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Robert Miles : on vous raconte l'histoire de son énorme tube "Children" !

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Robert Miles nous quittait il y a sept ans déjà. Mais tout le monde se souvient de son tube "Children". Quelques mois avant la déferlante "Macarena", ce jeune DJ suisse s'apprête à mettre le monde dans sa poche avec un titre issu d'un courant dream trance. Résultat : 600.000 exemplaires vendus et 11 semaines en tête des charts français. Pure Charts vous raconte l'histoire de ce succès inattendu.
Crédits photo : Pochette de l'album
1995 est une époque bien lointaine où l'électro n'avait pas l'aura d'aujourd'hui. Plutôt underground et souvent réduit à des rave party, le genre va prendre une nouvelle tournure cette année-là avec Robert Miles. Ce DJ suisse débute sa carrière en 1988 avant d'acquérir son propre studio d'enregistrement deux ans plus tard. La décennie 90 lui sera cruciale. Après plusieurs années de clubbing, Roberto Milani sort deux vinyles en 1994, "Ghost" et "OxygenEPvol.1", avant de changer de nom pour le plus international Robert Miles. A la fin de l'année, tout va changer. Choqué par les photos que rapporte son père d'enfants victimes de la guerre en Yougoslavie, Robert décide de composer un titre pour leur rendre hommage dès le lendemain.

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"C'était une bombe commerciale"


Le DJ s'attelle ainsi à la composition de "Children" (selon la légende, écrite en une seule nuit) en fondant un nouveau genre : la dream trance, une sorte d'électro planante que Robert Miles considère comme un parfait exemple de morceau de clôture des rave party, afin que le public puisse rentrer calmement tout en réduisant le nombre d'accidents de la route, causés par la prise de drogue et d'alcool. Le producteur compose un morceau épique de près de huit minutes, marqué par des sons qui semblent tout droit sortis d'un jeu vidéo. Comme beaucoup de tubes, "Children" doit son succès à un tiers. Le single débarque d'abord dans les bacs italiens mais passe totalement inaperçu. Il faudra attendre l'action du directeur du label anglais Platipus, qui tombe sous le charme du titre dans une boite de nuit de Miami : « Il y avait quelque chose, ce côté un peu planant, triste et mélancolique, simple à digérer. En l'écoutant, on se sentait partir dans une sorte d'égarement. C'était une bombe commerciale ».

Loin d'être un titre radiophonique, "Children" se retrouve contre toute attente à tourner en boucle sur les ondes durant l'été 1996 et devient disque de platine en Norvège, Allemagne, Suède, Royaume-Uni et en France. Très vite, le single se retrouve décliné dans des versions raccourcies (pour coller au format radio) et obtient un succès mondial avec 5 millions de copies écoulées à travers le monde, alors que le titre a coûté 200 francs (soit 30 euros) à produire. C'est en France que la chanson connaît son principal succès avec 600.000 exemplaires vendus et 11 semaines passées en tête des charts. Le titre devient l'une des meilleures ventes de l'année aux côtés de la "Macarena", du "Freed fom Desire" de Gala ou du "Wannabe" des Spice Girls. Robert Miles s'étonnait en interview ce succès inattendu : « Au moment de passer le morceau pour la première fois, j'avais des sueurs froides. Quand le titre a atteint son apogée, un bruit tonitruant a retenti sur la piste... J'ai vu devant moi une mer de mains levées et des sourires sur tous les visages ».

Ouverture de l'électro au monde


Très vite, Robert Miles se retrouve donc sous le feu des projecteurs, devenant ainsi le premier DJ solo à être classé numéro un dans de nombreux pays, même si les Etats-Unis lui résistent encore avec une timide 21ème place. David Guetta, Bob Sinclar et consorts peuvent le remercier car c'est bien Robert Miles qui a ouvert la voie à l'électro (même dans un genre plus difficile d'accès comme la dream trance). Un an plus tard, c'est un autre duo de DJ qui cartonne dans les charts, un certain... Daft Punk. « Le succès de ce tube complètement instrumental a interpellé les grandes maisons de disque sur leur stratégie, qui était plutôt la manufacture de chansons pop. Elles y ont vu un nouveau potentiel à exploiter » explique Stéphan Kohler, responsable du secteur musiques actuelles de la Haute Ecole de musique à Lausanne.

Pourtant, le succès devient infernal pour l'artiste suisse qui enchaîne jusqu'à 15 apparitions médiatiques par jour et, loin du style bling-bling, s'affiche "normalement" sur scène lors de sets très sombres et minimaux. Dans la foulée sort l'album "Dreamland" avec plus de 3 millions d'exemplaires vendus à travers le monde et classé 4ème des ventes. Deuxième single, "Fable" connaîtra aussi un joli succès en atteignant la dixième place des charts.

Souvenez-vous du clip de "Children" :



Par la suite, Robert Miles préfère tourner le dos à ceux qui attendent le successeur de "Children". En 1997, le DJ propose un nouvel album plus introspectif qui connait aussi un bel accueil, même s'il n'égale pas celui de "Dreamland". La cassure a lieu à la fin du siècle. Après de nombreux désaccords, Robert Miles quitte sa maison de disques et crée son propre label S:Alt Records. Ses prochains disques, plus expérimentaux, ne rencontrent pas le succès et sont marqués par une plus grande liberté artistique dans lesquels se mêlent jazz, sonorités indiennes et rock. Après plusieurs échecs qui ne l'inquiètent pourtant pas, Robert Miles retente une dernière fois l'expérience en 2011 avec "Th1rt3en", puis s'exile à Ibiza pour fonder une famille en même temps qu'une station de radio, OpenLab, destiné à l'électro. Le 9 mai 2017, le DJ s'éteint à Ibiza des suites d'un combat de 9 mois contre le cancer, alors qu'il planchait sur un nouvel album. Les nostalgiques du monde entier lui ont rendu un hommage vibrant, preuve que son tube est resté gravé dans toutes les mémoires.

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