Clara Luciani

Crédits photo : Bestimage
« Jusqu'ici rien n'a changé » martèle l'affiche en noir et blanc qui envahit les stations de métro et les arrêts de bus depuis plusieurs jours. Il y a presque 30 ans, le film "La Haine" provoquait un électrochoc dans le cinéma français, posant la lumière sur le talent du jeune réalisateur Mathieu Kassovitz et de ses trois acteurs Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui. Encensé par la critique, le long-métrage, triplement récompensé aux César, n'a pas pris une ride trois décennies plus tard avec son propos sur le sort des banlieues et les violences policières. Approché en 2020 avec une idée audacieuse, Mathieu Kassovitz a pris en charge l'adaptation de son oeuvre culte en comédie musicale. « Le film est déjà écrit comme une comédie musicale hip-hop. Ce sont des petits morceaux de rap qui se suivent les uns les autres et qui ont un rythme spécifique, et qui en font un film » indiquait-il aux prémices du projet, pensé comme « une ride à travers Paris et sa banlieue » grâce à un dispositif « unique ». « 14 tableaux inspirés du film, repensés par Mathieu Kassovitz, seront diffusés sur un système de projections, couplés avec les décors et surtout avec la performance des comédiens sur scène » indique la production.

"Un pari réussi"

Depuis ce 10 octobre, les cinéphiles, mélomanes et autres curieux peuvent découvrir le spectacle - dont les auditions pour le casting ont attiré plus de 3.000 candidats - à la Seine Musicale. Ce sont Alexander Ferrario, Samy Belkessa et Alivor qui prêtent leurs traits aux personnages de Vinz, Saïd, Hubert dans cette « création vivante et immersive » que Le Parisien décrit comme « un pari réussi », évoquant « une troupe énergique portant des chansons et des chorégraphies percutantes ». Car oui, la comédie musicale "La Haine", qui cache derrière sa dimension sociale une ode à l'amour, à la solidarité et à l'amitié, bénéficie d'une bande-son soignée faisant le lien entre la scène hip-hop des années 90 et la musique contemporaine. Preuve en est avec cette association étonnante entre Youssef Swatt's et Clara Luciani.

"On cherche l'amour, on trouve la mort"

Originaire de Belgique, Youssef Swatt's est déjà sur les radars des spécialistes depuis plusieurs années déjà grâce à deux EP, trois albums et des collaborations avec Shurik'n, Oxmo Puccino, Gaël Faye et JeanJass. C'est sa participation à la troisième saison de "Nouvelle école", la compétition rap de Netflix, qui va toutefois faire exploser sa cote de popularité. Défendant un rap "conscient" à l'ancienne, l'artiste de 26 ans a été désigné grand gagnant de l'émission par SCH, Aya Nakamura et SDM en juillet dernier ! Un coup de projecteur ayant donc mené à un coup de fil de Mathieu Kassovitz pour écrire la chanson "La Haine", désormais disponible sur toutes les plateformes de streaming.

Sur une mélodie signée Proof, légendaire producteur d'Eminem, Youssef Swatt's dépeint une réalité en forme de cercle vicieux : « Si la haine attire la haine, on s'demande comme ça va finir / On cherchait une raison de vivre, on a trouvé une raison de mourir / Comme des petites fourmis perdues dans l'univers, faut qu'on s'en sorte mais ça tape à coup de matraque sur la fourmilière ». La voix de Clara Luciani traverse le morceau comme un écho avant un refrain où la nouvelle marraine de la "Star Academy" chante « Y'a celle des uns, y'a celle des autres, y'a celle des miens, y'a celle des vôtres, elle tourne en rond, elle tourne encore, on cherche l'amour, on trouve la mort ». À noter que Youssoupha signe plusieurs morceaux inédits pour la BO de "La Haine", et qu'une compilation supervisée par Mathieu Kassovitz baptisée "La Haine (Musiques inspirées du film)" sortira le 25 octobre en digital.