Bonjour Isabelle, après trois ans et demi dabsence, depuis votre dernier album (ndlr : si l'on exclu son album country sorti au printemps et seulement en import en France), vous revenez avec un nouvel album qui sappelle « Nos lendemain ». On a limpression que cest une nouvelle Isabelle Boulay qui revient (Joëlle Martinez, rédactrice) ?
Isabelle Boulay : Je ne sais pas si cest une nouvelle Isabelle Boulay. Cest juste une Isabelle que lon arrive à mieux connaître, un peu plus dévoilée.
Dominique Blanc-Francard a réalisé lalbum, il paraît que lidée est née après une session acoustique lors dun concert ?
En fait, jai voulu travailler avec Dominique Blanc-Francard depuis beaucoup plus longtemps. Cela fait une quinzaine dannées que je voulais travailler avec lui. Jécoutais beaucoup les disques entre autres de Stefan Eicher, « Carcassonne » et « Engelberg ». Je trouvais quil réussissait à créer autour de lartiste pour lequel il produisait le disque, une ressemblance entre lunivers musical et lartiste lui-même. Je trouvais que cétait quelquun qui avait une sensibilité assez importante et qui faisait ressortir au travers de la musique, le coeur de lartiste pour lequel il faisait le travail et quand jai enregistré le spectacle « Du temps pour toi », cest lui qui est venu faire la prise de son. A un moment donné du spectacle, je fais quelques chansons en acoustique avec mes six musiciens ; on est tous au devant de la scène, et donc lui ce quil avait préféré du spectacle, cétait ce moment là. Alors il mavait dit si tu as envie de faire un disque, dans cet esprit là, un peu plus épuré, un peu plus acoustique, un disque moins produit, jaurais bien envie de travailler avec toi. Et comme moi le souhait que javais cétait aussi de faire un disque un peu dans cet esprit là, je voulais faire un disque qui soit aussi proche des gens que lorsque les gens viennent assister à un concert. Donc on est parti ensemble et puis on a développé le disque le lendemain.
Alors il a réalisé toutes les chansons, tous les titres de lalbum sauf un qui est actuellement le single promo. Pourquoi na-t-il pas réalisé celui-là ?
Dominique Blanc-Francard, cest quelquun dentier. Lui était moins à laise avec la réalisation de « Ton histoire » parce que cest une chanson qui était très fédératrice, très pop et comme lui fait moins dans la variété populaire, il a demandé à Jacques Veneruzo sil avait envie de réaliser ce titre. Jacques a lhabitude aussi de réaliser les chansons de Dominique. Il y a une autre chanson de Veneruzo sur mon disque que Dominique a réalisé qui sappelle « Je ne ten veux pas » mais pour « Ton histoire », il préférait passer la main à Jacques Veneruzo.
Il paraît que pour cet album, la plupart des chansons nont nécessité que très peu de prises. Est-ce que cétait justement une envie de montrer le côté le plus pur, le plus primaire, ou pas trop travaillé en fait... ?
On avait beaucoup travaillé la pré-production de cet album là. Javais enregistré des maquettes. On a eu une pré-production qui a été assez élaborée, assez longue, qui ma permis de faire connaissance avec mes chansons. Quand on est arrivé en studio avec Dominique et tous les musiciens, on a voulu jouer les chansons en live comme si on était sur scène pour avoir justement la magie de linstant présent, la magie de linstinct aussi. On a joué de façon très instinctive, tout le monde ensemble. On cherchait la vérité des chansons, on cherchait lémotion pure. On nétait pas dans un désir de perfection, de grand esthétisme ou de grand lyrisme musical. On voulait surtout servir les chansons et partir de la matière première cest à dire la musique et les mots, et puis juste jouer ce quil fallait pour arriver à faire vivre les chansons dans leur essence propre.
Alors sur votre nouvel album, il y a des collaborations très pointues et exceptionnelles : Julien Clerc, Benjamin Biolay, Maxime le Forestier... Comment cela sest-il passé ? Est-ce que cest vous qui avez eu envie de travailler avec eux ou est-ce que ce sont eux qui spontanément vous ont offerts un texte, une mélodie ?
Ça se passe un peu dans les deux sens la collaboration avec les auteurs, avec les compositeurs. Ce sont pour la plupart des gens de qui jai déjà été le public ou quelquun pour qui jai beaucoup de respect, dadmiration. Quand je pense à Benjamin, à Julien Clerc, à Jean-Loup Dabadie, à Jean-Louis Murat, ce sont tous des gens de qui je suis le public et il y a évidemment une histoire de rencontre avec chacune de ces personnes. Mais cest vrai que la particularité et là où je me sens très privilégiée, cest queux-mêmes sont souvent des interprètes. En plus dêtre des auteurs et des compositeurs, ils auraient pu aussi vouloir garder ces chansons là pour eux ; et moi je me sens très choyée de pouvoir recevoir des chansons aussi belles, de sentir aussi que ces chansons là étaient façonnées pour moi, pour mon univers, pour ce disque là. Et donc il y a des collaborations, je pense entre autres à Julien Clerc. Julien savait depuis longtemps que javais envie quil compose un jour des chansons pour moi. Ca s'est fait petit à petit et au fil du temps, au fil des rencontres. Il est déjà venu chanter avec moi sur scène et il a probablement apprivoisé petit à petit mon univers jusquau moment où il a eu envie de rentrer dedans. Je me souviens que la première chanson que jai reçue, cest une chanson quil avait faite avec Jean-Loup Dabadie, qui pour moi est un des plus grands auteurs de la chanson française. Il mavait envoyé une petite cassette, et là il me parle pendant presque deux minutes avant de commencer la chanson ; il mexplique comment ils ont fait la chanson. Cest précieux pour moi, jai gardé ça dans mes archives parce que il a fabriqué la chanson à la manière dil y a 30 ou 40 ans ; cest quelque chose de beau pour moi et dinestimable. Lautre chanson, celle quil a faite avec Maxime le Forestier. On était en studio parce que lui et moi on avait fait la maquette de « Reviens, reviens » la chanson de Jean-Loup Dabadie. Et il sest mis à jouer autre chose pendant que le technicien faisait le mixage. Il ma dit, tu sais je crois que jen ai une autre de chanson pour toi. Mais il faudrait que je me fasse aider de quelquun. Il dit je vais appeler Maxime le Forestier. Cest comme ça que ça sest passé pour les deux chansons de Julien ; en ce qui concerne la chanson de Benjamin Biolay, il était dans le studio dà côté et moi jétais avec Dominique Blanc-Francard. Le studio de Bénédicte Schmitt est juste à côté, et un soir Benjamin vient voir Dominique et il lui dit «
jaurais une chanson à proposer à Isabelle. Est-ce que tu crois que ça lintéresse ?», et ça me faisait drôle parce que cétait la première fois quil intervenait comme auteur-compositeur à mon égard parce quil a co-réalisé mes deux albums précédents « Tout en jour » et « Mieux quici bas « . Cétait particulier pour moi de recevoir une chanson de lui. Ça apportait quelque chose de plus et dès que jai entendu la chanson, javais la conviction quelle était faite pour aller sur lalbum quon était en train de faire. Cette chanson sappelle «Ne me dis pas quil faut sourire ». La collaboration avec Jean-Louis Murat, évidemment. Jean-Louis Murat étant lhomme mystérieux quil est. Je ne lai pas encore rencontré en personne. Mais javais rencontré son oeuvre. Cest quelquun pour qui jai vraiment beaucoup dadmiration. Et je suis assez sensible à ses chansons. Donc un jour on parlait avec Alain Artaud, qui est le directeur de ma maison de disque, et il ma dit «
tiens je ne savais pas que tu aimais beaucoup Jean-Louis Murat». Je lui ai dit «
oui je ladore, même». «
Je le connais un peu, si tu veux je peux lui demander si tu veux quil técrive une chanson pour ton prochain album» poursuit-il. Je reçois donc la chanson et je suis étonnée de voir quil mavait écrit une chanson de cow-boy. Il ma écrit une chanson country alors que lui cest un français. Puis jai appris un peu plus tard quil vivait dans la campagne, en Auvergne. Il y a quelque chose de très terrien chez lui que jaime beaucoup.
Et Jacques Veneruso ?
Ca cest une autre nouvelle collaboration. Je trouve que cest un homme dune grande humilité. Quelquun de simple, qui a beaucoup de rectitude. On ne se connaît pas beaucoup mais cest vraiment quelquun que jai envie de connaître encore plus. Et puis sinon il y a toutes les collaborations comme avec Alain Lanty qui est un pianiste très connu, qui joue beaucoup avec
Renaud entre autres. Il ma composé deux chansons pour ce disque là. Cest lui qui ma proposé une chanson qui sappelle «Lamour dun homme », et puis un peu plus tard avec Didier Golemanas, qui est un de mes auteurs fétiches avec qui je travaille depuis des années, est apparue la chanson « Où est ma vie ».
Il y a une chanson qui a été adaptée en français de Ron Sexsmith. Je pense que cest la première fois que vous prenez la plume alors quon vous le demandait depuis un certain temps non ? Cest parce que vous vous êtes enfin sentie prête sur ce titre ?
Non, en fait, cest que la chanson « Nos lendemain », cest une adaptation dune chanson de Ron Sexsmith qui est un auteur-compositeur canadien anglophone que jadore. Jaime sa voix, elle me berce dans mes propres tournées. Quand je suis en voyage, je mets la voix de Ron Sexsmith dans mes oreilles et là je me relaxe. Il y avait une chanson sur son album « Retriever » qui sappelle «Tomorrow in her eyes ». Et jaimais particulièrement cette chanson là, parce que cétait une déclaration damour. Il disait entre autre dans la chanson, «
I dont need a crystal ball, At all because Ive see tomorrow, In her eyes». Ce qui veut dire «
Je nai pas besoin de prophétie ou de lire dans une boule de cristal parce que je nai pas besoin quon me dise de quoi va être fait lavenir parce que mes lendemains, je les ai vus dans tes yeux». Alors un jour je fais appel à Guillaume Vigneault, qui est un auteur de roman québécois de mon âge, de ma génération, quelquun dont jaime beaucoup le romantisme contemporain. Il a écrit deux magnifiques livres qui sappellent « Chercher le vent » et « Carnet de naufrage ». Comme je me sentais assez proche de son écriture romancière, je me suis dit pourquoi ne pas lui demander sil na pas envie décrire des chansons pour moi. On se met à parler de toute sorte de chose, et puis à un moment donné, je lui fais entendre la chanson de Ron Sexsmith et je lui dis «
tu imagines, il ny a pas une plus belle déclaration damour que ça». Je lui dis «
cest dommage que des chansons aussi belles, nexiste pas en français, quon ne puisse pas dire en français exactement la même chose». Il repart avec le disque et quelques jours plus tard, il vient me rendre visite ; il avait déjà commencé à travailler, il avait déjà fait les deux tiers de la chanson. Et on la terminé ensemble. Même si cest une chose que je soupçonnais, jai vu que lécriture cest un métier en soi. Ca demande énormément de patience, de discipline, dobstination, et au terme des quatre ou cinq heures quon a passé ensemble, jétais lessivée. On a vraiment fait la chanson ensemble, on la terminée ensemble. Jy ai pris part, et je me rends compte que lécriture ça demande beaucoup de temps, un temps dont je nai jamais encore disposé. Ça demande beaucoup de solitude aussi. Et moi jai déjà à vivre la solitude qui est inhérente à mon métier de chanteuse itinérante. Je pense que quelque part, ça demande une grande disponibilité, ça demande une lenteur de vivre que je nai pas encore eu loccasion datteindre. Je ne sais même pas si je me mettrais à écrire des chansons parce que cest un art littéraire qui est assez complexe. Comme moi jai plutôt tendance à me répandre, dans le sens ou jexplique beaucoup, je parle beaucoup ; jaurai de la difficulté à faire entrer quelque chose que jai envie de dire dans un aussi petit format. Le plus grand luxe de ma vie est de recevoir des chansons des plus grands auteurs-compositeurs de la francophonie.
Dans lalbum, on vous découvre sur des titres, vous le disiez tout à lheure, un peu country, un peu folk, cest un style quon ne vous connaissait pas. Cest quelque chose que vous aimez vraiment ?
Non seulement jaime la musique country mais jai grandi dedans. Jai été influencée par la grande chanson française, et québécoise, la chanson populaire, la chanson réaliste. Et si javais une trame sonore à mettre sur le film de mon enfance, ce serait la musique country parce que jai grandi en Gaspésie. La Gaspésie étant située assez proche des Amériques, il y avait plusieurs chanteurs de notre région, et des chanteuses qui faisaient des adaptations francophones de grands succès américains. Il y a une chanson entre autre que jaffectionne particulièrement. Quand jétais petite, ma tante Adrienne qui était lune des soeurs de mon père, vivait dans la même maison que nous. Tous les après-midis, elle venait me chercher pour que je fasse la sieste chez elle ; et elle me couchait dans un grand landau avec des coussins et elle écoutait de la musique western, country western. Il y avait une chanson de Renée Martelle qui est une artiste québécoise, cest la plus grande chanteuse populaire de country au Québec; elle avait fait une reprise dune chanson qui sappelait « Ive got a never handing love for you », et chez nous ça sappelait « Jai un amour qui ne veut pas mourir ». Cest la chanson que jai le plus entendue pendant toute mon enfance parce que ma tante faisait jouer cette chanson là, sans cesse, tous les jours de sa vie parce quelle avait un amour qui ne voulait pas mourir. Cest vrai que cette musique là pour moi, cest la musique du coeur, cest la musique de la dignité humaine ; cest vraiment une musique qui est vraiment chère à mon coeur et pour laquelle jai énormément daffection. Cest une musique qui est très naturelle pour moi à chanter. Dailleurs, jai apprécié que Dominique Blanc-Francard connaisse aussi bien la chanson country. Quand on a fait le disque ensemble, parmi tous les genres musicaux quon a abordé, on est allé puiser dans ce quil y avait de plus traditionnel, par exemple dans la musique sud-américaine. Quand on a fait la reprise de « Coucouroucoucou paloma », on avait vraiment ce souci daller au plus profond de la musique, dans les racines de la musique, dans le vrai folklore musical.
Avec « Naimer, que taimer » qui est un tango, cest encore autre chose
Cest un tango avec tout ce que ça comporte de tango en fait, ce côté doux, ce côté un peu plus dur ?
Il faut donner, je pense, le bénéfice de cette chanson là. Elle vient dabord de la mélodie de Daniel Seff. Daniel avait remarqué que javais eu beaucoup de plaisir à faire une chanson qui sappelle «Le coeur volcan » qui est une chanson dEtienne Roda-Gil et Julien Clerc. Dans mon concert précédent, il avait déjà composé pour moi une chanson qui sappelle « Nos rivières » qui était sur lalbum « Ici bas » de Daniel Seff. Cette chanson, je dirais, apportait déjà les prémices du tango, et le tango est une musique très enracinée, très terrienne. Daniel me présentait cette mélodie là, un jour, avec le texte de Didier Golemanas et cest là quest née la chanson « Naimer, que taimer ». Cette chanson là, on lavait faite au piano ; on avait fait un piano voix et puis en studio jai voulu quon la fasse vivre encore plus fort avec les guitares, avec laccordéon, quelle devienne vraiment une chanson très typée et très sensuelle à la fois. Cétait très important pour nous daller mettre dans la musique des valeurs de référence aussi, sans que ce soit une caricature ou un cliché. Comme je le disais tout à lheure, on voulait vraiment ramener la musique dans sa plus pure tradition.
Dominique Blanc-Francard dit des chanteurs que cest un peu comme des acteurs. Finalement, on leur donne un texte, deux, trois indications et ils doivent arriver à sapproprier la chanson. Jai regardé le making-of de votre album, et on vous voit un moment parler avec Jacques Veneruso justement, et vous lui dites sur la fin de la chanson «jai posé le texte un peu plus tard je pense», vous avez un peu changé. Vous avez lair un peu gênée et vous lui demandez si ça lui convient. Donc quelque part on vous demande dêtre acteur et en même temps, on a limpression que ce nest pas si facile de proposer quelque chose ?
Quand tu es interprète, tu tempares de loeuvre dune autre personne. Cest à toi de la faire vivre et en même temps, comment je pourrais exprimer ça ? Javance franchement quand je mapproprie une chanson. Je prends ma place mais en même temps, je veille aussi à ce que lauteur ou le compositeur ne se sente pas non plus dépossédé. Il est clair que la chanson mappartient, mais jai quand même la délicatesse quand je ne suis pas sûr de quelque chose parce que jai une tendance dans ma manière de chanter et ça cest à cause du fait que jai beaucoup écouté de la musique country quand jétais petite, jai tendance à poser les mots après le temps. Jarrive après le temps et cest pour ça que je me suis tourné vers Jacques parce que je navais pas la certitude. Mais quand jai la certitude, je suis indélogeable cest-à-dire que même si quelquun essaie de me faire passer à côté de quelque chose, moi je suis comme une rivière, je suis mon cours et jy vais, je me lance et je sais le chemin que je dois emprunter. Il y a des fois des choses auxquelles je tiens, je ne vais pas aller dans lautre direction. Je vais vraiment rester sur ma ligne et je ny vais pas. Des fois, je suis difficile à dompter aussi. Les interprètes ont aussi leurs propres personnalités ; moi jai une personnalité de cheval sauvage. Les chevaux sauvages, quand ils sont devant un maître, ils sinclinent aussi bien quun cheval de parade. Mais cest quil y a des gens avec qui tu tabandonnes, et avec dautres, tu nas pas le même élan dabandon. Mais toutes les personnes avec qui jai travaillé sur mon disque « Nos lendemains », ce sont des gens avec je pourrais mabandonner totalement. Cest pour ça que jai voulu que Benjamin joue lui-même le piano sur la chanson parce quil a une manière de jouer du piano qui moi me servait dans mon interprétation. Donc je sais à peu près où je vais. Cest sûr que quand le cheval est parti, on ne peut plus arrêter le voyage.
Vous parlez de Benjamin Biolay. Justement, jai entendu dire quen fait ce nétait pas prévu quil joue. Il est venu aux répétitions puis finalement on la gardé parce quil y a eu comme une sorte dalchimie et vous vous êtes dit, ça ne peut être que ça finalement. Ça ne peut être que lui ?
Ce que lon entend sur lenregistrement final de « Ne me dit pas quil faut sourire », cest la deuxième lecture quon a faite de la chanson. Pour rire, comme Benjamin était à côté, jai dit «
ah tu veux bien maccompagner pour quon la fasse ensemble parce que les musiciens sont partis déjeuner». On était resté en studio comme ça. Et donc il dit «
oui pourquoi pas». Il sinstalle au piano et moi je me mets à chanter ; on répète une fois, puis une deuxième fois, et ce qui devait être la maquette est devenue la matrice. Puis comme je sais quil joue de la trompette dune façon formidable, jai demandé à Dominique Blanc-Francard den jouer. Je lui ai dit quand je ne serais pas là, quand je serais retournée au Québec, jaimerais que tu poses une trompette sur la chanson parce quil ny a que toi pour jouer de cette façon là. Comme il a fait la chanson, je ne pouvais pas avoir quelquun de plus vrai et de plus sincère pour le faire.
Est-ce que vous pensez déjà à la tournée ?
Oui, je suis déjà dans la tournée. Mais dès que jai fini un projet, je suis déjà dans lidée dun autre projet. Je suis, pour mon entourage, parfois difficile à suivre. Mais jai une idée assez nette de là où jai envie daller ; et surtout, quand jai terminé un disque, cest sur scène que jai envie daller. Dès la fin du disque, je pensais déjà au spectacle. On a commencé le travail de pré-production de la tournée bien avant de poser un orteil sur scène ; jai fait appel à Yves Desgagnés, un grand acteur québécois, qui a fait la mise en scène. Cest un spectacle dans lequel il y a un peu plus de théâtralité. Les décors sont de Jean Bart, les éclairages de Michel Beaulieu qui est un grand maître de léclairage en théâtre chez nous. Juste pour vous dire Michel Beaulieu quand il va quitter mon spectacle, il part à la Scala de Milan éclairer la prochaine pièce de Robert Lepage. Cest un vrai bonheur pour moi de travailler avec des gens comme ça parce que ils me permettent daller encore plus loin, daller dans des espaces où je ne suis jamais allée : à lintérieur de moi-même, le travail de la lumière sur scène, toutes ces choses que je ne maîtrisais pas. Javais appris un peu ça avec Lewis Furey quand jai joué dans Starmania, il y a une dizaine dannées. Mais cest vrai quon a voulu créé un spectacle qui soit au service des chansons et à limage de ces nouvelles chansons là . Cest un peu comme si on faisait entrer les gens dans une boîte à musique.
Merci Isabelle et bonne route alors !
Merci à vous et à Charts in France !
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