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Gérald de Palmas en interview

Lundi, Gérald de Palmas a sorti "Sur ma route", son tout premier best-of. Une compilation que l'on trouvera en deux versions : classique avec 18 tubes et une version limitée qui inclura en plus des lives, reprises et duos. A cette occasion, Pure Charts a rencontré l'interprète de "J'en rêve encore" pour faire le bilan de 18 ans de carrière, évoquer sa place dans la chanson française, ses envies, les petites histoires de ses tubes...


18 ans de carrière, ça y est vous êtes majeur ! C'est pour cela que vous sortez un best-of ? (Steven Bellery, journaliste)
Gérald de Palmas : Non, c'est juste parce que ça se justifiait plus maintenant qu'après mon premier album pour dire une bêtise (rires). Après cinq albums, ça me paraissait assez cohérent.

C'est tout de même une étape dans votre carrière que de sortir une compilation ?
Oui inévitablement, c'est un genre de bilan quand même. Puis je suis en train de vivre une période - la quarantaine - propice au bilan, c'est assez logique dans ma tête.

Ça veut dire que ce best-of, c'est une page qui se tourne ?
C'est une démarche que j'avais déjà faite dans ma tête. Je n'avais pas besoin nécessairement d'un objet comme le best-of pour le faire.

Etes-vous dans un état d'esprit de création différente ?
Je vois arriver les choses différemment. On n'a pas les mêmes envies à 25 ans qu'à 44 ans. C'est une lapalissade ce que je dis là. Je trouve très agréable de faire de la musique avec moins de pression.

Le titre inédit "L'étranger" (qui comporte de l'anglais) est synonyme de cette nouvelle direction que vous voulez prendre ?
Probablement que je ne me serais pas permis de faire ça il y a quelques années. C'est certain !

Sortir un best-of, c'est aussi regarder dans le rétroviseur. Vous avez sorti cinq albums. Finalement c'est peu en près de 20 ans de carrière !
C'est parce que j'ai beaucoup de casquettes ! Je suis auteur, compositeur, il m'est arrivé de bosser en studio pour les autres. Après on part en tournée... Ça prend du temps quand on a beaucoup de casquettes comme cela. C'est sûr que c'est plus facile de faire un album tous les ans quand vous avez une équipe de quatre compositeurs et cinq auteurs !

18 ans de carrière. 18 chansons réunies dans ce best-of. Beaucoup d'artistes se lassent parfois de certains de leurs tubes qui leur ont échappés. C'est votre cas ?
Quand je réécoute mon premier album, je trouve que j'ai une voix très étranglée.

Non ! Pas du tout. Comme j'ai attaqué ma carrière à 27 ans, et que je faisais de la musique déjà professionnellement depuis l'âge de 19, j'ai passé pas mal d'années à expérimenter le son avant de faire mon premier disque. Ça me permet aujourd'hui de ne pas avoir d'arrangements ou de sons que je ne peux pas réécouter parce que ça a mal vieilli. C'est un peu prétentieux ce que je vais dire, mais j'ai l'impression d'avoir eu assez bon goût dès le début, parce que j'avais passé énormément de temps avant à préparer ma musique. Si j'avais commencé à 19 ans, peut-être que ça aurait été moins précis. Donc, non je ne déteste aucune de mes chansons et heureusement... Il y a juste ma voix. Quand je réécoute mon premier album, je trouve que j'ai une voix très étranglée. Je trouve que ma voix s'est améliorée au fur et à mesure.



Vous dites (dans le livret du best-of) de votre route musicale qu'elle n'est ni "sur la grande autoroute de la variété ni sur les chemins tortueux des branchés ultras", où est-elle donc alors ?
Et bien je ne sais pas ! Elle est quelque part au milieu. Je ne vais pas critiquer ceux qui font de la variété ou les supers branchés, mais ils ont des codes et je n'ai pas envie d'avoir des codes.

Mais s'il existe un milieu de la musique, je n'ai jamais baigné dedans.
On a un peu l'impression que vous avez toujours été à l'écart, un peu "hors système"...
Oui je l'ai ressenti. Et on me l'a fait ressentir aussi, ce qui est normal. Quand vous vous mettez vous-même à l'écart, les gens prennent cela de façon agressive. C'est normal, je comprends. Mais, en effet, je me suis senti d'entrée décalé parce que j'avais des influences anglo-saxonnes, parce que je ne suis pas né en France... Ça ne m'a pas empêché d'avoir de bonnes relations avec plusieurs artistes. Mais s'il existe un milieu de la musique, je n'ai jamais baigné dedans.

Et ça vous a blessé parfois d'être mis à l'écart ?
Pas du tout ! C'est moi qui me suis mis à l'écart, comme un grand, tout seul dès le début.

Dans le livret de votre best-of, les photos de vous sont soit floues, soit vous êtes dans l'ombre. Ça n'est pas anodin... Vous n'aimez pas vous montrer finalement ?
J'aime bien dans mes clips que l'on me voit assez peu. L'image prend le pas sur tout aujourd'hui. Et ça m'a toujours gonflé que les gens jugent plus sur l'image que sur ce que vous êtes en train de faire. Donc j'ai tendance à me faire voir le moins possible.

Vous n'avez jamais essayé de travailler votre image ?
Oh, j'ai dû essayer vaguement. Mais à quoi bon ? Ça m'énerve profondément cette histoire. (rires)

Vous avez reçu deux Victoires de la musique lors de votre carrière. En 95 après le succès "Sur la route" (Révélation masculine de l'année) et en 2002 après l'album "Marcher dans le sable" (Artiste masculin de l'année). Ça fait plaisir ou ça fait avancer ?
Les deux ! J'étais fier de ça. Ça flatte l'égo. Faut faire attention à ne pas courir trop derrière.

Vous avez intitulé ce best-of "Sur ma route" en écho évidemment à votre tout premier single "Sur la route", un titre que vous n'avez pas du tout écrit sur la route. Vous racontez dans le livret les petites histoires de vos tubes, et c'est donc dans un parc que ce tube est né ?
Ça m'a toujours gonflé que les gens jugent plus sur l'image que sur ce que vous êtes en train de faire

Que je l'ai terminée en tout cas ! J'étais au jardin du Luxembourg (à Paris, près du Louvre NLDR) et je m'étais installé sur une chaise en fer très inconfortable. C'était l'été, il faisait très chaud. Un copain m'avait fait une réflexion en me disant : « ouais sur la route toute la sainte-journée, t'es sûr que c'est bien comme phrase ? ." Et il m'avait mis le doute ce con-là ! (rires) Et j'étais là assis à me dire : « Il faut absolument que je trouve autre chose ». Et j'étais tellement mal installé, entre le soleil et la chaise, que j'ai abandonnée. Je suis rentré chez moi et j'ai gardé l'expression. Et je crois que j'ai bien fait ! C'est marrant, avant que naisse une chanson, on se pose des questions, comme quoi faut pas trop écouter ce qu'on vous dit !

La "sainte-journée" de "Sur la route", "Au paradis", vous faîtes souvent référence à la religion... Vous êtes croyant ?
Non du tout. Je suis athée même si j'ai été élevé dans une famille catholique. Si je devais choisir un Dieu, ça serait Epicure ou Henri Laborit (neurobiologiste qui a introduit l'utilisation des neuroleptiques dans les années 50, NDLR).

Plusieurs de vos tubes comme "Elle danse seule" et "Au bord de l'eau" sont directement inspirés de votre île natale, La Réunion. Vous nous disiez tout à l'heure que vous n'étiez pas né en France, ce n'est pas en France la Réunion ?
Pour moi non ! 13.000 kilomètres de distance, clairement pas ! C'est ni l'Europe, ni la France, c'est au milieu de l'Océan Indien, je suis né là-bas. Je peux vous dire que ça n'a rien à voir avec le Cantal (rires) ! C'est un mélange de culture de folie, il y a des gens qui viennent de partout, le climat, la nourriture...

Vous y retournez souvent à La Réunion ?
Oui de plus en plus ! Ça devient carrément un besoin viscéral chez moi. J'y vais presque tous les trois mois... Dès que je fais un clip, j'essaie de le faire là-bas, j'en ai vraiment besoin ! Comme chacun d'entre nous avec ses racines, si elles ont été fortes, on en est fier. La Réunion c'est tout sauf neutre. C'est intense ! Ça laisse une marque très forte. Les récents incendies m'ont touché d'autant plus qu'on a tourné le clip de "L'étranger" dans des zones qui viennent de brûler.

En 18 ans de carrière, vous avez eu de belles collaborations... Jean-Jacques Goldman vous a écrit, par exemple, "J'en rêve encore" à une période où vous étiez en plein doute.
C'était un moment crucial où j'avais vraiment perdu pied, confiance tout simplement. Il a su en m'offrant ce texte me redonner confiance. J'ai réussi à écrire à nouveau après. Je n'ai jamais eu de problèmes avec la musique par contre. J'ai toujours eu envie de faire de la musique. Les mélodies sont toujours venues facilement. Par contre, j'ai eu de gros passages à vides sur les textes. Et c'est là que Jean-Jacques a été déterminant.

Est-ce que vous en "rêvez encore" de collaborer avec Jean-Jacques à nouveau ?
Jean-Jacques a eu une fois ce mot : « c'est pas indispensable de faire et refaire les choses qu'on a déjà faites ». Et il a raison. Il faut passer à autre chose. Il avait ajouté : « c'est bon, tu as eu un coup de mou, maintenant c'est reparti, tu te débrouilles tout seul, tu sais faire des chansons ! ».

Et avec Johnny Hallyday ? Vous lui avez écrit plusieurs chansons sur son double-album "A la vie, à la mort" sorti en 2002. Vous aimeriez retravailler avec lui ?
Même réponse ! Quand Pascal Nègre, le PDG d'Universal, me l'avait proposé, j'avais accepté parce que c'était excitant ! Je ne connaissais pas bien Johnny. C'était pas forcément mon univers. Je n'avais encore jamais écrit pour les autres. Mais Johnny est un personnage tellement attachant, tellement extraordinaire, tellement hors norme, que ça m'a excité et c'est pour cela que je l'ai fait. Et puis après, c'était une sacré aventure. Pendant trois, quatre mois on a bien rigolé !

Vous ne regrettez pas de lui avoir "donné" le tube "Marie" ? Vous avez d'ailleurs inclus la maquette que vous aviez enregistrée pour lui sur le best-of.
Pas du tout ! Je suis super fier que ce soit devenu un succès.

Ecoutez le titre "Marie", interprété par Gérald de Palmas :


Et s'il vous appelle pour vous inviter à participer à sa tournée comme guitariste ?
Pour un soir ça pourrait m'amuser ! Mais par contre, j'espère bien repartir en tournée moi aussi avec mes camarades ! Mais oui, partager un truc avec Johnny ça serait évidemment avec plaisir.

Vous avez un point commun avec Johnny Hallyday, vous avez tous les deux fait un album avec la complicité de Matthieu Chedid.
Il a fait toutes les guitares électriques de mon deuxième album. Mes plus forts souvenirs de studio avec un musicien, c'est avec Matthieu ! Il est vraiment exceptionnel. Il joue de la guitare comme vous et moi on parle. Quand il joue de la guitare, c'est la même fluidité qu'une discussion. Il est impressionnant ce garçon.

Maxime Le Forestier, lui, vous a offert "Tomber". Un morceau écrit en 3 heures je crois ?
J'étais fier que Céline Dion reprenne "Tomber".

Oui j'avais la mélodie et les accords mais je n'arrivais pas à écrire le texte. Je n'avais même pas fait de maquette, on s'est mis au travail. J'avais ma guitare, Maxime était en face de moi. Ça a duré deux ou trois heures et on fait le morceau comme ça. C'était super ! Très étrange de voir quelqu'un écrire comme ça, sans maquette. Je lui chantais vraiment ce qu'il écrivait... Puis, Céline Dion l'a adapté en anglais après. J'étais allé la voir à Miami, c'était rigolo. Sacrée chanteuse. J'étais fier qu'elle reprenne ce titre.

18 titres sur ce best-of et pas un seul duo... Vous n'aimez pas ça ?
J'en ai fait seulement deux ! Un avec Eagle Eye Cherry et un autre avec Sheryl Crow. C'est vrai c'est peu, je suis un peu à part je vous le dis. Je me suis exclu du jeu, je n'ai pas rencontré assez d'artistes peut-être.

On retrouve également "Elle s'ennuie" sur cette compilation ou "Dans une larme", titre presque métaphysique ?
Oui ! On peut être chanteur et réfléchir un petit quart d'heure... (rire)... par jour !

Il y a des titres comme "Elle habite ici" qui sont tellement personnels que vous ne voulez pas en parler...
Oui c'est personnel, si je dois entrer dans l'explication de texte d'"Elle habite ici", ça va être trivial (rires).

Écrire une chanson, c'est ouvrir son jardin secret tout de même et l'exposer ?
C'est pas vraiment secret au final. Il y a toute ma vie dans mes chansons. Si quelqu'un prend le temps de lire et d'écouter, vraiment il y a tout. Je n'ai pas caché grand chose. J'ai raconté mes faiblesses, mes peurs, tout y est passé.

"Sortir", votre dernier album, est sorti il y a deux ans maintenant. Vous réfléchissez à son successeur ?
Pour moi "L'étranger" et ce best-of c'est déjà le successeur de "Sortir". J'aime bien l'atmosphère de ce titre.

Visionnez le clip de Gérald De Palmas, "L'étranger" :


Mais vous allez sortir des nouveaux albums, rassurez-nous ?
Peut-être que je ferai plus des mini-EP.
Oui j'en ferai d'autres, évidemment. J'espère (rires) ! Peut-être pas en format classique par contre... Le format album je le trouve un peu incohérent dans le contexte de la musique, aujourd'hui. Peut-être que je ferai plus des mini-EP. Des albums de 6 chansons seraient plus cohérents. Ça me permettrait de partir en tournée plus souvent, d'être moins bloqué en studio. Quand je fais un album de 12 chansons, je suis bloqué très longtemps.

Et tester donc des couleurs musicales différentes sur chaque EP ?
Je ne sais jamais ce que je vais faire à l'avance. J'ai toujours aimé mélanger les influences mais dans le même titre par contre !

Vous allez bientôt repartir "sur la route" ?
Je n'arrête pas en fait ! On joue plus dans les radios en ce moment pour la promo, mais c'est jouer ! Et on sera à La Cigale en mars 2012. Les dates vont tomber bientôt. C'est le plaisir la scène, je suis avec une vraie bande de copains, que je fréquente en dehors. J'essaie de faire que toute ma vie ce soient les vacances, de partir à l'aventure, c'est ça les tournées !
Pour en savoir plus, visitez depalmas.artiste.universalmusic.fr.
Écoutez et/ou téléchargez le dernier album de Gérald De Palmas, "Sortir".

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