Lana Del Rey

Crédits photo : Pochette de l'album
Après des débuts tonitruants et un succès mondial inattendu, Lana Del Rey a voulu prouver qu'elle n'était pas une marionnette. Se détachant de son univers pop vaporeux, la chanteuse US a brouillé les pistes sur l'ultra sombre "Ultraviolence" et "Honeymoon", expérimentant un son plus rétro voire soul. Puisque les fans le réclamaient, la belle a annoncé un retour aux sources avec "Lust for Life", un album qu'elle décrit comme « plus politique » à destination de la jeune génération, qu'elle avait abandonnée en route. Et réciproquement. Mais qu'en est-il vraiment ? Clairement, "Lust for Life" est plus lumineux que "Ultraviolence" et plus chaleureux que "Honeymoon". Toujours brumeux mais plein de vie, multipliant les clins d'oeil à l'Amérique, il s'inscrit ainsi musicalement dans le sillon de "Born to Die".

Des escapades hip-hop sans saveur

Et le disque parvient même parfois par miracle à en réitérer la magie des débuts. Avec son beat urbain synthétique et son spleen inné, le polaroid musical "Coachella - Woodstock In My Mind" prend la forme d'une véritable machine à remonter le temps et nous ramène aux premiers émois de l'époque où Lana Del Rey était encore pour nous une énigme à résoudre. Mais ses escapades hip-hop tant attendues tombent finalement à plat. Si son timbre résonne et vibre avec intensité sur "Summer Bummer" avec Playboi Carti et A$AP Rocky, ces derniers n'apportent finalement pas grand-chose à l'univers de la baby doll. Le voluptueux mais fade "Groupie Love", toujours avec A$AP Rock, confirme une déception tant Lana Del Rey parvient sur "Lust for Life" à s'ouvrir au monde et à sortir quelque peu de son personnage dans lequel elle s'était enfermée.

Une aura intacte

Après la superbe introduction "Love", une déclaration d'amour pleine d'espoir et plus que jamais d'actualité en ces temps troublés, le duo phare avec The Weeknd - qui donne son nom à l'album - souligne son envie de revenir à un répertoire plus accessible et optimiste, moins mystique aussi, tout en conservant son ADN. D'ailleurs, à quand un album commun entre Lana Del Rey et The Weeknd tant leur alchimie fonctionne à merveille ? Si globalement, cet album "Lust For Life" manque de surprise et d'audace dans les mélodies ("Cherry", "White Mustang", "In My Feelings", "Heroin"...), l'aura de l'artiste reste pourtant intacte.




Comment ne pas avoir le coeur qui se serre quand sa voix s'envole sur le sublime "Change" et "13 Beaches", les gros coups de coeur de l'album avec "Tomorrow Never Came" feat. Sean Ono Lennon, ou lorsque le charisme de Stevie Nicks percute celui de Lana sur le désarmant "Beautiful People Beautiful Problems" ? Les premières notes frissonnantes de "God Bless America – and All the Beautiful Women in It", titre féministe où la voix de la chanteuse nous envoûte en une fraction de secondes, nous rappellent d'ailleurs - si besoin - pourquoi nous sommes tombés sous son charme il y a six ans déjà. Et ce n'est pas fini...