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vendredi 11 décembre 2015 16:22

Régine en interview : "J'ai pas envie qu'un film sur moi soit fait en Amérique"

Par Matthieu RENARD | Rédacteur
La chanteuse réaliste et populaire Régine a accordé une longue interview à Pure Charts. Dans cette troisième et dernière partie de l'entretien, la reine de la nuit nous parle de l'Eurovision, de télé-réalité, de cinéma et de ceux qu'elle a croisés : Jane Fonda, Amanda Lear, Vianney, Henry Fonda, et l'homme de sa vie, son fils Lionel.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Matthieu Renard.

Première partie de l'interview : Régine fait le bilan : "J’ai été copiée dans le monde entier"
Deuxième partie de l'interview : "Goldman n'a jamais voulu de moi aux Enfoirés"


La chirurgie est quelque chose de formidable
Jane Fonda, à 77 ans, s'affiche en couverture de "Vanity Fair". La société est toujours aussi dure avec les stars qui vieillissent ?
Je l'ai connue elle avait 18 ans. (Silence). C'est une fille qui a toujours fait énormément de sport. Je l'ai connue mariée à Vadim. Elle a un corps de rêve et la chirurgie est quelque chose de formidable. Moi j’aimais son père Henry Fonda (rires). Il me plaisait plus qu'elle ! Je les aimais ces légendes… Comme Steve McQueen. C'était mon meilleur ami, quelqu'un d'extraordinaire. Je l'ai connu quand il faisait son feuilleton, "Hors la loi". Il y avait eu une grande soirée pour lui au Régine et on est resté amis toute notre vie. C'était un sacré mec. Ensuite il a épousé une fille que j'adorais. Ali MacGraw, sa veuve, une actrice. De toutes les stars américaines, à part Paul Newman et Robert Redford… (elle s'arrête). Il a diminué d'intérêt Vanity Fair quand même…

Pourquoi ? Il y a trop de publicités ?
Elle feuillette le magazine. C'est pas ça... Mais ce qu'on y voit pourrait être dans n'importe quel journal… Comme cette publicité "Galeries Lafayette"… C'est la version française ? Bizarre, pourtant Denisot choisit bien… M'enfin… C'est le côté fric qui est important. Donc, quand je vois Jane Fonda là, je ne vois pas la fille que c'était. Aujourd'hui elle a à peine l'air vivante. Attention, elle est intéressante, elle a de l’esprit, c’est une activiste.

Il n'y a pas de limite d’âge pour faire l’Eurovision
Elle dit "la télé est un média plus indulgent avec les femmes mûres". Vous êtes d'accord ?
Oui, enfin avec le physique qu'elle a elle peut faire de la télévision ! Celle qui était sur "E Entertainment", elle a au moins 100 ans hein, c'était une copine ! (Joan Rivers, ndlr)

En parlant de télévision, vous aviez dit que vous vouliez faire l'Eurovision. C'est vrai ou c'est une blague ?
Mais je n'ai jamais dit ça ! L'animateur de RTL me parlait de l’Eurovision et il me demande : "Si on vous proposait de faire l’Eurovision, vous le feriez ?" J'ai dit oui, uniquement si j'avais la chanson que je juge formatée pour ça, pourquoi pas ? Il n'y a pas de limite d'âge pour faire l'Eurovision. Si j'avais la chanson oui, je le ferais.

Pourquoi finit-on parmi les derniers tous les ans ?
Vous avez entendu la dernière chanson là ? Et le personnage qui est venu ? Franchement… Faut pas plaisanter… Quand vous voyez qui sont les juges et d'où ça vient, on ne fait pas une chanson qui parle de la guerre et tout ça. C'est un manque de discernement.

Ils ont voulu jouer sur la nostalgie…
De regrets vous voulez dire ? (rires) Je sais pas, je ne me suis pas posé la question. Moi j'avais compris tout de suite lequel gagnait, c'était très clair. Il y a des mecs qui sont vraiment des spécialistes, c'est des musiques bien précises qui gagnent l'Eurovision.

Vianney est un chanteur formidable
Dans la scène musicale actuelle, qui vous plait ?
Moi j'aime Vianney. C'est un vrai chanteur français. Il compose. C'est un formidable chanteur. Je l'ai découvert dans un concours, par une amie qui filme plein de jeunes qu'elle voit en festivals. Il y a aussi les deux filles que j'aime beaucoup, les Brigitte. Mais vraiment, j'ai tout de suite vu que c'était Vianney. Et ça a été Vianney.

Vous aviez décelé son potentiel ?
Bah j'ai quand même un certain métier et puis j'ai l'habitude d’écouter des chansons. Les chansons des Brigitte sont très agréables, sexy… Mais elles sont modes. Lui il va rester.

Il y a des gens avec qui vous aimeriez travailler ? Ça vous intéresse encore de travailler sur des projets ?
Bien sûr, si Vianney me proposait des chansons je serais très intéressée.

Vous avez fait de la télé-réalité avec "La Ferme des Célébrités"…
On m'en parle toujours. Les deux journalistes qui vous ont précédé, c'étaient des fans de télé-réalité. Tous les gosses de 6 à 8 ans étaient hystériques de mon personnage parce que j'insultais tout le monde : et la régie, et les candidats…

Avec mon fils, c'était une histoire d'amour
Vous avez regretté cette expérience ?
Je n'ai pas regretté pour une seule raison. C'est la raison pour laquelle je suis rentrée là dedans. Je voulais faire rire mon fils (Lionel Rotcage, décédé en 2006, ndlr). Je me suis dit que c'était tellement extravagant pour moi d'aller dans un truc pareil. Je pensais qu'il serait suffoqué, qu'il dirait encore une chose désagréable… Au bout de la quatrième semaine, il a quand même flippé parce qu’il y avait des enfants autour de lui qui regardaient tout le temps et qui hurlaient de rire. Il a regardé. Et puis ensuite il m'a envoyé une lettre, après 30 ans où il ne m’avait pas écrit. Non pas qu'on se voyait pas mais… Il écrivait même "love" dans ses lettres, comme dans ses lettres d’amour quand il était plus jeune… C'était une véritable histoire d’amour entre mon fils et moi dans le sens où c'était violent. Il n'acceptait pas que j'appartienne à tout le monde. Voilà… Moi je ne me rendais pas compte de ça. Je n'ai pas eu de famille pour ainsi dire. Quand j'ai eu mon fils j'avais 16 ans et demi. On avait donc très peu de différence d’âge. C'était un personnage. Vous savez qui c'était mon fils quand même ?

Un peu…
C'était un personnage important de la presse. C'était le plus grand critique de musique. Vous regarderez sur Internet, Lionel Rotcage hein. Vous verrez que c'est quelqu’un de violent. Il n'avait comme but que ce qu'il faisait, c'est tout. Il ne m'aimait que quand je chantais… Il voulait qu'on travaille ensemble, qu'on fasse ci et ça mais 24 heures après, c'était oublié. J'avais dit ou fait quelque chose qui ne lui plaisait pas… (rires). C'était un personnage formidable. Il a fait avec Balavoine et Michel Berger des choses formidables. Je lui ai fait avoir "Rolling Stone". Mais il n'en faisait qu'à sa tête. Les 30% de ce qu'il devait respecter comme contenu américain, il considérait que c'était de la merde. Il est passé à 25%, puis 15, plus 5 puis plus rien. Donc il n'a plus eu de contrats. Voilà… Mais il était comme ça, il fallait l'accepter comme ça. Et moi je suis pareille. Quand je ne veux pas faire quelque chose, je le fais pas. Il était très talentueux. Un grand enquêteur. Il avait du caractère. Comme moi.

Vous avez de nouveaux projets ?
Je suis intéressée pour faire ma comédie musicale, mais en tant que metteur en scène.

Comme France Gall avec "Résiste" ?
Non ça n’a rien à voir. Moi, c'est l’histoire de mon père et moi, à Belleville. Elle a été écrite en 1975. Je n'ai jamais trouvé le temps de la faire. Mais je la ferai. C’est déjà écrit.

Et pourquoi pas un film ?
Vous savez j'ai pas envie qu’un film sur moi soit fait en Amérique. J'ai déjà refusé plusieurs propositions. J'ai pas envie que ce soit déformé, formaté… Je veux vraiment que ce soit Français.

Pourquoi ne pas faire de cinéma en France ?
Moi je n'ai joué que des rôles de fille de joie, alors...

Aux États-Unis, j'étais adulée
Je me souviens de vous dans les "Ripoux". Il passait souvent à la télé quand j'étais petit.
J'ai refusé la suite, c'était tellement vulgaire que j'ai pas voulu le faire ! J'ai fait le film pour Philippe Noiret parce que je l'adorais. Mais pour dire la vérité, le premier c'était formidable mais la suite c'était trop vulgaire. Je ne faisais que ce qui m'intéressait. J'ai fait "Le train" aussi avec Trintignant et Romy Schneider. J'adorais cette femme. C'était mon amie. J'adore aussi Trintignant. Il m'avait écrit un mot à la fin. Moi je ne regarde jamais les rushs. Moi je suis nature. J'ai fait aussi "Mazel Tov" de Claude Berri. Ce film a eu un succès mondial. On a été nommés pour les Oscars. Je suis arrivée aux États-Unis, j'étais adulée. Évidemment je chantais en Yidish, une chanson qui est mythique que j'avais entendue par Sarah Lander. C'est une actrice allemande qui est partie ensuite en Amérique. Et je l'ai refait en duo avec Fanny Ardant. C'est magnifique. Mais c'est ce mariage qui fonctionnait. Il n'y a rien que je ne pouvais pas faire. J'ai été voir Aznavour et je lui ai dit "Pourquoi pas moi ?". Ça a été une sacrée aventure…

Écoutez "My Yiddishe Momme" de Régine :


Vous en gardez quoi d'avoir fréquenté, connu, autant d'artistes ?
Je vais vous dire quelque chose. Le passé, c'est le passé. Moi je ne suis pas passéiste du tout. Moi je ne connais qu'une chose c'est aller de l'avant. La vie fait que j'ai une bonne santé. Et j'ai beaucoup de chance. Je n'aime pas dormir et je suis tout le temps en train de gamberger. Voilà.

C’est marrant, à cette question, Amanda Lear m’avait répondu exactement la même chose.
C’est tout ce qu'elle vous a dit ?

Oui.
Elle vous a pas dit qu’elle aimait le petit salé aux lentilles parce qu'elle avait fait le service militaire ?

Non ! (rires)
Je le dis dans mon livre. Un jour je lui avais dit "Il y a du petit salé aux lentilles". Elle m'avait répondu : "Chouette ça me rappellera mon service militaire !". Elle chantait dans les petits bistrots. C'est un personnage. Elle est très sympathique. Je ne la vois pas en ce moment parce qu'on n'a pas les mêmes vies. Mais elle retombe toujours sur ses pieds. Elle est très marrante. De la période avec Dali, j'ai des photos formidables. Elle est très intelligente. Très cultivée.

A LIRE - Amanda Lear en interview : "On m'a obligée à chanter beaucoup de conneries !"

Je change complètement de sujet. La nuit parisienne, vous en pensez quoi aujourd’hui ?
Rien. Ça ne m'intéresse pas et je n'en fais pas partie. Entre ma nuit à moi et ce qui se passe aujourd'hui c'est vraiment… le jour et la nuit !

Vous ne sortez plus ?
Bien sûr que je sors ! Je sors dîner, je sors avec mes amis, j'adore les piano-bars, je vais d'ailleurs surement en fait un. Je suis très occupée.

Vous trouvez qu'aujourd'hui la nuit parisienne est ennuyeuse ?
On ne peut pas appeler ça la nuit parisienne. C’est un titre trop beau pour ça. Bon allez, ça va, on finira sur ça.

J'ai encore deux questions ! Quel autre métier auriez-vous pu faire ?
J'aurais pu faire tous les métiers. J'aurais pu garder les lépreux avec autant de joie et d'énergie. Mais je ne peux rien faire avec indifférence.

Parmi votre discographie, vos chansons préférées.
Avec le coffret on connaîtra toutes les chansons et mes auteurs. Il y a toujours une chanson qui est plus proche de votre coeur. J'ai fait une chanson pour mon fils, qui s'appelle "Une mère", je lui ai demandé la permission. C'est quelque chose qui me touche moi et qui touche les mères j'imagine. Je ne l'ai pas mise plus en avant que les autres. Ça me suffisait qu’elle nous plaise à nous deux, à mon fils et à moi. C'est une belle chanson.



On finit sur une jolie chanson. Merci Régine, j’ai épuisé toutes mes questions…
Vous avez bien bûché, bravo. Si je pouvais je vous délivrerais un certificat !

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Deuxième partie de l'interview : "Goldman n'a jamais voulu de moi aux Enfoirés"

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