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dimanche 13 octobre 2024 16:57

"On peut rajouter..." : Patrick Hernandez rétablit la vérité sur l'argent gagné avec "Born To Be Alive"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
"Born To Be Alive" est sans conteste l'une des chansons d'un artiste français les plus populaires à l'étranger. Pour le podcast "Face A", Patrick Hernandez revient sur l'histoire de son tube mythique, comment il a vécu le succès à l'époque et son rapport à l'argent qu'il a gagné grâce à ce classique disco.
Crédits photo : Bestimage
Si l'on parle souvent des artistes "one-hit wonder", ceux qui n'ont eu qu'un seul tube dans leur carrière, le cas de Patrick Hernandez est probablement le plus parlant. Le chanteur a explosé courant 1979 avec "Born To Be Alive", numéro un dans le monde entier et qui, plus de 45 ans après sa sortie, n'a pas pris une ride ! Preuve en est la vague de tubes disco-pop signés Dua Lipa, Doja Cat ou The Weeknd qui ont fait ravage ces derniers temps. Succès ayant traversé les générations, "Born To Be Alive" est au coeur du nouvel épisode de "Face A", le podcast de Purecharts dans lequel les artistes reviennent sur l'histoire de leurs tubes. Celle de "Born To Be Alive" remonte au début des années 70 et, pour le musicien francilien, elle est motivée par une colère. « Quand j'ai écrit cette chanson j'étais particulièrement énervé contre mon entourage qui faisait les choses à moitié aussi bien au niveau de leur métier, de leurs amours, de leurs relations, et le jusqu'au-boutiste que je suis s'est un peu insurgé contre ça » indique-t-il.



"Une très mauvaise idée"


Avec comme idée d'inciter le public à se dire « Bougez-vous, faites des choses, faites-les à fond », Patrick Hernandez écrit donc une première mouture de la chanson en 1973 avant d'en proposer, trois ans plus tard, une première version folk-rock inspirée par Bob Dylan ou les Eagles. À cette époque, le chanteur veut prendre du recul après son aventure au sein du groupe Paris Palace Hotel. Au départ, il écrit le texte et pense à "Born To Be Wild" comme titre, mais il existe déjà avec le tube de Steppenwolf, popularisé par le film "Easy Rider" : « Je trouvais que le son du mot "Alive" était un truc un peu pétant, un peu clair comme ça ». C'est son producteur Jean Vanloo qui a l'idée de transformer la chanson en hymne disco : « Honnêtement, je pense qu'avec les versions précédentes, soit la version folk ou la version rock, je n'aurais jamais eu le succès que cette chanson a connu ». Pourtant, celui qui a baigné dans le rock anglais trouve que chanter un tube disco était « une très mauvaise idée ». Jean Vanloo le fait changer d'avis en lui parlant des Bee Gees, dont il est fan, et de leur travail sur "Saturday Night Fever".

"Je me suis fait jeter de toutes les maisons de disques"


Lors de l'enregistrement, c'est son camarade guitariste Hervé Tholance qui a l'idée du riff de guitare qui deviendra instantanément culte. Sauf qu'à l'époque, peu de producteurs croient au potentiel de "Born To Be Alive", qui sort en novembre 1978 : « Je me suis fait jeter pendant six mois de toutes les maisons de disques françaises... mais comme mes camarades. Je rassure tout le monde, c'est quelque chose qu'on a pratiquement tous vécu ». Il trouve son salut en Italie puis en Belgique, où la chanson devient rapidement numéro un... et intéresse enfin les labels en France. Patrick Hernandez peut alors savourer sa « petite vengeance » : « Ça a coûté la place du patron de CBS à l'époque en France parce que quand ses patrons aux États-Unis ont appris, alors que je signais avec eux, qu'il avait [refusé] pendant six mois cette chanson, il est parti à la campagne se promener. Au revoir ! ».

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"C'est épuisant"


Très rapidement, le succès de "Born To Be Alive" se propage dans le monde entier. Le tube disco s'installe à la première place dans 23 pays dont la France, mais aussi le Canada, le Mexique, l'Espagne, l'Allemagne de l'Ouest mais aussi dans les charts disco américains. Aujourd'hui, on estime les ventes du single à 25 millions d'exemplaires dans le monde ! Une consécration que Patrick Hernandez vit de différentes façons. À l'époque, il a déjà 30 ans et une petite carrière derrière lui, ce qui lui permet d'appréhender plus facilement le succès. Mais il n'a plus une minute pour lui et passe près de trois ans à défendre son hymne aux quatre coins du globe : « C'est à la fois épuisant, ça empêche d'avancer aussi au niveau de la création. J'ai même écrit des chansons dans le fond de l'avion parce qu'il fallait qu'à la descente de l'avion, j'aille en studio pour enregistrer de nouveaux trucs mais j'avais pas le temps ». Motivé par ce succès, son label lui demande de sortir un deuxième album en 1981, alors que la vague disco est passée. Il mise sur « une compilation de très très chouettes morceaux ». « Mais j'ai pêché par orgueil » explique-t-il, regrettant aujourd'hui de ne pas avoir fait appel à des compositeurs extérieurs : « Il manquait le successeur de "Born To Be Alive" et j'ai pêché par orgueil parce que moi j'étais incapable de le faire ».



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Devenu richissime grâce à cette chanson culte, Patrick Hernandez assure pourtant que le domaine de l'argent ne l'intéresse que « moyennement », même si on lui pose très souvent la question. Car, oui, "Born To Be Alive" lui permet de très bien gagner sa vie. « Entre 800 et 1500 euros par jour » avait-il confié dans le passé. Encore aujourd'hui, le hit est joué dans le monde entier, est utilisé dans des pubs à l'international et a même intégré la BO de film "Les Minions 2 : Il était une fois Gru". « Je suis l'auteur, compositeur, interprète, éditeur et producteur de la chanson. Donc bien évidemment, ça rapporte de l'argent sur un titre qui est joué d'une manière planétaire. En plus, je fais partie de "Stars 80", qui existe depuis 15 ans, qui fait 100 concerts par an, qui sont tous pleins... Ça c'est encore une manne. Et puis, par rapport à certains camarades du showbiz, (...) je suppose que Jean-Jacques Goldman, on peut rajouter deux zéros aux chiffres que je donne » tempère-t-il.

Enfin, Patrick Hernandez clame haut et fort ne pas être lassé de chanter ce tube, multi-diffusé et qui a récemment été interprété lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques par Rahim Redcar : « J'ai 74 ans bientôt, donc il y a des moments où quand on est en tournée, et qu'on se tape 100 concerts dans l'année, il y a des moments de fatigue. Cette chanson a une telle dynamique, qu'elle me booste, mais grave, aussitôt que j'entends les premières notes ». Indémodable !
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