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jeudi 08 avril 2010 14:00

Florent Mothe en interview

L'opéra-rock "Mozart" poursuit actuellement sa première tournée confirmant ainsi un véritable succès populaire. Les tubes s'enchaînent pour cette création, qui en renouvelant le genre, démontre que les spectacles musicaux de qualité ont de beaux jours devant eux. Dans "Mozart", Florent Mothe est Saliéri, un personnage complexe tiraillé entre la jalousie et une tendance à l'auto-destruction. Très loin de celui qu'il interprète sur scène, Florent Mothe est un artiste comblé qui défend joliment l'importance du collectif dans un tel succès. Interprète de "L'Assasymphonie", le public ne s'y est pas trompé et l'a soutenu, faisant de lui la Révélation francophone de l'année aux NRJ Music Awards. De sa découverte de la musique au triomphe de "Mozart" en passant par ses premiers groupes et toute la préparation, le travail mené pour le spectacle, Florent Mothe se livre en toute franchise. Interview.
Bonjour Florent, comment as-tu été repéré pour interpréter le rôle de Saliéri dans cet opéra-rock "Mozart" ? (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Florent Mothe : Je vivais depuis trois ans à Toronto. J’avais fait mes études, j’ai eu un diplôme en École de Commerce et je suis parti au Canada car j’ai eu l’opportunité d’y trouver du boulot. Tout en travaillant, j’ai continué la musique et j’ai fait un MySpace sur lequel j’ai mis mes chansons ainsi qu’une reprise. Par chance, l’équipe de casting de "Mozart" est tombée sur mon MySpace et m’a demandé de venir passer les auditions. Comme je suis Français quand même, je suis venu voir ma famille et faire les auditions en même temps. C’est ainsi que j’ai eu un rôle.

Tu as découvert la musique très tôt à l’âge de sept ans. Comment as-tu découvert cette passion ?
Cela s’est fait très naturellement. Mes parents sont mélomanes et mon père joue du piano d'ailleurs. Mon frère et moi nous sommes rapidement mis à la musique. Il prenait des cours de guitare et j’ai commencé avec la flute traversière. J’ai ensuite fait du piano et de la basse.

À quel moment as-tu commencé à chanter ?
J'ai fait du métal pendant longtemps.
Cela s’est fait tout aussi naturellement en fait. J’ai monté des groupes de rock avec des copains. On devait se répartir les rôles et je me suis mis au chant car cela m’a toujours plu. Quand j’étais au collège, je faisais de la chorale d’ailleurs. J’ai été dans beaucoup de styles différents et j'ai fait du métal pendant longtemps avec une technique vocale propre à ce style. J’ai ainsi travaillé le chant au fur et à mesure des années en me disant que j’en ferais bien ma vie.

Découvrez un teaser de l'opéra-rock "Mozart" :



Tu parles des groupes de rock que tu as montés et à l’âge de quinze ans, tu as ainsi participé à la formation Lost Smile qui a duré plusieurs années. Qu’est-ce que tu en retiens ?
J’étais à la basse et au chant. Un autre bassiste est ensuite arrivé et j’étais principalement chanteur. C’est avec ce groupe que j’ai fait mes classes et que j’ai commencé à vraiment travailler la musique dans le sens de la composition et de l’écriture. Nous avons sorti un EP 4 titres et nous avons assuré pas mal de concerts pendant quelques années. Ce fut une très bonne expérience.

Ton parcours est aussi atypique qu’intéressant car tu as commencé dans des formations rock, métal et tu as désormais l’un des rôles principaux dans un spectacle musical grand public. Avec ce vécu, que pourrais-tu dire à un ado de quinze ans par exemple qui a son groupe de musique ?
Je lui dirais qu’il faut continuer de rêver et d’y croire. Il ne faut jamais oublier que la musique est un art et donc que cela se travaille. Il faut écouter beaucoup de styles, de genres différents, les anciens, les nouveaux…

Tu avais participé à un autre spectacle musical avant "Mozart". Comment s’est passée cette expérience sur "L’Alphoméga" ?
C’est une création faite à la fin des années 90, début des années 2000. Le but de ce projet était notamment de faire participer des jeunes. Une album autoproduit était sorti, nous avons fait une seule représentation et il y a ensuite eu un nouveau casting. Je pense d’ailleurs que ce spectacle existe encore.

Tu as participé à une compilation de Béatrice Ardisson. Comment s’est passée cette collaboration ?
Ce n’est pas vraiment une collaboration. En fait, j’ai simplement chanté sur "Sweet Dreams" du groupe Eurythmics. Béatrice Ardisson préparait une compilation pour le restaurant "Le Kong" et celle-ci est sortie chez Naïve. À l’époque, j’étais justement en stage chez Naïve et ils cherchaient un chanteur pour cette reprise là. Je me suis proposé pour chanter, ils m’ont demandé d’écouter ce que je faisais et ils m’ont dit pris.

Parlons de l’album de ce spectacle musical "Mozart". Penses-tu que le succès du disque est lié à cette alternance de sonorités classiques avec du pop rock et ce que l’on peut appeler du glam rock ?
C'est un vrai style que les compositeurs défendent avec cet opéra-rock.
Je pense en effet que c’est notamment lié à cela. C’est un vrai album de rock avec des sonorités classiques. Il y a une vraie orchestration avec des vents, des cordes et même dans l’écriture, c’est assez "mozartien" dans l’influence. C’est un renouveau car il y a quelques groupes qui ont un peu été dans cette voie. Je pense notamment à Queen qui était très axé sur les chœurs et cela faisait un peu des chœurs classiques à l’époque. C’est un vrai style que les compositeurs défendent pour cet opéra-rock.

Le public t’a surtout découvert avec le titre "L’Assasymphonie". Comment as-tu vécu cette période et le succès de la chanson ?
Je t’assure que cela s’est fait aussi simplement que naturellement. C’est une grosse production avec beaucoup d’artistes, de techniciens… Nous sommes un peu dans un cocon tous ensemble à travailler. Je n’ai ainsi pas vu grand-chose du succès dont les gens veulent bien me faire part. Cela me fait néanmoins très plaisir car nous avons beaucoup travaillé. Nous l’avons vécu de l’intérieur donc c’était tant mieux pour tout le monde. Cela promettait de belles choses pour le spectacle et il nous fallait transformer l’essai.

Retrouvez Florent Mothe (Saliéri) dans "L'Assasymphonie" :

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Pendant le spectacle, on ressent cet engouement pour "L’Assasymphonie" au moment même où les toutes premières notes du titre commencent. Est-ce que tu ressens cet ferveur et cet enthousiasme du public ?
Il y a quelques chansons comme "L’Assasymphonie" en effet et "Tatoue-moi" qui se démarquent. C’est toujours le cas dans un album. Je pense d’ailleurs à d’autres titres qui pourraient également sortir en singles. "Je dors sur les roses" de Mikelangelo, "Bim Bam Boum" de Mélissa Mars… sont également de très bonnes chansons. En fait, il y a des titres particuliers dans le contexte car le public les connaissent un peu plus et les attendent.

Pour le moment, ce sont toi, Mikelangelo Loconte et Solal qui sont mis en avant pour les singles. Merwan Rim et les interprètes féminines n'ont pas encore été mis à l'honneur entre guillemets pour les singles. Est-ce que c’est un choix particulier ?
Chacun son tour et c'est tout à fait normal.
Il est logique par exemple que Mozart sorte en premier. Saliéri est un second rôle important donc il est cohérent de mettre ces deux personnages en avant au début. Le nouveau single est celui de Solal. "J’accuse mon père" est une superbe chanson. Chacun son tour et c’est tout à fait normal.

Comment as-tu vécu le départ de Claire Pérot ?
J’étais triste et content pour elle à la fois car elle est partie faire ce qu’elle aime. Elle a eu une belle proposition au cinéma. Elle va tenir un premier rôle. Elle a également d’autres projets en cours tels que des téléfilms et même une pièce de théâtre si je me souviens bien. Elle travaille beaucoup et elle a apporté beaucoup au spectacle donc je suis quand même triste de son départ. Cela a fait un manque.

Plusieurs rumeurs avaient circulé sur le net notamment à propos de son départ de la troupe. C’était donc bien un départ volontaire de sa part ?
Oui et il faut savoir qu’elle a toujours été attirée par le cinéma. Comme tout le monde, elle mène sa carrière. Elle faisait "Mozart" et elle a reçu une proposition qu’elle ne pouvait pas vraiment refuser. "Mozart" lui prenait beaucoup de temps donc elle a tout simplement dû faire un choix.



Tu évoquais tout à l’heure le fait d'avoir vécu de façon collective le succès de "L’Assasymphonie". Comment as-tu vécu le fait d’avoir remporté le NRJ Music Awards de la Révélation francophone de l’année ?
Je n'oublie pas que je dois cette récompense au spectacle.
Tout d’abord, j’étais très heureux d’avoir été nommé car cela montre que l’on a un peu marqué les esprits. Je fus également très touché que les gens me soutiennent car j’ai eu ce prix grâce à leurs votes. Nous avons beaucoup travaillé donc cela fait plaisir quand cela est reconnu. Je n’oublie que je dois cette récompense au spectacle, aux chansons et j’ai eu de la chance que "L’Assasymphonie" soit une chanson de Saliéri. Ce titre a beaucoup marqué. Je tiens aussi à remercier Mikelangelo qui interprète Mozart et qui fait que le spectacle fonctionne également. S’il n’avait pas était un bon Mozart, je n’aurais pas pu être un Saliéri crédible. Les NRJ Music Awards ont été dans une forme de continuité, celle d’une année où le public nous a pas mal vu mais encore une fois, je tiens sincèrement à dire que c’est un succès collectif.

As-tu été entre guillemets un peu frustré de recevoir un prix pour un projet dont tu ne maîtrises pas les ficelles dans le sens où tu es un artiste dans une troupe avec des chansons écrites et composées par d’autres ?
Non pas du tout car on ne maîtrise jamais vraiment les projets. Que ce soit sur un album solo, une comédie musicale ou un groupe, ce sont toujours des choses collectives. La musique n’est pas un sport individuel. Je trouve d’ailleurs plutôt flatteur d’arriver à faire des choses un peu personnelles tout en étant dans un projet collectif avec la force de toutes celles et tous ceux qui y sont impliqués.

Tu parles de Mikelangelo qui interprète en effet très bien Mozart et de l’équilibre entre vos deux personnages. Comment le gérez-vous ?
Si on commençait à se tirer dans les pattes, tout notre travail s'écroulerait.
Tout se passe très bien car nous voulons simplement que le spectacle fonctionne pour le mieux, que l’émotion soit juste et que tout le monde s’élève vers le haut. Nous avons appréhendé les choses de cette façon et c’est comme ça que nous le vivons. Nous nous soutenons les uns les autres et c’est comme ça que ça marche. Si on commençait à se tirer dans les pattes, tout notre travail s'écroulerait et puis sincèrement, cela n'aurait aucun intérêt. Nous savons l'importance d'être unis.. Dans un projet comme celui-ci, il faut vraiment savoir se concentrer sur les choses importantes pour que tout aille pour le mieux.

Retrouvez Florent Mothe (Saliéri) et la troupe de "Mozart" dans "Le bien qui fait mal" :

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Quel bilan as-tu fait du passage au Palais des Sports de Paris ?
Le vrai challenge est d'être constant dans ses prestations.
J’en ai tout d’abord de très bons souvenirs. Quand nous avons été engagé pour le spectacle, le premier objectif était le Palais des Sports. J’en tiens un bilan qui me fait dire que j’ai eu raison de beaucoup travailler. Il me reste encore beaucoup de travail car rien n’est jamais gagné. Le Palais des Sports a été parfois difficile et les toutes premières critiques n’ont pas forcément été très favorables. Le vrai challenge est d’être constant dans ses prestations. Il faut arriver chaque soir comme si c’était la première fois que l’on joue le spectacle. Nous avons eu beaucoup de monde et nous avons senti le soutien du public. Cela nous a donné beaucoup d’énergie pour nous donner au maximum.

Comment as-tu vécu les toutes premières critiques que tu évoques ?
C’est le jeu et il faut toujours travailler pour s’améliorer. C’était notre objectif donc la centième représentation était donc certainement meilleure que la première. Il y avait probablement certains manques et nous avons travaillé pour les combler.

Vous êtes actuellement en tournée, plusieurs représentations ont lieu dans chaque ville et c’est un vrai succès. Comment abordes-tu cette nouvelle étape du spectacle ?
Je l’aborde un peu de la même façon que le Palais des Sports. J’essaie d’être concentré sur ce que j’ai à faire, sur mon rôle et d’être à l’écoute des gens. On a beaucoup de comédie pendant le spectacle et il faut toujours être attentif aux autres. Je suis également à l’écoute de mes émotions afin d’être le plus juste possible. J’essaie aussi d’être relax et de garder un bon rythme de vie. Je continue aussi de travailler et cela comporte notamment des vocalises une demie heure avant de chanter.



Tu parles de l’importance de la concentration et comment avec plus de cent représentations à Paris, tu arrives à donner la même force et la même intensité à une chanson telle que "L’Assasymphonie" ?
L'essence même d'un personnage doit toujours rester la même.
On a défini une personnalité et on l’amène sur scène. Les problématiques de chaque artiste sont ainsi bien connues. Celle de Saliéri est qu’il adore la musique de Mozart mais qu’il en est très jaloux. Cela le renvoie à lui-même et à ses démons ; il a de plus une tendance à l’autodestruction. Tous ces éléments ne bougent pas mais par contre, en tant que comédien, ces raisons peuvent évoluer car on joue le spectacle pendant une longue période. Il ne faut donc jamais perdre de vue les raisons pour lesquelles le personnage est là, les raisons pour lesquelles il réagit d’une certaine façon et pas d’une autre, les raisons pour lesquelles il tient tel ou tel propos… On peut aussi se nourrir de notre vie de tous les jours, de nos souvenirs et de notre instrument de comédien pour être sincère. Par exemple, les raisons qui me faisaient sentir jaloux et qui donnaient à Saliéri sa légitimité ont certainement évolué entre la première date au Palais des Sports et aujourd’hui. Cependant, l’essence même d’un personnage doit toujours rester la même.

Tu as justement un parcours de chanteur et de musicien. Comment as-tu intégré le personnage complexe qu’est Saliéri ?
J’ai beaucoup travaillé ce que l’on nous demandait de faire, c’est-à-dire le chant et la comédie. Pendant un an, nous avons été coaché vocalement par Nathalie Dupuis et cela nous été énormément aidé. Elle a travaillé avec plusieurs artistes et elle a aussi été la coach vocal du film "Gainsbourg". Ils devaient faire du playback et elle les a tellement bien coachés vocalement que quand ils sont retournés faire des essais en studio, ils avaient tellement bien bossé qu’ils ont chanté eux-mêmes. Elle est vraiment très forte. Nous avons eu une coach pour la comédie et elle s’appelle Corinne Blue. On lui doit notamment "Les Nuits Fauves". Nous avons travaillé pendant six mois avec elle. Dans un premier temps, c’était axé sur notre instrument de comédien donc sans prise directe avec "Mozart" et nous avons ensuite travaillé nos personnages. Nous avons d'ailleurs lu les biographies. Il me semble important de connaître les raisons pour lesquelles un personnage est tel qu’il est, cela nous permet d’être plus juste dans les émotions.

Est-ce qu’il t’arrive de penser à l’après "Mozart" ?
Nous n'en sommes qu'au début avec "Mozart".
Oui pour la simple raison que je faisais de la musique avant et que j’en ferai après. Je suis passé professionnel avec "Mozart" et j’espère le rester. Quoiqu’il en soit, nous n’en sommes qu’au début avec "Mozart" car la tournée a commencé récemment, on revient sur Paris l’année prochaine et on va très certainement enchaîner avec une nouvelle tournée. Cela rejoint ce que l’on disait tout à l’heure, il me semble important de rester concentré sur chacun de nos personnages et vivre cette formidable aventure en s’y donnant du mieux possible.

Le fait de participer à un spectacle musical, surtout quand celui-ci fonctionne, peut être un tremplin pour une carrière solo. Est-ce que tu envisages dans les années à venir de sortir un album ?
J’écris comme je le faisais avant mais il n’y a rien de concret. Rien ne m’amène à du stress ou à de vraies réflexions. J’espère pouvoir continuer à faire de la musique après "Mozart" et que cette expérience va m’aider.

Quel message aimerais-tu transmettre au public et aux internautes ?
J’essaie simplement de donner le meilleur de moi-même sur scène. Le mieux est qu’ils viennent découvrir le spectacle sur scène et voir ainsi le résultat de notre travail. Le succès de "Mozart" nous dépasse un peu, les gens se montrent très enthousiastes et nous le prenons avec le sourire. Nous avons travaillé tous ensemble pour ce spectacle, le public nous soutient et c’est une formidable récompense que tout se passe pour le mieux. Tant mieux pour tout le monde, le public et la troupe, car nous passons ainsi tous de bons moments.

Pour en savoir plus, visitez mozartloperarock.fr ou le MySpace officiel.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger l'intégrale du spectacle "Mozart", cliquez sur ce lien.

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