mardi 19 novembre 2024 17:11

Que valent les nouveaux albums de Clara Luciani, Damso et Linkin Park ? Nos critiques !

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Purecharts passe en revue trois albums phares de ce mois de novembre. Clara Luciani déçoit avec l'intime "Mon sang", Damso revient en force avec le percutant "J'ai menti" et Linkin Park renait de ses cendres sur "From Zero". Nos critiques !
Crédits photo : Thomas Cristiani / Luka Booth / James Minchin III

Clara Luciani | "Mon sang"


Bad blood. Trois ans après la machine à tubes "Coeur" (400.000 ventes), Clara Luciani revient avec "Mon sang", un nouvel album marqué la naissance de son premier enfant. Un événement puissant et plein de vie, qui a replongé la chanteuse dans ses racines, sa propre enfance, ses rêves de gloire. Dans ses angoisses aussi, elle qui évoque souvent le temps qui passe et la mort au fil des 13 pistes. Clara Luciani ouvre cependant son disque avec le tourbillonnant "Cette vie", pont parfait entre son précédent disque disco et celui-ci. Cordes dramatiques, clavecin, choeurs envoûtants et tendre nostalgie se mêlent sur ce parfait titre d'ouverture, éclatant et lumineux, qui laisse présager le meilleur. Malheureusement, le reste de l'album, plus sombre et redondant, n'est pas à la hauteur de cette introduction de haute volée. Un peu à l'image du premier single "Tout pour moi", un peu poussif, les autres titres proposés par Clara Luciani - dont la sublime voix n'est pas assez mise en valeur ! - manquent d'éclat, de créativité aussi. Côté paroles, entre quelques fulgurances poétiques et beaucoup de facilités ("Roule", "Allez", "Chagrin d'ami"...), elle développe des situations très imagées avec une certaine théâtralité, comme si elle écrivait sa propre comédie musicale. Ce qui n'aide pas ni la fluidité de l'écoute ni à l'identification de l'auditeur. D'autant que les thématiques (la fatalité de l'existence, les ruptures amicales, la solitude...) plombent sa proposition. Même quand elle convoque un peu d'énergie, comme sur "Seule", le refrain répétitif fait retomber le tout. Moins accessible que le précédent aux premières écoutes, peut-être nous faudra-t-il plus de temps pour apprivoiser "Mon sang"... JG

A écouter : "Cette vie" (un tube !), "Ma mère", l'automnal duo "Forget me not", l'intense "Mon sang"
A zapper : "Allez", peu inspiré, "Seule", "Chagrin d'ami", "Romance"


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Damso | "J'ai menti"


Que du saal. « Bienvenue dans ma folie ». C'est sur ces mots que Damso conclut les 34 minutes de "J'ai menti", son nouveau projet aussi événement que surprise. Car s'il avait annoncé prendre une pause jusqu'à la sortie de "Beyah", son ultime album programmé pour mai 2025, le rappeur belge fait finalement marche arrière et régale ses fans avec ce nouvel opus, le plus court de sa carrière. Peut-être le plus énervé aussi. Dès le « fuck you » introductif de "Chrome", le Belge prévient qu'il ne fait pas dans la dentelle. S'il évoquait sa vie de famille sur "QALF", Damso revient prêt à plier des barres de fer, multiplie les punchlines parfois politiques (« 12 millions d'Français qui votent RN, j'trouve ça délicat »), souvent misogynes (« Y'a pas d'respect comme celle qui attend de s'faire ken pour dire qu'elle a une MST ») et surtout introspectives. On le connaissait déjà intime mais Damso ne l'a peut-être jamais été autant, évoquant la solitude, ses relations conflictuelles et ses problèmes de santé mentale. Très attendus, les duos ne font pas tous mouche. "Tout tenter" avec Angèle est loin d'être le tube attendu : on préfère largement le percutant "Mony" en duo avec son frère Michkavie et le solaire "Alpha" avec Kalash, l'incontournable de l'album. Tour à tour rap, pop, électronique, afropop et lyrique, et décrit par le principal intéressé comme un « album de réconciliation », "J'ai menti" multiplie les influences pour accoucher d'un album plutôt convaincant, sans atteindre le sommet de ses prédécesseurs comme l'indépassable "Ipséité". Une parenthèse en soi, avant l'acte final "Beyah", que l'on espère explosif dans six mois. TB

A écouter : "Mony" et "Alpha", la doublette gagnante de l'album
A zapper : "Tout tenter", duo peu marquant avec Angèle






Linkin Park | "From Zero"


Nouvelle page. Le défi paraissait difficile à appréhender voire même impossible. Comment poursuivre l'héritage de Linkin Park sans la voix emblématique de Chester Bennington, qui en était l'âme ? Si certains rappellent (à raison) que Mike Shinoda a toujours joué un rôle pivot dans la formation, il fallait trouver quelqu'un capable de reprendre le flambeau sans dénaturer l'oeuvre conséquente du groupe nu metal. Rockeuse de talent, Emily Armstrong endosse ce rôle avec respect sur la nouvelle tournée mondiale de Linkin Park - qui s'arrêtera au Stade de France l'été prochain - et l'album "From Zero'', qui, après un interlude angélique en intro symbolisant la renaissance, ne s'embarrasse pas de fioriture et entre frontalement dans le vif du sujet avec "The Emptiness Machine". Explosif et remarquablement bien produit pour amener à la découverte d'Emily, le single, qui cartonne dans le monde, résume à lui seul tout le projet : c'est une continuité logique et naturelle autant qu'un souffle nouveau pour Linkin Park. La bande fait toujours fusionner avec une énergie dévastatrice rap, rock et metal sur les nerveux "Heavy Is The Crown'' et "Two Faced", rappelant l'ère "Hybrid Theory" et d'ores et déjà considéré comme « le son du siècle » par les fans, et met le champ lexical de la guerre, des flammes et de la destruction au centre de son jeu. Dommage que le disque, qui renoue davantage avec les fondamentaux de Linkin Park qu'avec ses plus récents travaux, soit condensé sur 10 titres seulement car toutes les idées ne prennent pas et l'ensemble, qui cherche surtout à convaincre, manque parfois de puissance émotionnelle. "From Zero'' constitue néanmoins une porte d'entrée réussie pour les néophytes, et une belle promesse pour le futur ! YR



A écouter : "The Emptiness Machine'', la bombe "Two Faced'', "IGYEIH", "Heavy Is The Crown"
A zapper : "Over Each Other" et "Casualty", trop dans la démonstration

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