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Zara Larsson en interview : "On a besoin de plus de femmes dans les salles de décision"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Pandémie oblige, c'est par écrans interposés que Zara Larsson a répondu aux questions de Pure Charts pour faire le bilan d'une année 2020 très particulière. L'occasion d'évoquer l'impact de la crise sanitaire, son nouvel album à venir, l'importance d'utiliser sa voix pour s'engager et la place des femmes dans l'industrie de la musique.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Salut Zara ! Merci de nous accorder un peu de temps en cette saison un peu fraîche...
Je t'en prie ! Je suis à Londres et il fait plutôt bon aujourd'hui.

Il y a du soleil à Londres ? Vraiment ?
Non, je n'ai pas dit qu'il faisait grand soleil non plus. (Rires) Ça reste le ciel gris typiquement londonien mais au moins il ne fait pas trop froid !

A chaque performance, il faut tout donner
Parlons d'abord de la performance que tu as donnée aux MTV EMA 2020 début novembre. En tant que spectateurs, nous ne voyons que le résultat mais je me suis toujours demandé combien de temps il fallait pour mettre sur pied une prestation exigeante comme celle-ci ?
C'est beaucoup de travail. Je savais que je voulais beaucoup de chorégraphie, en gardant le concept très simple. C'était juste moi et les danseurs. Pour que tout soit absolument parfait, nous nous sommes entraînés pendant cinq jours, ce qui arrive assez rarement. D'habitude, on répète pendant un ou deux jours mais comme ici il y avait énormément de chorégraphie, je voulais que tout soit en place : mon chant, mes mouvements, les moments de respiration... C'était super confortable d'avoir cinq jours entiers pour travailler sur ces détails. Et le résultat a payé, je crois. A mon sens, c'est la meilleure performance télévisuelle que j'ai donnée jusqu'à aujourd'hui. Le travail se voit à l'écran.

C'était étrange de ne pas avoir de public en face de soi, à cause des restrictions sanitaires ?
Et bien, il faut quand même assurer le show. Au lieu de regarder les personnes du premier rang, tu fais ton charme à la caméra. (Sourire) C'est un petit jeu de séduction ! Les spectateurs te regardent à travers elle, assis dans leur canapé ou face à leur ordinateur. C'est vrai que c'était vraiment différent, un peu comme si je tournais un clip vidéo. Mais une performance reste une performance, baby. Il faut tout donner ! Comme ce n'était pas exactement du direct, nous avons eu l'opportunité de faire plusieurs prises et avant chacune d'entre elles, on se motivait les uns les autres pour booster notre énergie : "Allez on y va, ce sont les EMAs !". On s'imaginait le public en train de crier et hop, on était à fond ! C'était adorable la façon dont ils ont ajouté les faux hurlements du public après. (Rires)



Mon deuxième album est terminé
Les temps sont difficiles pour tous. Comment as-tu vécu ces derniers mois rythmés par la pandémie ? Ta famille et toi êtes en bonne santé ?
Tout le monde va très bien, merci de le demander. Je suis beaucoup restée dans ma maison familiale en Suède, je ne suis venue à Londres que très récemment. J'ai passé l'été là-bas et j'en ai profité pour faire des choses que je n'avais jamais faites auparavant parce que je suis jamais vraiment restée chez moi, pour tout vous dire. On a fait plein de pique-niques avec mes cinq meilleurs amis, beaucoup de pique-niques. (Rires) Le temps était agréable, j'étais dans une maison de campagne, j'ai lézardé sur mon canapé à regarder des films et des séries... J'étais comme dans un petit cocon, avec ma famille et mes proches. C'était un été très chill, maintenant que j'y repense, mais évidemment stressant avec tout ce qui se passe. La période est si incertaine. A quoi ressemblera le monde dans deux semaines ? Un mois ? Dans deux ou trois ans ? Personne ne le sait !

De quelle manière la crise sanitaire a-t-elle affecté ton travail ?
Ça n'a pas tellement eu d'incidences, pour être honnête. Je n'ai eu que deux sessions d'enregistrement depuis que tout a commencé. J'ai bien essayé de faire des réunions Zoom mais franchement, ça n'est pas pour moi. (Rires) Mon deuxième album est terminé, finito ! Je n'ai pas vraiment envie de continuer à créer des chansons avant que celui-ci sorte enfin. Par contre, dès qu'il sera paru, je retournerai immédiatement en studio et là ça va enchaîner. Ça ira vite ! Il est hors de question qu'on attende trois ans de plus. Pour tout un tas de raisons, ce nouvel album a mis trois ans à se faire et la plupart des chansons ont été confectionnées durant ce laps de temps. C'est super de continuer à écrire mais en ce moment, je ne suis pas trop d'humeur. Je veux juste fignoler les détails sur celui-ci.

La pop est une forme d'échappatoire
On ne sait pas grand-chose sur ce nouvel album pour le moment. Que peux-tu me dire à son sujet, à quoi va-t-il ressembler ?
Ce sera un mix de tout ce que j'aime. Ça reste très pop. Si vous avez aimé mon premier album, vous aimerez sans doute celui-ci ! Il y a de belles ballades chill, des titres up tempo, des chansons très fun pour danser dessus... La plupart parlent d'amour, surprise surprise. (Sourire) J'aime juste écrire sur l'amour. C'est un bon résumé de ce que les trois dernières années m'ont réservé. On ne dirait pas, mais passer de 19 à 22 ans est un gros changement. Il s'en est passé des choses, sans parler de la pandémie. Peut-être que j'aborderais le sujet dans mon prochain disque, je ne sais pas.

Quelle vision as-tu voulu incarner à travers le single "WOW" et cet album ?
C'est un peu difficile de répondre car "WOW" m'a en quelque sorte prise au dépourvu. On ne pensait pas l'exploiter comme single au début mais la vie te mène parfois sur des chemins inattendus, surtout en musique. Je n'avais pas une vision particulière en tête avec ce titre, mais le concept du clip se prête particulièrement bien à l'époque : comment faire lorsque tu aimes quelqu'un mais que tu ne peux pas physiquement être à ses cotés ? La technologie peut nous aider mais est-ce suffisant ? La chanson évoque simplement l'envie d'être considérée comme la personne la plus importante au monde dans les yeux de son ou sa chérie.

Je veux collectionner les numéros un
Tu ressens de la pression après l'énorme succès de "So Good" et sa collection de tubes ? Les gens t'attendent au tournant !
Franchement, c'est le pire. (Rires) J'ai la pression mais qu'est-ce que j'y peux de toute façon ? On ne parle que de musique, après tout. On ne va pas aller sur la lune avec. Quoique... La pop est une forme d'échappatoire. Ça te met dans une certaine humeur, te fait oublier tes problèmes une minute en créant un endroit rassurant. C'est très puissant. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai toujours ressenti. La pop m'a aidée à grandir, à me regarder dans un miroir et à m'imaginer être quelqu'un d'autre. Je m'imaginais être ailleurs, chanter des mots doux à mon amoureux. (Rires) Ça m'a autorisée à rêver. Et aujourd'hui, je fais des chansons et j'arrive à en vivre. C'est comme si j'étais en NBA ! Je suis super chanceuse et peu importe ce qu'il advient dans le futur, j'aurais au moins réussi à faire ça. J'ai eu "Lush Life", j'ai eu "Symphony" avec Clean Bandit, j'ai eu "Never Forget You" avec MNEK, j'ai eu toutes ces chansons au destin formidable et rien ni personne ne m'enlèvera ça. Maintenant, il est évident que j'aimerais que mes prochaines chansons soient meilleures, c'est normal de vouloir progresser. On se pose des questions. Est-ce que je veux continuer à faire du commercial et avoir des tubes ou progresser en tant qu'artiste, par exemple en m'impliquant davantage dans la conception de ma musique ? Pour moi, la réponse se situe entre les deux. Je veux collectionner les numéros un mais je veux aussi exercer un plus grand contrôle sur l'aspect créatif. Je veux parvenir à m'épanouir dans ces deux aspects, sans renier l'un ou l'autre. Et j'espère que les gens me suivront dans cette évolution. C'est presque une réintroduction, en fin de compte. Trois ans ? Dans la musique pop, c'est une éternité ! Mais je ne suis pas Rihanna, personne ne m'attend comme le messie. Les gens sont déjà passés à autre chose. Moi je suis en mode : "Hellooooo, vous vous souvenez de moi ?" (Rires) Je suis super fière de cet album donc, quoi qu'il en soit, tout ira bien.




Les fans savent que tu as travaillé avec Ed Sheeran et Ariana Grande sur des chansons. On les entendra sur le disque ?
Non ! Désolée de vous décevoir. Je n'ai pas eu de session d'enregistrement avec Ariana Grande, en fait. Elle est juste passée faire coucou un jour et elle apparaît sur les choeurs d'une de mes chansons. Vous ne pourrez pas l'entendre car sa voix est mélangée à celle de 15 autres personnes. (Rires) Elle connaît très bien certaines des personnes avec qui j'étais en train de travailler, comme Tommy Brown ou Victoria Monet, des gens super talentueux. Mais évidemment, j'adorerais faire une chanson avec elle. Avec Ed Sheeran c'est un peu différent car nous avons écrit une chanson ensemble mais elle figurait sur "So Good", elle s'appelle "Don't Let Me Be Yours". Ce serait formidable de pouvoir retravailler avec lui. On verra bien ce que le futur nous réserve.

L'album contiendra tout de même des collaborations ?
Hmmm... Peut-être.

Tu ne peux rien me dire, c'est ça ?
Exactement. (Rires)

C'est important de faire entendre sa voix
Changeons de sujet dans ce cas. Sur Twitter, tu n'as jamais peur de donner ton opinion sur des sujets de société ou concernant la politique. En tant que citoyenne du monde, que t'inspire le résultat des dernières élections américaines remportées par Joe Biden ?
Citoyenne du monde, c'est une jolie expression ça ! C'était très encourageant de voir le taux de participation, même si... Je viens d'un pays où 94% de la population se rend aux urnes lors des élections. En Suède, tout le monde va voter, c'est un réflexe. C'est pour ça que j'adore ce qu'ont fait Ariana Grande et plein d'autres artistes, qui incitaient leurs fans à s'inscrire sur les listes électorales ou à rester dans les files d'attente pour aller voter. C'est un geste si simple et si important. C'est une façon de faire entendre sa voix et je suis super contente de voir que les Américains l'aient fait, et qu'ils l'aient fait avec sagesse. Et parmi eux, beaucoup de personnes noires et de femmes. C'est une nouvelle page qui s'écrit, pas totalement neuve puisque de toute évidence, Donald Trump a laissé des traces mais ça va dans la bonne direction. On va pouvoir progresser dans la condamnation de la suprématie blanche, dans l'inclusion des personnes transgenre dans l'armée, dans la lutte pour l'avortement... Nous verrons ce qu'il se passera mais c'est un début, c'est une note d'espoir pour tous. Après tout, l'Amérique est scrutée par le monde entier, et c'est particulièrement vrai dans la musique où Los Angeles est un peu considérée comme la Mecque. Je crois que c'est important de faire entendre sa voix, de toutes les façons possibles. Même si je ne me sens pas légitime de parler de tous les sujets, parce que je ne suis pas personnellement concernée, je peux toujours retweeter, repartager, user de mon influence pour mettre en lumière des causes.

Justement, en tant que figure influente qui exerce ce métier depuis tes 10 ans, quels conseils donnerais-tu aux jeunes artistes féminines qui souhaitent se lancer dans l'industrie de la musique ?
Il est primordial de s'entourer de personnes de confiance. Si vous le pouvez, et je sais bien que quand on débute on n'est pas forcément en position de se montrer sélective, emmenez toujours une femme avec vous en studio lorsque vous créez des chansons. Non seulement vous vous sentirez plus en sécurité d'être avec quelqu'un qui comprend votre point de vue, quand il n'est pas rare de se retrouver à écrire des textes sur l'amour adolescent avec des types de 40 ans, mais vous donnerez aussi la chance à une femme d'exister dans ce milieu, et pourquoi pas de décrocher un hit. Il faut se montrer solidaire, on a besoin de plus de femmes dans les salles de décision. Et surtout, faites confiance à votre instinct. Si vous avez une vision, je vous promets que ce sera la bonne. Vous n'avez pas besoin de laisser les autres faire le boulot à votre place. Ne laissez personne vous dire non !
Pour en savoir plus, visitez son site officiel et la page Facebook de Zara Larsson.
Écoutez et/ou téléchargez les titres de Zara Larsson sur Pure Charts.

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