Charlotte Cardin

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Charlotte Cardin a pris son temps. Révélée dans la version québécoise de "The Voice" dont elle était sortie finaliste il y a huit ans, la chanteuse originaire de Montréal a mis tout le monde d'accord avec ses premières chansons réunies sur l'EP "Big Boy" en 2016, et surtout "Main Girl" l'année suivante. Emmené par l'intense chanson du même nom, le projet a généré plus de 53 millions d'écoutes en streaming dont 24 millions rien qu'en France. Des débuts prometteurs pour celle qui a accompagné Sting, Peter Gabriel et Chet Faker en tournée et participé à de prestigieux festivals comme les Vieilles Charrues, Musilac, le Montreux Jazz Festival ou Lollapalooza pour présenter son plus bel atout : une voix abyssale et légèrement éraillée qui sonde les tréfonds de l'âme, et fait vibrer les sentiments du coeur. Bonne nouvelle, le premier album de Charlotte Cardin est officiellement acté ! Baptisé "Phoenix" et accompagné d'une jolie pochette aux tons orangés, le disque, repoussé de plusieurs mois en raison de la pandémie, sera présenté au monde le 9 avril prochain. « Cet album a vraiment été fait sans compromis et c'est pour [cette raison] que ça a pris autant de temps de le faire et que j'en suis aussi fière » explique l'artiste de 26 ans sur Radio-Canada.

"On a besoin de vivre des émotions fortes"

A l'instar des envoûtants "Passive Aggressive" et "Daddy" lancés en éclaireurs, l'album de Charlotte Cardin sera marqué du sceau de la renaissance et de la liberté retrouvée après des épreuves personnelles. « Des fois on a juste besoin de saisir le moment présent, de vivre des émotions fortes, quitte à ce qu'elles nous détruisent, parce qu'on préfère choisir ça plutôt qu'un genre d'engourdissement qui est stable » explique la musicienne au timbre de velours, qui évoque sur son nouveau titre "Meaningless" une relation destructrice entre douleur et dépendance : « C'est un thème qui s'applique à des relations amoureuses, mais aussi à toutes sortes de relations fortes, que ce soit les dépendances ou les relations familiales ».

Reposant sur une ligne de guitare bluesy, cette chanson tempétueuse s'accompagne d'un clip réalisé par Norman Wong, artiste canadien se cachant derrière la pochette de l'album "Scorpion" de Drake et dont on a pu apprécier le travail avec Halsey, Bella Hadid, Jessie Reyez ou Majid Jordan. « I don't wanna live / A meaningless / I don't wanna live / A meaningless / Life without you » lance à pleins poumons Charlotte Cardin, tentant de faire face à ses pulsions contradictoires par le prisme de la danse.

Regardez le clip "Meaningless" de Charlotte Cardin :

Un album "sans compromis"

L'album "Phoenix" a été écrit avec la volonté de s'affranchir du poids du passé. « C'est quelque chose que peu de gens savent, mais quand j'étais très jeune, j'ai fait une dépression. J'ai vraiment vécu des moments super sombres. Et je n'ai jamais vraiment pris le temps de regarder en arrière et de comprendre pourquoi » explique à la radio canadienne Charlotte Cardin, pour qui ce travail d'introspection n'a pas été sans conséquences : « Cette résurrection s'est accompagnée d'une colère de ne pas avoir réalisé ces choses-là avant (...) C'est un peu ça que représente le phénix, cette dualité entre la croissance personnelle - et donc la renaissance du phénix - et cette honte, ces regrets de ne pas avoir su ces choses-là avant et de sentir qu'on veut plaire aux gens sans trop savoir pourquoi, ce qui représente un peu plus le côté de la mort du phénix ». Aujourd'hui, l'artiste veut aller de l'avant et ne cherche plus à être quelqu'un d'autre qu'elle-même. « Je suis rendue à un âge où, en vérité, il y a vraiment une partie de moi qui est rendue à s'en ficher de ce que les gens pensent » témoigne la chanteuse.