Bernard Lavilliers

Crédits photo : Capture d'écran TF1
Depuis ses débuts il y a près de 50 ans, Bernard Lavilliers n'a jamais caché son engagement pour des causes sociales ou politiques, notamment à travers ses chansons ("Noir et blanc", "Les mains d'or"). Et c'est encore le cas sur le titre "Beautiful Days", issu de son dernier album "Sous un soleil énorme" (92.000 ventes), dans lequel il pointe du doigt le gouvernement Macron et la gestion de la crise sanitaire. « Sa façon assez autocratique, un peu Jupiter, de dire qu'il a des solutions. Et la start-up nation aussi... De considérer que ceux qui ne sont pas dans la start-up nation, ils sont lourds, incultes et de trop. C'est se débarrasser de 3/4 de la population. Il y a ce côté-là, un peu baratineur » indiquait-il récemment en interview à Pure Charts. Et le chanteur n'est pas plus heureux à l'approche des élections présidentielles, dont le premier tour aura lieu le dimanche 10 avril.



La campagne qui oppose notamment Emmanuel Macron, Eric Zemmour ou Valérie Pécresse ? Elle est « au ras des pâquerettes » selon Bernard Lavilliers, interrogé dans la traditionnelle interview de fin d'émission de "Sept à huit" menée par Audrey Crespo-Mara. « C'est pas possible ! Ils se balancent des trucs dans la gueule d'un autre monde » lance-t-il, avant de tacler Eric Zemmour qu'il décrit comme un « mégalomane » : « Qu'est-ce qu'il fout Zemmour dans cette histoire ? Je ne comprends rien... Entre polémiste politique et président de la République, il y a une sorte de distance qui me semble pas si simple de franchir ».

Mélenchon ? "Un cabotin atomique"

L'interprète de "Qui a tué Davey Moore ?" assure qu'il revotera Jean-Luc Mélenchon, comme en 2017, mais « pas forcément de gaieté de coeur ». « Je l'aime bien attention... On s'engueule tout le temps... [C'est un] cabotin atomique qui me tape sur les nerfs, mais bon c'est un détail » sourit-il. Celui qui se décrit comme anarchiste (« L'anarchisme c'est l'ordre moins le pouvoir ») dit d'ailleurs ne pas voir d'alternative à l'actuel président : « L'astuce de Macron a été de dégager la droite et la gauche et ils l'ont fait avec un plaisir sans réserve. Donc là ce n'est plus la peine de rêver l'alliance de la gauche. L'alternative, ça va être plus tard, mais pour l'instant non ». Et décrit sans fard une arrogance « arrivée (...) avec Sarkozy » : « Mais alors les autres, Macron et tous ses amis qui ont tous le même âge et qui sont tous dans des costumes slims qui sortent du pressing, qui connaissent rien à la vie mais qui ont que des réponses aux questions, (...) ils l'ont appris dans le manuel de l'ENA. Mais ce manuel ne cherche pas à savoir s'il y a une autre solution. Il y a une solution ».

L'autre sujet qui occupe l'actualité est bien évidemment la guerre en Ukraine. Triste coïncidence, Bernard Lavilliers prédisait une guerre sanglante à venir dans sa chanson "Le coeur du monde", pourtant écrite il y a trois ans. « Je sentais déjà qu'il y avait une tension » précise-t-il : « Poutine il fait ce qu'il veut. Quand il était sur Daech en Syrie, il a fait ce qu'il voulait... Il n'y a personne qui l'empêchait de laisser le dictateur et tout... Donc il s'est dit "personne ne m'arrêtera" ». Celui qui a passé du temps en Argentine, pays qui a subi une longue dictature, préfère en rire quand certains parlent de la France comme d'un état dictatorial. « Ce sont les antivax... Ils savent pas ce que c'est une dictature. Il faut y avoir été pour savoir ce que c'est. Ils auraient dû pousser jusqu'à Moscou avec leur camion de la liberté... Tout ce joli monde serait maintenant en Sibérie » lance-t-il avant de conclure clairement : « Moi je me fous vraiment de leur gueule, mais c'est sans vergogne. Trop con, ça ne devrait pas être permis par la Constitution ».