Patxi en interview

Patxi, le jeune basque de la troisième promo de "Star Academy" a sorti son premier album. Les retours sont unanimements positifs : il semblerait qu'Olivia Ruiz ait trouvé son petit frère. Rencontre avec un jeune artiste à fleur de peau.
Charts in France (Thierry Cadet, rédacteur) : Agur Patxi ! (ndlr : Agur signifie salut en basque) Dans quel état d'esprit es-tu trois semaines après la sortie de ton premier album ?
Patxi : Plutôt confiant. Les retours de la presse sont très encourageants.

CIF : Il est entré en 54ème place, quant on sait que le deuxième album d'Olivia Ruiz a stagné en queue de classement pour devenir N°1 cet été presqu'un an après sa sortie, on se dit que tous les espoirs sont permis grâce à la scène notamment, qui va faire voyager tes chansons...
P : Oui, je suis ce mercredi 27 septembre sur la scène de l'Européen; avant cela je me suis pas mal rodé avec les premières parties de Martin Rappeneau, et puis Europe 2 a déjà pas mal diffusé "S'embrasser", le premier extrait. On a depuis basculé sur un nouveau single, "On peut toujours rêver", qui est un de mes titres préférés.

CIF : Aimes-tu l'univers de Martin Rappeneau ?
P : Je reconnais son travail mais je ne suis pas exactement de la même famille; lui c'est piano, Berger, Elton John... et moi je suis plus folk, guitare et Bob Dylan. Mais il n'empêche que je garde des souvenirs extraordinaires de cette tournée et que nous nous voyons de temps en temps avec Martin pour boire un verre. Je préfère les sons roots. Je me bats pour éviter le perfectionnisme et la guitare me permet de tendre vers ça. Tu sais, une bonne chanson n'a pas besoin d'être parfaite; il faut lui laisser une part de spontanéïté. Par exemple, récemment j'ai eu la chance d'entendre "Je suis venu te dire que je m'en vais" piste par piste... beau cadeau déjà, non? (sourire) Et bien je t'assure qu'il y en a des "pins" !! (rires) C'est pourtant un chef-d'oeuvre... Ca ne s'explique pas; l'être humain a besoin de failles pour être touché, la perfection n'existe pas.

CIF : Impatient de découvrir ton public j'imagine ? Celui qui a acheté ses places pour venir te voir...
P : Oui très impatient, très excité, très touché. Je pense cependant par rapport aux premiers retours depuis la sortie du disque savoir que mon public, essenciellement féminin, se trouve en majorité dans la trentaine.

CIF : Comment va se présenter ton tour ?
P : Je serai à la guitare et à l'harmonica, et avec moi il y aura une basse, une contre-basse, un banjo, une mandoline, des percus; j'ai des musiciens extraordinaires !

CIF : Y aura-t-il des invités ?
P : Peut-être...

CIF : Y chanteras-tu ton premier single "A l'anglaise" (ndlr : paru juste après sa participation à "Star Academy" et classé 21ème au Top Singles en mars 2004)?
P : Non parce que je trouve qu'aujourd'hui il y a un décalage avec les nouvelles chansons; même si je ne la renie pas, mais elle correspond et appartient à une période, c'est tout.

CIF : Laquelle ?
P : A l'après "Star Ac'" bien sûr, mais aussi à l'avant ! (rires) Car j'ai écris cette chanson à Londres, où j'ai vécu six mois avant ma participation au jeu. C'est d'ailleurs un texte que j'avais chanté au château devant Raphaëlle Ricci (sourire).

CIF : Comment s'est passé la rencontre avec Louis Chédid, JP Nataf et Jean-Christophe Urbain des Innocents (ndlr : "L'autre Finistère" entre autres dans les 90's) ou bien encore Pierre Souchon ?
P : Louis Chédid, JP et Jean-Christophe je les ai rencontré grâce à mon label, Atmosphériques. C'est cela dit avec eux que je voulais travailler; et je ne suis d'ailleurs pas arrivé par hasard chez Atmo; je suis fan des artistes dont ils s'occupent, tels que Louise Attaque ou plus récemment Joseph D'Anvers.

CIF : C'est difficile de convaincre quand on sort d'une émission comme "Star Academy" ?
P : C'est plus long (sourire).

CIF : Tu as posé des grattes sur le disque, as-tu participé au mixage, au mastering ?
P : Evidemment, j'étais présent; alors après c'est vrai que ça n'est pas mon travail et que j'ai fais confiance à Jean-Christophe et JP, et puis le studio Ferber est extraordinaire pour ça; mais je laissais traîner mes oreilles... plus de voix, plus de guitares etc. Par contre le mastering c'est un peu abstrait pour moi, même si je sais que c'est important; j'étais moins attentif (ndlr : le mastering permet d'ajuster, de compresser les morceaux et de leur donner une unité et un niveau sonore identique)

CIF : Jil Caplan, a également participé au niveau des choeurs sur ton album, connaissais-tu son travail ?
P : Je connaissais "Tout c'qui nous sépare" qui a été un gros tube en 1991. Et j'aime beaucoup son travail, Jil a beaucoup de talent.

CIF : Tu es entouré de ta vraie famille musicale, non ?
P : Tout à fait.

CIF : Qu'écoutes-tu à la maison ?
P : Je suis fan de Miossec, Aubert, Peter Von Poehl, Cali, Raphaël, Dylan, Chamfort, Maxime Leforestier...

CIF : Ca reste très francophone...
P : Non, j'écoute aussi Coldplay, Oasis, Billie Holiday et même tu sais les compilations genre "Café de Flore" ou "Paris Fétiche" ? Elles sont géniales, tu y trouves à la fois un vieux titre de Nana Mouskouri aux côtés d'Olivia Ruiz ou de Nougaro.

CIF : C'est très Rive-Gauche !
P : Oui, peut-être. Mais j'aime à la fois la folk et la chanson réaliste. L'un et l'autre ne sont pas incompatibles ! (sourire)

CIF : On est loin de l'univers de la "Star Ac'" !
P : "Star Academy" était un jeu pour moi, simplement.

CIF : Tes fans te suivent dans tes choix musicaux ?
P : Oui, il y en a même qui ont découvert certains artistes pré-cités parce que je les écoutais...

CIF : C'est un peu tirer les gens vers le haut...
P : Oui.

CIF : Les fans du début te suivent encore ?
P : Oui, c'est très impressionnant. Pour un public qu'on dit volatile ! (sourire) Il y en a qui ont créé un site qui s'appelle "Lagunak", les amis en basque; les amis de Patxi, c'est très touchant.

CIF : On ressent pas mal l'influence de Raphaël, notamment sur le titre "Mon vieil amour", très proche de "Et dans 150 ans" dans le thème...
P : Ah non ! C'est pas vrai ! Faut pas pousser, on me parle toujours de Raphaël et je ne vois pas le rapport avec "Et dans 150 ans"...

CIF : Raphaël dit "On sera doucement dansant, deux oiseaux sur une croix", et toi tu te demandes si ton viel amour t'aimera encore à l'avenir...
P : Oui, je me pose des questions, c'est une interrogation. Raphaël lui, affirme que dans 150 ans, on ne s'en souviendra pas; ça n'est pas exactement la même chose. "Mon viel amour", s'en aucune prétention, est plus proche du thème de "La chanson des vieux amants" de Brel que de "Et dans 150 ans" qui parle de la mort.

CIF : Toi qui avais chanté "Sur la route" en duo avec lui sur le plateau de la "Star Ac'", as-tu eu des échos de sa part sur ton premier album ?
P : Pas encore; mais je l'ai déjà recroisé.

CIF : Les thèmes de tes chansons (ndlr : "Je te hais", "Mordu", "Te revoilà"...) ne sont pas souvent heureux; ils parlent d'histoires d'amour consumées, de la peur d'un nouvel engagement; c'est du vécu ?
P : Oui. Tous les morceaux sont du vécu; chez moi ou chez les autres.

CIF : Des histoires d'amour antèrieures ou postèrieures à la "Star Academy", la médiatisation... ?
P : Postèrieures.

CIF : Qui est Lilou par exemple ?
P : Lilou est une petite fille. J'avais envie de parler de l'insousciance de ses cinq ans.

CIF : Et un titre comme "La dernière berceuse", à qui le dédies-tu ?
P : Ce morceau traîte de la mort, de la disparition...

CIF : Quelqu'un de proche? Je ne voudrais pas être trop indiscret...
P : Tu l'es un petit peu là...

CIF : Finalement tu traîtes peu l'amour heureux dans tes chansons, non ?
P : Il n'y a pas grand chose à dire quand l'amour est heureux tu sais...

CIF : "A ma porte" pourrait laisser penser que tu as peur de l'amour finalement, par peur de souffrir ?
P : Peut-être.

CIF : Tu ne crois pas en l'amour éternel ?
P : Je crois en son évolution, c'est à dire qu'ensuite, il y a de la complicité, de la tendresse ou autres; et c'est très beau aussi. La folie, elle, s'estompe.

CIF : Es-tu amoureux actuellement ?
P : Disons qu'il y a quelqu'un qui m'intrigue... mais je ne suis pas amoureux; pas encore.

CIF : "Hegalekin" est une des chansons les plus touchantes de ton album; elle traîte du Pays Basque, ta terre, ta région. Que signifie le mot ?
P : Avec les ailes; ce mot parle de l'envol.

CIF : Ton pays Basque te manque-t-il ?
P : Bien sûr, mais j'aime Paris. Je m'y fais plutôt bien et puis je n'ai pas le choix pour l'instant même si je fais souvent des allers/retours. Des amis Basques sont venus s'installer ici aussi, je n'y suis pas seul (sourire).

CIF : "Hegalekin" pourrait finalement être une chanson universelle sur le déracinement en général, non ?
P : Elle l'est : il y a par exemple un vent particulier partout, sur chaque terre, et puis le passage en Basque peut être traduit selon chacun; l'émotion permet d'y faire sa propre histoire. J'ai d'ailleurs une anecdote, j'ai récemment rencontré un monsieur d'une cinquantaine d'années, très costaud, qui paraissait intouchable, et bien il m'a dit avoir été très sensibilisé par le titre parce que c'est exactement ce qu'il aurait pû dire. Qu'on soit jeune ou vieux, on peut s'identifier à cette chanson et en faire sa propre histoire.

CIF : Pour finir, un petit mot sur la "Star Ac'"; pourquoi ne citer que Sofia Essaïdi, Elodie Frégé, Michal et Morganne Matis dans les remerciements de l'album ? Et les autres : Lukas Delcourt, Pierre Boulay, Edouard Algayon, Romain Billard (ndlr : ex-Premix pour les trois derniers cités)... ?
P : Si, j'ai marqué : "et à tous mes compagnons de cette vie de château"...

CIF : Oui, mais tu ne les cites pas...
P : C'est parce que je ne revois qu'Elo, Michal, Sofia et Morganne; après c'est aussi une question d'affinités, c'est normal.

CIF : As-tu écouté leurs albums respectifs ?
P : Oui.

CIF : Et alors ?
P : J'aime bien celui d'Elodie; je ne suis pas fan de l'univers de Sofia par exemple mais je le lui ai dit. Michal et Morganne c'est un autre style de musique, ce n'est pas ce que j'écoute.

CIF : Et qu'a pensé Sofia Essaïdi de ta franchise ?
P : Je crois que ça ne lui a pas plu... mais tu sais, elle sait ce que j'en pense; Sofia avait fait un magnifique premier album en sortant de la tournée de la "Star Ac'", très jazzy, soul, avec des musiciens de jazz extraordinaire ! Elle avait la crème avec elle... et puis je ne sais pas pour quelles raisons, ils ont jeté le disque et on fait quelque chose de plus pop, R'n'B, dans l'air du temps, avec "Mon cabaret". C'est vraiment dommage parce qu'il y avait une vraie place à prendre et Sofia a loupé le coche. Après ce sont des choix de carrière, c'est tout ; ce ne sont pas les miens mais je respecte.

CIF : On murmure qu'elle serait choisie par Kamel Ouali pour jouer le rôle de Cléopâtre dans sa prochaine comédie musicale...
P : Rien n'est signé je crois.

CIF : Et le spectacle qui se monte sur Joe Dassin et dont Aurélie Konaté, Ely, Mario Barravacchia, Anne-Laure Sibon participeront en fin d'année au Cirque d'Hiver de Paris; on te l'a proposé à toi aussi ?
P : (rires) Oh la la ! Si tu savais ! Je crois qu'on nous l'a tous proposé...

CIF : Tu as refusé ?
P : J'ai mon album, un univers à défendre; tout ça ne me correspond pas.

CIF : Tu aurais pû t'autoproduire comme l'a fait Morganne avec son album "Fille de l'ère" si tu n'avais pas eu de maison de disques ?
P : Peut-être... je trouve que Morganne a beaucoup de courage.

CIF : Comment expliques-tu qu'on ne lui ai rien proposé? Crois-tu que c'est par manque d'univers ?
P : Je n'en sais rien; peut-être faut-il savoir être patient, frapper aux bonnes portes; il n'y a pas de règle, il y a un facteur chance aussi. Personnellement j'ai rompu mon contrat avec Universal pour reprendre ma liberté et c'est comme ça que j'ai rencontré Marc Thonon de chez Atmosphériques.

CIF : Te verra-t-on sur la grande messe de TF1 cette année ?
P : Je vais aller y chanter mon dernier single, oui (ndlr : visiblement vendredi soir).

CIF : Merci Patxi de ta franchise et de ta sincèrité.
P : Merci à toi et à Charts in France.

Pour en savoir plus : www.patxi.fr

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