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Mahmood en interview : "Je ne me considère pas du tout comme un sex symbol"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
De passage à Paris, où il donne deux concerts au Café de la Danse, le chanteur italien Mahmood a répondu aux questions de Pure Charts. Sa participation à l'Eurovision, son tube "Soldi", le clip queer de "Barrio", son deuxième album, son statut de sex symbol ou Bilal Hassani... Interview !
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Quel est ton premier souvenir lié à la musique ?
Quand j'étais enfant, je chantais les chansons des dessins animés que je regardais à la télévision. C'est ma mère qui m'a raconté ça, je ne me souviens pas trop. Par exemple, le générique de "Batman", ce genre de choses. (Rires) Mais j'ai vraiment commencé à chanter par moi-même, sérieusement, quand j'avais 8 ans. C'est à cet âge-là que j'ai pris mes premiers cours de chant.

Tu savais que tu voulais devenir chanteur si petit ?
Oui je le savais. Quand je voyais des artistes chanter à la télé, comme Whitney Houston, Ray Charles, Tina Turner ou Stevie Wonder, je savais que c'est ça que je voulais faire. C'était vraiment ma passion. Je chantais toute la journée ! En grandissant, le premier album que j'ai acheté c'est "The Score" des FuGees. C'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à écouter du rap, du hip-hop.

L'Eurovision, c'était une énorme opportunité de me faire entendre
L'Europe, et notamment le public français, t'a découvert lors du Concours Eurovision en mai dernier. Pourquoi avoir participé à l'Eurovision ? C'était dans l'optique de lancer une carrière internationale ?
Non, vraiment pas. C'était d'abord une énorme opportunité de me faire entendre, et évidemment j'ai eu un grand coup de projecteurs pour faire découvrir ma musique dans le reste du monde et pas qu'en Italie. Je n'ai pas participé pour ça, mais ça m'a permis de le faire.

Tu te disais que ta chanson "Soldi" pouvait faire sensation à l'Eurovision ?
Non. (Rires) Mais pas plus ou pas moins qu'une autre en vérité, car à l'Eurovision, tous les genres peuvent marcher. Et il y a beaucoup de styles qui sont représentés. Je n'aime pas trop voir la musique comme quelque chose de segmenté. Pour moi, la musique c'est quelque chose de très ouvert sur le monde, ouvert à tous. Et c'est ce qui s'est passé pour moi. Quand tu regardes bien, "Soldi" ne possède aucune partie en anglais alors que souvent on nous dit que pour que ça marche à l'Eurovision, il faut de l'anglais. Donc je partais avec pas mal de points négatifs pour certains car je chantais totalement en italien, avec quelques mots d'arabe en plus. On me disait que c'était un peu "dangereux" en un sens. La preuve que non ! J'ai été content de montrer une autre facette de l'Eurovision, de montrer que c'était possible.

Regardez le clip "Soldi" de Mahmood :



Tu avais senti la puissance de "Soldi" ?
Oui ! Après que ça puisse devenir un succès, je ne sais pas, c'est un grand mot. Mais j'ai senti qu'elle avait quelque chose de puissant. Il y avait aussi un message assez fort. Mais ce n'était pas la première fois que je ressentais ça, j'avais déjà la sensation d'avoir écrit des chansons fortes avant "Soldi", comme sur "Gioventù Bruciata" ou "Uramaki".

Je suis toujours en contact avec Bilal Hassani
Comment tu expliques le succès de ce titre ?
Je ne sais pas vraiment. C'est arrivé assez soudainement, je n'ai pas trop compris. Pour moi, c'était une vraie surprise. Mais j'en suis super heureux ! Je crois que c'est une combinaison de plein de facteurs.

Bilal Hassani a fait face à un torrent de haine pour sa participation à l'Eurovision. As-tu vécu la même chose ?
Non... C'était vraiment après San Remo que ça a été compliqué. Mais l'Eurovision, ça s'est bien passé. Qu'est-il arrivé à Bilal ?

Il a été victime de cyber-harcèlement, il a reçu des commentaires racistes, homophobes... Ça a été très violent.
Vraiment ? C'est tellement triste...

Vous êtes toujours en contact ?
Oui bien sûr. Parfois, on s'écrit. Je l'aime beaucoup, il est très drôle. C'est quelqu'un de pur, d'authentique, et de généreux.

Tu aimerais enregistrer un duo avec lui ?
Ce serait génial ! Quand il veut !

Je veux rester fidèle à moi-même
En France, en artistes italiens, on en est restés à Laura Pausini ou Eros Ramazzotti. Tu es heureux de représenter la nouvelle génération ?
Je suis très fier, évidemment ! Quand j'étais petit, je les écoutais beaucoup avec mes parents. Surtout Laura Pausini, je l'adore. Et tu sais, ils sont toujours très populaires en Italie !

Tu évoques souvent ton rapport compliqué avec ton père dans tes chansons. C'est difficile de te confier sur des sujets si intimes ?
Non, j'ai besoin de parler de ces choses-là. Je ne peux pas écrire sur quelque chose qui n'est pas réel. Il faut forcément que ce soit arrivé, à moi, à un de mes amis, ou à quelqu'un que je connais. Le plus important pour moi c'est de pouvoir écrire à propos de ma vie, de ce que je vis. Sur scène, c'est plus facile pour moi avec ces chansons de délivrer un message puisque je les vis. Etre sur scène et devoir chanter quelque chose qui n'est pas toi, quelque chose que tu ne ressens pas, ça doit être dur. Je ne me vois pas du tout faire ça. Je veux rester fidèle à moi-même.

Regardez le clip de "Gioventù Bruciata" :



Il y a beaucoup de mélancolie et de nostalgie dans tes titres. D'où ça te vient tu penses ?
Je ne sais pas. J'ai toujours ressenti cette sorte de mélancolie en moi. Depuis que je suis tout petit. En fait.. (Il rit) C'est très difficile pour moi d'écrire des chansons joyeuses. Même "Milano Good Vibes", qui est assez enjouée, elle est quand même accompagnée de mélancolie. C'est en moi. J'ai commencé à écrire parce que je me cherchais, ça m'a permis de savoir qui je suis. J'y ai trouvé mon identité.

J'ai envie de réaliser des choses incroyables
Il y a beaucoup de références à l'Asie dans ton univers, que ce soit la pochette de ton premier album avec le dragon ou dans les textes de tes chansons. Pourquoi ça t'inspire autant ?
J'adore la culture japonaise. Enfant, je regardais beaucoup de dessins animés japonais comme "Dragon Ball", des mangas. J'adore cet univers. Je n'y suis jamais allé encore mais c'est un de mes rêves de visiter le Japon.

Tu as eu la pression après le succès international de "Soldi" ?
(Il réfléchit) J'ai envie d'évoluer, de grandir, de réaliser des choses incroyables. Mais je ne me mets pas de pression, je prends plutôt ça comme des défis à relever. Ça te booste et ça te porte plus haut. C'est marrant, ça tombe bien car j'adore écrire et composer. Je suis très chanceux, car je peux en faire mon métier, c'est ma passion.

Je prépare mon deuxième album
Dans le clip de "Barrio", on peut voir deux garçons qui se retrouvent à la tombée de la nuit. J'y vois le fait qu'ils cachent leur homosexualité le jour. C'est important pour toi d'évoquer ce genre de sujets, qui peuvent être tabous en Italie comme en France ?
Pour moi, la liberté c'est la chose la plus importante. J'aimerais que tout le monde puisse se dire que c'est normal d'être qui il est. J'aime que le clip de "Barrio" ait différentes lectures. Pour certains, ces deux garçons sont amis, ils sont dans le désert, et à la fin ils se retrouvent pour se battre. D'autres les voient comme un couple gay, et donc la fin est un rendez-vous amoureux. Tout le monde peut imaginer ce qu'il veut. Et tout est possible. Toute éventualité est bonne !

"Barrio" ne figure pas sur ton premier album. Tu travailles donc sur le deuxième ?
Oui, je suis en train de préparer le deuxième album. J'écris beaucoup, surtout en ce moment. J'essaie d'écrire et de composer d'une façon différente. Il y a quelques années, j'écrivais d'abord et je créais les mélodies dessus. Maintenant, je fais l'inverse, je compose les mélodies en premier et après j'y appose les paroles.

Pourquoi ce changement ?
De cette façon là, je me sens plus libre. Je peux faire en sorte que les mélodies aient un peu plus d'envergure. Et puis ce n'est pas évident de gérer ça avec des paroles en italien. Mais je ne réfléchis pas en "marché italien" ou en "marché international". Je pense que le deuxième album sera plus mature. Mais je ne veux pas trop en dire pour le moment. Il sortira l'an prochain, ça c'est certain.




Qu'est-ce que tu veux montrer sur ce deuxième album ?
J'ai envie de dévoiler une nouvelle facette, que je peux faire des choses nouvelles, évidemment. Et de donner une plus grande liberté à la chanson italienne. Pour plaire, on croit souvent qu'il faut faire ci ou ça, mais je n'y crois pas. Beaucoup de choses ont changé avec "Soldi". Et j'ai envie que ce soit encore le cas avec les prochaines chansons, d'aller plus loin dans cette direction.

J'ai de très bons souvenirs à Paris
Tes deux concerts à Paris sont complets...
Mamma mia ! C'est incroyable ! Hier, j'ai rencontré un garçon qui vit à Paris et il m'a dit qu'il avait acheté ses places pour un des deux concerts. Je suis super content quand ce genre de choses m'arrive.

Quel est ton lien avec la France ?
J'adore Paris. Ces dernières années, je suis souvent venu ici, notamment pour des Fashion Week, que ce soit Berlutti, Burberry ou Vogue. Il y a une certaine élégance ici. La première fois que je suis venu à Paris, j'avais sept ans, j'étais avec ma maman. Nous sommes allés à Disneyland Paris, c'était super. J'ai de très bons souvenirs à Paris.

C'est important pour toi d'évoluer au sein du monde de la mode ?
C'est très important, oui. La mode, c'est un peu comme la musique, tu dois toujours évoluer, tu peux devenir quelqu'un d'autre. Ce n'est jamais pareil. Et c'est inspirant pour un artiste.

Ma famille et mes amis m'aident à garder les pieds sur Terre
Comment vis-tu le succès ? Les fans, l'argent, la notoriété et même les couvertures de la presse people...
Je suis heureux. L'an dernier, c'était plus difficile parce que tout était nouveau pour moi, j'ai appris sur le tas. Chaque jour était fait de multiples découvertes. Parfois, ça a pu me faire peur et j'étais aussi très fatigué. Là, cet été m'a permis de me régénérer. J'ai repris de l'énergie. Je suis très focalisé sur ce que je dois faire, ce que j'ai envie de faire. Je ne m'occupe pas trop du reste. Et je continue d'apprendre grâce à la tournée. C'est très formateur.

Comment tu arrives à garder les pieds sur Terre ?
Ma famille et mes amis m'aident à garder les pieds sur Terre. Ma mère est très présente. Je ne viens pas d'une famille très riche tu sais...

Mais ça peut être déstabilisant...
Non, pas pour moi. Je me souviens toujours de qui je suis et d'où je viens.

On te décrit dans la presse comme un sex symbol. D'ailleurs, tu t'affiches souvent torse nu sur Instagram. Tu as conscience de ce statut ?
(Rires) Ça me fait beaucoup rire. Je ne me considère pas du tout comme un sex symbol. Mais je m'en amuse parfois. Je trouve ça marrant.

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