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vendredi 25 septembre 2015 13:00
Disclosure en interview : "On assume notre virage pop, on a grandi avec Michael Jackson"
Par
Yohann RUELLE
| Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Disclosure sort les griffes ! Guy et Howard Lawrence publient aujourd'hui dans les bacs leur deuxième album "Caracal". Détendus autour d'un café, les deux frères se confient sur le succès de "Settle", leur virage pop, leurs collaborations avec Lorde et The Weeknd et la BO du nouveau James Bond avec Sam Smith.
Crédits photo : Mike Massaro
Propos recueillis par Yohann Ruelle. Le second album est une étape plutôt délicate. Quelles étaient les erreurs à ne pas commettre sur "Caracal" ? Howard : Je crois qu'un artiste a toute une vie pour écrire un premier album. Pendant des années, tu le conçois, l'imagines, le détruis puis le recommences jusqu'à en peaufiner les moindres détails. Là, on était clairement plus pressés ! (Rires) Mais le défi nous a paru plutôt simple, parce qu'on avait écrit et enregistré "Settle" en moins de six mois. Là, on en a eu huit. Guy : C'était confortable de prendre le temps de créer dix, vingt, quarante, cent morceaux. Et c'est exactement ce qu'on a fait, on a donné naissance à des chansons très différentes, et pas que de la house music. Howard : C'était un peu l'idée : éviter de faire la même chose, puiser notre inspiration ailleurs. Ça aurait été une erreur de vouloir faire un "Settle" 2.0, d'autant que maintenant la house s'est étendue partout au Royaume-Uni et dans le monde. On voulait voir plus loin que ça. Surtout pour nous même en fait, pour tester nos limites. On ne voulait pas d'un "Settle" 2.0 Vous étiez à l'aise avec le succès rencontré par "Settle" ? Je me souviens que MGMT, par exemple, n'avait pas du tout digéré son explosion avec "Time To Pretend" ou "Kids" en 2007, et était parti dans une direction beaucoup plus expérimentale sur son deuxième album.Guy : Nous c'est l'inverse justement ! Je dirais que "Caracal" est beaucoup plus influencé par la pop. On assume. On adore la pop, la bonne pop en tout cas. En fait ces cinq-six dernières années, on s'est jetés à corps perdu dans la musique house mais toute notre vie, nous avons écouté du R&B, de la soul, du rock... et de la pop, donc. C'était naturel pour nous d'écrire des titres plus mélodieux, avec des refrains portés sur le chant. Howard : Après, le succès c'est relatif. Les gens connaissent nos morceaux mais nous pas vraiment. On ne se fait pas harceler par les paparazzi. Là si je me promène une heure dehors dans Paris, personne ne viendra m'accoster. Guy : Et tant mieux ! On ne veut pas être des célébrités, on veut que notre musique soit célèbre. On entre pas dans de ce jeu-là du narcissisme, on ne poste pas des photos de nous au club de gym sur Instagram. Howard : Tu ne vas jamais au sport. Guy : Oui bon, vous voyez ce que je veux dire. (Rires) Sur "Settle", vous aviez presque exclusivement collaboré avec des artistes britanniques. "Caracal" prend une envergure internationale, avec la présence de Miguel, The Weeknd... C'est un album plus ambitieux. Pour vous, c'est une évolution naturelle ? Guy : A l'époque, nous n'avions tout simplement pas eu l'opportunité de travailler avec des artistes aussi populaires. On débutait, on a fait avec les moyens du bord. On a approché tout un tas de chanteurs, certains ont dit oui, d'autres non... Et puis si tu regardes bien, London Grammar, Sam Smith ou AlunaGeorge : ils ont explosé par la suite, mais ils étaient aussi inconnus que nous à l'époque, ils n'avaient pas sortis un seul album. Howard : Aujourd'hui, c'est bien différent. Notre son est connu, on nous sollicite. Donc évidemment, on ne s'est pas privé ! Quand on a l'opportunité de travailler avec Lorde ou The Weeknd, qui dirait non ? Ce sont des artistes formidables. Guy : C'est aussi une bête question de chance. Avec le succès de "Latch" et de notre album, on a voyagé à travers le monde, on s'est produit hors des frontières du Royaume-Uni et donc on a pu rencontrer plein d'autres artistes lors de festivals. C'est beaucoup plus facile après de leur glisser un « Hey, ça te dit qu'on bosse ensemble en studio ? » ! Écoutez "Omen" de Disclosure et Sam Smith : Vous pourriez envisager des collaborations avec des popstars mainstream comme Katy Perry ou Lady Gaga ? Guy : Attend, on a Sam Smith, Lorde, The Weeknd... Ça a de la gueule non ? (Rires) The Weeknd est la plus grande popstar au monde Mis à part Sam Smith, ils sont plutôt issus du milieu indé à l'origine...Howard : Je crois qu'une grande partie des artistes que l'on qualifie de plus "commercial" ont à tout prix tenté de trouver le succès avec des titres commerciaux, écrits par d'autres et calibrés pour être des hits. Ça ne nous intéresse pas. Nous préférons travailler avec de véritables auteurs-compositeurs. Guy : Ceci étant dit... The Weeknd est aujourd'hui numéro un des ventes partout avec "Can't Feel My Face", c'est la plus grande popstar actuelle au monde ! Je me souviens qu'on l'écoutait à l'époque ses premiers titres sur SoundCloud, "High For This" et "Wicked Games". C'était le truc indé le plus hype, tout le monde était hystérique. Aujourd'hui, sa musique a pris un virage plus pop mais reste incroyablement excellente. En fait on s'en fout de la popularité des gens avec qui on collabore : du moment qu'ils touchent à l'écriture et savent créer des morceaux par eux-mêmes... Et chanter aussi. Ça peut aider. (Sourire) C'est facile de trouver le bon équilibre dans une collaboration ? Que l'univers de l'un n'empiète pas sur celui de l'autre ? Howard : Des fois, la sauce ne prend pas. On a fait plusieurs sessions avec d'autres artistes qui n'ont rien donné, et... Ce n'est pas grave, ça fait partie du job, il faut essayer. Pour toutes les chansons de "Caracal", quelque chose de magique s'est produit en studio. Guy : Les meilleurs musiciens savent parfaitement doser quand il faut donner plus ou moins. Quelqu'un comme The Weeknd, habitué à faire des featurings, connaît comment ça fonctionne. Et pour être honnête, d'autres chansons géniales ne sont pas sur l'album parce qu'il n'y avait pas assez de place. "Moving Mountains", par exemple. C'est un de vos meilleurs morceaux et elle ne figure que sur l'édition deluxe. C'est toujours compliqué, la sélection finale ? Howard : C'est aussi ma chanson préférée de "Caracal" ! En l'occurrence, elle fait partie intégrante de l'album pour nous. Les versions standards, éditions deluxe... Ça c'est une volonté des maisons de disques. Nous on voit le projet dans sa globalité. Ce n'est pas tant la sélection que l'ordre des chansons qui est délicat, en fait. Ce n'est pas si simple de trouver une cohérence, une fluidité... Surtout pour nous qui avons réuni tout un tas d'artistes différents ! Écoutez "Moving Mountains" de Disclosure feat. Brendan Reilly : Vous écoutiez quoi quand vous étiez plus jeunes ? Guy : De tout ! Beaucoup de pop : Stevie Wonder, Michael Jackson... La soul de la Motown, cette période bénie. Notre père était à fond dans le rock progressif à la Genesis, Led Zeppelin, Rush. Des mélodies très sophistiquées qu'on essayait de rejouer, moi à la batterie, Howard à la basse. Howard : On écoutait de la musique pour apprendre à jouer des instruments, en gros. Ce n'est que plus tard qu'on s'est focalisés sur l'écriture des chansons : comment écrire une chanson pop ? Comment écrire une chanson house ? C'est à ça qu'on s'est intéressés. Ça a nourri notre approche de la musique et notre travail. Maintenant, on est capable d'écrire un morceau et de le jouer en live. Et le chanter, puisque c'est Howard qui interprète votre nouveau single "Jaded" ! Howard : C'est exact ! Je chante sur quatre morceaux de l'album en tout. Je ne dirais pas que c'est contre-nature pour moi mais c'est définitivement quelque chose de nouveau. Et cool. Ça apporte une dimension supplémentaire à nos concerts. Sam Smith fera un super James Bond ! Après "Latch", Sam Smith est à nouveau de la partie sur "Omen"... mais vous avez aussi travaillé ensemble sur "Writing's on the Wall", sa chanson pour James Bond. Comment ça s'est fait ?Guy : Notre participation est minime. Sam et Jimmy Napes ont écrit et composé la chanson et nous ont ensuite demandé si on pouvait lui insuffler une touche de modernité. Ça sonne très classique, en gros c'est Sam avec un orchestre derrière lui ! Du coup on a pimenté un peu le tout en rajoutant des éléments contemporains, quelques effets... C'était vraiment pas grand chose. Selon vous, qui serait parfait dans le rôle de James Bond ? Howard : Sam Smith. (Regard dubitatif de son frère) Guy : Non, il veut dire en tant qu'acteur, pas chanteur ! Howard : Sam Smith quand même ! (Rires) Il serait super. Guy : Arrête, non, ce serait un désastre. Il s'enfuirait en courant devant ses ennemis. (Rires) Robbie Williams, peut-être ? Howard : Ah pas mal, j'approuve. J'appelle Sam Mendes [le réalisateur de "007 Spectre"] pour lui soumettre l'idée ! ■ Regardez le clip "Jaded" de Disclosure :
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