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jeudi 19 juillet 2018 10:48

Jacques Brel "bipolaire" et "dur" : sa fille France sort du silence

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
A l'occasion des 40 ans de la mort de Jacques Brel, sa fille France organise une exposition à la Fondation Jacques Brel. Dans Paris Match Belgique, elle sort du silence et raconte des bribes de son enfance, dévoilant au passage le visage méconnu de l'artiste. "Il était assez bipolaire" confie-t-elle.
Crédits photo : Bestimage
Disparu le 9 octobre 1978, Jacques Brel n'a rien perdu de sa superbe et son répertoire résonne toujours. Pour preuve, Maurane préparait un album de reprises, à l'occasion des quarante ans de sa mort. Le projet "Maurane chante Brel" sortira à titre posthume à la rentrée prochaine, la chanteuse était décédée en mai dernier. "Quand on n'a que l'amour", "Ne me quitte pas", "Vesoul", "Amsterdam", "Le plat pays", "La chanson des vieux amants"... L'artiste a laissé derrière lui un répertoire riche en chansons intemporelles. Mais le public connaît peu la personnalité de Jacques Brel, alors sa fille France Brel, à la tête de la Fondation Jacques Brel, a eu à coeur de partager ses souvenirs dans le nouveau numéro de Paris Match Belgique. Et elle n'hésite pas à dévoiler les parts d'ombre de son père.

"Il peut être dur et j'en souffre"


Elle l'appelait d'ailleurs Jacques et non "papa". « C'est lui-même qui me le demande un jour. (…) J'ai presque 21 ans à l'époque. Je n'oublierai jamais ce moment. Je pense que la paternité et ses filles ne l'intéressaient pas. Il voulait vivre d'autres choses » explique France Brel aujourd'hui, racontant alors sa désillusion : « Il peut être dur et j'en souffre. Du moins au début. Cette forme d'amour paternel un peu particulière est comme une vague à prendre dans la figure. Et comme avec les vraies vagues, je plonge en dessous et laisse passer les remous. Je finis avec patience à accepter cette dureté tendre ». Au passage, la fille de Jacques Brel révèle qu'il « était assez bipolaire » : « Ou il s'intéressait à l'autre, ou l'autre devait l'écouter ».

"C'est violent"


D'ailleurs, l'interprète de "Ces gens-là" semblait très torturé. « Il disait souvent : "On ne m’a jamais compris". Au fond de lui, il y a avait cette impression de ne pas avoir été aimé. C'était étrange. Un mystère. (...) Ou il s'intéressait à l'autre, ou l'autre devait l'écouter » raconte France Brel, sans détour. Elle révèle même comment elle a appris l'annonce de sa mort, alors qu'il n'avait que 49 ans : « Avant que les radios n'annoncent la nouvelle, je reçois un coup de téléphone de ma mère. Elle m'annonce la mort de Jacques (...) A l'entrée, des photographes se pressent, des mesures de sécurité sont prises, je dois décliner mon identité. On me fait emprunter des couloirs dérobés pour accéder à sa chambre. Je découvre le visage apaisé de celui qui peut partir le travail accompli. Pour ne pas m'écrouler, je m'accroche à cette pensée : il a achevé son chemin de pèlerin ».

Le choc est terrible pour France Brel car elle avait appris par la presse que son père avait été admis à l'hôpital, atteint d'un cancer du poumon. « C'est en tombant sur Paris Match quelques mois plus tôt que j'ai appris que Jacques était hospitalisé. Lorsqu'il est rentré des Marquises pour se faire soigner en France, des photos de sa descente d'avion sont publiées. Rentré en Europe, il n'a même pas pris soin de nous prévenir. C'est violent. On ne compte plus pour grand-chose. Ou alors il ne voulait pas que je le voie si diminué. Sans doute un peu des deux… » raconte-t-elle. Des déclarations bouleversantes.

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