Sébastien PatocheVariete Francaise » Variété française
mardi 09 juillet 2013 18:00
Sébastien Patoche : "Je suis le fer de lance du mouvement anti-bobos"
Par
Jonathan HAMARD
| Rédacteur
Coiffé d'une perruque blonde, caché derrière des lunettes de soleil et vêtu d'un costume rose, l'animateur Cartman s'est transformé en Sébastien Patoche le temps d'une chanson, "Quand il pète il troue son slip", puis d'un album, intitulé "J'emmerde les bobos". Fort du buzz provoqué par ses parodies sur le plateau de "Touche pas à mon poste", il propose quinze titres qu'il considère comme des sketchs musicaux. Mais à peine son premier album sorti, l'humoriste pense déjà à la suite et se confie au sujet de son premier film, dont le tournage débutera l'an prochain.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard. Croyais-tu que ton premier single décrocherait aussi vite la première place des ventes sur iTunes ? Sébastien Patoche : Non ! On ne peut pas s'imaginer ! C'est impossible ! Je ne pensais pas que ça allait marcher. Je savais simplement qu'il y avait de la demande. Le single "Quand il pète il troue son slip", on l'a fait parce que les gens nous demandaient où est-ce qu'on pouvait trouver le morceau. Mais un single, si on veut le faire, il faut l'enregistrer, trouver un studio et quelqu'un qui veuille le distribuer. Donc la commercialisation, ce n'est pas aussi évident que ça. Si on avait pu, on l'aurait mis en ligne gratuitement. Mais il a fallu le financer. C'est pour ça qu'on l'a mis sur iTunes. Et ça a marché mieux que prévu (sourire) ! On pensait que seuls les fans de l'émission l'achèteraient. Le but de la parodie n'est pas de nuire à la personne qu'on aime Ça n'a pas été compliqué de trouver un financement ?Sur un single, comme les coûts de fabrication sont bien moindres qu'avant, c'est quand même assez simple. Mais ça demande qu'il y ait un producteur. Il faut trouver des gens qui jouent le titre, qui le mixent C'est vrai que ça a été rapide mais j'avais déjà fait pas mal d'autres choses auparavant. J'avais déjà fait des parodies, donc je savais moi-même à qui m'adresser pour ce projet. Sur la pochette de ce single, c'est écrit "Sébastien Patrick", sur celle de l'album, c'est "Sébastien Patoche". Pourquoi ce changement de nom ? Patrick Sébastien s'est plaint ? Il ne s'est pas plaint. Mais, le problème qui s'est posé, c'est que si on tapait "Sébastien Patrick" sur iTunes ou sur Google, on tombait sur "Patrick Sébastien" et inversement. Certains internautes pouvaient imaginer qu'on avait mis le nom de famille avant le prénom. C'était un peu compliqué, autant pour lui que pour moi finalement (sourire). Quand on fait une parodie, il faut comprendre ce qui est de l'ordre de la parodie et qui est le vrai, l'original. Et là, ce n'était pas très clair. Maintenant, on sait que Sébastien Patoche, c'est la parodie. As-tu été en contact hors caméra avec Patrick Sébastien ? Sais-tu ce qu'il pense de tout ça ? Il le prend bien ? Ça le fait plutôt marrer ! Il a même accepté de venir chanter en duo avec moi sur le plateau de "Touche pas à mon poste". Le 21 juin, pour la Fête de la Musique, je l'ai vu sur la scène de l'émission spéciale à Marseille, qu'il a présentée. Après, de là à faire un vrai duo, sur un disque Pourquoi pas ! Ça peut se faire. Je pense en tout cas qu'il en serait capable. Au final, cette parodie ne le dessert pas. Bien au contraire ! Il a relancé des titres et des remixes en radio... C'est ça qui est bien ! Patrick Sébastien, c'est en quelque sorte l'un des artistes fétiches de "Touche pas à mon poste". Sa chanson "Les sardines" passe souvent. C'est une chanson qui a une bonne dizaine d'années je crois. Je trouve ça très bien. Si jamais notre parodie permet à Patrick Sébastien de vendre des disques, je serais le plus heureux du monde. Le but de la parodie n'est pas de nuire à la personne qu'on aime. Je pense sincèrement que les gens ont envie de déconner Les hommages pleuvent en ce moment. Quand ce n'est pas France Gall, c'est Bob Dylan ou Bob Marley et Jean-Jacques Goldman. Et toi, tu as choisi Patrick Sébastien. Pourquoi lui ?Oui, mais moi je fais des sketchs. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Quand on fait un sketch, il faut parodier quelqu'un qui a de la personnalité. Quand Les Inconnus ont repris "Isabelle a les yeux bleus", ça a tout de suite marché parce qu'on identifiait tout de suite la copie et l'original. J'ai 35 ans. J'ai grandi avec Patrick Sébastien. Pour moi, c'était un animateur mais aussi un imitateur. C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, notamment pour "Le Grand Bluff". C'est vrai, "Le Grand Cabaret" n'est pas le genre d'émission que je vais regarder de moi-même. Mais, honnêtement, il y a peu d'émissions comme ça aujourd'hui à la télévision française. C'est vraiment du grand spectacle ! En musique, il chante des trucs hyper populaires. Quand il chante "Le vengeur masqué" par exemple ! Et là, je propose en quelque sorte un Patrick Sébastien 2.0. Destiné à un public plus jeune ? Peut-être. Je ne sais pas trop. En tout cas, l'idée, c'est d'avoir construit un personnage qui raconte n'importe quoi, qui se permet de dire des choses de manière directe. Créer un personnage, c'est souvent toute une histoire. Ça peut partir d'une simple vanne. Là, en l'occurrence, c'est un personnage qui existe depuis quatre ans dans une série que j'ai produite pour la chaîne Comédie!. Parmi les parodies qu'on avait faites, il y avait Sébastien Patrick qui chantait "Le trou qui pète" à l'époque. C'est à partir de là qu'on a réécrit une autre chanson pour "Touche pas à mon poste". Donc ça s'est vraiment fait par étapes. Une parodie, ça peut partir de plein de choses, d'un tic qu'on remarque, d'une chanson Et puis le personnage va se construire autour. On va chercher quel look on pourrait lui donner, quel costume, quelle voix Ce qu'on va pouvoir lui faire dire Pour Sébastien Patoche, il ne fallait jamais qu'il dise de vulgarités... Mais que finalement il en dise, mais jamais avec des mots vulgaires (sourire). Crédits photo : DR. Comment peut-on expliquer le succès d'un personnage aussi loufoque dans le contexte actuel, plutôt morose ? Justement ! Je pense sincèrement que les gens ont envie de déconner. A la télévision, à la radio et même dans la presse, on ne trouve pas forcément ça. On prend énormément de plaisir à le faire. Je crois que c'est communicatif. Quand je ne suis pas à la télévision et que je suis chez moi à 18h30, j'allume mon poste pour regarder Cyril Hanouna. Je me marre devant comme si c'était une émission à laquelle je ne participais pas. "Touche pas à mon poste", c'est une vraie émission de déconne, même si on parle de médias. Des fois, il y a des sujets beaucoup plus sérieux qui sont abordés. On ne parle pas forcément que des sujets de déconne. On peut parler de tout. C'est ça que je trouve bien. Dans l'émission, il y a un bon mélange entre les buzz de la télévision, de la radio ou de la presse, parfois drôles, parfois moins. Tout part de la personnalité de Cyril Hanouna, qui est un maître de cérémonie génial. Sébastien Patoche n'est pas le bienvenu du côté de Saint-Germain-des-Prés Tu sors un album, mais restes-tu bien conscient que tu es comédien et imitateur plus que chanteur et musicien ?Moi, je suis comique. C'est-à-dire que l'album "J'emmerde les bobos", ce sont des sketchs musicaux. Ce ne sont pas des chansons à proprement parler. Il n'y a aucune prétention. On le fait pour déconner. Après, on essaie de faire ça bien, que ce soit propre et écoutable. Il y a des morceaux qui donnent envie de danser, de chanter Mais le but, c'est d'écrire des chansons pour s'amuser. Quand l'idée d'un album a-t-elle germé dans ta tête ? Avant le succès du single ou après ? C'est arrivé largement après ! Avec "Quand il pète, il troue son slip", on a compris que les gens se marraient vraiment. Sur le plateau de "Touche pas à mon poste", trois semaines après le lancement du single, je m'étais dit que je ne pouvais pas resservir la même soupe. On a réécrit d'autres chansons comme "La cartouche". On s'est rendu compte que les gens retenaient aussi ces chansons-là. Sur Facebook par exemple, j'ai beaucoup de gens qui viennent me demander quand est-ce que les titres seront disponibles. On s'est dit à ce moment-là qu'on avait assez de matière pour faire un disque. Alors, il y a des chansons d'album, qui sont faites autour de petites histoires et qui demandent une mise en scène, et d'autres qui sont vraiment issues de "Touche pas à mon poste". Le titre "La cartouche" par exemple, dont le clip vient d'être dévoilé... Ce n'est pas nécessairement le nouveau single. C'est le nouveau clip. Je tiens à distinguer les deux. Certains s'attendaient peut-être à voir apparaître d'autres invités, comme dans le clip de "Quand il pète il troue son slip". Mais on ne veut pas tomber dans le phénomène de surenchère. C'est autre chose ! Dans un autre registre (sourire). Découvrez le nouveau clip "La cartouche" de Sébastien Patoche : Pourquoi avoir choisi d'appeler ton premier album "J'emmerde les bobos" ? Un pied-de-nez à la presse ou véritablement à une frange de la population ? En fait, Sébastien Patoche, c'est le fer de lance du mouvement anti-bobos. Du coup, c'est quelqu'un qui n'est pas le bienvenu du côté de Saint-Germain-des-Prés. C'est quelqu'un qui s'est beaucoup fait insulter, et même houspiller sur Twitter par les représentants de la bobo-touch. Je ne parle pas des artistes mais plutôt de ceux qui écrivent pour une certaine presse un peu pointue. Et, comme beaucoup de gens ont dit à Sébastien Patoche « Je t'emmerde », et que c'était souvent des bobos, et bien le juste retour des choses, c'était de dire « Je vous emmerde à mon tour ». Ce n'est pas vraiment le cas. C'est juste une petite pique... Il en faut pour tout le monde ! Comment appréhendes-tu la critique ? En créant un personnage comme celui-là, tu t'exposes aux commentaires. Quelle image le public et les médias te renvoient-ils jusqu'à présent ?A partir du moment où j'ai ma place dans Libé et Les Inrocks, je ne demande rien de plus (sourire) ! C'est vraiment synonyme de succès ou de "qualité", d'avoir une pleine page dans Les Inrocks ? Je ne sais pas. Je pense qu'il y a vraiment des gens à qui ça parle, et d'autres non. Il y a des gens que je fais rire, et d'autres qui trouvent ça bidon. Il y a en a qui doivent trouver scandaleux de faire un album avec ça alors que beaucoup d'autres galèrent pour faire de la musique. Aussi géniaux soient-ils ! Mais il en faut pour tout le monde. Effectivement. Quoi qu'on en pense, cet album ne s'est pas fait tout seul... Bien sûr ! Il a fallu trouver une équipe. Il a fallu écrire. Il a fallu trouver des musiciens pour aller en studio. Il a fallu faire venir des mecs pour jouer des cuivres. Il y a un morceau sur l'album qui s'appelle "I Love toi", qui est un slow, sur lequel on peut entendre une partie de saxo en solo. A titre personnel, je le trouve vraiment génial. Si on veut que les choses soient bien faites, il faut trouver des gens pour le faire ce solo. Ce sont des vrais musiciens et ils ont été très contents de bosser sur un projet où ça déconne et qui ne se prend pas au sérieux. C'était la récréation ! Tout s'est fait dans la bonne humeur. On a passé de bons moments. Mon film, ce sera mon activité principale de 2014 Tu ne rends pas uniquement hommage à Patrick Sébastien. Quand on écoute "Le Zizicoptère", on ne peut pas s'empêcher de penser à Pierre Perret. C'est un artiste qui t'a inspiré ?Oui, mais pas seulement. C'est aussi un hommage à Francky Vincent. Parce qu'il aime beaucoup le zizi. C'est un peu le zizi version zouk. A travers "Le Zizicoptère", on a voulu aussi rendre hommage à tous les zizis qui existent : le zizi de la roulette, le zizi géant, le zizi austère, le zizi content, le zizi colère... Il y a tous les zizi ! Et surtout, il y a cette chorégraphie que l'on peut réaliser en sortant de la douche ! Radio, télévision et musique... On peut imaginer que tout cela débouchera sur autre chose à l'avenir. Du cinéma peut-être ? Pour le cinéma, c'est en cours. Pas en tant que comédien. Depuis trois ans, je travaille sur un film dont j'ai écrit le scénario. Il sera tourné l'année prochaine. On devrait commencer dans à peu près un an. Le cinéma, c'est quelque chose qui m'intéresse depuis très longtemps. Mais comme j'ai travaillé sur beaucoup de choses à côté, à la télévision et à la radio... Surtout quand je travaillais à l'époque aux côtés de Cauet, c'était dur de trouver du temps pour faire autre chose. J'ai pris du temps entre la fin de "La méthode Cauet" et ce que je fais dans "Touche pas à mon poste". Je pense qu'on ne voulait pas me revoir tout de suite sur des gros plateaux de télévision. Et je peux le comprendre ! On m'avait vu pendant sept ans à faire le con à la télévision. Les gens s'étaient peut-être un peu lassés. Et puis, entre temps, j'ai commencé à écrire ce film. Aujourd'hui, on a trouvé un producteur et un distributeur. C'est donc un projet qui est amené à se concrétiser rapidement ? On va dire que le film est en bonne voie pour être tourné l'année prochaine. On bosse déjà sur le casting. Je pense que ce sera mon activité principale de 2014. Je continue "Touche pas à mon poste" mais je ne suis pas sûr de refaire de la radio. C'est un agenda fait pour prendre du plaisir. Il y a un bon ratio entre les contraintes et le plaisir que peuvent amener ces projets.
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