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vendredi 02 février 2018 17:46

"Man of the Woods" : Justin Timberlake rate son retour avec un album dénué d'ambition

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Alors qu'il sera dimanche soir sur la scène du Super Bowl, Justin Timberlake déçoit avec "Man of the Woods", un nouvel album tiède et sans éclat. Notre critique !
Crédits photo : Jive / Epic
Cinq ans d'attente pour 1h05 de soupirs. En aurait-on trop fait avec le retour événement de Justin Timberlake, si rare dans une industrie en perpétuel mouvement qu'on l'attendait comme le messie ? Sûrement. Car à l'écoute de son cinquième album "Man on the Woods", un constat s'impose : l'artiste américain a souhaité déconstruire cette image de superstar de la pop, sans doute imposée à son insu et qu'il n'a probablement jamais aimé. N'espérez pas retrouver parmi les 16 chansons de "Man on the Woods" cette étincelle qui a fait de "Can't Stop The Feeling" un tube immédiat et encore moins le digne successeur de "FutureSex/LoveSounds", qui prenait en 2006 la forme d'une démonstration impériale du sens de l'entertainement et du flair avant-gardiste qui animaient alors l'artiste. On retrouvait pourtant à ses crédits les mêmes producteurs, Timbaland et Ganja. En renfort, les artisans de son premier coup d'éclat "Justified" (2002) : les Neptunes, le duo de producteurs formé de Pharrell Williams et Chad Hugo. Sur le papier, l'offre était donc des plus alléchantes. Mais une différence de taille oppose les deux projets : ici, Justin Timberlake et sa clique n'inventent plus le futur, ils se contentent de regarder le passé.

Pas de tube, des textes qui sonnent creux


Souvent chaude et ensoleillée, la musique de "Man of the Woods" rend bien plus hommage à la soul-funk des années 70 que la bande affectionne qu'à la country traditionnelle américaine que nous vendait le teaser. "Midnight Summer Jam" est un boeuf joyeux où les harmonicas côtoient claps et percussions. Le très plaisant "Montana" revêt des reflets langoureux de ballade disco et "Young Man" est insufflé d'une âme gospel. Le duo avec Alicia Keys, "Morning Light", s'appuie sur un petit air reggae qui s'écouterait volontiers les pieds dans le sable. Problème, on a impression que l'auditeur n'est pas vraiment convié à la fête. Justin Timberlake a parlé de son album « le plus intime » mais sans doute parce qu'il a été fait en famille, avec des amis qu'il côtoie dans le milieu depuis plus de 15 ans ; pas parce qu'il se livre à coeur ouvert et s'épanche véritablement sur sa vie, ses peurs, ses doutes.

Pour ne rien arranger, les paroles sont souvent pauvres ou risibles. « Success is cool, and money is fine / But you're special, another level » susurre-t-il d'un ton mièvre sur le refrain de "Higher Higher". Avec sa sensualité débordante, le morceau se révèle pourtant l'une des seules éclaircies d'un disque bien terne en terme de créativité. On est loin, très loin, des ambitions de "The 20/20 Experience", qui se risquait à flirter avec les limites de la pop. Et quelle douce ironie d'intituler un titre "Say Something" quand son texte ne dit... strictement rien. Justin Timberlake et Chris Stapleton l'admettent eux-mêmes, dans un éclair de lucidité : « Sometimes, the greatest way to say something is to say nothing at all ».




Alors oui, tout n'est pas à jeter et il y a des titres qui s'écoutent sans déplaisir comme "Montana", "Breeze Off the Pond" ou même "Filthy" et "Supplies". S'ils déroutent de prime abord, ces deux extraits dévoilés en amont au public se révèlent les pistes les plus intéressantes de l'album, la première avec ses effusions acid house futuristes, la deuxième avec son mélange urbain/acoustique terriblement actuel. Mais encore une fois, ce n'était pas vraiment ce qu'on attendait d'un artiste de la trempe de Justin Timberlake qui s'apprête à enflammer le Super Bowl dans deux jours...

Ça ressemble à une erreur de parcours
A écouter : Le très cool "Higher Higher", "Midnight Summer Jam", "Supplies", "Filthy", "Montana"
A zapper : "Sauce", l'assommant "Flannel", "Wave", l'atroce "Man of the Woods", "Livin' Off The Land"


Pour en savoir plus, visitez justintimberlake.com, ou son Facebook officiel.
Ecoutez ou téléchargez le dernier album de Justin Timberlake sur Pure Charts.

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