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P. Diddy accuse les Grammy Awards de racisme : "La musique noire n'a jamais été respectée"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Récompensé d'un prix d'honneur en marge des Grammy Awards, le rappeur et producteur P. Diddy a jeté un pavé dans la mare en accusant la cérémonie de manquer de diversité et de transparence, sur fond de racisme.
Crédits photo : Bestimage
Alors que Billie Eilish a réalisé le grand chelem en remportant cinq Grammy Awards dimanche, d'autres récompenses ont été attribuées en marge de la cérémonie aux "Icônes de l'industrie", lors d'un gala qui s'est déroulé au Beverly Hilton Hotel devant un parterre de stars. Rappeur phare des années 90 devenu magnat de la finance et producteur influent, Sean Combs, alias P. Diddy, est monté sur scène afin de recevoir un prix d'honneur pour l'ensemble de sa contribution à la musique... mais aussi pour faire passer un message clair à l'industrie. Durant un discours pugnace qui a duré près de 50 minutes selon le compte-rendu de Variety, l'artiste s'est lancé dans une diatribe contre la Recording Academy, qu'il a accusé de discrimination. « Je dois être honnête, j'ai été divisé ces derniers jours. Je suis distingué par une industrie que j'adore, par une famille que j'adore, mais il y a un éléphant dans la pièce (...) Le hip-hop n'a jamais été respecté par les Grammy. La musique noire n'a jamais été respectée par les Grammy au point où elle devrait l'être » a-t-il clamé sous les acclamations de l'assistance, dans laquelle se trouvaient Jay-Z, Beyoncé, Dionne Warwick, Janet Jackson, Cardi B ou Timbaland.

"Nous avons besoin de diversité"


« Je parle pour tous les artistes ici présents, tous les producteurs. Nous passons un temps considérable à faire des disques, à mettre tout notre coeur dedans. Pour reprendre les grands mots d'Erykah Badu, "nous sommes des artistes et nous sommes sensibles avec notre musique". Nous sommes passionnés. Pour la plupart d'entre nous, c'est tout ce que nous avons, c'est notre seul espoir » a-t-il poursuivi avec passion, en dénonçant un manque d'inclusion : « Pendant longtemps, nous avons permis à des institutions qui n'ont jamais eu notre intérêt à coeur de nous juger. Et ça s'arrête maintenant. Je lance officiellement le compte à rebours. Vous avez 365 jours pour vous ressaisir ».

« Nous avons besoin que les artistes reprennent le contrôle, nous avons besoin de transparence, nous avons besoin de diversité. C'est cette salle qui a le pouvoir de forcer le changement qui doit être fait. Ils doivent faire les changements pour nous : c'est une organisation à but non-lucratif qui est censée protéger le bien-être de la communauté musicale. C'est la vérité. Ils travaillent pour nous » a-t-il martelé, invitant ses comparses à faire front pour exiger un changement en profondeur. P. Diddy a alors terminé son discours en citant des oeuvres marquantes réalisées par des artistes afro-américains ayant été snobés par l'Académie : « Je veux dédicacer ce prix à Michael Jackson pour "Off The Wall", Prince pour "1999", Beyoncé pour "Lemonade", Missy Elliott pour "Da Real World", Snoop Dogg pour "Doggystyle", Kanye West pour "Graduation" et Nas pour "Illmatic" ».



Tyler The Creator s'insurge à son tour


Cette prise de parole, qui a ouvert le débat sur les réseaux sociaux, a inspiré Tyler The Creator quelques heures plus tard. En conférence de presse, après avoir remporté le Grammy Award du Meilleur album rap pour "IGOR", l'artiste américain a fait part de son trouble quant aux catégories de genre de la cérémonie. « D'un côté, je suis évidemment ravi de cette marque de reconnaissance, mais de l'autre je trouve que ça craint qu'à chaque fois que "nous" - et quand je dis "nous" je parle des gens qui me ressemblent - proposons une musique qui brouille les frontières, nous nous retrouvons toujours dans les catégories rap ou urbaines. Je n'aime pas le mot "urbain", c'est une façon politiquement correcte de me désigner en utilisant le "N-word". Pourquoi n'avons-nous pas droit d'être classés dans la catégorie pop ? » a-t-il questionné, affirmant percevoir ce prix comme un « compliment à reculons ».

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