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Emmanuel Moire : "Je reviens alors qu'on s'était peut-être dit que c'était fini"

Cette semaine, Emmanuel Moire revient avec l'album "Le chemin", après quelques années d'absence musicale. Souriant et serein, il aborde, pour Pure Charts, ses périodes délicates, la rupture de son contrat avec son ancienne maison de disques, son coming-out, sa renaissance, l'aventure "Danse avec les stars", et même ses relations avec Christophe Maé.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Alors, comment on se sent quand on propose un nouvel album comme "Le chemin", après tout ce qui s'est passé ces dernières années ?
C'est particulier, parce qu'effectivement, cet album, il a eu un vrai chemin, qui n'a pas tout le temps été évident, parce que j'ai entamé la création du disque déjà il y a quelques années. Il n'a pas pu se faire à l'époque où j'étais dessus, et la vie m'a fait comprendre que ce n'était pas le moment de faire ce disque. Mais je trouve ça très bien parce qu'en fait il a une signification très particulière. Il n'aurait pas pu exister sans cette période avant, aujourd'hui il a un cheminement qui est nourri de tout ça. Donc je suis très fier de l'avoir terminé. D'un coup, je sens vraiment que c'était le moment de mettre un point final. Après, il ne m'appartient plus, mais ça c'est autre chose. C'est toujours particulier pour les artistes à chaque fois qu'ils sortent un nouveau projet de savoir comment il va être accueilli.

Quand tu l'as commencé à l'époque, l'album était-il dans la même veine musicale qu'aujourd'hui ?
Écoute, en fait, il y a quelques chansons comme "La vie ailleurs", "La blessure", "Quatre vies" ou "Beau malheur" qui font partie des chansons qui ont été créées il y a un an et demi ou deux ans, mais je n'ai rien changé. Bien sûr, j'aurais pu me dire que je n'allais faire que des nouvelles chansons et ne pas parler de ces chansons-là, mais il n'avait plus de signification. Pour moi, cet album a une signification jusqu'au titre parce que justement c'est le chemin parcouru pour arriver à l'état dans lequel je suis aujourd'hui. Mais il y a eu tout ça avant. Je crois que l'un n'allait pas sans l'autre. Je ne pouvais pas remplacer ou changer quoi que ce soit. Il était indispensable que je le fasse comme ça.

Pour la première fois de ma vie, je me sens en accord avec moi-même
On ressent finalement une grande quiétude après l'écoute de l'album. Tu es vraiment dans cet état d'esprit ?
Pas du tout ! (Rires) Non, je déconne. C'est ça que j'aime dans cet album, il est très intime, c'est tout ce parcours pour arriver à cette espèce d'apaisement, je suis moi-même le premier surpris. Je crois que c'est la première fois dans ma vie que, depuis quelques mois, je me sens tellement en accord avec qui je suis, donc avec les autres, le monde qui m'entoure, avec ce que je dois faire. Il n'y a pas grand-chose qui me dérange et qui peut me perturber. Alors ça n'a rien à voir avec mon métier, parce que forcément je vais vivre des périodes où rien ne va se passer comme tu veux, c'est la vie. Mais je me sens super apaisé face à ça. C'est aussi sûrement parce que j'ai vécu toutes ces périodes, en étant toujours avec une lueur d'espoir en considérant que demain allait être meilleur. Un parcours artistique c'est comme la vie, c'est des cycles qui s'enchaînent, qui sont très différents et l'un est tout aussi important que l'autre. C'est dans les moments les plus difficiles que j'ai tout à coup développé une force, une solidité, construit des choses. Dans trente ans, je serai encore très différent, mais aujourd'hui c'est plus cool pour moi, dans ma vie perso.

L'album oscille à bonne dose entre la pop et la variété, il y a même quelques notes d'électro. C'est délicat, très mélodieux, plus proche de ton premier disque que du deuxième dans l'esprit. Tu penses que tu t'étais un peu perdu musicalement sur "L'équilibre" ?
Pas du tout ! J'étais bien conscient de ce que je faisais sur le deuxième, j'avais envie de le faire comme ça. C'est juste que je trouve que sur ce disque les propos étaient tellement clairs, ce sont plus des chansons d'émotions, de situations, et je me suis dit que je ne pouvais pas faire un disque où d'un coup j'ai un propos qui est très fort, qui me touche moi parce que c'est intime, et d'un coup faire une prod électro dessus. On ne va pas du tout être connecté au propos, on va être connecté au son, ce n'est pas cohérent.

Tu voulais vraiment qu'on entende ce que tu avais à dire...
Oui. C'est un album où je m'exprime, où je me confie, c'est plus une confidence. Il est assez intime. je ne dis pas qu'il est plus intime que le précédent, mais par exemple sur "L'équilibre", j'ai adoré faire ce disque, mais il y a certains chansons je me dis que j'aurais dû traiter différemment, parce que peut-être qu'on est passé à côté de ce que voulait vraiment dire la chanson parce qu'il y avait une prod peut-être plus "machine". Là c'est plus organique, c'est plus pur. Je n'ai rien ajouté de plus que ce que doit véhiculer la chanson.

Tu penses que ça explique aussi le fait qu'il ait moins bien fonctionné que le premier ?
Je ne sais pas. Tu sais, ça, je n'ai pas de réponse. Le disque, s'il rencontre le public ou pas, ça n'a parfois aucun lien avec la qualité du disque, et puis parfois il n'y a pas de raison. Voilà, j'ai accepté le fait de me dire que "L'équilibre" n'a pas rencontré le public comme je le voulais. C'est la vie.

Je n'ai aucun problème de dire que je suis un chanteur de variétés
Tu ne t'es pas dit que c'est peut-être sur ce style-là, plus variété, que les gens ont envie de t'écouter ?
Non, je ne me suis pas parlé de style... En tout cas, les différentes expériences, notamment avec "Danse avec les stars", d'un coup, on parlait de moi avec des termes vraiment soulignés, on parlait d'émotion, que j'étais capable d'émouvoir les gens à travers ce que je donnais, l'investissement. Et je me suis dit que ma place était là en fait, en tant que chanteur. Alors bien sûr que j'adore tous les trips, j'adore la musique, toute sorte de musique, et sur la tournée je vais me faire plaisir. La précédente tournée, c'était très festif à la fin, très clubby, et je le ferai parce que ça me fait vraiment kiffer. Par contre sur un disque, je ne sais pas. J'ai pris conscience avec l'émission que ma grande force était là. Peut-être qu'il faut que j'accepte aussi... Et puis j'ai grandi avec la chanson française et je n'ai aucun problème de dire que je suis un chanteur de variétés, ça fait partie de mon patrimoine, ma culture. Après, j'ai plein d'influences, je ne suis pas fermé. Et puis l'électro, c'est une musique qui est moins touchante peut-être.

C'était peut-être un peu trop brutal pour les gens aussi ?
Peut-être. Mais tu vois, "Ne s'aimer que la nuit" sur mon nouvel album, elle est assez puissante, elle rentre très bien dans le truc, surtout que le propos est cohérent. En fait, ce titre, j'avais la musique avant, c'était très électro, il fallait que le texte soit cohérent, et voilà j'ai imaginé que tu es en soirée, dans un club ou ailleurs, tu rencontres quelqu'un... Tout le monde a connu ça. Et donc là, le propos de la chanson est en accord avec la musique. Mais tout un album, c'est difficile.

Dans le titre qui ouvre l'album, "La vie ailleurs", tu chantes "Demain sera le jour de la revanche et de la belle"...
Pas du tout ! (Rires) Je dis « Demain sera le jour ».... Ah oui ! Enfin, je commence par « Demain sera le jour où rien ne sera plus pareil ».

Suivi de "Demain sera le jour de la revanche et de la belle"...
Oui, d'accord... (Rires)

Est-ce que cet album c'est donc aussi et surtout une revanche ?
Bon je vais changer le texte, ça ne va pas du tout ! (Rires) C'est vrai que je dis ça mais je ne suis pas quelqu'un qui fonctionne avec ce genre de moteur. Je ne suis pas quelqu'un de rancunier, qui a besoin de prouver « Regarde, j'avais raison, tu t'es planté ! ». Par contre, c'est vrai, c'est quand même un album qui parle de renaissance, de renouveau. Je reviens après quatre ans d'absence discographique, même si j'ai fait plein de choses entre temps. Je reviens alors qu'on s'était dit peut-être que c'était fini Moire... Forcément, je l'ai entendu, donc forcément, tu te poses ces questions-là. Et puis tu te dis quand d'un coup, malheureusement ce métier est difficile, le public n'est pas au rendez-vous, c'est difficile pour toi aussi, pour pouvoir faire un album suivant. Pour revenir à "La vie ailleurs", elle a été écrite il y a deux ans cette chanson. C'était une période compliquée. « Qu'est-ce qui va se passer ? ». Mais je sentais quand même que je rentrais dans autre chose. C'est une chanson d'espoir en tout cas.

Que l'album ne marche pas ? Forcément, tu te poses la question
Aujourd'hui, tu as peur que l'album ne fonctionne pas ?
Forcément, tu te poses toujours la question. Surtout quand tu sors d'une expérience où ça ne s'est pas passé comme tu le voulais, tu n'as pas forcément envie de revivre les même choses mais ça, on ne peut pas savoir. Mais l'accueil est super, je sens que les gens s'intéressent plus à moi qu'avant. Sûrement parce que je suis aussi mieux dans mes pompes, d'un coup je livre plus, je suis plus présent, et que c'est plus facile d'avoir accès à moi. Et puis je pense que l'impact de l'émission est important. On a vu qui j'étais, c'était une belle mise à jour. Dans l'émission, j'étais juste moi-même. Quand tu vois que les gens t'ont choisi parce qu'ils ont été touchés par qui tu étais simplement, tu te dis « Reste toi-même, fais les choses ». Tu ne sais jamais la destinée d'un disque, d'une carrière, ce n'est fait que de hauts et de bas. Là-dessus, je vais être livré, comme tout le monde, au destin.

Cet album raconte une histoire de la première à la dernière piste. Il s'ouvre avec "La vie ailleurs" et se referme avec "La vie ici". Tu fais aussi un bref bilan, sur une partie parlée qui est cachée à la fin du disque. Pourquoi ce format ?
C'est chouette déjà que tu ne sois pas passé à côté ! (Rires) Pour moi, faire un disque, ce n'est pas juste faire des chansons, ce n'est pas juste un outil de célébrité. Il n'y a pas d'autre propos que de raconter quelque chose, c'est une évidence. Avant, peut-être que je me posais la question, aujourd'hui j'en suis persuadé. Moi si je fais ce métier d'artiste c'est pour m'exprimer, la moindre des choses, c'est de ne pas dire de conneries. Quand tu fais un disque, c'est comme un bouquin, c'est comme un film, il faut te creuser un peu la tête. Pour moi, ce disque raconte cette période-là, tout ce que j'ai vécu pour arriver aujourd'hui, effectivement à "La vie ici". J'adore l'ouverture d'un disque. Pour moi ça s'ouvre avec un contexte difficile mais rempli d'espoir, en considérant que demain sera meilleur, et se termine avec "La vie ici", où tu te dis que le chemin parcouru est super. Tu arrives à une espèce d'apaisement. D'être en accord.

On revient à la cohérence dont tu parlais.
C'est chiant quand tu achètes un disque et que tu n'aimes que deux titres. Et puis à l'intérieur, bof. Je ne sais pas, mais moi ça m'agace. Je ne dis pas que c'est un super album, que ce que je fais c'est super et que je suis le meilleur, mais moi c'est ma démarche en tout cas. Si je m'exprime, j'ai envie qu'il y ait un parcours. Celui-ci, il porte ça. Je ne pouvais pas faire autrement.

Quand on m'a rendu mon contrat, j'ai mis quelques mois pour me reconstruire
Tu chantes aussi "La blessure". Qu'est-ce qui t'a le plus blessé ces deux dernières années ? Les critiques, ceux qui disaient c'était la fin ?
Ouh là. Bien sûr, à porter c'est difficile. Mais "La blessure" c'est aussi parfois quand tu es avec tes amis, on te sort une phrase dans une soirée, ça te blesse au plus profond de toi mais il n'y a que toi qui t'en rend compte. Ça te suit et tant que tu ne fais pas un boulot dessus, ça te reste, ça t'empêche d'avancer, c'est l'horreur. On connait tous ça. Donc il y a ce genre de blessures. Il y a une blessure amoureuse forcément, quand ça ne fonctionne pas comme tu veux, que ça se termine plutôt d'une manière douloureuse, ça te blesse et ça reste imprégné dans ta peau. Et il y en a forcément aussi par rapport à mon travail. Déjà, quand on te rend un contrat, c'est clairement qu'on n'a plus confiance en toi ou qu'on ne croit pas en toi. Moi c'est resté, j'ai mis quelques mois avant de me reconstruire. Heureusement que j'ai enchaîné avec "Cabaret", ça m'a fait du bien, ça m'a vidé la tête. C'est difficile de considérer que d'un coup, les gens qui te trouvaient super ne te trouvent plus super du tout et te remplacent. C'est assez moyen.

Et puis il y a tout ce qui en découle...
Quand on te rend un contrat, bien sûr après les médias peuvent s'empresser de venir dans le truc et dire « Voilà ça ne marche pas, on lui rend son contrat, ça va être difficile pour lui ». Et donc quand tu as envie de solliciter d'autres gens, on se dit « Oui non mais Moire, c'est un peu compliqué ». Mais on est tous confronté à ça, de toute façon que tu fasses un pas dans un sens ou dans l'autre, il y a toujours des gens pour dire quelque chose. Moi j'ai appris à développer beaucoup de discernement là-dessus, de faire mon chemin. La roue tourne, la vie est faite de plein de périodes très différentes, les moments les plus difficiles sont parfois les plus enrichissants. Je ne changerais rien. Mais effectivement, "La blessure" parle de ça. Je l'ai faite durant l'été 2010.

J'ai analysé les pochettes de tes albums. Tu regardes fixement l'auditeur sur la pochette du "Chemin", là où tu regardais en l'air sur "Là où je pars" et où tu étais retenu par des chaînes sur "L'équilibre". On lit que tu n'as plus rien à cacher, que tu es définitivement en phase avec toi-même. C'était voulu ?
Rien n'est lié au hasard. Mais c'est vrai, c'est marrant, je n'avais pas fait gaffe. Pour celui-ci, ce que je voulais c'était un portrait, je voulais qu'on prenne ma gueule en face, avec les jeux de lumières. Ce que j'aime beaucoup sur cette pochette, c'est que si tu caches une partie, il y a une partie bleue qui est un peu plus sombre, avec un peu d'espoir. J'ai l'impression que je n'ai pas du tout la même tête de l'autre côté parce que j'ai une espèce de mini sourire, l’œil qui est un peu plus éclairé. Il y a une espèce de dualité, comme il y a dans le disque. Comme si j'affrontais sans pudeur, sans rien à prouver, les gens, la vie, le monde.

Maintenant tu es en accord avec toi-même, est-ce que le fait d'assumer ta sexualité t'a aidé, toi-même et aussi dans ta carrière ?
Alors déjà ça ne m'a pas aidé dans ma carrière, ça m'a aidé dans ma vie d'homme, tout simplement. Ça fait partie du processus d'acceptation de qui tu es. Franchement, quand tu es à l'aise avec qui tu es, que tu ne caches plus rien... Ce n'est pas qu'une question d'en parler. C'est aussi d'être en accord, de ne plus jouer à quelqu'un d'autre. Alors bien sûr quand tu fais un métier médiatisé, on te pose la question, on vient te chercher, on a des scoops. C'est inutile tout ça, en fait. Mais ce qui est sûr c'est que ça fait partie de mon cheminement et que je me sens dix mille fois mieux dans mes pompes depuis que ça a été fait, ça a été dit, on ne va pas en parler pendant des heures. Mais en plus les gens, en face d'eux, ils ont quelqu'un d'authentique. On aime ou on n'aime pas, on partage ou ne partage pas, peu importe, mais moi je suis authentique. J'ai l'impression que les gens s'intéressent plus à moi depuis ça. Enfin, il n'y a pas que ça. D'un coup, je me sens bien dans mes pompes, je ne suis pas en recul, je n'ai pas peur, je ne suis pas en train de faire attention à ce que je dis, à ce que je fais. Et en plus, je me rends compte que ça ne change rien, strictement rien. Les gens s'en foutent.

Tu n'as pas eu peur que ça ait un impact sur ta base de fans, qui est principalement féminine ?
Aujourd'hui ce n'est plus forcément le cas. Je ne sais pas. En tout cas, ça n'a rien changé. Je ne me suis pas posé ces questions-là.

Mon coming-out ? On m'a dit "Tu n'aurais pas dû"
Vraiment ?
Oui, vraiment pas. Ce sont les gens à côté de moi qui m'ont gonflé. « Tu n'aurais pas dû faire ça, Emmanuel, tu comprends, on ne va plus vendre de tickets ». C'est très simple, ça s'est fait avec Têtu. Ils nous ont sollicité pour faire un article sur mon disque "L'équilibre", j'ai dit clairement à ma maison de disques « Si Têtu me demande de faire une interview, ils vont me poser la question, je vous dis juste que moi je ne ferai pas l'anguille, ça vous dérange ou pas ? ». Je n'avais pas envie de dire « Ah non, je ne sais pas... ». Eux m'ont dit « Bah non super, bien sûr ». Alors, allons-y ! Quand l'article est sorti, j'ai eu un reversement de situation et je me dis que la connerie humaine est partout... On m'a dit « Tu n'aurais pas dû ». « Euh je vous en ai parlé je crois quand même ! ». Tout ça, c'est le flip des gens. Moi les angoisses, les inquiétudes des gens, ça me fatigue, et ce n'est pas un moteur pour moi. Alors les gens qui flippent pour la moindre chose, eh bien qu'ils flippent dans leur coin. Je n'ai pas envie d'être parasité par ça. Je crois que la vie, les relations avec les gens, ça se situe vraiment à un autre niveau. On est tous différents les uns comme les autres, c'est le fondement de la vie, c'est ça qui est enrichissant.

Sur ton premier album, il y a une chanson baptisée "La femme qu'il me faut". Ça a été difficile d'assumer ce genre de titre ?
Oh merde, je ne m'en souvenais pas. (Rires) L'assumer finalement, je ne l'ai pas vraiment assumée, elle était dans le disque, ça n'a jamais été un single et en tournée je ne l'ai jamais chantée. A l'époque sur le premier album c'était particulier je crois, c'était la transition avec le "Roi Soleil" où je jouais un peu le gendre idéal. Même moi, si j'étais très en accord avec ma sexualité, je ne sais pas. Sur le moment, je n'étais pas prêt. Je n'avais pas les armes et les outils pour être malin et m'en sortir avec tout ça. Mine de rien, quand tu es différent, on te le rappelle tout le temps et d'assumer clairement, les yeux dans les yeux, avec les gens, j'étais un peu jeune je pense pour pouvoir dire « Bah ouais moi je suis comme ça et je t'emmerde ! ». Aujourd'hui, je suis vraiment passé à autre chose.

Lara Fabian s'est engagée et a fait un titre en faveur du "Mariage pour tous" avec "Deux ils, deux elles". On pouvait s'attendre peut-être à en trouver un sur "Le chemin".
Et il n'y en a pas ! Déception ! (Rires)

Non, mais c'est étonnant. Est-ce que c'est volontaire ?
Ça ne s'est pas fait. Je ne suis pas militant à la base. Il faut la trouver la bonne chanson qui parle de ça, pour s'investir sur le truc et dire quelque chose. C'est toujours, à mon avis, borderline. Je ne sais pas, je me réserve toujours d'avoir un aspect qui peut vite être politique dans mon métier qui est artistique. La limite parfois est un peu floue. Je me méfie, voilà.

Re-découvrez le clip "Beau Malheur" d'Emmanuel Moire :



On peut dire que l'émission "Danse avec les stars" a eu un impact certain sur ton retour musical. Le programme avait déjà boosté les carrières de M Pokora et Shy'm. Tu as participé à l'émission avec cette idée en tête ?
Non. (Rires) Ça me fait rire quand on me dit ça. Pas du tout. J'y ai pensé forcément, mais ce n'est pas du tout la motivation première de mon envie de faire l'émission. C'était la deuxième année qu'ils me sollicitaient. La première année j'étais sur le casting de "Cabaret", j'étais pris donc je leur ai dit non. La deuxième année, quand ils sont venus me chercher... Je ne suis pas très télé à base, j'ai toujours eu de la réticence. Je pense que j'étais prêt à vivre ça. C'est pour ça que j'ai oublié que j'étais à la télé en faisant cette émission. Ils ont été très malins, ils m'ont fait faire un essai en juin avec Fauve. Je ne savais pas que j'allais travailler avec elle après. Pendant deux heures, on a fait une choré, des interviews et tout ça, et j'ai tellement trippé sur cette nana. Elle m'a donné l'envie de faire cette émission. Je ne me sentais pas si ridicule. Elle m'a vraiment mis en confiance. C'était une vraie rencontre. Je suis rentré chez moi, je me suis dit « Il faut que je le fasse, c'est un vrai défi et je suis sûr que je peux faire des trucs super. Je vais apprendre plein de choses ». J'ai dit oui sans réfléchir. Je suis vraiment comme ça, spontané. Sans raisonner, je ne calcule pas. « Tiens, si je fais ça, ça va m'apporter ça ». Il y en a surement plein qui fonctionnent comme ça.

DALS ? Je ne prétendais pas du tout à la victoire
Oui, mais on y pense quand même ?
Moi j'ai une démarche artistique qui se situe vraiment à un autre endroit. Alors après, bien sûr tu te poses la question. Mais sincèrement, vu le boulot que tu as après dans l'émission, tu es vraiment ailleurs. Moi mon but après c'était de bosser, de faire les meilleures prestations, raconter quelque chose, être en symbiose avec Fauve. Franchement, je ne prétendais pas du tout à la victoire. C'est ma grande fierté. Je ne me suis pas perdu, j'ai toujours été fidèle à qui je suis, je n'ai jamais joué quoi que ce soit. J'ai adoré cette expérience.

Depuis l'émission, on te sent très proche d'Amel Bent. Est-ce que vous pourriez collaborer ensemble à l'avenir ?
Ah oui grave. J'adore cette nana. Elle chante terrible cette fille. C'est une autoroute. Elle me touche. Souvent, je ne suis pas très fan des trucs avec des vibes mais Amel dès qu'elle chante trois notes, elle me provoque quelque chose. En plus, je l'ai rencontrée vraiment pendant l'émission, c'est une personnalité particulière, elle est très cash, elle ne réfléchit pas avant de parler, elle est très nature. J'aime ce genre de personnalité, les gens qui sont vrais. On n'était pas du tout en rivalité, on s'aidait, on se filmait pendant les répétitions, « Tiens, qu'est-ce que tu en penses ? ». Donc oui chanter avec elle, travailler pour elle, bien sûr.

Avant on disait "Emmanuel Moire du Roi Soleil", maintenant on t'associe à "Danse avec les stars". Tu n'en as pas marre parfois des étiquettes ?
(Rires) Dans trois ans, on dira « Emmanuel Moire de ... ». Écoute, moi je sais ce que je fais, qui je suis, où je vais, après si ça rassure les gens de me mettre dans une case parce que c'est bien... C'est très français ça. Avant c'était "le chanteur de comédie musicale", maintenant dans la rue on me dit « Ah mais vous êtes le danseur de "Danse avec les stars" ! ». Oui oui, je suis danseur ! C'est drôle, mais après peut-être que les gens ont besoin de repères. Ça ne me dérange pas puisque j'aime bien aller là où on ne m'attend pas. J'ai envie de faire plein de choses donc forcément on t'assimile aux projets dans lesquels tu es. Surtout quand ça a un impact comme "Le Roi Soleil" ou "Danse avec les stars". A l'époque du "Roi", j'étais très introverti, j'étais moins bien dans mes pompes, l'émission elle m'a montré tel que je suis aujourd'hui, et c'est plutôt cool.

Pour le clip "Beau Malheur", tu es entouré de Fauve et la chorégraphie est signée Marie-Claude Pietragalla. Tu ne t'es pas dit qu'on allait encore plus t'associer à "Danse avec les stars" ?
Les clips où il y a de la danse, ils n'ont pas attendu "Danse avec les stars" pour en faire. Mais c'est sûr que par rapport à mon expérience, c'était une volonté de ma part, pas de faire le lien avec "Danse avec les stars" mais parce que j'ai rencontré Fauve, j'adore cette fille, j'adore l'artiste. J'ai rencontré Piétra aussi. Je me suis dit clairement « Il faut qu'on fasse des choses ensemble ». "Beau Malheur" est arrivé en choix et j'ai trouvé très cohérent de le défendre à travers un mouvement, une choré, quelque chose de contemporain. Exprimer cette douleur que tu peux avoir dans la vie, l'affrontement, se relever. Piétra, quand on lui en a parlé, elle a accepté, tout de suite elle a eu cette lecture-là. Après, bien sûr, on fait le lien, mais en même temps c'est ce que j'ai vécu récemment. Pour moi, c'est une sorte de remerciement par rapport aux gens qui nous ont suivis pendant toute l'émission, qui ont voté pour nous, qui ont été touchés par notre couple et notre travail. Je trouve que c'est un petit clin d’œil assez sympa. Après, il y aura toujours des gens qui vont dire « Oui il se la joue "Danse avec les stars" ! ». Oui mais je l'ai fait, je l'ai gagné... Je ne vais pas m'en cacher.

S'il y a une séquence que tout le monde retient, c'est celle de ta prestation bouleversante sur "Sois tranquille", en hommage à ton frère. Avec le recul, comment tu analyses ce moment-là ?
C'est un moment de grâce. Ça me restera à vie. A la base, la production voulait faire un prime sur une personal story, danser sur un événement marquant de ta vie. Pour moi, c'était très clair, les dernières années que je venais de vivre, c'était la mort de mon frère, il n'y avait pas plus marquant que ça. La production me dit alors « Il faut que tu danses sur ton titre », sauf ça ne s'était jamais fait de danser sur un titre que tu chantes, tu te dis que par rapport aux autres ce n'est pas très cool. Mais c'est passé, ce n'était pas dans le pathos. C'était très fort. A la fin de la prestation, on ne se souvient pas de ce qui s'est passé, on est partis ailleurs. J'ai trouvé ça intemporel, c'était magique. Comme si je devais le faire, comme si c'était un rendez-vous. Comme si dans mon processus de deuil, je devais me mettre à poil jusqu'à ce point-là, en restant digne. Je n'en ai pas fait des caisses, je suis resté assez sobre quand même. On m'en parle tout le temps, mais je n'ai aucun problème pour en parler parce que c'est très fort en tant qu'artiste d'aller toucher les gens à ce point-là, je n'ai pas chanté, j'ai juste exprimé à travers le corps... C'était le deuxième prime en plus. J'étais loin de m'imaginer que j'allais pouvoir vivre ça sur un prime, sur TF1, en direct, à la télé.

Re-découvrez la prestation d'Emmanuel Moire et Fauve sur "Sois tranquille" :



Et à aucun moment tu ne t'es dit que c'était peut-être trop personnel de livrer un sujet trop intime ?
Je ne me suis jamais posé cette question-là, mais l'inverse. On me disait « C'est quoi ton événement ? », on parlait d'autres choses, mais s'il faut danser sur un événement marquant qui fait partie de ma vie aujourd'hui, je ne peux pas parler de l'accident... Je ne sais pas, de mon chien. Je ne pouvais pas. Même par rapport aux retombées sur la musique, d'un coup la chanson... (ndlr : "Sois tranquille" a grimpé dans le Top 5 sur iTunes). Je ne me suis même pas posé la question. C'était un moment de grâce. Je crois que c'est aussi ça qui a fait que les gens se sont attachés à nous deux. Ça devait se passer.

Le Roi Soleil, ce serait cool de le refaire
J'ai lu sur Twitter que tu demandais, avec Victoria Petrosillo et Merwan Rim, un retour de la comédie musicale du "Roi Soleil". Florent Mothe a aussi indiqué qu'il adorerait refaire "Mozart l'Opéra Rock" et que c'était d'ailleurs en préparation. Pourquoi vouloir revenir sur scène ? Tu en sais plus aujourd'hui ?
Non, mais là il faut que je titille un peu Dove (Attia). J'ai adoré "Le Roi Soleil" à l'époque. Ce qui est sûr c'est que j'ai l'impression que si je devais le rejouer, je le rejouerais dix mille fois mieux. J'ai adoré l'équipe, j'ai adoré faire cette aventure, même si j'étais assez jeune et je n'avais pas toutes les armes pour pouvoir bien la vivre. J'ai adoré ce spectacle, les chansons. Tu ne peux pas oublier trois ans d'aventure comme ça. Je pense qu'un clin d’œil, au bout des dix ans, ce serait assez cool. Après, je ne sais pas si ça va se faire, mais moi en tout cas, je ne serais pas contre. Franchement, j'assume tout ce que j'ai fait. Je trouve ça chouette de revenir en arrière, de revivre des choses différemment. Bien sûr qu'on ne peut pas refaire le même spectacle, on ne peut pas repartir pendant trois mois au Palais des Sports. Ce serait un peu compliqué.

Est-ce que tu as souffert des comparaisons avec Christophe Maé, révélé lui aussi dans "Le Roi Soleil", sur vos carrières respectives ?
Forcément, tu y es confronté donc ce n'est pas super plaisant de lire ce genre de papiers, ce genre de commentaires. Alors que déjà, entre Christophe et moi, il n'y a jamais eu ce genre de rapports. On n'a jamais été dans le conflit, loin de là. Mais d'un coup oui, quand on s'approprie une histoire et qu'on compare... Je ne suis tellement pas dans ça, quand tu te prends ça dans la gueule... Je ne me situe pas là donc j'ai du mal à comprendre pourquoi on dit ça.

Donc vous êtes restés en contact ?
Bien sûr ! Il est venu me voir quand je faisais "Cabaret", on a enregistré nos albums ensemble, il était à côté de moi quand il faisait le sien, et puis on n'a pas de problème. Il n'y a pas de souci. C'est particulier, ça crée même quelque chose qui n'existe pas. C'est très bizarre. Ce n'est pas comme si on s'était pris la tête ou qu'il y a eu des choses qui ont fuité. C'est curieux. Mais bon, ce n'est pas la première histoire qui se passe comme ça. Aujourd'hui, j'ai plus de recul, à l'époque c'était peut-être un peu difficile. Il faut apprendre à avoir du recul sur ça. Ce n'est pas là où se passent généralement les histoires.

J'adorerais travailler avec Olympe de "The Voice" !
On voit que d'anciens de comédies musicales, comme Sonia Lacen ou Victoria Petrosillo, tentent de booster leur carrière avec "The Voice". Est-ce que tu aurais pu tenter les castings de l'émission si jamais il n'y avait pas eu "Danse avec les stars" et cet album ?
Je ne sais pas. C'est compliqué, non ? Après, "The Voice", c'est une super émission, c'est vraiment un beau programme, même encore plus cette année. J'ai regardé samedi et j'ai vu comment Jenifer était avec son équipe, super touchante, dans l'humanité. Il y a quelque chose qui est véhiculé qui est très très bienveillant. Je trouve ça très chouette de voir ça à la télé, qu'on véhicule ce genre de valeurs plutôt que d'être dans des trucs... Parfois tu te dis « Wow, ce n'est pas très riche ». En tant que chanteur, en tant qu'artiste, c'est tellement difficile, je n'ai rien contre le fait de faire ce genre de choses, pour pouvoir relancer quelque chose, toucher des gens, et d'un coup qu'il y ait des projets qui se montent. Il n'y a pas forcément que le gagnant qui est amené à avoir une vie après, une signature ou des projets. C'est toujours bon de connecter avec un public, des gens du métier qui ont envie de faire des choses avec toi. Je trouve ça super. Après, Victoria, elle mérite de faire plein de choses, j'adore cette nana, j'espère que ça lui permettra vraiment de réaliser ses projets. Moi j'avais sorti deux disques, je trouve que ça n'était pas très cohérent.

J'ai vu que tu étais fan d'Olympe. Tu aimerais l'aider lorsqu'il préparera son premier album ?
Mais bien sûr ! Dans ce genre d'émissions, c'est très bien, pas forcément d'être favori, mais de toucher les gens, à partir du moment où tu es à ta place, que tu montres qui tu es, ce n'est que gagnant. Après, il y a plein de facteurs, il y a le vote du public. Parfois ce n'est pas forcément celui qu'on pensait qui allait gagner qui gagne. Tu vois dans "Danse avec les stars", c'était la bataille entre Lorie et Amel, et finalement le petit Emmanuel il s'est faufilé... (Rires) Il faut aussi accepter que c'est une émission de télévision, il y a d'autres données qui entrent en jeu, les gens votent, ils préfèrent un coup l'un, un coup l'autre, ça dépend des prestations, de plein de choses. Il y a encore un long parcours. Ce qui est sûr c'est que, au-delà qu'il soit favori, il touche les gens. Moi, personnellement, il se met au piano, avec son univers, il a une voix terrible. Il y a plein de possibilités, il y a plein de de choses à faire avec Olympe. Après c'est un peu précoce, mais oui. C'est ça qui est génial dans ce métier aussi, d'être confronté à de nouveaux talents, même après 36.000 émissions de chansons, il y a toujours des gens qui émergent et qui te suscitent l'envie de faire des choses. J'adore partager. Je suis sur plein de projets à la fois, différents. J'ai très envie de faire des chansons pour les autres. Quand tu vois des gens comme ça, forcément ça te donne envie. Mais je pense qu'ils doivent être 4.000 sur Olympe donc... (Rires)
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