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lundi 22 avril 2013 16:00
Fall Out Boy : "Au début, on a pris les choses pour acquises"
Retour réussi pour Fall Out Boy ! Alors qu'il a signé le meilleur démarrage de sa carrière outre-Manche et qu'il est attendu aux premières places des charts américains, le groupe est en pleine forme sur "Save Rock and Roll", son premier opus en près de cinq ans. Un retour très attendu mais inquiétant pour la bande de Patrick Stump et Pete Wentz, qui ont répondu aux questions de Pure Charts. L'évolution de l'industrie musicale, la nécessité d'être honnête, d'apprécier ce qu'on a et de s'autoriser quelques aventures en dehors du groupe... Le bassiste et le chanteur évoquent sans détour ce retour, et ce titre d'album très présomptueux.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Charles Decant. Vous avez pris un long break et vous voilà enfin de retour. Vous pensez que les groupes ont toujours besoin, à un moment ou à un autre ? Pete Wentz : Je ne sais pas, je ne suis jamais resté aussi longtemps dans un groupe ! Mais en tout cas, je suis sûr et certain que si on n'avait pas pris nos distances, on se serait séparés pour de bon. Patrick Stump : C'est naturel dans tous les types de relations qu'il y ait des cycles, des moments où on prend du recul pour réfléchir. Dans les mariages, tous les sept ans, il y a ce type de remise en question. C'est un truc véridique, prouvé scientifiquement. Et donc dans un groupe, quand on est quatre et qu'on doit trouver des compromis, c'est logique que parfois on ait besoin de temps. Donc vous étiez un peu en mariage libre pendant trois ans et vous voilà de retour, plus fidèles que jamais ? Pete Wentz : On n'était pas en couple libre, on était séparés ! Patrick Stump : La monogamie est déjà difficile en couple, mais en ce qui concerne l'art, je pense que par nature, il n'est pas monogame. Je ne pense pas qu'il faille toujours collaborer avec les mêmes personnes. En revanche, il faut aussi dans le même temps savoir apprécier les collaborations un peu magiques qu'on peut établir. Moi, j'ai eu besoin de travailler avec d'autres pour me rendre compte de ce qui fonctionnait si bien dans le groupe. Pete Wentz : C'était très sain pour nous. Mais même quand vous travaillez à quatre seulement, vous pouvez collaborer avec des producteurs extérieurs. Ca permet déjà d'apprendre de nouvelles choses, non ? Pete Wentz : Oui, on a travaillé avec des producteurs différents. On a bossé avec BabyFace, Neal Avron, et ici on a travaillé avec Butch Walker, qui est un ami à nous. Ca nous a aidés à diriger ce vaisseau qu'est Fall Out Boy. Et quand une chanson requière une collaboration, on le fait. Patrick Stump : Mais quand ton groupe fonctionne tellement bien que la discussion ne se fait plus, c'est bien aussi d'aller voir ailleurs. Pete Wentz : A nous quatre, on forme Fall Out Boy. Mais les uns sans les autres, on n'est pas Fall Out Boy. Les gens s'attendent à ce que tu fasses du Fall Out Boy mais c'est impossible. Patrick Stump : C'est vrai ! On a fait pas mal de disques, d'apparitions sur les disques d'autres artistes. Je me rappelle en particulier de Jay-Z, qui m'a demandé de travailler sur son album "Kingdom Come", mais je n'ai jamais réussi à trouver la bonne chanson. Je pense qu'il voulait que je fasse du Fall Out Boy, mais il n'avait que moi. Je peux chanter comme ça, je peux écrire des mélodies un peu similaires, mais sans les mots de Pete, la passion d'Andy et le côté agressif de Joe, ça n'est pas la même chose. Redécouvrez le clip de "My Songs Know What You Did in the Dark" : Vous revenez avec un album qui s'appelle "Save Rock & Roll". C'est un peu présomptueux, non ? Pete Wentz : Notre ambition causera sans doute notre chute... ! On a dit tout ce qu'on avait à dire dans le passé avec un vrai second degré, sans jamais se prendre au sérieux. Mais on veut malgré tout que ce disque soit bien reçu, et qu'il fasse ressentir des choses aux gens. Le rock, c'est une attitude, une perspective, une façon de vivre. C'est un truc qui ne se définit pas, on déteste quand les gens disent "Le rock, c'est ce petit truc dans une boîte". Patrick Stump : Je me moque que cet album ne se vende pas, ou s'il sauve le rock. Ce qui est important pour moi, c'est que l'album soit le point de départ d'une discussion, s'il fait avancer les choses. C'est très facile de dire "Oh, c'est très bien ce qu'on fait Gotye et fun., je vais faire la même chose !". Mais ce n'est pas comme ça que ça marche : ce qui était bien dans leur démarche, c'est que personne ne faisait pareil. Ce sont eux qui ont créé ça. Il faut savoir créer son propre truc. Je pense que beaucoup d'artistes ont très peur d'eux-mêmes, de qui ils sont. Notre break nous a permis de revenir en étant très à l'aise avec nous-mêmes, et je pense que tous les artistes devraient être dans le même état d'esprit. Le monde irait mieux si tout le monde était un peu plus à l'aise avec soi-même. On est conscient que la musique est un business C'est facile à dire, mais même si vous pouvez vous permettre de dire que vous vous moquez de vendre, ce n'est pas le cas de tous les artistes. Il faut vendre un disque, un package, une image...Pete Wentz : Ce n'est pas une attaque, ce titre. Si c'était le cas, ce serait "Fuck tel ou tel". Ce qu'on dit, en gros, c'est qu'il faut de la place pour des trucs un peu différents sur les ondes. C'est génial qu'un groupe comme fun. existe, qu'un artiste comme Gotye existe. Et pour moi, si Green Day n'avait jamais chanté "Dookie", je ne sais pas si j'aurais fait partie de Fall Out Boy. Et je ne sais pas si j'aurais découvert les mêmes groupes, si j'aurais rencontré les mêmes amis Un seul disque peut débloquer des choses dans ta vie. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on espère que cet album aura cet effet sur des gens. Mais on n'attaque personne. On est conscient que la musique est un business. J'aime énormément de trucs très pop, je ne me sens pas du tout coupable. Patrick Stump : Et quand tu parles du fait de modifier son image pour vendre Il y a aura toujours une opposition entre l'art et l'industrie. Ca existe depuis toujours et ça ne s'arrêtera jamais. Il y a toujours la volonté de celui qui veut la musique, et le besoin de l'artiste qui la produit de s'exprimer. Mais on ne peut pas mentir complètement, proposer quelque chose qui ne nous correspond pas du tout. Il faut être un minimum honnête. Par exemple, j'ai fait mon album solo, j'avais plein d'idées très conceptuelles, y compris au niveau du visuel. Je savais ce que je voulais dire. Mais au final, je n'étais pas moi quand j'étais sur scène, ni sur les photos. Et les gens le sentent. Il faut être authentique, au moins un minimum. Il y a malgré tout des artistes très manufacturés, on a l'impression que ce qui nous est présenté dans les clips, les tenues, les prestations Il n'y a pas grand-chose qui paraît authentique. Pete Wentz : Mais c'est peut-être aussi ça, leur art. On le voit parfois, c'est peut-être le tour de magie ultime, on ne sait plus ce qui est vrai ou non. Mais ça ne signifie pas pour autant que ce n'est pas authentique, finalement. Quand on va voir un concert de quelqu'un qui chante en playback et qu'on quitte la salle en râlant sur le fait qu'elle est en playback, c'est idiot. Si on y va, c'est aussi pour voir les costumes, le show, tout ça Il y a une autre dimension que juste le chant. On sait à quoi s'attendre. Ce n'est pas ce qu'on propose, nous. Mais il faut que des artistes comme ça existe pour que des artistes différents existent. Patrick Stump : On peut se permettre d'être quelqu'un qu'on n'est pas au quotidien. Ce n'est pas en soi un mensonge. C'en est un quand le personnage ne correspond même pas à une facette de ta personnalité. Comme si on allait chanter des titres auxquels on ne croyait pas du tout. Ce serait mal - peu importe combien on en vend. Crédits photo : pochette de l'album ''Save Rock and Roll'' Vous évoquiez le rock en tant qu'attitude, mais vos titres sont souvent, sous les guitares, des titres aux mélodies très pop. Qu'est-ce qui en fait des titres rock ? Pete Wentz : Je pense qu'on fait partie de ces groupes qu'on a du mal à classifier. Aux Etats-Unis, on est un peu trop pop pour les radios rock et inversement. Mais parfois, sans qu'on sache trop pourquoi, les radios se mettent à nous jouer. Patrick Stump : C'est vrai, et quand on passe à la radio, c'est rarement sur les grandes stations, c'est surtout sur des petites radios locales. Donc c'est toujours difficile pour nous de nous faire entendre. Mais c'est notre son, on ne va pas le changer. Et je pense qu'effectivement, il y a une partie de ce qu'on propose qui est très pop. Quand on se retrouve ensemble, ce qu'on aime tous, ce sont des Michael Jackson, Prince, Guns N Roses. Des artistes qui transcendent les barrières des genres. Quand on excelle dans un domaine - et je ne nous compare pas à eux, pas du tout -, peu importe dans quel genre. Michael Jackson, techniquement, c'était un artiste R&B et les Guns N Roses étaient un groupe de hard rock mais tout le monde s'en fout. Au final, ce sont d'excellents titres pop. Le temps a passé, personne ne nous doit rien Pour en revenir à l'album, y avait-il un objectif quand vous vous êtes retrouvés ? Une idée directrice ? Ou est-ce que le résultat final est le fruit d'un processus qui vous a réservé des surprises ?Pete Wentz : Je pense que l'objectif était de faire l'album le plus concis possible. Par le passé, on a fait des albums où on mettait la chanson préférée de telle ou telle personne. Patrick Stump : On n'avait pas envie de se battre donc dès que quelqu'un disait "C'est ma chanson préférée !", même si les autres n'étaient pas convaincus, on la mettait sur l'album. Pete Wentz : Pour nous, évidemment l'album a un titre ambitieux. Le temps a passé, personne ne nous doit rien, donc on a voulu faire l'album le plus important de la carrière de Fall Out Boy. Chaque titre ne doit pas être nécessairement un single, mais chaque titre doit être important, doit avoir un but. Vous disiez que personne ne vous devait rien. Quand le premier single est entré très très haut dans les charts du monde entier dès sa sortie, vous étiez soulagés ? Pete Wentz : Ca fait longtemps, oui. La musique a changé, il y a d'autres groupes maintenant. Patrick Stump : La façon dont les gens consomment la musique est différente, la démarche d'aller en concert aussi. Pete Wentz : Tout est nouveau pour nous. On a l'impression que c'est le deuxième chapitre de l'histoire. Patrick Stump : Je ne sais pas si j'ai été soulagé Mais j'ai été choqué. On ne savait pas à quoi s'attendre. Quand on s'est arrêté, iTunes n'était pas aussi important qu'aujourd'hui. Facebook non plus. Twitter encore moins. Le fait que les gens aient réagi de la sorte au single, c'était sans précédent pour nous, au sens littéral. On n'avait jamais connu ça. C'était surréaliste. Si ça s'arrête aujourd'hui, c'est déjà dingue que ça ait eu lieu Et avant cette longue pause, est-ce que, au contraire, vous preniez certaines choses pour acquises ? Pete Wentz : Je crois oui. Au début, les deux ou trois premières fois où tu remplis une salle, où tu reçois un trophée, c'est très spécial. Et puis si ça arrive régulièrement, ça peut devenir mois spécial. On fait ça depuis dix ou onze ans. On est plus vieux et je crois qu'on apprécie plus ce qu'on a. Patrick Stump : Pour ma part, oui, j'ai pris des choses pour acquises et je ne m'en rendais pas compte. Je me rappelle qu'à un moment, à chaque fois que le management nous appelait, c'était pour nous annoncer une nouvelle encore meilleure que la veille. J'étais tellement habitué que la première fois où ils m'ont appelé sans avoir une nouvelle incroyable, j'ai eu du mal à le croire. Et je crois que c'est très important pour son développement personnel d'avoir des périodes où on reçoit moins d'emails, où on t'appelle moins au téléphone. Je suis beaucoup plus reconnaissant et conscient de ce que j'ai aujourd'hui qu'à l'époque. Du coup, si ça ne marche pas, vous serez encore plus déçus ! Patrick Stump : Peut-être ! Ou pas, je ne sais pas. On peut se dire aussi qu'on a déjà eu énormément de chance dans le passé. Pete Wentz : Voilà, si ça s'arrête aujourd'hui, c'est déjà dingue que ça ait eu lieu, que ça ait duré autant. Patrick Stump : C'est clairement au delà de tout ce que j'attendais. Quand on a commencé et que j'avais 17 ans, mon plus grand rêve était de jouer au Metro de Chicago, une salle de 1.500 places. Même pas d'être la tête d'affiche, juste d'y jouer. Et de sortir un disque. C'était mon rêve. Tout ce qui s'est ajouté à ça, c'était du bonus. Travailler avec Jay-Z, Elton John, jouer devant 50.000 personnes au Brésil, rencontrer le président C'est quelque chose qu'on doit apprécier. Parlons des clips avant de se quitter. Les deux premiers sont très bizarres ! Pete Wentz : Oui, ils sont bizarres ! J'aimerais pouvoir te dire que ça va se calmer, mais ce n'est pas le cas. Au contraire. Tout n'a pas encore été filmé, mais on a encore deux ou trois clips à tourner en mai.
Pour plus d'infos, rendez-vous sur le site officiel de Fall Out Boy.
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