Crédits photo : Purecharts

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Zazie est actuellement sur les routes de France pour le "Nouvel Air Tour", deuxième partie de sa tournée qui se joue dans des salles plus intimistes après une série de concerts dans les Zénith. Ce lundi soir au Grand Rex, l'artiste et coach de "The Voice" a interprété ses plus grands succès comme "Rodéo", "Rue de la paix", "Je suis un homme" et bien évidemment "Zen", son premier tube sorti en 1995 et qui lui a valu la gloire. Mais comment est née cette chanson devenue un classique ? C'est l'objet du nouvel épisode du podcast "Face A" de Purecharts, disponible sur toutes les plateformes de streaming. « Est-ce que la fille, elle se souvient du jour où est né "Zen" ? » débute Zazie avec malice à notre micro, avant de se souvenir d'un dimanche très productif avec Pascal Obispo : « Il a toujours une guitare dans les mains ou un piano incrusté dans le disque dur. Il commence mollement [à gratter à la guitare] et au bout de pas longtemps, il y avait déjà ce couplet très sympa. D'un coup, je lui sors le refrain et puis on se dit qu'il est marrant ce titre. Mais on savait pas qu'il allait s'appeler "Zen" ».

"Quelques articles qui m'ont fortement déplu"

Si elle l'a appelé "Zen", c'est parce que Zazie ne l'est pas du tout ! « J'avais besoin de me prouver que je pouvais l'être » estime la chanteuse, révélant alors le vrai sens de la chanson. En réalité, "Zen" est une réponse aux critiques acerbes qu'elle a reçues à l'époque. En effet, son premier album "Je, tu, ils" (1992) ne se vend qu'à 30.000 exemplaires mais lui permet d'enregistrer dans les studios Real World de son idole Peter Gabriel, et d'obtenir une Victoire de la Musique de la Révélation de l'année en 1993 face à Mathilda May et Princess Erika. « J'avais eu quelques articles qui m'avaient fortement déplu dans la presse. Parce que je n'avais pas encore l'habitude et l'impression que je devais croire tout ce qu'ils disent » rappelle Zazie, qui voit dans "Zen" sa propre version « plus tendre » du "Presse qui roule" de Florent Pagny, qui lui avait valu pas mal d'ennuis au début des années 90 : « Des articles pas très sympas qui parlaient surtout de la taille de mes jambes, mais pas tellement de ma musique. Ça m'a un peu déconfite ».

"Ça fait un truc un peu bizarre"

D'où la première phrase de la chanson, « Un canard dans la café, j'ai du mal à digérer » : « Le canard étant le journal. Personne ne l'a vu ! ». Après l'ajout de cordes, "Zen" « commençait à avoir une bonne tête joyeuse ». Et si Zazie décelait qu'elle avait là quelque chose de particulier, elle n'a jamais pensé que cette chanson deviendrait un si gros tube : « On s'est simplement dit que parmi les autres chansons, celle-là avait un truc un peu happy ». "Zen" sort le 4 mars 1996 en tant que deuxième single de l'album éponyme, quelques mois après Larsen, « une carte de visite un peu plus lente, sérieuse ». « Et même si "Zen" partait d'un propos [un peu énervé], elle avait une pensée de [formule] magique, comme un produit de beauté » rappelle la chanteuse : « On ne pouvait pas imaginer, surtout que "Larsen" a mis très longtemps à fonctionner en radio, que les gens auraient le même accueil avec "Zen". On était ravis : "Larsen" avait bien marché, "Zen" marchait bien donc on était un peu sur un petit nuage ».

Cette ritournelle entêtante qu'est "Zen" se classe à la 23ème place des charts français et porte l'album du même nom, qui s'écoule à plus de 450.000 exemplaires, boostant la popularité de Zazie. Pour le meilleur et pour le pire. « Au début j'avoue, il y a des trucs assez narcissiques mais assez agréables » s'amuse la chanteuse, évoquant le moment où elle a entendu son titre dans un magasin de chaussures ou lorsqu'elle a réservé un restaurant chic par la seule force de son nom et de sa nouvelle popularité : « Au début ça fait un truc un peu bizarre d'être son propre public, parce que la musique qu'on écoute, c'est pas celle qu'on fait ». Mais elle parle aussi des « retors » et des gens qui se souviennent soudainement d'elle, « aux membres de la famille qui vous demandent de l'argent » : « Si on entame ce métier en pensant que la célébrité est formidable, je vous confirme que ça ne l'est pas tous les jours ».

"Je ne visais pas le tube"

Il faut dire que Zazie a une vision assez particulière du succès, elle qui a fait « 10 ans de violon » : « Je voyais des gens extrêmement célèbres dans la musique classique, mais que personne ne connaissait si vous n'êtes pas spécialiste de la musique classique, avoir une vie normale, pas se trimballer avec des milles et des cents. (...) Ça dit tout ! Je cherchais à faire des bonnes chansons pour moi, mais je ne visais pas le tube, je ne savais même pas ce que c'était. La première fois qu'on m'a demandé un autographe, je me suis demandée si la personne n'était pas malade ». En plus de "Zen", l'album est porté par d'autres titres devenus incontournables de son répertoire comme "Un point c'est toi", "J'envoie valser", "Homme sweet homme". « C'est une chanson qui n'a pas été un single mais (...) [quand j'ai fait un concert à la Cigale], les gens se mettaient à la chanter à tue-tête, comme si c'était un hymne de football, alors que c'était un slow délicat, avec toutes les paroles, pas une erreur. Mais d'où ça vient ? » s'étonne-t-elle à propos de cette dernière chanson.

Depuis sa naissance il y a 29 ans, le tube "Zen" a eu de nombreuses incarnations sur scène : « Elle a eu tout un tas de vêtements, mais les chansons, c'est comme les chansons, elles grandissent un peu trop vite. On peut pas les laisser en layette. Ils sont grands maintenant ! La manière que j'ai de faire plaisir au public, parce qu'ils aiment bien cette petite madeleine de Proust, mais aussi à nous, sans se lasser d'une chanson qu'on a joué joué joué, c'est de jouer à la poupée avec. Ce qui fait que les gens la reconnaissent mais que nous avons été inventifs par rapport à une chanson qu'on a beaucoup joué ». Et ce pour le plus grand plaisir du public, qui viendra l'applaudir jusqu'à la fin de l'été !