On a écouté les albums de Shakira, Justin Timberlake et Ariana Grande : nos critiques !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
La rédaction de Purecharts passe en revue trois albums phares de la rentrée de ce mois de mars. Shakira soigne sa douleur en musique avec "Las Mujeres Ya No Lloran", Justin Timberlake signe un retour tiède avec "Everything I Thought It Was" et Ariana Grande renoue avec la pop sur "Eternal Sunshine". Nos critiques !
Crédits photo : DR

Shakira | "Las Mujeres Ya No Lloran"


Big Girls Don't Cry. Enfin ! Cela fait déjà sept ans que les fans de Shakira attendent le successeur de "El Dorado", sorti donc en 2017. Ils sont récompensés avec l'arrivée de "Las Mujeres Ya No Lloran" ("Les femmes ne pleurent plus"), intégralement en espagnol et directement inspiré par le divorce fracassant de la star et Gérard Piqué. Comme son nom l'indique, la chanteuse colombienne évoque ici sa douleur et sa vulnérabilité, mais transforme le tout en célébration sur des rythmes légers et synthétiques. Elle passe ainsi par de nombreuses émotions : colère, regrets, désir, nostalgie... Mais, construit sur plusieurs années et avec de multiples collaborateurs aux antipodes, le projet prend finalement plus la forme d'une compilation sans véritable ligne directrice musicale que d'un album-concept maîtrisé de bout en bout. Car on y retrouve pas moins de 10 collaborations (Cardi B, Karol G, Rauw Alejandro, Ozuna, Manuel Turizo, Bizarrap ou ses fils !), et sept pistes - les plus efficaces - déjà sorties ces trois dernières années (les tubes "TQG" ou "Te Felicito" avec Rauw Alejandro, en passant par le raz de marée "Shakira: Bzrp Music Sessions, Vol. 53"). On le sent, Shakira a souffert, mais elle est libre désormais et veut s'amuser ("Puntería"), tester de nombreuses sonorités (électro-pop, funk, bachata, afrobeat, reggaeton, pop-rock, sonorités traditionnelles mexicaines...). Sauf que ça part forcément dans tous les sens. Si son plaisir reste malgré tout communicatif, les nouvelles pistes sont un peu sages - tant niveau musique que paroles et productions - en comparaison aux singles tubesques déjà parus, alignés à la suite sur la deuxième partie du disque. Dommage ! On attend désormais la tournée pour venir faire la fête malgré tout ;) JG

A écouter : l'efficace mais basique "Puntería", la jolie ballade "Ultima", les bombes "Te Felicito" et "Shakira: Bzrp Music Sessions, Vol. 53", "Tiempo Sin Verte" qui rappelle l'ancienne Shakira !
A zapper : "La Fuerte", deuxième collaboration avec Bizarrap sans éclat, le rock "Cómo Dónde y Cuándo" en total décalage


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Justin Timberlake | "Everything I Thought It Was"


The 10/20 Experience. Justin Timberlake essuie les plâtres du retour le plus compliqué de l'année. Car celui qui pensait revenir au sommet se retrouve popstar non grata depuis les révélations explosives de Britney Spears quant à leur relation au début des années 2000. Avec "Everything I Thought It Was", sixième opus studio et premier depuis 2018, JT espérait faire fi de la polémique. Las. Certes, le début de l'album arrive à faire illusion. C'est d'ailleurs tel un retour aux sources à "Memphis" qu'il débute le disque avec ces quelques mots explicites : « I pray for peace within myself and no more regrets with it ». Et, s'ils arrivent après la fin de la vague des Dua Lipa, The Weeknd et consorts, les disco-pop-funk "Fuckin' Up The Disco" (co-produit par Calvin Harris), "Play" et "No Angels" font illusion et auraient fait de bien meilleurs lead singles que le fadasse "Selfish". Seulement plus l'album avance, plus il est difficile de rester convaincu par la proposition de Justin. Beaucoup trop long (77 minutes, 18 chansons !), "Everything I Thought It Was" multiplie les chansons tièdes et insipides, entendues mille fois et qui ne révolutionnent aucunement le genre, en l'occurrence une sorte de R&B/disco-pop répétitive. Ce qui est d'autant plus compliqué après six ans d'attente. Même ses rares duos, lorsqu'il retrouve ses camarades de *NSYNC ou s'associe au phénomène Fireboy DML, ne font pas d'étincelles. Au bout du long chemin, en résulte un album manquant cruellement de moments forts et de prises de risque. On comprend d'autant mieux le silence gêné qui entoure ce retour, tel un véritable pétard mouillé. TB

A écouter : "Fuckin' Up The Disco", "No Angels" et "Sanctified", les trois titres les plus marquants
A zapper : "Selfish", un choix de lead single très discutable, "Flame", l'interminable "Technicolor", "Alone"





Ariana Grande | "Eternal Sunshine"


L'épine dans le coeur. Accaparée par l'adaptation cinématographique de "Wicked", Ariana Grande est restée bien discrète depuis la parution de l'oubliable ''Positions'' en 2020. Un disque dépossédé d'instants pop croustillants qui n'avait, hélas, pas grandement marqué les esprits. Sur ''Eternal Sunshine'', Ariana Grande corrige heureusement le tir ! Tout droit emprunté à la house aux années 90, la bombe "Yes, and ?" ramène le public sur le dancefloor avec aplomb et assurance pour réaffirmer le statut de popstar de la chanteuse américaine. Bien sûr, son amour pour le R&B et la dissection des relations amoureuses reste l'essence de sa musique, mais Ariana Grande sait muscler sa proposition sur ''Bye'', au texte libérateur et enivrant, lorsqu'elle fait monter la température sur ''Supernatural'' (proposé aussi en duo avec Troye Sivan) ou avec le tubesque ''We Can't Be Friend'', qui délivre deux sens de lecture sur son histoire très médiatisée avec Ethan Slater et sa relation d'amour/haine avec la presse. Il est dommage que l'artiste, entourée de la crème des producteurs suédois (Max Martin, Ilya, Oscar Görres), reste coincée dans des références évidentes (Madonna, Robyn, Brandy et Monica...) sans trop faire bouger les lignes - même si, on lui accorde ce point, elle ne cède pas à mode des samples faciles qui polluent l'industrie actuelle. La beauté de sa voix, toujours aérienne et impeccable, suffit à créer la magie malgré tout ! YR




A écouter : ''Yes and ?'' (mais fuyez sa version inutile avec Mariah Carey), ''Supernatural'', l'obsédant ''The Boy Is Mine''
A zapper : "I Wish I Hated You'', qui ne brille ni par ses paroles ni son tempo

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