Elsa en interview

Alors qu'elle fête déjà cette année ses 20 ans de carrière (ndlr : « T'en vas pas » a atteint le sommet du Top 50 en 1986), Elsa publie son premier Live, regroupant la plupart de ses tubes, agrémenté de son premier DVD ! Les fans sont gâtés, et la maison de disque plutôt fidèle malgré le demi-succès de son dernier album studio... Charts In France a rencontré la belle afin de faire un premier bilan.
Charts in France (Thierry Cadet, rédacteur) : Bonjour Elsa, heureuse d'avoir retrouvé tes fans sur la scène de l'Européen l'an passé ?
Elsa : Très heureuse évidemment ; la plupart me suivent depuis vingt ans !

CIF : Je sais, pour y être allé faire un tour, qu'ils sont très fidèles sur les différents forums et très impliqués, notamment sur celui qu'a créé Magaly, une de tes admiratrices...
E : Oui, ils sont parfois même informés des choses avant moi ! (rires) Magaly, ou également Antoine, ont en effet créé des sites très complets, bien plus que le site officiel de Mercury, mais pour ça y a pas de mal... (sourire)

CIF : Comment expliques-tu que les sites - dits officiels et « professionnels » - soient si incomplets ?
E : Par manque de personnel dans les maisons de disques je pense... on licencie de plus en plus, mais il y a aussi beaucoup plus de travail en amont pour développer un artiste aujourd'hui, avec toutes les nouvelles difficultés de ce métier, mais aussi les nouveaux médias, la multiplication des chaînes de télévision... malgré ça, il y a de moins en moins de monde en labels... »

CIF : Il y a donc quelques semaines est sorti « Connexion Live », enregistré en septembre dernier lors de ta série de concerts à l'Européen ; quels souvenirs en gardes-tu ?
E : Des souvenirs magnifiques... tu sais, quand tu fais de la scène chaque soir, c'est comme si la vie s'arrêtait, qu'elle était suspendue pour un instant, c'est très étrange et tellement agréable ! (sourire) Et puis me retrouver devant ce public si chaleureux qui connaissait toutes les chansons par cœur, sans parler des musiciens très talentueux qui m'accompagnaient sur scène...

CIF : Notamment Sébastien Chouard (Sinclair, De Palmas, Florent Pagny, Jenifer...) à la guitare et à la direction artistique, pourquoi avoir choisi d'accélérer les tempos de « Jacques est maniaque » et de « Sous ma robe » par exemple ?
E : Parce qu'il fallait que tous les morceaux se tiennent dans la même cohérence et nous avons pensé, Seb et moi, qu'il serait plus intéressant de les rendre plus enjoués, plus folk ! Tu sais, je suis encore considérée par la presse et les médias en général comme une chanteuse dépressive ! (rires)

CIF : Pardon ?
E : C'est en tous cas ce qu'ont dit les radios quand elles ont reçu mon précédent album avec le premier extrait « Mon amour »... j'avoue que le clip de la chanson n'a pas aidé (ndlr : un clip en noir et blanc, façon cinéma des années 20/30) mais quand même...

CIF : Peut-être la pochette aussi, qui avait un aspect gothique ?
E : Avec la grosse tache noire sur mon visage tu veux dire ? Je ne sais pas. Toujours est-il que, même l'été dernier, quand on a proposé le single « Eternité », une programmatrice a déclaré que la chanson n'était pas assez positive ! (rires) Tu vois un peu ?

CIF : Personnellement j'aime bien la Elsa sombre de « Lune noire » ou « On tombe »...
E : Et bien tu es bien le seul ! (rires) Avec probablement quelques fans... en général on attend de moi des choses plus légères, alors que je viens de fêter mes 33 ans...

CIF : Tu me parles d'« Eternité » qu'Etienne Daho a adapté pour toi (ndlr : un titre original de Johnny Nash : « I Can See Clearly Now », repris avec succès (N°1 du Top 50 en 1994) par Jimmy Cliff pour la BOF de « Rasta Rocket », et déjà adapté en 1977 pour Claude François : « Toi et le soleil ») ; je me souviens d'une reprise d'Etienne sur l'album caritatif « Ma chanson d'enfance » en 2001, il s'agissait de « Duel au soleil », arrangé par Benjamin Biolay, ce titre aurait pu faire un bon single, non ?
E : Si tu le dis. J'aime beaucoup cette chanson en tous cas, mais elle faisait partie d'un concept-album, il n'était pas question à l'époque de l'extraire en single.

CIF : Revenons à tes derniers concerts, pourquoi avoir fait l'impasse sur les albums « Rien que pour ça » (ndlr : 1990) et « Douce violence » (ndlr : 1992) ?
E : Parce qu'il fallait faire un choix de chansons, et qu'hormis quelques tubes des années 80 que j'avais envie de chanter, j'ai préféré exploiter le dernier album studio « De lave et de sève » bien sûr, mais aussi le précédent « Chaque jour est un long chemin », que les fans adorent et que j'affectionne particulièrement moi aussi.

CIF : Un album qui avait d'ailleurs, à sa sortie en 1996, reçu des critiques dithyrambiques, dont les éloges de Télérama je crois ?
E : C'est vrai que cet album m'a apporté une crédibilité artistique.

« J'aime me renouveler et me mettre en danger à chaque album. »



CIF : Pourquoi ne pas avoir continué dans cette veine de chansons acoustiques, guitare/voix ?
E : Parce que j'aime me renouveler et me mettre en danger à chaque album. Le prochain sera encore différent.

CIF : Peut-on en savoir un peu plus ?
E : Je suis de plus en plus fan d'électro. J'y pense donc pour le prochain disque... mais attention, il s'agira surtout d'arrangements électro, ma musique restera des chansons acoustiques ; j'ai de grands besoins d'écriture aussi... dans l'idéal j'aimerai entrer en studio cet automne pour une sortie prévue début 2007...

CIF : Mais tu as déjà pas mal écris d'adaptations de titres sur tes deux précédents opus...
E : Oui mais justement, c'est là que le bas blesse... tu as raison, l'adaptation de chansons internationales est de l'écriture, car parfois même il ne s'agit pas de la traduction linéaire, mais plutôt d'un texte totalement différent dans le sens ; sur une musique déjà existante. Mais, nous autres adaptateurs, ne sommes pas reconnus en tant qu'auteurs... c'est ridicule, mais c'est vrai. Alors bien sûr on touche nos droits, mais aux yeux des gens de ce métier, on n'écrit pas vraiment. Je vais donc m'atteler à l'écriture parce que j'en suis capable.

CIF : Tu l'as d'ailleurs prouvé avec des chansons originales telles que « Sous ma robe » ou « Le soir » en 1996 - sans oublier « Lune noire » ou « A quoi ça sert » sur le dernier album studio - dont tu as écris les textes...
E : Il faut croire qu'on l'a oublié... (sourire)

CIF : Ne crois-tu pas qu'avec « Chaque jour est un long chemin » et quand on voit aujourd'hui le succès de Carla Bruni et autres Keren Ann, tu étais quelque peu en avance sur ton temps ?
E : (sourire) J'y ai longtemps réfléchi, et je crois que oui. En 96, on était en pleine période Dance, et moi j'ai débarqué avec cet album acoustique, très dépouillé, un ovni dans le paysage musical de l'époque ! (rires) Aujourd'hui par contre tu as sans doute raison, il serait - avec toute cette vague de « Nouvelle chanson française » comme aime la définir la presse - dans l'air du temps.

CIF : Pour en revenir au choix du tracklisting, il y avait quand même de jolies chansons dans ton deuxième et ton troisième album : « Pleure doucement », « Qu'est-ce que ça peut lui faire ? », « Etre ensemble », « Tout l'temps tout l'temps »...
E : Je suis d'accord, mais il fallait vraiment une cohérence et ne pas partir dans tous les sens. Il y a cela dit des titres que je ne referai plus, comme « Bouscule-moi » par exemple...

CIF : Pour quelles raisons ?
E : Parce que déjà à l'époque, ce morceau n'avait pas été bien perçu, il était surtout le résultat de ma rébellion personnelle ! (rires) J'avais besoin de changer d'image, de m'affirmer ; c'est pour ça qu'aujourd'hui je ne verrai pas l'intérêt de la chanter.

CIF : Par contre tu n'hésites pas à reprendre trois titres des années 80 : « Quelque chose dans mon cœur », « Jamais nous » et « T'en vas pas »...
E : Oui parce que je les assume. Il y n'y a rien de plus laid qu'un chanteur qui n'assume pas ses premiers succès et qui les dénature sur scène afin qu'on ne les reconnaisse pas. J'ai voulu conserver leur esprit premier, en les arrangeant simplement, avec une guitare, les chœurs et ma voix.

CIF : Ton public, si l'on en croit sa réaction sur le DVD les attendait en tous cas...
E : Je ne crois pas que mon public les attendait... il n'est pas venu pour entendre spécialement ces morceaux - même si c'est un plus si je les interprète car ce sont des chansons qui font référence à la nostalgie de chacun - il était surtout là pour partager un moment avec moi, quelque soit le répertoire.

CIF : Te sens-tu prisonnière de cette image 80's ?
E : Non. Il y a juste une chose, c'est que je crois qu'à cause de cette période, le grand public et même les médias ont du mal à me définir, cela brouille un peu mon identité artistique ; cela dit c'est vrai que je fais tout pour l'entretenir à chaque sortie d'album ! (rires)

CIF : On sent pourtant une évolution ces dernières années, comparé au temps où l'on ne te voyait qu'une fois par an avec les « Enfoirés », non ?
E : Oui c'est vrai ; petit à petit j'ai une vraie place qui se redessine, tant mieux.

CIF : Es-tu nostalgique de cette grande période 80's où toutes tes chansons étaient de gros tubes, et surtout où toutes sortaient dans le commerce, en 45 tours...
E : Nostalgique non, mais c'est vrai que les choses ont changées, que ce métier a changé. Aujourd'hui on envoie des disques promo en radios et le public ne peut pas se les procurer, ou alors il doit les télécharger légalement mais il n'y a pas le visuel, l'objet, comme avant... c'est dommage c'est vrai.

CIF : Tu chantes également sur scène un morceau de ton album « Everyday » (ndlr : la version anglaise de « Chaque jour est un long chemin » publié uniquement pour le marché asiatique et inédit en France), « Canada Coast » ?
E : Oui parce que j'aime beaucoup ce titre, et je pense qu'il n'a pas eu la carrière qu'il méritait, j'avais envie de le remettre en lumière.

CIF : Il y a également « Un désir » qui est un inédit ?
E : Oui, il s'agit d'une adaptation réalisée par Asher Ash.

CIF : Cautionnes-tu l'arrivée des programmes de télé-réalité tels que « Star Academy » ou « Nouvelle Star » ?
E : Non. Mais ce sont pas les candidats que je juge, plutôt le système...

CIF : Pourrais-tu y participer ?
E : Dans le sens où c'est une émission de variété où l'on peut chanter en direct, oui. Mais pas à n'importe quel prix... j'aimerai beaucoup aller y chanter un nouveau single, mais je sais très bien que si l'on m'y invitait, ça serait pour y chanter un medley de mes anciens tubes et ça ne m'intéresse pas.

CIF : Toi qui as collaboré avec Laurent Voulzy (sur « Jamais nous » en 1989 - dont il a fait les chœurs), as-tu écouté l'album de Nolwenn Leroy qu'il a réalisé ?
E : Oui, j'ai écouté quelques titres. Je n'aime pas tout, même si je trouve qu'il y a de très belles chansons, mais surtout je pense que Nolwenn est une fille qui a un vrai talent.

« Je ne suis pas quelqu'un qui écoute beaucoup de musique. »



CIF : Qu'écoutes-tu comme musique ?
E : Pas grand chose. Je ne suis pas quelqu'un qui écoute beaucoup de musique. Par contre, ces derniers temps j'ai craqué pour Bazbaz, et puis je suis toujours fan du groupe Aston Villa.

CIF : Elsa, j'ai une question qui me trotte dans la tête depuis des années : as-tu des nouvelles de Glenn Medeiros (ndlr : un chanteur hawaïen avec qui elle a chanté en duo « Un roman d'amitié » en 1988) ?
E : (rires) Non. On m'a même dit qu'il était devenu énorme, c'est vrai ? Tu sais, nous avons enregistré cette chanson suite à l'émission « Sacrée Soirée », puis tourné un clip et enregistré une version anglaise (ndlr : « Friend You Give Me A Reason »), mais ça s'est arrêté là. C'est vrai que j'étais fan de lui du temps de ses tubes « Nothing's Gonna Change My Love For You » ou « Lonely Won't Leave Me Alone », mais il est ensuite reparti dans son pays y faire de la musique et voilà tout (sourire)...

CIF : Quel regard portes-tu sur l'accueil de ton cinquième album « De lave et de sève » ? Es-tu satisfaite ?
E : Oui ; alors bien sûr ça aurait pu être meilleur au niveau des ventes, mais je suis surtout très satisfaite du fait qu'un petit noyau dur de fans me suit depuis le début et se procure mes disques.

CIF : Pourquoi le DVD comporte vingt titres, contre seulement dix-huit sur le CD ; pour une question de place ?
E : Oui (sourire) ; on ne peut pas mettre plus que telle durée sur un CD classique. Il m'a donc fallu trancher, supprimer deux morceaux, et tout naturellement mon choix s'est porté sur « Le temps tourne à l'orage » et « L'autre moitié » car ce sont - à mon goût - les moins bien réussis en Live ; ou en tous les cas sans l'image, juste avec le son.

CIF : Y a-t-il une tournée en province de prévue ?
E : Malheureusement non. Pour une question de budget, mais aussi de disponibilité de musiciens etc. Je suis déjà très heureuse d'avoir pu monter sur scène à Paris plusieurs soirs, même si je suis désolée pour mon public en province. Je sais par contre que beaucoup sont venus me voir à l'Européen. Et puis j'ai préféré faire plusieurs dates dans cette petite salle qu'une seule à l'Olympia par exemple, car non seulement je chantais plusieurs soirs, mais aussi cela laissait une plus grosse disponibilité à mon public en province de pouvoir venir.

CIF : As-tu des projets ciné ?
E : Quelques uns oui, mais pas assez avancés pour que je puisse en parler...

CIF : Es-tu déçu de ta place dans le cinéma français ?
E : Non. C'est aussi un choix personnel : j'ai refusé beaucoup de choses et puis la musique reste ma priorité.

CIF : Une vie de famille est aussi très prenante, non ?
E : C'est sûr... (sourire)

CIF : Pour finir, as-tu vécu à Munich, du temps où ton compagnon Bixente Lizarazu jouait au FC Bayern ?
E : Non je n'y ai jamais habité, en revanche je connais bien puisque j'y suis en effet allée à plusieurs reprises, du fait que Bixente y passait beaucoup de temps.

CIF : Merci Elsa pour cette longue interview...
E : Merci à toi.

Pour plus d'infos :
http://www.elsalunghini.org
http://www.elsalunghini.com

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