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vendredi 06 septembre 2019 19:20
"Norman Fucking Rockwell" : Lana Del Rey éblouissante et intime sur un album épuré
Lana Fucking Del Rey. Sur son nouvel album, la chanteuse se met à nu comme jamais sur 14 titres dépouillés à l'extrême, dont ressortent uniquement les émotions les plus fortes. Assurément, "Norman Fucking Rockwell" est l'album le plus sincère, le plus intimiste de son auteure, à défaut d'être le meilleur.
Crédits photo : Pochette de l'album
Sur la pochette, Lana Del Rey tend la main à son auditeur. Le message est clair. "Norman Fucking Rockwell" est une invitation au voyage, à s'éloigner du tumulte de la ville pour voguer au calme sur la baie californienne. Voilà le constat qu'on peut tirer du sixième album très attendu de la popstar. Car accepter sa main, c'est accepter d'entrer dans une nouvelle facette de l'univers Del Rey. Certes, il y a toujours ses références à une americana fantasmée (on y cite donc Norman Rockwell, le fameux peintre qui a figuré l'Amérique des années 20 à 50, les Beach Boys, Led Zeppelin ou encore Duke Nicholson, le petit fils de Jack Nicholson, présent sur la pochette), mais la chanteuse les enrobe d'une note douce-amère et nostalgique, sur la partition d'un été qui prend fin. « You lose your way, just take my hand » chante-t-elle d'ailleurs sur l'excellent premier single qu'a été "Mariners Apartment Complex". Quand Lana Del Rey nous prend la main, c'est pour mieux la lâcher au moment opportun. C'est ainsi que l'album s'ouvre frontalement sur cette phrase équivoque : « You fucked me so good that I almost said "I love you ». Plus rentre dedans, on ne fait pas ! Mode mineur, album majeurAprès un "Lust for Life" plus lumineux et politique, "Norman Fucking Rockwell" est l'album du bilan, et celui-ci n'est pas toujours positif. Comme le prouve la pochette, l'idée est de faire dos à cette ville en flamme pour chercher du calme, de la volupté au large. Une volonté qui traverse cette heure d'écoute, nous transposant directement dans une Californie ravagée par le climat et la politique, mais dont subsiste toujours une profonde admiration. Au soleil couchant, Lana Del Rey semble pourtant à son zénith. "Norman Fucking Rockwell" est probablement son disque le plus sincère et surtout, le plus épuré. Loin des tubes indés de "Born to Die", c'est en mode mineur que la chanteuse opère 14 titres, les plus dépouillés possible pour que ne subsiste que l'émotion la plus simple, la plus touchante. Passés les 10 minutes folles de "Venice Bitch" et le petit tube évident qu'est "Doin' Time", un peu en décalage vu son approche plus groovy, Del Rey écaille au possible ses titres. Si l'on dit souvent qu'un milieu d'album ressemble à un ventre mou, "Norman Fucking Rockwell" vient prouver le contraire. "Love Song", "Cinnamon Girl", "How to Disappear", "California"... Un enchaînement des plus divins qui nous fait naviguer dans le répertoire si particulier de la chanteuse, comme elle nous l'a si bien habitués depuis 2012. C'est d'ailleurs de l'esprit ballade tourmentée de "Ultraviolence" que s'inspire ici Del Rey. Bon signe quand il s'agit de puiser ses influences dans ce qui reste à ce jour son meilleur album. Ecoutez "Love Song" : Il faut d'ailleurs faire un aparté sur "Love Song", probablement le plus beau titre du projet qui nous invite au voyage amoureux : « Be my once in a lifetime / Lying on your chest in my party dress / I'm a fucking mess, but I / Oh, thanks for the high life ». On en a encore les frissons. Si Lana a toujours à coeur de nous conter des relations qui se sont tristement finies, son désir de création sur le somptueux "The Next best American Record" (« We were so obsessed with writing the next best American record / 'Cause we were just that good ») et la nostalgie d'un New-York lointain (« I miss New York and I miss the music / Me and my friends we miss rock n roll »), c'est dans les entrailles de "The Greatest" qu'elle en profite pour pointer du doigt le réchauffement climatique et Kanye West, avec sa voix inimitable : « Hawaii just missed that fireball / L.A. is in flames it's getting hot / Kanye West is blond and gone / "Life on Mars" ain't just a song ». Plus l'album avance, plus les compositions semblent minimalistes. Après une heure de voyage, "Normal Fucking Rockwell" se termine d'ailleurs sur une note audio du producteur Jack Antonoff : « Etait-ce réel ? Il y a une chance que je me réveille et que tout ça n'ait jamais existé ? J'espère que c'était réel ! ». Nous aussi, on l'espère ! On pourrait lui reprocher la linéarité du projet, presque entièrement composé de ballades aux arrangements débarrassés de tout artifice. On pourrait dire que l'écoute se fait d'une traite à chaque fois et qu'il semble impossible d'en tirer une piste au hasard. Mais c'est justement cela qui fait de "Norman Fucking Rockwell" un disque somptueux. Tout y est pour nous faire adhérer à un univers dont les images nous sautent directement aux yeux. Derrière la mélancolie évidente qui traverse le disque, Lana Del Rey semble avoir pris un vrai plaisir à travailler avec Jack Antonoff. Et nous de l'écouter. Alors oui, ce n'est peut-être pas son meilleur album, mais c'est probablement le plus honnête de son auteure. Et la vague de critiques dithyrambiques ne s'y est pas trompée. Fuck it we love you, Lana ! Regardez le clip de "Doin' Time" : Quand Lana Del Rey nous tend la main, on la prend sans broncher. Pendant une heure, "Norman Fucking Rockwell" chante la mélancolie et la nostalgie avec autant de sublime que d'émotion. Certes, ce n'est pas le meilleur album de Lana mais probablement son plus épuré et plus beau.
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