Crédits photo : Cover
Comme depuis quelques années maintenant, le rap est le courant musical le plus écouté en France. Et cette année 2023 ne fait pas exception, le genre étant toujours plébiscité par le public. Forcément, les propositions artistiques sont toujours plus nombreuses pour contenter des auditeurs de plus en plus exigeants. Si les projets de hip-hop ont été légion cette année encore, peu d'albums ont finalement bénéficié d'un grand plébiscite populaire. La faute probablement à des têtes d'affiche qui, pour l'instant, sont restés relativement discrètes, si ce n'est totalement muettes. Toutefois, certains artistes sont parvenus à sortir du lot, et les internautes ont décidé d'essayer, tant bien que mal, de les départager.
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Un débat subjectif
Les quatre propositions qui reviennent le plus à la question "Quel est le meilleur album rap de l'année ?" sont les suivantes : Ninho avec
"NI", Jul avec
"C'est quand qu'il s'éteint ?", Hamza avec
"Sincèrement" et Djadja et Dinaz avec les deux volumes de "Alpha". Il s'agit des projets de rap français qui se sont les mieux vendus depuis le début de l'année civile. Alors, pour commencer, que disent les chiffres justement ? Et bien pour l'instant, c'est Hamza qui arrive en tête avec plus de 151.000 exemplaires écoulés. Derrière, on retrouve Djadja et Dinaz grâce à leurs 126.000 ventes, devant Jul et ses 117.000 disques de son dernier opus. Enfin, Ninho, qui a lui même jugé
ses résultats comme « décevants », en est à 104.000 passages en caisses. Si tous sont d'ores et déjà certifiés disques de platine, cette comparaison ne fait pas forcément sens puisque le classement correspond aux sorties par ordre chronologie : janvier pour Hamza, mars pour Djadja et Dinaz, mi-juin pour Jul et fin juin pour Ninho. On peut également noter que Maes, qui a obtenu un disque d'or et dépasse actuellement les 82.000 ventes avec "Omerta", livré le 10 mars dernier, ne figure pas dans la discussion et semble n'avoir convaincu que ses fans les plus fidèles.
Qu'en disent les internautes ? Et bien les avis sont, sans surprise, particulièrement divergents. Toutefois, "Sincèrement" d'Hamza semble se légèrement se détacher. Il faut dire que le rappeur bruxellois a fait particulièrement fort avec son dernier effort, arrivant peut-être pour la première fois de sa carrière, en tout cas à ce point, à coupler parfaitement sa proposition artistique singulière et exigeante avec ses ambitions commerciales plus mainstream, lui qui a longtemps opéré dans l'ombre des têtes d'affiche malgré des projets particulièrement qualitatifs. Pour Jul, l'équation est quelque peu différente. Le rappeur marseillais est tellement populaire que ses fans le défendent corps et âme, bien que son disque ne soit finalement pas très marquant, bien que réussi, au sein de sa discographie pléthorique. À l'instar d'un Naps par exemple, qui a dévoilé
"En temps réel" uniquement pour obtenir des hits, tout comme Heuss L'Enfoiré avec "Chef d'orchestre".
Des projets en pagaille
Pour Ninho, son album s'est révélé bien différent des attentes, avec beaucoup de mélodie et de nostalgie, là où on pouvait l'imaginer davantage kickeur pour signer un disque explosif, à l'instar de
ses freestyles livrés quelques semaines avant. Si "NI" demeure un bon album, il pâtit de la réputation de ses prédécesseurs. Pour Djadja et Dinaz, c'est un autre contexte puisque les deux artistes ont encore un peu plus poli leur formule artistique pour ce sixième album studio. Si la cover est tout simplement splendide, leur ambition n'a jamais été autre que d'offrir une oeuvre abordable, souvent positive, sans être forcément très audacieuse et révolutionnaire musicalement parlant.
De plus, il s'agit ici seulement de ceux qui ont cartonné d'un point de vue commercial. Nombre de concurrents redoutables, bien que plus confidentiels pour le grand public, peuvent revendiquer le titre officieux de meilleur album de rap français de 2023, jusqu'à présent. On peut notamment penser à Luidji avec son sublime et subtil "Saison 00", Kekra qui évolue à meilleur niveau sur "Stratos", le "Taulier" qu'est Niro, Ateyaba qui a poussé les curseurs très (trop ?) loin avec "La vie en violet", l'expérimental Winnterzuko avec "Winntermania", Varnish la Piscine toujours aussi créatif et inspiré sur "This Lake is Successful", TripleGo et son raffiné "Gibraltar", le hitmaker Gambi avec l'étonnant "N'A Stragia", le regretté Luc Resval avec
"Mustafar" ou encore la révélation Werenoi avec son "Carré", certifié disque d'or. Difficile également de ne pas mentionner PLK, bien qu'il s'agisse d'un EP, qui a brillé avec
"2069'". Sadek a également signé un retour en grande pompe, avec déjà deux albums et un troisième à paraître prochainement, bien que son impressionnante productivité diminue l'éventuel impact d'un seul de ses disques. Si Bekar et Georgio se sont distingués avec respectivement "Plus fort que l'orage" et
"Années Sauvages", le ténébreux Ziak, dans un tout autre registre, a lui signé son retour au premier plan avec "Chrome", tout comme le sombre Ashe 22 avec "Vingt-deux". Autant de propositions qui pourront être évoquées par les fans au moment de se lancer dans ce débat sans véritable conclusion. De toute façon, il n'y a ni bonne ni mauvaise réponse. Et ce, d'autant plus que l'année n'est pas encore finie...