Gilles Dreu

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La chanson française des années 60 perd l'un de ses plus fiers représentants. Le chanteur Gilles Dreu, de son vrai nom Jean-Paul Chapuisat, s'est éteint à l'âge de 90 ans dans la matinée de ce mardi 7 janvier à son domicile de Vals-les-Bains, situé en Ardèche. C'est son producteur Pierre-Nicolas Cléré qui annonce sa triste disparition « au nom de la famille » à l'AFP. Il y a quatre ans, l'artiste avait révélé souffrir d'une récidive d'un cancer de la prostate contre lequel il luttait depuis 2001. Il avait, en même temps que cette annonce, publié son 16ème et dernier album "Le Comptoir des amis", sur lequel le public pouvait retrouver des duos avec ses amis proches dans le métier comme Serge Lama, Fabienne Thibeault, Didier Barbelivien ou Gérard Lenorman. Entre temps, et malgré son combat contre la maladie, Gilles Dreu a continué de se produire en concert, notamment à l'Olympia en 2023. En février dernier, il mettait un terme définitif à sa carrière scénique avec un ultime rendez-vous à Saint-Pierre-du-Chemin, en Vendée. « Je ne serai plus chanteur demain matin. Ce soir, c'est vraiment la dernière fois. Et, même si je me suis vanté de ne jamais avoir le trac, ce soir, je l'ai » avait-il alors confié avec émotion.

"Je me rêvais champion olympique"

Sa carrière musicale, Gilles Dreu, dont le nom de scène est un clin d'oeil à Dreux, sa ville de naissance, la doit à un drôle de coup du destin. Les études de celui qui ambitionnait de devenir prof de gym, avec son physique athlétique et sa forte carrure, sont interrompues par son entrée dans l'armée. Après 30 mois en Algérie, il rentre en France avec une nouvelle passion : la musique ! C'est à la suite d'un pari entre amis qu'il tente sa chance au "Tire-bouchon", un cabaret réputé de Montmartre, en 1959, et se met à côtoyer d'autres artistes comme Bernard Dimey, Daniel Prévost, Pierre Richard, Victor Lanoux ou un jeune Serge Lama débutant.

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Si sa première chanson "Filles de Garches, enfants de Puteaux" ne rencontre pas le succès escompté, sa rencontre en 1966 avec Norbert Saada, le producteur de Hugues Aufray, lui permet d'enregistrer "Alouette, alouette", qui le propulse sous les feux de la rampe en plein Mai 68. « La chanson aurait pu passer inaperçue. Or, on était dans une ambiance latino-américaine en 68, période révolutionnaire. J'avais un physique, moustache et cigare, qui évoquait un peu Che Guevara en poster dans toutes les chambres d'étudiant » souriait-il en 2023 pour la revue Schnock, amusé : « Au départ, Jean-Claude Pascal a refusé cette chanson. Toute ma vie a été un malentendu ! Je me rêvais champion olympique, je suis devenu vedette de la chanson ».




Évoluant dans le cercle proche d'Eddie Barclay, Gilles Dreu peinera à réitérer ce premier et grand succès, mais il enregistra plus de 200 chansons tout au long de sa vie, marquée par des drames successifs : son fils aîné Christophe se suicida à 8 ans et sa fille Dominique fut emportée par un cancer de l'utérus. Outre la musique, la « gueule de voyou » de l'artiste lui avait ouvert les portes de la comédie. Il tourna pour le cinéma de Claude Chabrol, avec Bourvil, et présentera même des émissions de télévision dans les années 70 sur Télé Monte-Carlo. Une existence bien remplie qui trouve donc son point final six mois après la célébration de son 90ème anniversaire. Toutes nos pensées vont à ses proches et à ses fans.