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Axelle Red en interview : "Mes chansons sont comme une thérapie"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Cette semaine, Axelle Red est de retour dans les bacs avec "Exil". Un nouvel album que la chanteuse a failli ne jamais enregistrer ! En interview pour Pure Charts, elle se confie sur sa genèse, revient sur ses débuts, fait le point sur sa carrière et explique pourquoi elle reste optimiste.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

"Exil" est votre premier album de chansons originales depuis "Rouge Ardent" en 2013, enregistré à Memphis et qui possédait cette couleur soul américaine. De quoi aviez vous envie avec ce nouveau disque ?
Déjà, je n'avais pas envie de faire un nouvel album. (Rires) Je venais de faire mon album acoustique qui, plus qu'un best-of, était une façon de mettre en valeur ces chansons qui comptent pour moi et me décrivent. Sur scène, il n'y a jamais assez de place parce que tu fais ton nouvel album, tu fais les tubes qui font plaisir... et c'est normal, parce qu'on est dans le partage. Mais moi je reste frustrée après ! Donc j'ai fait cet album pour cette raison. J'avais déjà six autres chansons de prêtes mais je me suis demandé si quelque part j'avais vraiment envie d'en refaire un. Comprenez-moi bien : j'adore faire des albums, mais il y a toujours un moment donné où c'est prise de tête ! Où je me dis "J'ai perdu le truc". Où il y a un problème de son sur une maquette. Où je me trompe de tonalité et je ne peux plus retourner en arrière. Où il y a ce solo de guitare incroyable de ce musicien que j'adore mais beaucoup trop long...

C'est une succession de choix difficiles.
Exactement. Ça m'a souvent minée. J'en ai presque fait des dépressions ! Et dans ces cas-là on se demande si on a le courage. Je pensais : "Je sais pas. J'ai déjà raconté beaucoup de choses".

J'ai appris à lâcher prise
Quel est a été le déclic ?
Mon mari Filip, avec lequel je travaille depuis tout ce temps. Il s'est occupé de la direction artistique de mon précédent album et de celui-ci. Je lui ai dit : "Écoute, si toi tu me trouves un plan, je te suis". Et c'est ce qu'il a fait. Il a organisé des sessions d'écriture à Nashville, à Memphis et à Los Angeles. Chaque jour, en deux semaines, je travaillais avec quelqu'un d'autre. C'était génial ! J'avais besoin de ça. Maintenant. Le moment était idéal.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que vous gérez tout de A à Z !
Tout. Là, j'ai appris à lâcher prise et ça m'a fait un bien fou. Par exemple, j'ai une personne qui s'occupe du mastering maintenant et comme ça fait plusieurs albums que je réalise avec elle, il y a une sorte de confiance qui s'est installée. A une époque, c'est moi qui me rendais au mastering pour tout vérifier. J'ai dû faire exploser les budgets ! (Rires)

Vous êtes donc une "control freak" ?
Non, ce n'est pas une question de vouloir tout contrôler car par exemple sur scène, ce que j'aime le plus c'est m'abandonner. En studio c'est pareil : pour rentrer dans ta chanson, il faut que tu te lâches. C'est comme danser ! Donc je n'aime pas être control freak... mais si je veux que le résultat ressemble à ce que j'imagine, je suis bien obligée. (Sourire) Personne ne peut savoir à ma place la mélodie qui me trotte dans la tête. Heureusement avec le recul, je prends des références et les gens avec qui je travaille connaissent ces références. Ça devient beaucoup plus facile. Mon grand exemple c'est Nick Cave. Je trouve qu'il s'améliore à chaque fois. Il va vraiment plus loin dans l'écriture, tu sens qu'il y a un travail profond. Notre métier c'est cela : étudier l'art de l'écriture. C'est un luxe d'apprendre.

Regardez le clip "Who's Gonna Help You" d'Axelle Red :



J'avais besoin de lumière
Que représente ce nouvel album pour vous ?
J'avais besoin d'énergie, de lumière et de pop, à l'image du titre "Who's Gonna Help You". J'ai rencontré les bonnes personnes pour y parvenir. Les planètes étaient alignées. Aujourd'hui, je suis vraiment contente de pouvoir m'exprimer. Pour moi, ça a toujours été primordial de faire mes albums comme je le voulais, même si on n'est jamais à 100% libre. On se crée plein de freins soi-même. Par exemple, les gens sous-estiment très très fort que chaque album est une sorte de réaction au précédent. Pour les critiques qu'on a eus, les performances commerciales ou les voyages qui nous ont fait grandir entre temps. "Jardin secret" était un album qui représentait une utopie après toutes les horreurs que j'avais vu. J'avais besoin de ça pour croire encore en l'humanité. Je m'étais tellement forcée à ne plus voir ce qui était négatif qu'après j'ai écrit le plus sombre de tous mes disques !

Pourquoi ce titre, ''Exil'' ?
Il y a un mot et il y a mille flèches. Exil pour moi, c'est le voyage de la vie. Il y en a qui s'exilent enchaînés, forcés à l'être pour la cupidité de quelqu'un d'autre, et d'autres qui s'exilent en liberté. On s'exile pour un trophée, qui peut être le bonheur matériel, spirituel, au nom de ses enfants ou de ses dieux mais aussi pour la gloire. Il y a toujours un prix cher à payer. Je l'écrit dans "Un ami" : « Tout fier on est, on rêve de son nom étoilé ». C'est l'être humain. Tant qu'on n'est pas immortel, on a cette envie de laisser une marque. On est content d'être reconnu.

C'est cette raison qui vous a poussée à faire ce métier ?
Sûrement oui ! Je voyais ABBA à la télévision, j'avais six ans et je rêvais de gagner l'Eurovision. (Sourire) Mais finalement je suis partie dans le droit. Au départ je ne comprenais pas pourquoi j'avais fait ça puis j'ai compris qu'il n'y avait pas de hasard. J'ai voyagé, j'ai vu la misère. J'ai recherché une justice. Mon engagement est presque devenu plus important, comme si je mettais la musique au service de ces causes. Aujourd'hui, j'ai trouvé un équilibre. Je suis la même personne. Et je suis positive face aux défis qui nous attendent, sur l'écologie notamment. Avant on parlait beaucoup de nos libertés, aujourd'hui on parle de nos responsabilités.

Tout le monde ne m'aimait pas
2018 marque les 25 ans de votre premier album ''Sans plus attendre'' et vous avez tout de suite tissé un lien très fort avec le public. Avec le recul, le succès a-t-il été facile à vivre pour vous ?
Je ne l'ai pas vécu directement comme un succès, déjà parce que mon premier single était sorti dix ans plus tôt. Je me souviens à quel point ça a été difficile pour que mes chansons soient jouées en radio, y compris "Sensualité". Tout le monde ne m'aimait pas ! Je me suis beaucoup focalisée sur ça... puis sur le prochain album, et ainsi de suite. Je ne me suis pas vraiment rendue compte.

Y a-t-il eu un moment marquant où vous avez saisi cette ferveur autour de votre musique ?
Sur scène. Tout passe dans le partage avec le public et je crois que je n'ai jamais autant aimé chanter en live qu'aujourd'hui. Il y a une connexion instantanée qui se forme et je suis contente de pouvoir chanter tous ces thèmes qui me représentent. Mes chansons sont comme une thérapie, on y retrouve mon côté engagé, cette facette plus légère, piquante mais aussi très romantique.

Vous venez de célébrer vos 50 ans. Est-ce que vous le vivez comme un cap ?
Je ne veux pas trop me plaindre de l'âge qui avance car je suis plus heureuse maintenant. Alors oui, quand je me regarde dans la glace, y'a des jours où je me dis "Aïe, ça ne s'améliore pas !". (Rires) Mais bon, la vie c'est ça, non ? On n'est jamais content de ce que l'on a...

Vous n'en avez pas marre de chanter vos tubes comme ''Sensualité'' ?
Non parce que je les change, les ré-arrange. En fait, quand elles m'énervent, je les sors de la liste ! "Sensualité"... Ça fait bizarre. J'ai fait un concert sans et c'était bizarre. (Sourire) Sincèrement, je ne les déteste pas ! Il faut avoir de la gratitude pour ses succès et je suis de plus en plus reconnaissante, je crois. C'est plutôt une sorte de jalousie envers les autres chansons qui pour moi comptent. Parce qu'elles me représentent, qu'elles portent un message important, parce que musicalement je les trouve parfois plus belles... C'est comme si j'avais une belle-fille et qu'elle réussissait un peu mieux que ma fille. Quelque part, je suis un peu jalouse !

Pour en savoir plus, visitez axelle-red.com et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Rouge Ardent" d'Axelle Red.

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