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samedi 22 octobre 2011 12:00

Arthur H en interview

Un an après "Mystic Rumba", Arthur H revient avec "Baba Love", un disque sur lequel le chanteur se pose les vraies questions sur l'amour et la raison d'être artiste. Arthur H pointe du doigt les mystères de l'amour en compagnie de la chanteuse Izïa, de Louis Trintignant, Claire Farah et Saul Williams. Un disque réussi, cela va de soi, dont l'auteur nous livre quelques clefs. Rencontre.
Crédits photo : site internet officiel d'Arthur H
Nous nous sommes croisés fin septembre au concert de ta demi-sœur Maya Barsony. Vous avez travaillé ensemble à plusieurs reprises déjà, mais tu as préféré enregistrer un duo avec ton autre demi-sœur Izïa. Pourquoi l’une plus que l’autre pour la chanson "La beauté de l’amour" ? (Jonathan Hamard, journaliste)
Arthur H : Ce qui s’est passé, c’est qu’Izïa m’avait invité à participer à un concert à l’Olympia lors de sa dernière tournée en 2010. C’est à ce moment là que l’on s’est véritablement rencontré vocalement. Elle m’a invité à chanter une ballade : avec ma voix d’ours mal léché et sa voix de panthère, ça collait vraiment. J’ai beaucoup d’admiration pour son côté volcanique, même rock’n roll. Pour mon titre "La beauté de l’amour", c’était évident que ce devait être Izïa qui chante avec moi. J’attendais un refrain en anglais assez lyrique et sa voix était ce que je recherchais. Après, j’aime beaucoup aussi ce que fait Maya. Je referai très certainement quelque chose avec elle un jour. On a enregistré un duo pour son premier album. Un disque un peu caché… Et puis je suis dans les vidéos teasers de son nouvel album.

Le votre sort le 17 octobre et s’intitule "Baba Love". Qu’est ce que signifie « Baba » ? Être Baba ?
Être baba, c’est une forme d’étonnement. C’est être surpris. C’est également retrouver une certaine fraicheur, avoir un regard neuf. Et puis « Love », c’est quelque chose de très sweet et de très doux. C’est un peu comme une parenthèse dans la vie où l'on se sent très bien, où on entre en connexion avec les choses. C’est vraiment printanier : comme sentir une sève. C’est très proche de l’état amoureux sans avoir besoin d’une personne en particulier.

"Baba Love" : c’est l’étonnement amoureux ? Ce passage qui précède le moment où l’on tombe amoureux ? L’étonnement de ce que peut être l’amour ?
Je dirais plutôt que ce sont des moments de liberté où tu te sens très bien dans la journée. Tu te sens vraiment très très bien sans savoir pourquoi. Tu apprécies tout ce qui se passe autour de toi. Ça peut aller de la traversée d’une rue à la rencontre d'une femme, et même le métro, pour pousser les choses très loin. (rires)

Saul Williams est quelqu’un d’entier et j’ai pensé qu’on pourrait se retrouver.
"Baba Love", c’est un album avec plusieurs duos. En plus d’Izïa, on retrouve également Saul Williams. On sort de votre registre habituel.
Je suis très fan de Gorillaz. J’avais envie de reproduire ce côté très mélodique, lyrique avec tout à coup du hip hop qui apparaît. Dans les deux morceaux avec Saul Williams, ce n’est pas tranché entre les deux registres. Cet artiste a une énergie assez farouche. Saul Williams est quelqu’un d’entier et j’ai pensé qu’on pourrait se retrouver, ce qui a été le cas autour de la poésie.

Vous chantez le titre "Basquiat", dans lequel vous vous demandez si vous pourriez être plus productif, comme si c’était une question existentielle. C’est une réalité ?
Oui, c’est une question que je me pose réellement. Je me demande comment je pourrais produire plus. Et puis Saul Williams me répond « Relax, Be Yourself… ». Oui, c’est une question que je me pose. C’est un fantasme, presque de manière continue. Basquiat n’arrêtait pas. Il peignait tous les jours. Quand il partait en voyage, il se faisait livrer de grandes toiles pour travailler tout le temps. C’est comme s’il était habité par une créativité débordante.



Vous êtes pourtant déjà très productifs.
Oui, je sais. Mais pas encore assez ! (rires). Pas autant que Basquiat !

Dans ce titre "Basquiat", vous suggérez de repeindre le monde avec des couleurs nouvelles, sans pour autant les citer. Quelles seraient-elles si vous deveniez peintre ?
Chez Basquiat, il y avait des couleurs très vives, très brutes et proches de l’enfance. On peut lire beaucoup de joie. D’un autre côté, il y a des tonalités très dures en même temps. Il y a cette espèce de contraste, ce clash. Il lie deux sentiments très différents. Moi, si je devais repeindre le monde, ce serait avec des couleurs vives. Quelque chose de très chaud.

Vous trouvez le monde trop triste ?
Parfois, je trouve le monde trop dur, trop comprimé, trop compressé. Je trouve qu’il manque d’air, qu’il n’y a pas assez de temps et d’écoute. J’aimerais que les gens soient plus cools, plus relax. Mais j’ai le sentiment que c’est de moins en moins possible d’être comme ça.

L’infor-matique, c’est un bulldozer qui écrase tout ce qui passe devant lui.
Je prendrais l’exemple de la musique. On ne prend plus le temps d’écouter de la musique. Elle devient un produit consommable et assez vite périssable. Cette tendance va de pair avec l’évolution de la musique elle-même, de son accessibilité et de sa distribution. Vous aviez élevé votre voix lors du projet Hadopi pour vous prononcer en faveur de cette loi. Aujourd’hui, certains politiques prônent la suppression d’Hadopi. Vous vous sentez à nouveau concerné ?
Je pense que la musique est une histoire d’amitié entre l’artiste et le public. Je pense que c’est très sain que ce soit les gens qui soutiennent les artistes. Il faut qu’il y ait un rapport direct entre l’artiste et le public. A partir du moment où la musique devient gratuite, ça devient beaucoup plus difficile : on devient tributaire de la publicité, des subventions etc… Les artistes sont donc beaucoup moins libres. Moi, je n’ai pas de solutions : je ne sais pas si Hadopi est bien ou pas. D’ailleurs, si je n’ai pas de solution, c’est parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de solution. L’informatique, c’est un bulldozer qui écrase tout ce qui passe devant lui. Et pour l’instant l’herbe ne repousse pas derrière. Si on est optimiste, on va espérer qu’elle repousse un jour.

Écoutez un extrait du nouveau single d'Arthur H, "Give Me Up" :


C’est album est bourré de références, à la mythologie notamment. C’est le cas du titre "Ulysse et Calypso". Pourquoi prendre un exemple du passé pour exprimer quelque chose de très actuel ?
C’est un couple d’amoureux. C’est une chanson assez sexuelle. "Ulysse et Calypso", c’est une histoire assez tendre. Ulysse, c’est l’aventurier qui peut éventuellement se perdre pendant ses voyages. Et puis on a Calypso qui attend qu’il revienne. Il y a véritablement une tendresse entre ces deux personnages. Sinon, il y a des mots tendres dans l’imaginaire pour exprimer quelque chose de cru aussi.

Crédits photo : ABACA
Et vous dîtes dans cette histoire qu’on se perd en voyage. Faut-il y voir quelque chose d’autobiographique ? Vous êtes vous perdus avant ou pendant la réalisation de cet album ?
Non, je ne me suis pas perdu. Au contraire, je dirais même que je me suis trouvé dans ce disque. Je l’ai fait avec très peu de musiciens. Je l’ai fait avec des gens que je ne connaissais pas en plus et que j’appréciais beaucoup. On était comme un petit groupe d’aventuriers. On s’est beaucoup amusé à le faire. Au contraire, ce sont des moments où tu peux être toi-même, où tu te sens vraiment à ta place. D’être entouré de musique et d’amitié, c’est vraiment très agréable.

Pourquoi avoir changé l’équipe ?
Dans la vie, c’est bien de changer ses habitudes et de reprendre tout à zéro, sinon on a peut-être tendance à refaire toujours la même chose. J’avais envie de me provoquer, d’être dans une situation inconfortable. Tout simplement pour le plaisir de découvrir des choses différentes.
J’avais envie de me provoquer, d’être dans une situation inconfortable.


Qu’est ce qui distingue donc "Baba Love" des précédents disques ?
On ne se baigne jamais dans le même fleuve. La vie elle passe, on est différent. Il y a certains moments dans la vie où l’on est moins pudique, où l’on peut montrer des choses de soi qu’on n’aurait jamais voulu montrer auparavant.

C’est comme une finalité alors, l’aboutissement d’une quête personnelle ?
Ce n’est jamais une finalité parce ce que c’est toujours une tentative. C’est toujours un instantané. Quand tu travailles sur un album, tu as déjà d’autres idées pour la suite. Ça te donne l’envie d’explorer un autre territoire. A partir du moment où tu l’as fini, tu as envie de repartir pour d’autres aventures. Dans ma tête, j’ai déjà d’autres rêves pour d’autres disques. Ce n’est jamais définitif en fait.


Arthur H en concert


Arthur H défendra ses nouvelles chansons sur scène à partir du 27 octobre, date à laquelle il sera sur les planches du 104, à Paris. Il sera le 8 novembre à Caen, le lendemain à Rennes, le 10 à Brest, le 16 à Lyon, le 17 à Limoges, le 23 à Nantes, le 24 à Bordeaux, le 2 décembre à Strasbourg, le 9 Villejuif et le 15 à Agen. La tournée se poursuivra en 2012 pour se clôturer au Théâtre de L'ouest Parisien de Boulogne Billancourt le 30 mars 2012. Enfin, Arthur H prévoit une date unique à Genève, le 19 novembre.
Pour en savoir plus, visitez arthurh.net ou la page Facebook d'Arthur H.
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel album d'Arthur H, "Baba Love".
Réservez vos places de concert pour aller applaudir Arthur H.

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