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Clara Luciani se confie sur les critiques : "Le succès ne gomme pas les failles"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Toujours au sommet avec son tube "La grenade", Clara Luciani s'est confiée dans les colonnes de "Télérama" sur son appréhension du succès et des critiques, sa vision de l'industrie et de la "mode" du féminisme.
Crédits photo : Bestimage
Le succès de Clara Luciani n'est plus à prouver. Sa Victoire de la Musique en tant que révélation scène en février dernier a transformé l'album "Sainte Victoire" en véritable succès, frôlant désormais les 100.000 ventes. Un engouement suscité par son tube "La grenade", qui cumule actuellement plus de 29 millions de vues sur YouTube. Et même la presse anglaise ne tarit pas d'éloges sur la native de Martigues, dont les chansons sont décrites comme un mélange entre « desert-rock et petites pépites disco avec des ballades sensuelles au coeur lourd et quelques titres de ruptures post-rock ». Nouvelle consécration, l'artiste de 27 ans est actuellement en couverture du Télérama. Dans les colonnes du magazine hebdomadaire, l'auteure de "Nue" se dit heureuse du succès qu'elle connaît depuis plus d'un an : « Quand "La grenade" a commencé à passer à la radio, dès que je l'entendais, j'appelais mes parents pour le leur dire ! Et je ne peux pas décrire la sensation que j'ai eue de voir mon nom en gros sur le fronton de l'Olympia, après y avoir fait dix premières parties. Comment ne pas s'émerveiller devant des salles remplies ? Ce n'est pas une chose banale ».

"Le moindre commentaire négatif sur le Net peut me faire vaciller"


Cependant, l'artiste reste assez lucide sur cet engouement populaire : « S’habituer à ce bonheur-là, c'est le début de la fin (...) Le succès – et encore, je trouve le mien très relatif – ne gomme pas les failles. Mon ego connaît des hauts et des bas ; il est parfois gonflé à bloc, parfois complètement à plat ». Aujourd'hui encore, Clara Luciani se dit très touchée par les critiques qu'on peut lui faire : « Le moindre commentaire négatif sur le Net peut me faire vaciller. Ma soeur, dont je suis très proche, me conseille de ne plus les lire du tout. Pour l'instant, je n'y arrive pas. Heureusement, j'ai développé quelques amitiés dans ce milieu. Angèle, notamment. Quand quelque chose me mine, je l'appelle. Elle vit ce que je vis, puissance 1000, donc quoi que je lui raconte, elle est déjà passée par là. C'est important, car tout le monde ne peut pas comprendre cette drôle de vie ».

"Avant de trouver un public, j'ai trouvé des journalistes"


Cette appréhension, Clara Luciani l'a connue notamment entre la sortie de l'album (en avril 2018) et le moment où "La grenade" s'est imposé comme un tube début 2019 : « Je suis passée par des phases d'angoisse compulsives où, dès le réveil, j'allais regarder sur Spotify combien j'avais fait d'écoutes (...) Ensuite, je lisais les commentaires et je ne retenais que les négatifs. Cela m'a pourri la vie un bon moment. Pourtant, je n'ai pas cet esprit compétitif dans la vie, mais j'avais tellement peur que ça ne marche pas que c'était devenu une obsession ». Son succès, elle le doit d'abord à l'engouement de la presse écrite : « Avant de trouver un public, j'ai trouvé des journalistes. Ils étaient mes seuls encouragements (...) Ce soutien de fond n'a jamais cessé et a fini par porter ses fruits. Car, à la rentrée dernière, les choses ont commencé à prendre de l'ampleur. Nous avons pu caler un, puis deux, puis trois Olympia. NRJ a décidé d'entrer "La grenade" sur son antenne ; les autres radios ont suivi. La Victoire de la musique est arrivée comme un coup d'accélérateur providentiel, et nous sommes passés subitement de salles à moitié vides à des concerts complets tous les soirs. Avec le recul, ce démarrage assez lent est un atout, car il m'aide à relativiser. J'ai vu pas mal de chanteurs prendre la grosse tête face au succès soudain, et se retrouver sur le carreau à leur deuxième album ».

"J’ai gagné 160 euros pour un Olympia complet"


En parallèle, la chanteuse ne mâche pas ses mots sur l'industrie affirmant qu'il y a « beaucoup d'hypocrisie dans un monde d'apparences » : « Et la fausse sororité est bien ce qui m'énerve le plus. L'affirmation du féminisme est tellement à la mode que certaines surfent dessus, en ne manifestant, dans les faits, aucune solidarité avec les autres femmes. Leur "soyons toutes soeurs" sonne creux. De la récupération, profondément malhonnête vis-à-vis de celles qui n'ont pas attendu que "féministe" soit un hashtag pour l'être vraiment ». Une industrie face à laquelle elle a dû subir beaucoup de sexisme en début de carrière. « Combien de fois m'a-t-on dit qu'une femme à la guitare électrique, c'était exotique, pas normal ! J'ai halluciné de constater à quel point les instruments sont genrés. Sans parler de ce concert avec La Femme pour lequel j'avais mis une petite jupe, et où j'ai entendu un spectateur lancer : "Celle-là, ils ne l'ont pas choisie pour sa voix" » déclare Clara Luciani, qui affirme également avoir n'avoir gagné que « 160 euros pour un Olympia complet » : « Cette tournée a commencé quand je n'étais personne, il a fallu parier, investir. C'est très dur de se rémunérer quand on démarre. Et ce ne sont pas mes revenus tirés des ventes de disques ou du streaming qui changent la donne ».

Ainsi, alors qu'elle continue sa tournée jusqu'en septembre, Clara Luciani travaille déjà sur son deuxième album, mais elle a déjà des doutes : « Que le soufflet se dégonfle subitement, et que mon rêve d'enfant m'échappe. Je suis une grande anxieuse. Ma chance, et ma malchance, est de ne pas être particulièrement dans les codes de l'air du temps, qui sont plus urbains. Cela m'aidera peut-être à durer. Je l'espère. On verra. Et si un jour je n'ai plus les moyens de chanter, j'ouvrirai une librairie. De mes mercredis à la bibliothèque, j'ai gardé le goût de la lecture, et de l'objet-livre ». Qu'elle se rassure, au vu de son succès, elle ne devrait pas avoir à quitter la scène de sitôt.


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