Crédits photo : Abaca
Des salles qui restent les portes closes,
des concerts annulés à la pelle, des
albums reportés de plusieurs mois... L'industrie du spectacle vivant est frappé de plein fouet par la crise sanitaire et économique générée par la pandémie mondiale de coronavirus, qui force la France au confinement général pour désengorger les hôpitaux surchargés de malades. Les pertes pourraient s'évaluer autour du milliard d'euros selon un producteur qui s'est confié au
Parisien. «
C'est dix fois pire qu'après le Bataclan et les attentats de novembre 2015 (...) La période qui débute est extrêmement importante pour nous, avec le retour des festivals et des grandes tournées » s'alarmait Olivier Darbois, le président du PRODISS, le 10 mars dernier, alors que les restrictions liées à l'épidémie commençaient à être mises en place.
"Vous pouvoir choisir de ne pas vous faire rembourser"
Un contexte particulièrement fragile pour les artistes et les acteurs du secteur culturel comme l'a rappelé le chanteur Tim Dup, dont la tournée pour défendre l'album
"Qu'en restera-t-il ?" a été brutalement interrompue. «
C'est un immense coup dur pour le spectacle vivant. Mais bien sûr, nous nous plions à cette responsabilité qui est la nôtre » a-t-il écrit le 14 mars, avant de proposer aux spectateurs de faire preuve de solidarité : «
Si vous avez la possibilité et l'envie, en ce qui concerne vos billets de concert pour les dates annulées, sachez que vous pouvez choisir de ne pas vous faire rembourser. Je ne force la main à personne, mais il faut avoir conscience que ça peut aider nos lieux culturels à y perdre moins dans cette nébuleuse affaire ». Cet appel, d'autres artistes l'ont relayé à leur tour sur les réseaux sociaux sous différentes appellations comme #JeGardeMaPlace, #ReporteTaVenue ou #SauveTonSpectacle. Une initiative soutenue par le Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacles (SNES) et le Syndicat National du Théâtre Privé (
SNDTP), qui invite les spectateurs à «
faire don de leurs billets », «
face à la crise financière majeure que vont connaitre les lieux producteurs de spectacles et l'ensemble de la filière de la création artistique ».
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22 millions d'euros d'aide débloqués
Comme le souligne l'AFP, les intermittents du spectacle sont les plus durement touchés par la situation actuelle car la suspension des shows entraîne une baisse du rythme de travail. Or, pour percevoir leur régime d'allocations chômage en France, un minimum de 507 heures d'activité en un an est requis. Pour pallier au gouffre financier qui se profile à l'horizon, le ministre de la Culture Franck Riester a annoncé mercredi l'instauration d'une première «
aide d'urgence » de 22 millions d'euros pour la musique, le spectacle, l'édition et les arts plastiques. D'autres «
mesures spécifiques » suivront. «
Nous devons tout mettre en oeuvre pour assurer leur survie. C'est l'avenir même de notre modèle culturel qui est en jeu » a déclaré le ministre. Notons que ce mouvement pour préserver l'ensemble de la profession artistique se décline aussi à l'international : sur le même modèle, les hashtags #nevaltsvisszajegyet (ne renvoyez pas vos billets), #DonateYouTicket (donnez vos billets) et #ichwillkeingeldzurueck (je ne veux pas qu'on me rende mon argent) ont été lancés en Hongrie, en Grande-Bretagne et en Allemagne.