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Le service hospitalier souffre. Depuis la mi-mars, de nombreux services d'urgences d'hôpitaux de la France entière se sont mis en grève. Leur but ? Obtenir «
un vrai dialogue social » et la prise en compte de «
la réalité du terrain des aides-soignants, des infirmiers et des médecins » : «
On ne veut plus de plan d'économies, on ne veut plus de fermetures de lits, on veut des augmentations de salaire parce qu'aujourd'hui les infirmières sont parmi les plus mal payées de toute l'Europe. On demande une augmentation du budget des hôpitaux de 5% cette année pour nous permettre de souffler » clame Christophe Prudhomme, le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France à
franceinfo. Et ce, malgré les mesures annoncées par Agnès Buzyn le mois dernier. Alors que le mouvement pourrait s'étendre à d'autres secteurs hospitaliers, un récent sondage Odoxa pour franceinfo et Le Figaro, affirme que 89% des Français soutiennent les urgentistes.
"Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables"
Si la grève ne cesse de croître (plus de 200 services d'urgence le sont), les médecins urgentistes vont avoir un soutien de poids. En effet, 108 célébrités ont décidé de soutenir le mouvement et d'envoyer une lettre ouverte à Emmanuel Macron, comme nous l'apprend
Le Parisien. «
Les difficultés daccès aux soins saccroissent, la qualité et la sécurité des soins se dégradent et nous observons lépuisement et linquiétude des personnels hospitaliers. Ces difficultés, les usagers de lhôpital public les constatent tous les jours et en parlent dans les courriers quils adressent aux directions hospitalières. Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de lhôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables » peut-on lire dans la lettre, notamment signée par les comédiens Pierre Arditi, Richard Bohringer, Philippe Torreton, Vincent Lindon mais aussi les chanteurs Gilbert Montagné, Charlotte Gainsbourg, Lomepal, Clara Luciani ou encore Véronique Sanson. Tous demandent au gouvernement une revalorisation des salaires, un personnel renforcé ainsi que l'ouverture de davantage de lits.
"Beaucoup d'infirmières sont au bord du burn-out"
Dans une interview accordée au
Parisien, l'interprète de
"Besoin de personne" se confie sur ce qu'elle a pu vivre dans le milieu hospitalier, lorsqu'elle a été soignée pour un cancer de la gorge. «
J'ai été tellement malade que je connais très bien les hôpitaux. Je sais ce qu'il s'y passe ! » explique la chanteuse qui loue la gentillesse et la bravoure du personnel hospitalier : «
Alors que je voyais le médecin tous les deux jours, les infirmières, elles, étaient là tout le temps. Extraordinairement humaines, elles m'ont beaucoup remonté le moral. J'ai vraiment une grande admiration pour leur travail. Souvent, je les voyais la nuit puis à nouveau le lendemain et je leur disais : mais comment faites-vous pour tenir ? Elles me répondaient, on n'a pas le choix. Beaucoup sont au bord du burn-out. Elles donnent tout alors qu'on ne leur donne rien » . En acceptant de signer cette lettre,
Véronique Sanson veut donc sensibiliser le Président de la République à la réalité de l'hôpital public.
«
On laisse les professionnels dans la galère, les gens meurent aux urgences. Il n'y a pas assez de lits, on fout les patients dehors le lendemain d'une opération parfois grave. Je suis furibarde ! Tout ça pour une question de rendement. Et pourtant, il n'y a pas une seule personne qui ne se retrouvera pas un jour à l'hôpital, même les grands de ce monde » conclut Véronique Sanson. Le quotidien francilien nous apprend que, depuis ce matin, une carte postale est disponible dans tous les centres hospitaliers français avec la phrase : «
Je suis usager de l'Hôpital public et je constate que le manque d'effectifs affecte ma prise en charge et l'accueil qui m'est fait ». Une carte que patients et professionnels pourront envoyer au Chef de l'Etat.
La lettre adressée à Emmanuel Macron
«
M. le Président de la République Française
Palais de lElysée
55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris
« Monsieur le Président,
Le Grand débat que vous avez organisé a réclamé « plus de service public ». Il a mis au premier rang la Santé et lHôpital public.
Pourtant la situation sur le terrain est devenue réellement intenable : les difficultés daccès aux soins saccroissent, la qualité et la sécurité des soins se dégradent et nous observons lépuisement et linquiétude des personnels hospitaliers.
Ces difficultés, les usagers de lhôpital public les constatent tous les jours et en parlent dans les courriers quils adressent aux directions hospitalières.
Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de lhôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables. On ne peut plus, vous ne pouvez plus attendre de nouveaux drames pour mettre en uvre un plan durgence pour sauver lhôpital public.
Nous, usagers de la santé et citoyens, soutenons la demande des personnels hospitaliers dun financement supplémentaire, nécessaire pour :
- Assurer louverture de lits afin que les malades puissent être hospitalisés quand cest nécessaire et quils ne passent plus des heures voire des jours à attendre couchés sur des brancards ;
- Embaucher le personnel nécessaire dans tous les services pour assurer laccueil, la sécurité, la qualité et la continuité des soins ;
- Revaloriser les salaires des personnels hospitaliers sachant que nous sommes en 26e position sur les 35 pays de lOCDE pour le salaire des infirmières.
Lhôpital public a besoin de réformes mais aussi et surtout de moyens pour assurer ses missions dans des conditions acceptables pour les patients et pour les soignants.
Croyez, Monsieur le Président de la République, à notre meilleure considération ».