votre carrière, vos prochains projets ? La scène ?
Claudio : La suite, c'est ça : on finit cette tournée de théâtres le 27 décembre. Elle est complète partout et on est très contents. Et puis ensuite, on va partir sur l'écriture, qui est déjà commencée, du prochain album. Ensuite, il y aura beaucoup de studios tout au long de l'année. En janvier, il y aura Les Enfoirés, puis on va essayer de faire une petite pause pour se reposer un peu. Et on va entrer en résidence, on va commencer à bosser les morceaux, à revoir tout ça, à faire un choix... On va commencer à préparer la tournée et tout ce qui est scénique. Tout ça va prendre beaucoup de temps donc je pense qu'on ne va pas arrêter... Si on pouvait prendre quelques petites vacances cet été ce serait pas mal parce que ça fait quelques années de suite qu'elles nous passent sous le nez. Et après, c'est reparti sur les routes !

Sur le prochain album, j'ai envie de revenir à la base
La tournée dure jusqu'en 2023, vous aurez donc trois albums à défendre : "Tant que rien ne m'arrête", "Penso a te" et probablement le nouveau disque !
Claudio : Ouais, et plus des chansons du premier album aussi, et des autres qu'ils nconnaissent pas parce qu'on rajoute toujours des morceaux que même nous on ne connaît pas encore (sourire). Ce sera un gros melting pot de tout... On fait que de la musique, nous !

Il y a déjà des thématiques, des sonorités qui se dégagent ?
Claudio : Il est trop tôt pour dire ça, mais je pense qu'on a envie de revenir un peu à la base, de faire de la musique, de parler de choses vraies... On a pas envie d'être plus pop, plus rock... De revenir à la base, tout simplement.

On y retrouvera des sonorités ou influences italiennes ?
Claudio : Non je ne pense pas... L'Italie c'est bon, c'est terminé maintenant (rires)

Coach de "The Voice" ? Pourquoi pas !
Louane et Kendji Girac sont cette année coachs de "The Voice Kids", les premiers candidats de l'émission à devenir coach : ça vous plairait de l'être aussi ?
Claudio : Ecoute, pourquoi pas ! Je devais le faire en Belgique deux ou trois années de suite, mais on n'a jamais pu. Slimane l'a fait en Belgique, je crois que Vitaa aussi... Après je sais que c'est une grosse charge de boulot, et puis c'est toujours compliqué avec les tournées et tout... Ouais, ça me plairait bien, mais plus pour les gosses que pour les adultes, parce que c'est vachement plus mignon, parce que j'ai des enfants et parce que ça me ferait chialer (rires). Ce serait génial et ça me ferait rire aussi. Après, je pense que ce n'est pas forcément évident de juger, tu as toujours peur de blesser, surtout quand il faut faire des choix au niveau des battles, ça se corse encore plus. Mais ça peut-être une bonne expérience, ça pourrait être sympa, ça pourrait être cool !
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