TJ Jackson en interview : "La barre est haute quand tu viens de la famille Jackson"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Pour sa toute première interview, TJ Jackson se confie sur sa carrière solo qu'il démarre avec la chanson "Insomnia". Pour Pure Charts, le chanteur explique sa démarche, se plonge dans ses souvenirs avec les 3T et évoque son oncle Michael Jackson.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Alors que le public t'a toujours connu comme 3T, tu te lances en solo. Pourquoi ?
J'ai tellement de musique en moi. Faire de la musique avec les 3T c'est génial, c'est une expérience différente. Mais le faire à ma façon, ça me permet de me montrer tel que je suis. A 100%. J'aime travailler en équipe donc quand on fait de la musique ensemble avec mes frères, je suis toujours très impliqué. Là, en solo, j'ai la liberté de faire exactement ce que je veux faire. J'ai eu le sentiment que c'était le bon moment.

Ça me paraissait être le bon moment
Pourquoi maintenant ?
(Sourire) Taryll a son projet solo, Taj se consacre à des projets de films. Ça me paraissait être le bon moment. Il y a deux ans, je suis allé à Nashville pour écrire pour d'autres artistes. C'est quelque chose qu'on a toujours fait. J'y allais toutes les deux semaines environ. Et après un an à faire ça, je commençais à entendre ce que pourrait être mon propre projet. J'ai trouvé un producteur que j'aimais beaucoup, il est humble, talentueux et il était très impatient de créer avec moi. On a donné naissance à des chansons et c'est comme ça que tout a commencé. C'était le bon moment mais aussi la bonne façon de le faire.

A l'époque du succès avec les 3T, tu n'as pas eu envie de lancer ta carrière solo ?
Non, du tout. Jamais. Quand on était au sommet, tout tournait autour des 3T pour nous. Quand tu grandis, tu commences à avoir des intérêts différents, chacun a envie d'aller dans une direction, ce qui est normal. Il y a 20 ans, je n'y ai jamais pensé.

Tu avais dû avoir des propositions de projets solo à l'époque, non ?
Jamais ! Ou en tout cas, je ne suis pas au courant. Peut-être que Sony ne m'a pas tout dit ! (Rires) Je ne pense pas que les labels aient pensé à ça. C'est ce qui était bien aussi en étant un Jackson, c'est qu'on était préparé à tout ça. Avant que ça marche pour nous, on nous avait prévenu qu'on chercherait sans doute à nous séparer. On était des ados ! Et ça ne nous a jamais atteint. Ce genre de propositions, si elles ont existé, ne sont jamais parvenues jusqu'à nous, notre famille nous protégeait.

Les 3T ce n'est pas fini !
Et donc les 3T, c'est fini ?
Ah non ! De toute façon, on est frères, et ça on le restera. Avant de faire ce projet solo, je me suis posé la question : "Mais si je fais ça, qu'est-ce que les 3T vont devenir ?". J'avais un peu peur. Mais ce qui est intéressant, c'est que depuis que je travaille sur mon premier single et mon premier clip, je me sens beaucoup plus en confiance par rapport aux 3T. Là, je fais juste un petit écart mais les 3T vont revenir prochainement, c'est certain ! En tout cas, si mes frères sont toujours partants, moi aussi ! (Rires)

Taryll et TJ te soutiennent dans ce projet, j'imagine ?
Absolument ! C'est comme ça qu'on a été élevés. Depuis l'enfance, à chaque fois, on allait voir les uns et les autres en fonction de leurs projets. Si un de mes frères avait un match de basketball, on y allait tous. Notre mère a toujours fait en sorte qu'on soit dans cette optique, de toujours se soutenir les uns les autres.

Tu leur as fait écouter ton single "Insomnia" ?
Non, il n'ont pas écouté encore. Le seul membre de la famille qui a pu l'écouter, c'est mon père. Je me souviens, on était à l'hôpital avant la mort de mon grand-père, et je venais de faire pas mal de musique. Je me suis retrouvé seul avec mon père et je lui ai dit : "Est-ce que je peux te faire écouter quelques chansons ?". Il a souri et il m'a demandé quand est-ce que ça sortait. C'était il y a près d'un an. C'était une belle expérience, ce moment avec mon père qui écoute ce que je suis vraiment.

Je n'ai jamais ressenti de pression
Etant de la famille Jackson, est-ce que tu ressens une pression sur les épaules quand tu sors quelque chose ?
(Il sourit) Quand j'étais avec les 3T, on nous posait tout le temps cette question. Michael était au sommet de sa carrière, Janet cartonnait. Et j'avais tout le temps la même réponse : "Je n'en ai aucune". Et c'est vrai ! Je n'en ai jamais ressenti. J'ai toujours été à l'aise avec ce que je faisais. Aujourd'hui, c'est un peu différent car je suis seul à défendre mon projet. Mais ça ne m'arrêtera jamais de faire quoi que ce soit. Et c'est très important. Je suis vraiment bien dans mes baskets. Ce que je présente là, c'est moi, que vous aimiez ou non, c'est comme ça, c'est moi. Je crois en ce que je fais et j'ai hâte de le partager avec le monde entier. Je n'ai peur de rien.

Ecoutez "Insomnia", le premier single solo de TJ Jackson :



Ton premier single "Insomnia" est une chanson très sensuelle. Comment est-elle née ?
(Rires) C'est vrai... On était en train d'écrire avec quelques producteurs et des auteurs. Cette chanson romantique et soul est née toute seule, de ce que je vivais, de ce que je ressentais à ce moment-là. J'adore écouter ce genre de musique, c'est sans doute ce que je préfère écouter d'ailleurs. Je crois que les gens pourront être surpris, et je le comprends, car on imagine encore que je suis cet adolescent de 16 ans de l'époque, qui est dans un boys band. (Rires) Mais je ne le suis plus ! J'ai grandi alors je fais une musique d'adulte, quelque chose qui me ressemble aujourd'hui. Et puis quand tu réfléchis bien, nos plus gros succès, "Anything" ou "I Need You", c'était des ballades.

La barre est haute en termes de succès quand tu viens de la famille Jackson
Il y a des mots en français à la fin de la chanson, c'était important pour toi ?
J'en ai eu l'idée, oui. Mon oncle Michael nous a toujours dit d'inclure le monde dans nos chansons, nos paroles, dans nos clips ou nos photos. J'ai toujours écouté ses conseils. Dans cette chanson, j'ai toujours vu une référence à la France. Pour moi, le langage est romantique, Paris aussi, les Français le sont. Je voulais que quelqu'un dise quelques mots en français. Dans le clip, il y aura une intro dans votre langue aussi. La France a toujours été très importante pour nous. C'est comme une deuxième maison. Même si je ne peux pas parler français, j'ai toujours aimé le rythme de votre langue. C'était logique pour moi.

Tourner le clip à Paris, ça fait partie de la même démarche, j'imagine ?
Exactement. Je ne suis là que pour trois jours ! Mais je le voulais depuis le début, quelque chose de très romantique, de très parisien. Tout le monde dans mon équipe me disait de le faire à Los Angeles car on a tout ce qu'il faut là-bas. Mais c'était hors de question ! (Rires) Je voulais que ce soit à Paris.

Tu te souviens d'un moment fort en France ?
La barre est haute en termes de succès quand tu viens de la famille Jackson ! (Rires) Et quand je repense aux 3T, c'est tout de suite lié à la France. A l'époque, oui, on entendait nos chansons à la radio un peu partout, on recevait des disques d'or, on nous disait : "C'est super, ça marche !". J'étais content mais je n'étais pas tellement impressionné. Ce n'est qu'en expérimentant le succès en France que j'ai compris ce que c'était. Je me souviens qu'on a fait une émission avec Jacques Martin, c'était la folie, les fans criaient et se jetaient sur nous, on n'avait même pas pu finir notre live. Ça, pour moi, c'était réussir ! On était dans un autre niveau. On l'avait vu chez les autres, que ce soit les Beatles ou notre oncle Michael, mais là on le vivait. Notre plus grand succès, c'était ici !

L'album va surprendre les gens
Avec cette carrière solo, tu as des exigences en termes de succès ?
C'est encore une question très intéressante. En fait, je vais te dire, tu es ma première interview pour ce projet solo, alors je m'étais imaginé plein de questions que j'aimerais qu'on me pose et je réfléchissais à ce que je répondrais. (Rires) Pour te répondre, le plus important pour moi, c'est l'impact que ma musique aura sur les gens. Que ce soit sur une personne, un million ou dix millions d'auditeurs, j'aimerais qu'ils ressentent ma musique. Je ne veux pas d'un amour superficiel. Je vais te raconter un truc, encore lié à la France.

Tu as l'air d'avoir beaucoup de souvenirs ici !
Oui ! C'était il y a 15 ans, dans un aéroport en France, je ne sais plus lequel. Un employé de la compagnie aérienne est venu vers moi, il m'a pris dans ses bras en nous disant "merci", je ne comprenais pas du tout ce qu'il se passait. Il nous parlait en français mais on ne comprenait pas. Un collègue à lui est venu et nous a dit qu'il venait de marier sa fille, et que le couple avait dansé sur une de nos chansons, "Anything". Ce genre d'expériences, c'est incroyable. On me dit souvent : "Je suis tombé amoureux sur cette chanson" ou "J'ai rencontré mon mari sur cette chanson". C'est magnifique. Ça vaut bien plus que n'importe quelle récompense.

Qu'est-ce que tu peux me dire sur l'album qui arrive ?
Ça va surprendre les gens, je pense. Tout sera joué avec de vrais instruments, en live, avec des trompettes, des cordes, des basses, des guitares, des percussions. J'ai prêté une attention particulière à la production. Ce sera brut, authentique. Je suis très fier du son que je vais proposer, j'ai l'impression qu'il est intemporel. Je ne voulais pas m'enfermer dans un style. Aux Etats-Unis, c'est souvent comme ça, tu fais un album avec un certain son et tu y restes fidèle après. Encore une fois, ma famille, et surtout Michael, a toujours eu l'habitude de ne pas respecter les modes, les formats et de multiplier les influences.

Quand est-ce que l'album sortira ?
En novembre. Donc très vite ! Ce sera d'abord un EP, comme une première étape, et après il y aura l'album mi-2020. C'est à peu près fini, j'ai beaucoup de titres déjà prêts.

Je pense tout le temps à Michael
Il y a quelques jours, Michael Jackson aurait fêté ses 61 ans. Comment le vis-tu chaque année ?
C'est un jour unique. Je l'écoute souvent, ses chansons passent tout le temps à la radio, on parle souvent de lui, de ce qu'il a accompli. Si j'allume ma télé, je vais tomber sur lui à un moment. C'est comme ça tous les jours, mais celui-là est spécial. Mais je me focalise beaucoup sur ses enfants, je vérifie s'ils vont bien, comment ils vivent ça. J'ai vécu une expérience similaire, j'ai perdu ma mère quand j'étais petit. Quand ça t'arrive, tu penses tous les jours à tes parents. Ça peut te rendre très triste et puis tu peux penser à un bon moment, et ainsi de suite. Je fais de mon mieux pour être très proche d'eux pour être là si besoin.

Durant ce processus d'album solo, tu penses souvent à ce que Michael ferait, à ce qu'il te dirait ?
Tout le temps. Je ne pense pas que les gens se rendent compte à quel point il s'est impliqué dans notre carrière avec les 3T. C'était presque un père. On se disait entre nous qu'il était le membre caché des 3T ! Il nous appelait tout le temps pour nous conseiller. Parfois même en pleine nuit ! (Rires) Il était aussi impliqué que nous l'étions. A l'origine, on s'appelait The 3T's, et c'est lui qui nous a dit de nous nommer 3T. Pareil pour les pyjamas. On en portait tout le temps, on était trop flemmards pour se changer. Pour nos clips, il nous disait : "Non, ne vous changez pas, restez en pyjama ! C'est ce que vous portez tout le temps. C'est très cool !". Il y a tellement de choses qui viennent de lui. C'est dans ma tête. Ce que je suis en tant qu'artiste, je lui dois.

Dernière question, as-tu prévu de partir en tournée ?
Pour l'EP, je vais me focaliser sur la promotion mais l'été prochain, pour la sortie de l'album, je programmerai des concerts, c'est sûr.

Ce seront tes premiers concerts seul sur scène ?
Oui ! Je suis très nerveux mais je vais devoir bien me préparer. C'est aussi pour ça que j'attends l'an prochain, il faut que travaille ça au mieux. Je le ferai, c'est un vrai challenge !

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