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Tears For Fears en interview : "On a toujours été au bord de la séparation"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
18 ans après son dernier disque, Tears For Fears est de retour. Surmontant les difficiles épreuves de la vie, le duo phare des années 80 a retrouvé l'inspiration sur son nouvel album, le très convaincant "The Tipping Point". Dans la suite d'un hôtel parisien, Curt Smith et Roland Orzabal nous ont révélé les secrets de la longue fabrication de cet opus qu'ils ont dû recommencer. Rencontre.
Crédits photo : Frank Ockenfels
Propos recueillis par Théau Berthelot.

18 ans ont passé depuis votre dernier album, c'est quasiment une éternité dans le monde musical d'aujourd'hui. Pourquoi avoir pris autant de temps ?
Roland Orzabal : Nous avons fait "Everybody Loves A Happy Ending" en 2004, qui était une expérience vraiment plaisante. Il n'y avait pas de tension, de douleur... Ça a été un album vraiment facile à faire. Sauf qu'il n'a pas vraiment marché. Nous avons fait quelques télés aux Etats-Unis. Tout le monde nous voyait chanter de nouvelles chansons et ça a rappelé aux gens à quel point ils aimaient Tears For Fears. Et le lendemain, ils sont allés chez leur disquaire pour acheter... le best of, et non pas le nouvel album ! Ça vous dit quel était l'état du marché pour un groupe présent depuis autant d'années. Donc nous n'étions pas pressés de refaire un nouvel album après ça. Avec ma famille, on a déménagé de l'Angleterre à Los Angeles pour faire l'album. Et quand c'était fini, on est revenus en Angleterre. Tout s'est calmé et je suis redevenu un père qui va chercher son fils à l'école. On était plutôt concentrés sur le live car sur ce point-là on s'amusait beaucoup. Ce n'était pas difficile en même temps... Au fil des ans, on a eu une très bonne réputation sur scène. On a fait pas mal de festivals aux Etats-Unis avec des groupes plus jeunes que nous. Et notre réputation a été renforcée, on sait que les gens se disaient "Vous devez programmer Tears for Fears". On était concentrés là-dessus et puis, on s'est dit qu'il nous fallait peut-être de nouvelles chansons pour nos concerts. C'était la seule façon dont on pouvait se développer, et c'est à ce moment que les prémices de ce nouvel album ont débuté il y a sept ans.

Les gens achetaient notre best of, pas notre nouvel album
Il y a un moment où ce nouvel album a failli ne pas arriver ?
Curt Smith : Je ne sais pas si on le savait... Il y a quelque temps, on a fini un album avec notre management et notre équipe mais nous n'aimions pas trop le résultat. On sentait qu'il n'y avait pas assez de profondeur par rapport au travail dont nous sommes fiers habituellement.
Roland Orzabal : : Et d'esprit !
Curt Smith : Premièrement, cela est dû au fait qu'on nous a fait travailler avec des producteurs et compositeurs plus contemporains, pour être à la recherche d'un tube moderne. On a fait ça sur une période de 6 ans et on s'est rendus compte de plusieurs choses. Tout d'abord, on est un groupe à albums, on ne fait pas de singles... Nos albums sont des histoires, des projets, et on prend des singles là-dedans. Et à ce moment-là, nous avons perdu notre management et nous n'avons pas sorti l'album que nous étions en train de faire. Du coup, on a décidé d'aller dans une autre direction pour faire ce quelque chose de vraiment significatif à nos yeux. C'était la clé, le point de bascule là-dedans. Si ça ne nous parle pas, à quoi bon ?

Roland, vous avez perdu votre femme Caroline en 2017. Est-ce que cet évènement a été le "point de bascule" dans la conception du disque ?
Roland Orzabal : Caroline a commencé à lutter contre la maladie en 2007 donc ça faisait longtemps. C'était très dur de savoir ce qu'il se passait car elle venait d'avoir la ménopause et on s'est dit que c'était ça au départ. Elle lutait contre de nombreux problèmes de santé. On voyait un psychiatre qui lui donnait des pilules qui étaient censés la faire aller mieux, mais ce n'était pas le cas. Voilà ce qu'il passait en toile de fond. Mais, ce qui est bizarre, c'est que ta vie privée est compartimentée et poussée d'un côté alors que tu essaies de t'en sortir avec ce projet. La question c'était de se demander comment Tears for Fears sonnait, comment Tears for Fears survivait dans le monde pop d'aujourd'hui. C'était notre exercice. C'était un peu stupide comme exercice mais, comme ce que disait Curt, c'est ce qui nous a permis d'arriver là où on est aujourd'hui. Tout ça se passait et, en parallèle, je commençais à écrire des chansons plus personnelles comme "The Tipping Point", "Please Be Happy", évidemment... Mais ce n'est pas le but de cet album, il n'est pas personnel, ni politique... C'est plutôt un mélange de messages. Nous sommes très chanceux parce que sur l'album que nous avons fini en 2016, que j'appelle "The Broken Album", l'album cassé, on en a pris que la moitié et qu'on s'est débrouillé avec ça. Le message de cet album ne voulait pas dire grand chose. Ça nous a pris beaucoup de temps, du travail, de la thérapie et du deuil pour arriver au point où la vraie narration de l'album s'est révélée toute seule, même si c'était d'une façon plutôt douloureuse. Ça semble être la façon de faire avec Tears For Fears, d'écrire nos meilleures chansons quand on est émotionnellement touchés.

Ecoutez la chanson "The Tipping Point' :


La musique vous a aidé à guérir ce deuil ?
Roland Orzabal : Pas vraiment... La musique raconte l'histoire de ce parcours personnel mais ça ne guérit pas... Mais tu peux avoir de beaux témoignages, des petits instantanés pour savoir où tu en es émotionnellement parlant. Et c'est vraiment ce parcours émotionnel.

On a fini un premier album mais on n'aimait pas le résultat
Ces chansons personnelles comme "The Tipping Point" ou "Please Be Happy" sont dures à chanter aujourd'hui ?
Roland Orzabal : "The Tipping Point" pas vraiment... En fait, quand on regarde de plus près, ce sont des chansons qui restent très optimistes, des chansons d'amour. "Please Be Happy" est une chanson d'amour. Je suis fier que Curt chante sur celle-là parce que c'est un peu trop dur pour moi...

Pour ce nouvel album, vous dites ne pas avoir voulu faire des "chansons à tubes". Pourquoi ?
Roland Orzabal : On aimerait, mais on peut pas ! (rires)
Curt Smith : C'est une question qui en amène une autre : qu'est-ce qu'un tube ? Est-ce que ça compte aujourd'hui ? J'ai eu cette conservation de nombreuses fois avec mes enfants : qu'est-ce qui est numéro un des charts ? Ils ne savent pas, ils n'en n'ont pas la moindre idée ! Ils s'en fichent, ils préfèrent écouter de la bonne musique. En un sens, c'était donc un timing parfait pour nous. Personne ne se soucie de ce qu'est un hit de nos jours, tu ne peux pas vraiment qualifier ce que c'est. Donc le fait de retourner aux racines pour faire un album, sans se soucier de ce que sera le single, voulait dire vraiment quelque chose à nos yeux.

Faire un véritable album de A à Z, en somme...
Curt Smith : Exactement ! C'est ce qu'on a toujours fait, même au pic de notre popularité. Nous n'avons jamais fait des singles pour faire des singles, ils venaient de l'album. Et on avait fini l'album quand le single sortait. Je pense que c'était un peu étrange pour nous de partir à la recherche de singles en premier, sans penser à ce qu'allait être la narration de l'album. Nous nous sommes perdus en chemin, pendant quelques années, avant de revenir aux bases, avec quelques guitares acoustiques et en pensant vraiment à la narration, à l'histoire de l'album. Le storytelling est vraiment l'élément central.

Personne ne se soucie de ce qu'est un tube aujourd'hui
Pourtant, il y a quelques clins d'oeil à votre passé sur cet album : "The Tipping Point", c'est du Tears For Fears pur jus, "Break the Man" et "Rivers of Mercy" rappellent "Pale Shelter" et "Woman in Chains" !
Roland Orzabal : Ce sont les mêmes riffs en fait (sourire). C'est assez étrange parce que beaucoup de choses sont arrivées par accident... Quand on a commencé ce projet et qu'on a travaillé avec tous ces compositeurs qu'on ne connaissait pas, ils avaient déjà préparés des "backing tracks" qui étaient basés sur nos gros tubes. C'était à la fois un peu amusant et pénible mais ça n'a jamais marché. Et pourtant, on a fini par le faire nous-même ! Le fait de s'autoréférencer, on ne voulait pas vraiment le faire mais quand tu es confronté et impliqué dans une quête pour trouver la pièce manquante d'une chanson, tu commences à te citer toi-même. Et ça amène un sentiment de joie. Nous l'avons fait d'une façon assez intelligente, même avec "The Tipping Point" et ses percussions qui rappellent "Everybody Wants to Rule the World", ça n'y ressemble pourtant pas ! C'est plus nu, plus ouvert.

Ecoutez "Break the Man" de Tears for Fears :


Il y a une envie d'aller ailleurs aussi : sur l'album il y a des sonorités tantôt folk, tantôt électro... Vous vouliez sortir de votre zone de confort ?
Curt Smith : En fait, je pense que ça a plus à voir avec le parcours de cet album. Ce que nous avions en 2016/2017 était cet album composé de 12 tentatives de faire des tubes modernes. Ça ne racontait pas d'histoires, ça n'avait pas de profondeur, les chansons se ressemblaient car on essayait de faire tout le temps la même chose. Nous avions perdu le fil. Quand nous nous sommes retrouvés en 2020 pour replonger dans ces chansons et voir ce que l'on gardait, c'est-à-dire à peu près la moitié, et nous avons réenregistré certaines d'entre elles. Nous savions qu'il devait y avoir une histoire, un mélange de sons... Nous n'aimons pas écouter des disques où on a l'impression d'entendre toujours la même chose, nous préférons écouter un album qui a un parcours, avec ses hauts et ses bas. Il y a un certain sentiment de soulagement et ça te pousse à le réécouter encore et encore. Donc nous avons pris du temps pour rechercher ce type de disque.

Cet album n'est pas personnel ou politique, c'est un mélange de messages
Il y a pas mal de thématiques sociales dans l'album : l'état du monde ("Rivers of Mercy"), l'égalité hommes-femmes ("Break The Man")... Il y avait déjà ce côté social dans "Sowing The Seeds of Love" notamment mais j'ai l'impression que c'est là votre album le plus "politique" et engagé. C'est l'époque qui a voulu cela ?
Roland Orzabal : Je pense que c'est un mélange. "Break the Man" est une chanson pop entraînante qui a quelques marqueurs politiques... Nous avons plongé dans certaines choses. Nous avons pris notamment des sons de manifestations pour le début de "Rivers of Mercy", mais je pense que c'est une combinaison d'émotions à la fois très personnelles, de vulnérabilité... Mais évidemment, nous avons 60 ans, nous avons vécus nos vies, nous sommes tous les deux parents avec des enfants qu'on a vu grandir. On s'est toujours souciés de ce qui se passait dans le monde, nous avons toujours eu des opinions politiques. En vérité, nous n'avons écrit que très peu de chansons qui soient uniquement des chansons d'amour. Il doit toujours y avoir quelque chose en plus, de profondeur...
Curt Smith : Et de noirceur !

Ce n'est jamais ni blanc ni noir !
Curt Smith : Oui et c'est là qu'intervient la balance. Je pense que les meilleures chansons impliquent des choses sombres mais ça peut donner des résultats brillants. Tu peux parler de sujets sombres, ce que l'on fait beaucoup sur cet album, mais tu finis par avoir un certain optimisme. Pour moi, c'est la chose essentielle : se rendre compte qu'il faut passer par ce genre d'émotions pour trouver un peu d'espoir à la fin.

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L'an prochain, vous fêterez les 40 ans de votre premier album...
Roland Orzabal : C'est fou, le temps passe si vite ! Je me sens très chanceux, tout d'abord d'être encore vivant, et ensuite de toujours continuer à faire ça. Mais de continuer sans être en train de courir derrière le marché ou de lutter contre la musique d'aujourd'hui, de continuer en ayant trouvé un lieu spécifique pour être comme un artiste de niche. Un artiste qui a une très forte personnalité, ce qui est une somme de tous nos défauts, de nos conflits, de nos désaccords dans le fait de travailler comme un duo. C'est assez surprenant en fait. Quand j'étais enfant, je ne rêvais que d'avoir une forte personnalité. Et on y est arrivés ! (rires)

"Everybody Wants to Rule the World" est encore meilleure aujourd'hui !
Et vous avez aussi eu une carrière assez atypique, contrairement à bon nombre de groupes de la même époque, avec beaucoup de temps de pause entre les albums, des retours et des ruptures...
Roland Orzabal : C'est ça le truc, on a toujours été au bord de la séparation (rires).
Curt Smith : Surtout, on est arrivés à un moment où, et c'est le cas avec cet album, on avait quelque chose à dire. Que ce soit conscient ou non. Il y a une critique sur ce nouvel album qui dit "C'est génial de les entendre à nouveau parce qu'ils ne sortent pas souvent d'albums. Et quand ils le font, c'est qu'ils ont quelque chose à raconter". Et ça signifie beaucoup parce qu'on n'arrive pas au point où nous sommes aujourd'hui sans avoir quelque chose à dire.

"Everybody Wants to Rule the World" est devenue l'une des chansons iconiques des années 80, souvent utilisée dans des films ou séries qui se déroulent à cette époque. Qu'est-ce que ça vous fait de voir qu'une telle chanson est devenue une sorte de marqueur temporel ?
Roland Orzabal : C'est dingue parce que quand tu es jeune et que tu fais de ton mieux pour faire une bonne chanson, tu ne sais jamais comment ça va finir. Et puis c'est devenu numéro un aux Etats-Unis et tout était magnifique. Mais on se sent toujours très proches de cette chanson. La façon dont elle a changé et grandi, alors que c'est toujours la même chanson, mais notre rapport à cette chanson change puisque cette époque des années 80 recule de plus en plus dans l'Histoire. Quand tu vois l'évolution de la pop des années 60 à 80, c'est toujours incroyable. Je l'ai entendue dans un magasin il y a quelques temps, et je la trouve toujours excellente ! Elle sonne même mieux aujourd'hui qu'à l'époque !
Curt Smith : Il y a une chose intéressante, c'est qu'elle a traversé les époques, les formats et les générations. L'un des moments les plus émouvants où j'ai entendu "Everybody Wants to Rule the World", c'est en ouverture du film "Straight Outta Compton". On était les seuls blancs sur toute la bande originale ! Les gens, même s'ils ne sont pas de ton entourage, peuvent toujours se sentir liés à elle. Pour ça, je pense que c'est la chose la plus gratifiante : que ce ne soit pas seulement un tube des années 80 pour une personne mais pour énormément de monde.

Souvenez-vous de "Sowing The Seeds of Love" :


Quand le monde aura besoin de Tears For Fears, nous reviendrons
Quel regard portez-vous sur le revival 80's actuel quand on voit des artistes comme Dua Lipa ou The Weeknd s'en inspirer ?
Roland Orzabal : C'est la décennie qui a vu naître la musique électronique, comme les années 50 étaient celles de la naissance du rock and roll. Ce sera toujours référencé, on ne pourra pas y échapper.
Curt Smith : De la même façon que sur "Sowing the Seeds of Love", on faisait référence aux Beatles. C'est toujours la musique qui a un sens et une profondeur qui dure dans le temps. Ça peut être les Beatles, Pink Floyd ou ceux auxquels les gens d'aujourd'hui font référence. Ils ne font jamais référence à de la musique superficielle.
Roland Orzabal : Pour parler de Dua Lipa, je pense qu'inconsciemment, elle reconnaît qu'elle a le même jour d'anniversaire que moi.

J'ai récemment interviewé Simon Le Bon de Duran Duran...
Roland Orzabal : J'en suis désolé !

Il m'a dit que l'idée des années 80 a changé dans l'esprit des gens. C'est redevenu à la mode après avoir été quelque chose de ringard. Vous êtes d'accord ?
Roland Orzabal : On ne peut être que d'accord avec Simon ! (sourire)
Curt Smith : Encore une fois, c'est la bonne musique qui dure dans le temps, celle avec laquelle on a grandi. En 1982, on n'était pas très à l'aise à l'idée de faire référence aux Beatles. On pensait que c'était de la génération de nos parents. C'est seulement quand tu grandis que tu te rends compte que les meilleures choses de cette époque restent et tu y reviens pour les apprécier encore plus.

On est arrivés à un moment où on avait quelque chose à dire
Vous parliez des producteurs et compositeurs qui ont essayé de vous faire sonner modernes, c'est parce que vous êtes trop estampillé "groupe des années 80" ?
Roland Orzabal : Oui je pense que c'est ça. On nous voit comme un groupe qui a dominé les charts durant une période, ce qui est le cas sans aucun doute, et quand vous regardiez les charts pop, il n'y avait pas beaucoup d'artistes. La façon la plus facile d'avoir du succès, c'est par association, c'est de travailler avec de nouveaux artistes. Comme Coldplay avec BTS ou Elton John avec Dua Lipa. Je pense que c'est un truc de l'industrie musicale que de venir te suggérer ces choses-là parce qu'ils ne peuvent pas penser autrement.
Curt Smith : Et parfois, c'est plus facile pour l'artiste !
Roland Orzabal : Peut-être ! Mais personne ne va te dire "Tu sais quoi ? Ne t'inquiète pas des charts, tu vas faire le meilleur album possible de Tears For Fears". Personne ne dirait ça ! Ils penseraient directement aux charts, à l'argent...

Est-ce que ce retour vous a donné envie de poursuivre avec un autre album ensuite ?
Curt Smith : On n'a pas encore pensé à ces choses-là pour être honnête. Peut-être...
Roland Orzabal : Je pense que c'est peut-être l'heure de la fin (rires)
Curt Smith : Non... Aujourd'hui peut-être, mais demain ce ne sera peut-être pas le cas. C'est ça le truc : quand tu as le désir et la passion de créer, rien ne t'arrête. Si ce n'est pas le cas, tu ne devrais pas faire ça.
Roland Orzabal : Et quand le monde aura encore besoin de Tears For Fears, nous reviendrons !
Ecoutez la discographie de Tears For Fears sur Pure Charts !

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