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M Pokora en interview : "Combien de fois j'ai pu lire que j'étais fini..."

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
M Pokora est de retour dans les bacs cette semaine avec son sixième album "R.E.D.", qui sont les initiales de "Rythmes Extrêmement Dangereux". Le chanteur évoque l'évolution qu'il représente, tant sur le plan musical que dans la conception qu'il se fait de son métier. L'occasion aussi d'évoquer sa prochaine tournée, les critiques et Kendji. Rencontre.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Ce nouvel album, c'est une très belle surprise sur le plan vocal.
Merci ! Ça me fait plaisir que tout le monde remarque les efforts qui ont été faits !

Mais c'est aussi un nouveau défi, celui de te couper totalement de "Robin des Bois" et d'affirmer une identité forte après cette expérience ?
Oui, forcément. "Robin des Bois", ce n'est pas un album que j'aurais fait moi-même. Quand j'ai accepté de participer à ce projet, j'ai accepté de jouer le jeu à fond. C'était aussi pour chanter un autre répertoire et tenter de nouvelles choses sur le plan vocal. Je savais que j'en étais capable. J'ai la chance de pouvoir être polyvalent, de pouvoir me balader dans différents registres. J'aime ça. Là, avec "R.E.D", il fallait encore montrer une évolution. Je te l'accorde, c'est quelque chose qui est valable pour chacun de mes disques... Ils sont tous marqués par une évolution vocale. Je pense qu'en partant de "R.E.D" et en remontant jusqu'à mon premier album, tu ne reconnais même pas ma voix. (sourire)

Pas que sur le plan vocal d'ailleurs !
Je suis plus solide dans tous les domaines
Oui. Il y a une évolution de tous les paramètres ! Que ce soit sur scène ou en danse. C'est pour ça que pour "Robin des Bois", j'ai voulu apprendre à faire des acrobaties. Sur la prochaine tournée, il y aura des acrobaties et je jouerai réellement d'un instrument. Je suis sans cesse en train de vouloir apprendre de nouvelles choses pour enrichir mon bagage.

Comment décrirais-tu la tonalité de ce nouvel album ?
Musicalement, ça reste mes influences. On est dans la continuité avec de la pop… Des influences urbaines aussi ! Je dirais qu'on est dans quelque chose de plus costaud. Quand j'écoute "Juste une photo de toi" et "Le monde", je m'aperçois que c'est vocalement plus poussé, que le texte est plus recherché avec un vocabulaire que je n'aurais peut-être pas assumé à l'époque. Tout simplement parce que je n'en étais pas encore là dans ma tête. Par exemple, "Entre parenthèses", c'est typiquement le titre qui peut être très casse-gueule si les mots ne sont pas beaux. C'est très dur à faire sonner en français !

Tu estimes que tes précédents disques ne sont pas aussi bons ?
C'est moins bien, forcément, parce que je n'avais pas la même expérience. Ronaldo à 21 ans était moins bien qu'il l'est à 29. Là où à l'époque il aurait tiré comme un bourricot dans un angle fermé, aujourd'hui il fait une passe décisive qui donne un but. J'étais moins fort à 19 ans que je le suis à 29. Aujourd'hui, je suis plus solide dans tous les domaines. J'ai progressé dans tout. Ma vision de la musique a changé. Je dirais que maintenant je vais plus à l'essentiel.

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Aux crédits de "R.E.D", on retrouve les noms de différents producteurs ayant travaillé avec Katy Perry et Bruno Mars. Tu t'es dit que ces artistes-là pouvaient t'apporter ce que tu cherchais ?
Tout d'abord, on retrouve Yohann Malory sur cet album. Je bosse avec lui depuis pas mal de temps. Aujourd'hui, il travaille pour Jenifer ou Florent Pagny. Il y a aussi Philip Lawrence, qui est le binôme de Bruno Mars. Ce n'est pas moi qui suis allé le chercher. C'est lui. C'est son équipe qui a envoyé des sons à mon manager. Ils avaient entendu dire que je bossais sur un nouveau disque. Ils ont eux-mêmes proposé des morceaux. Je les ai rencontrés à Los Angeles quand j'y suis allé cet été.

La musique de Bruno Mars te parle en particulier ?
Avec Jean-Jacques Goldman, on a un contact régulier et direct
Tout à fait ! Il est influencé par Michael Jackson et les eighties. C'est l'époque où j'ai commencé à kiffer la musique. On retrouve toutes ces influences sur mon nouvel album, sur la chanson "La nuit s'emballer" par exemple. Je ne me dis pas que je vais travailler avec telle ou telle personne. Il y a aussi mes acolytes à qui je fais confiance. Comme Matthieu Mendès. Je sais qu'avec lui on peut sortir trois titres en une journée. Et puis, il y a aussi Miossec qui a écrit "Cœur voyageur". Ce sont des rencontres, des connexions…

Il a été question de Jean-Jacques Goldman… A une époque, il créait l'événement en faisant de rares apparitions sur les disques de certains artistes. Depuis quelques mois, il est partout : Hélène Segara, Zaz, Patrick Fiori, Christophe Willem… N'est-il pas devenu un outil marketing ?
Les gens savent maintenant que ce n'est pas quelqu'un qui m'est inconnu. Je le vois régulièrement aux Enfoirés. Je l'ai vu plusieurs fois à Marseille. On a un contact régulier et direct. Il n'y pas de secret, ni de mystère. Comme avec beaucoup d'artistes, on s'appelle et il me propose des choses. Si ça le fait, on garde ; sinon on ne garde pas. En l'occurrence, ce qu'on a fait sera peut-être sur une réédition. Si je bossais avec Jean-Jacques juste pour avoir le nom, peu importe le titre, je l'aurais mis dessus. Si je travaille avec lui, c'est parce que c'est un grand auteur et compositeur. Il est respecté par toutes les générations. Je veux qu'il ressorte de cette collaboration ce que j'aime de chez lui et que ça se mélange bien avec ce que j'aime. Jean-Jacques, c'est aussi un rêve de gosse. Vu l'histoire que j'ai avec les titres de Goldman dans ma carrière, ce n'est pas pour envoyer un truc à deux balles. Ça ne sera peut-être pas un single, mais tout du moins une belle chanson.

Avec "R.E.D", je suis tantôt show-man, tantôt crooner et musicien
Où est-ce que cet album t'amène, artistiquement parlant ?
C'est un album que j'ai pensé pour le live. C'est pour ça que j'ai mis beaucoup de cuivres. Je l'ai pensé en me disant : "Si je suis tout seul sur scène avec les musiciens, est-ce que ça peut défoncer ?". Je voulais qu'il n'y ait pas besoin de visuel pour pouvoir emporter le public. Le band et ma performance doivent suffire à faire lever la salle entière. C'est dans cet état d'esprit que j'ai travaillé sur cet album. Ça commence par la voix ! Aujourd'hui, je suis capable de poser sur plein de choses. Je peux passer d'une voix de tête à une voix pleine. Je peux aller choper des notes assez hautes en voix pleine. Avec "R.E.D", je suis tantôt show-man, tantôt crooner et musicien.

"R.E.D", c'est aussi un disque plus intime. Ta vision des relations humaines n'est pas très réjouissante. Qu'est ce qui a fait évoluer ton point de vue ?
Je suis un peu plus défaitiste, mais le monde est ce qu'il est... Il suffit de regarder notre génération et ce qu'il se passe autour de nous. Je trouve que ça nous pousse à être plus défaitistes qu'optimistes dans les relations. Aujourd'hui, c'est vachement plus dur. Cet album, c'est aussi parler un peu de moi. Le titre "Mieux que nous", c'est le divorce. Ça touche tout le monde, moi compris. J'étais dedans. J'en avais déjà parlé sur mon album anglais. Mais pas avec les mêmes mots ! Ça n'a plus le même impact quand tu as 29 ans.

Je ne suis plus un gamin
Peut-être parce que ce sont aussi des thèmes qui peuvent toucher plus facilement ton public aujourd’hui...
A mon âge, on est capable de taper fort sur quelqu'un de 15 ans, de 35 ans et même de plus de 50 ans. La preuve, c'est que mon public va aujourd'hui de 7 à 77 ans. Quelqu'un de 50 ans te trouve pas encore trop miné et quelqu'un de 15 ans ne te trouvera pas trop vieux non plus. Donc, 29 ans, c'est vraiment le moment où tu dois être en accord avec ce que tu es. Visuellement et dans le discours. A une époque, je pouvais avoir des textes moins bons et des prods meilleures. Là, il fallait que tout soit aligné au même niveau. Il y avait un équilibre à trouver. Je pense l'avoir trouvé avec "R.E.D".

Ton public a évolué, du fait de son précédent album et de ta participation à "Robin des Bois". Te sens-tu obligé d'évoluer en fonction de lui ou est-ce que tu poursuis ton chemin indépendamment de ce qu'il est ?
C'est l'image que je véhicule que les gens aiment. C'est un message positif, de la musique, des cuivres, ça bouge, c'est bien produit… C'est tout ça que les gens aiment de moi et c'est ce que j'aime faire aussi. Le teaser de cet album, c'était pour annoncer que je ne suis plus un gamin… Pas un homme, parce que c'est pour plus tard, vers la quarantaine… Je suis un jeune homme. Et ce jeune homme reste très éclectique. J'écoute trop de choses différentes pour me cantonner à un style unique. J'aime aller dans différentes directions.

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Ça fait onze ans que vous attendez que ça finisse !
Dans quel état d'esprit es-tu pour la sortie de ce nouveau disque ? Penses-tu avoir gagné en crédibilité ?
Je suis bien dans mes baskets. Mon Wikipédia parle pour moi. Je remplis des salles et les projets que j'enchaîne fonctionnent. Pourquoi je me prendrais la tête à chercher la crédibilité ? Ce que je cherche avant tout, c'est être performant dans ce que je veux faire. Le but, c'est de me dire que chaque nouvel album est mieux que le précédent. Chaque album est l'embryon du suivant. Si on me laissait dix ans pour faire un disque, la tracklist changerait sans doute tous les six mois. C'est ce qu'on a fait pour cet album-là.

Tu avais effectivement beaucoup de titres pour ce disque, 25 je crois.
Oui. Et de ceux que j'avais choisis il y a six mois, il n'en reste aujourd'hui plus que trois. Et pourtant, j'étais sûr de moi il y a six mois. (sourire) C'est pareil pour tous les artistes ! Je ne vais pas parler de l'album de la maturité. C'est une connerie que tu racontes pour chaque album au-delà des 30 ans. Pour moi, ça n'existe pas l'album de la maturité. C'est un album qui est à maturité au moment où tu as décider d'arrêter la setlist. Si je ne suis pas crédible en remplissant Bercy, en participant à une comédie musicale qui a réuni 800.000 spectateurs, en gagnant des NRJ Music Awards, alors je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Je suis crédible dans ce que je fais. Après, ce sont les goûts et les couleurs…

Tu ne peux pas faire carrière si tu es un branleur
Comment appréhendes-tu la critique ?
Parlons de Pure Charts… Quand je lis certains commentaires, et pas uniquement sur moi, je trouve que ça manque de respect à des gens comme Michael Jackson ou Madonna. Si on ne respecte pas Madonna, avec la carrière qu'elle a faite, on va où ? Il faut respecter les fans qui aiment Madonna, Mylène Farmer, Lady Gaga, Garou… Chacun y trouve son compte et puis c'est tout. On ne va quand même pas s'entretuer. Si je remplis des salles, c'est qu'il y a des gens pour ça, qui ont besoin de ce genre de musique-là. Onze ans de carrière, ce n'est pas rien non plus. Ce que j'ai fait, ce n'est pas rien ! A un moment, il faut juste le reconnaître. Ce n'est pas de la prétention, mais il n'y a pas cinquante artistes de 29 ans qui sont passés par toutes les étapes par lesquelles je suis passé. Combien de fois j'ai pu lire que j'étais fini. Les gars, ça fait onze ans que vous attendez que ça finisse ! (sourire)

Tu arrives 12ème au dernier classement des chanteurs les plus sexy de Têtu… Tu t'es fait voler la vedette par Kendji cette année. Tu n'es pas trop déçu ?
Il a une pilosité un peu plus forte ! (sourire)

Plus sérieusement, c'est important pour toi l'image que tu véhicules ?
C'est très bien ! Mais il me semble que j'étais mieux classé l'an dernier. C'est toujours flatteur, on ne va pas se voiler la face. Quand on quitte le miroir le matin, c'est qu'on pense qu'on est prêt pour sortir. Je préfère entendre "Il est beau gosse" plutôt que "Il a une tête de con et il est dégueulasse". J'essaie d'avoir une belle coupe de cheveux et de sentir bon quand je sors. C'est une marque de respect envers les gens. Si je ne respectais pas les gens, si je prenais l'oseille et que je m'en allais, je ne durerais que trois ans. Il n'y a pas de secret. Si tu veux durer dans le temps, il faut travailler. Tu ne peux pas faire carrière si tu es un branleur.
Pour en savoir plus et retrouver les dates de la tournée, visitez mpokora.com.
Ecoutez et/ou téléchargez "R.E.D." de M. Pokora sur Pure Charts.

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